Petit cauchemar, grand chef-d'oeuvre : pourquoi L'Homme qui rétrécit est indémodable

Geoffrey Fouillet | 29 juillet 2023
Geoffrey Fouillet | 29 juillet 2023

Bienvenue dans l'infiniment petit avec L'homme qui rétrécit, le monument à la gloire de cette grande fabrique de l'illusion qu'est le cinéma. Pourquoi c'est un petit cauchemar mais un grand chef-d'oeuvre intemporel.

Qui a dit qu'il fallait quitter la Terre et parcourir l'Univers pour se sentir tout petit ? Parfois, il suffit simplement de rapetisser à vitesse grand V pour s'en rendre compte, et le chef-d'oeuvre L'homme qui rétrécit le montre à merveille.

L'homme qui rétrécit est né de la rencontre entre le réalisateur Jack Arnold et l'écrivain Richard Matheson, qui a lui-même adapté son livre. Tous deux férus de science-fiction et avec un léger penchant pour les monstres (L'Étrange Créature du lac noir et Tarantula ! pour Arnold, Je suis une légende pour Matheson), ils ont exploité le concept de rapetissement au cinéma, bien avant Ant-Man (créé en 1962), Le Voyage fantastique, L'Aventure intérieure et Chéri, j'ai rétréci les gosses.

C'était en 1957, mais le film reste un chef-d'oeuvre intemporel et visuellement sensationnel, notamment parce qu'il est techniquement incroyable.

 

L'homme qui rétrécit : photo, Grant WilliamsTous aux abris !

 

LE FREAK, C'EST CHIC

Enchaîné au spectre de la Guerre Froide et du péril nucléaire, le cinéma de science-fiction des années 1950 se plaît à représenter le cauchemar radioactif avec beaucoup d'imagination (Des monstres attaquent la ville en tête), et L'homme qui rétrécit le prouve sans détour. La prémisse est simple : un homme, Scott Carey (Grant Williams), se retrouve contaminé par un étrange brouillard alors qu'il se prélasse avec sa compagne sur leur bateau. Quelques temps plus tard, il constate que sa taille diminue inexorablement, et aucun médecin ou scientifique n'est en mesure de stopper le processus, incompréhensible par nature.

Embrassant dès le début le point de vue de Scott, le réalisateur Jack Arnold resserre peu à peu le champ d'action du héros tout en accentuant l'échelle de grandeur des objets ou des autres personnages qui l'entourent. Cette logique se concrétise pleinement lorsque le héros, pas plus grand qu'un pouce, est amené à se réfugier en catastrophe dans la cave du domicile conjugal afin d'échapper aux griffes d'un vilain félin. Dès lors, tout traduit l'inadéquation du protagoniste à son environnement, son confinement même actant l'idée que le monde cherche à l'évincer, lui et son handicap, devenu un fardeau pour ses proches.

 

L'homme qui rétrécit : photo, Randy Stuart, Grant Williams"Enfin, mon chéri, ce n'est pas la taille qui compte !"

 

Que la cave soit le lieu de repli est déjà en soi une façon d'enterrer le personnage et de le destituer : il est désormais au bas de l'échelle sociale, littéralement illustrée par cette volée de marches que sa nouvelle condition physique l'empêche de gravir. "J'étais arrivé au pied de l'escalier, immense échelle de Jacob montant jusqu'au ciel et que je ne pourrai jamais escalader", dit-il, comparant sa situation non pas seulement à une perte de privilèges, mais aussi à une élévation spirituelle impossible.

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commentaires
rientintinchti2
03/08/2023 à 00:18

Ce film est génial. à voir absolument. à mettre en perspective avec l'excellente série Twilight zone (la série originale)

captp
01/08/2023 à 16:00

Excellent film qui met sans cesse l'Homme et ses questions au centre du récit .
Une première partie qui fait passer notre malheureux personnage de star médiatique à monstre de foire pour finalement tomber dans l'oublie de tous même des proches.
Et une seconde plus épique en film de survie mais qui continue à nous questionner avec sa fin formidable.
Si les incrustations datent, les scenes avec décors reconstruit pour être à l'échelle sont toujours spectaculaires.

west666
31/07/2023 à 16:29

Je l'ai vu tout récemment et je peux dire que je me suis plus éclaté à regarder ce film que tout ceux que j'ai vu en 2022-2023

Kevin Feige
31/07/2023 à 03:31

Le meilleur film sur l'infiniment petit reste Ant Man Quantumania bien sûr, bientôt réévalué car c'est l'un des meilleurs marvel !

Kelso
30/07/2023 à 01:03

excellent film qui reste dans les mémoires, étonnant qu'ils n'ont jamais fait de remake, mais c'est sans doute mieux, ils en auraient certainement fait une comédie pour ados.

Flash
29/07/2023 à 18:55

Vu gamin, la scène avec l’araignée m’avait filé des cauchemars.