Super 8 : Stranger Things avant Stranger Things (et en mieux)

Alors que la nostalgie factice des années 80 n'avait pas encore envahi petits et grands écrans, J.J. Abrams réalisait, sous l'égide de Steven Spielberg, son projet finalement le plus personnel, aussi bien tourné vers le passif de ses idoles que vers son propre vécu.

Au moment d'écrire ces quelques lignes, il est assez difficile de juger efficacement le parcours cinématographique de J.J Abrams. Le réalisateur, scénariste et producteur Jeffrey Jacob Abrams, de son patronyme intégral, occupe en effet une position aussi forte que paradoxale au sein de l'industrie hollywoodienne. Souvent considéré (à raison) comme un soldat au service de franchises précédemment établies, Abrams brille pourtant par ses capacités de faiseur d'images immédiatement identifiables et par son statut d'agent du mystère incomparable au moment de créer une attente parfois démesurée autour de ses travaux.

Téléaste reconnu et showrunner de génie (du moins selon des considérations purement mercantiles), Abrams s'est en effet illustré sur le grand écran aux commandes des mastodontes Star Trek ou Star Wars : Le Réveil de la Force. Mission : Impossible 3, épisode fondateur de la formule à succès de la saga d'espionnage emmenée par Tom Cruise, est également à mettre à son crédit.

Cependant, parmi cette nuée de propriétés intellectuelles toutes plus intimidantes les unes que les autres, se dresse un métrage au premier abord moins imposant, la seule production totalement originale réalisée par Abrams : Super 8.

 

Pas de Hunt, pas de Kirk, et surtout pas de Skywalker.

 

Rien à Reboot

Le projet Super 8 trouve ses racines à l'aube des années 80. J.J Abrams et Matt Reeves — futur réalisateur de Cloverfield ou encore The Batman — sont deux aspirants cinéastes d'une quinzaine d'années lorsque le L.A Times leur consacre un article intitulé Les merveilleux imberbes, suite à la présentation de leurs films au cours d'un festival de cinéma. Dès le lendemain de la parution du papier, les deux adeptes de la caméra Super 8 sont contactés par Kathleen Kennedy, alors assistante de Steven Spielberg.

La productrice offre à Reeves et Abrams une opportunité inespérée : celle de restaurer les métrages de jeunesse du déjà légendaire réalisateur, captés en 8mm. Ce premier contact, digne d'une success-story hollywoodienne, en entrainera beaucoup d'autres, et trente ans plus tard, Abrams et Spielberg allieront enfin leurs idées autour d'une histoire commune.

 

Presque comme dans la vie.