Rush Hour : on a classé les films du duo Jackie Chan-Chris Tucker, du pire au meilleur

Marvin Montes | 25 février 2023
Marvin Montes | 25 février 2023

Alors qu'un quatrième épisode de la saga autrefois filmée par Brett Ratner semble sur les rails, Ecran Large a décidé de revoir les trois buddy-movies portés par Jackie Chan et Chris Tucker.

Quarante-cinq ans, c'est l'âge de Jackie Chan au moment de la sortie du premier Rush Hour. Mais surtout, c'est le moment ou l'icône de Hong Kong découvre enfin les joies de la réussite en dehors de ses frontières. Après un début de carrière entaché par les desiderata des studios locaux, qui voyaient (à tort) en lui le potentiel d'une succession à la légende Bruce Lee, Chan s'est finalement affirmé en développant sa propre approche du cinéma d'arts martiaux au travers de la comédie kung-fu.

 

Rush Hour : photo rush hourCheck

 

Le sous-genre devient l'un des plus populaires de la colonie anglaise grâce à des succès comme Le marin des mers de Chine ou Mister Dynamite. Orphelin d'un ambassadeur de renom, le cinéma HK compte sur sa nouvelle star pour représenter son savoir-faire à l'étranger. Chan se retrouve donc à l'affiche de ratages aux titres français douteux, à l'image du Chinois ou du Retour du Chinois.

Finalement, c'est la trilogie Rush Hour qui va, de manière assez inexplicable, devenir un phénomène de rentabilité à l'aube des années 2000. Les trois buddy-movies mis en scène par Brett Ratner (ça nous fait mal de l'écrire) ont en effet largement trouvé leur public. En décembre 2022, Jackie Chan annonce que l'idée d'un Rush Hour 4 fait son chemin. Peut-être était-ce le signal pour que la rédaction d'Ecran Large (ou au moins, l'un de ses rédacteurs courageux) se décide à porter un nouveau regard sur ces films.

 
Rush Hour : photo rush hourLes poings les plus rapides de l'est, la plus grande gueule de l'ouest

 

3. Rush Hour 3

Sortie : 2007 - Durée : 1h31 de malaise absolu

 

Rush Hour 3 : photo, Chris Tucker, Jackie ChanDroit vers le malaise

 

Ce qui se passe ? Trois ans après les événements de Rush Hour 2, Carter n'est plus inspecteur de la police de Los Angeles, mais agent de la circulation. De son côté, Lee est devenu garde du corps pour le compte de son ami l'ambassadeur Han. La relation entre les deux ex-policiers est mise à rude épreuve après une maladresse fortuite de l'américain. Mais lorsque Han est victime d'un attentat, le duo va devoir se reformer et retrouver sa dynamique, en partant pour une nouvelle mission à travers le monde, qui l'amènera à affronter le frère d'adoption de Lee : en l'occurrence le mystérieux Kenji.

Pourquoi il n'y a vraiment plus rien à sauver ? D'abord parce que le duo Tucker-Chan, qui montrait déjà quelques signes d'essoufflement dans le film précédent, semble arriver au bout de ses capacités. Dans les faits, cela se traduit par un Tucker forcé d'en faire toujours plus pour surcompenser la baisse de rythme de Jackie Chan, qui commence à marquer le pas sur le plan des capacités physiques. On le sait, l'acteur de Hong Kong n'est jamais plus à l'aise que lorsqu'il s'agit d'utiliser son corps pour illustrer son talent burlesque. Dans le cas d'un tempo comique articulé autour de dialogues hasardeux, et qui plus est dans une langue qu'il n'a jamais parfaitement maitrisée, c'est malheureusement beaucoup plus compliqué.

 

Rush Hour 3 : photo, Jackie Chan, Chris Tucker, Roman PolanskiOui, cette séquence existe

 

Mais Rush Hour 3, c'est avant tout l'avènement du malaise constant. Les blagues racistes et misogynes (principalement l'oeuvre de l'agent Carter) du second volet passaient déjà difficilement l'épreuve des années : elles sont, dans ce troisième volet, érigées en mantra. Pire encore, la mission des deux flics les emmène rapidement vers Paris, mais surtout vers le summum du cringe.

Imaginez un Brett Ratner, amené quelques années ensuite à disparaître dans la tourmente du mouvement Metoo, filmant Roman Polanski grimé en flic auto-proclamé spécialiste du toucher rectal, au cours d'une scène d'agression sexuelle sur fond de dédramatisation totale. Impossible nous direz-vous. Et pourtant, Rush Hour 3 ne se prive pas d'immortaliser cet instant suspendu parmi les étoiles hollywoodiennes. 

Ajoutez à cela une petite fournée de rôles français grotesques qui n'arracheront pas un sourire (Yvan Attal en chauffeur de taxi américanophobe) et la présence anodine d'Hiroyuki Sanada, qui méritait mieux dans sa fonction de grand méchant, et vous comprendrez pourquoi la conclusion de la trilogie Rush Hour est une bizarrerie que l'on essaiera de vite oublier.

 

2. Rush Hour

Sortie : 1998 - Durée : 1h38

 

Rush hour : Photo Jackie ChanT'inquiète Brett, je gère


Ce qui se passe ? 
L'inspecteur Lee, expert en arts martiaux, est l'un des membres les plus compétents de la police de Hong Kong. Il est également chargé de la protection de Soo Yung, fille de l'ambassadeur Han. Mais lorsque son père prend ses nouvelles fonctions à Los Angeles, la fillette de 11 ans est enlevée par le dangereux criminel Juntao. Dépêché sur le sol californien pour retrouver Soo Yung, Lee devra faire équipe avec l'agent James Carter, inspecteur local plus remarqué pour son exubérance que pour l'efficacité de ses méthodes.

Pourquoi c'est vaguement enthousiasmant ? Parce que la dynamique de buddy-movie emmenée par l'alliance improbable Lee-Carter est plutôt efficace à l'aube de sa formation. Chan est parfait en poisson hors de l'eau tandis que les bouffonneries de Tucker sont loin de se montrer aussi envahissantes que dans les futures suites. 

Ensuite, Brett Ratner peut au moins se voir accorder le mérite de ne pas forcer sa légitimité. En ce qui concerne le combat, le spécialiste se nomme Jackie Chan, et le réalisateur l'a bien compris. L'artiste martial bénéficie donc d'une totale liberté accordée par Ratner quant à la direction des scènes d'action même si le montage final se montre bien plus généreux en termes de coupes que les standards hongkongais, plutôt prompts à filmer l'action sans interruption. Revoyez les films du duo Jackie Chan-Yuen Woo Ping pour vous en convaincre.

 

Rush Hour : photo, Chris Tucker, Jackie ChanUn duo à toute épreuve

 

Ça tombe bien, puisque le roi de la comédie kung-fu n'a jamais eu besoin de l'apport d'un grand cinéaste pour démontrer sa maestria martiale. Lui-même réalisateur et chorégraphe de talent (Police Story ou Combats de maîtres sont la pour en témoigner), Chan se balade toujours aussi bien sur la fine ligne qui sépare la performance pure de l'exploit grotesque hérité de son amour du cinéma muet américain, tout en continuant de faire des merveilles avec son environnement immédiat. La séquence du billard n'est peut-être pas la plus spectaculaire, mais demeure à coup sûr la scène d'action la plus solide de toute la saga.

Enfin, nous ne bouderons pas notre plaisir d'assister enfin à l'émergence de Jackie sur les terres hollywoodiennes (bien qu'il se montre assez déçu du résultat final). Pour un coût de production évalué à 33 millions de dollars, Rush Hour en a rapporté plus de 244 au total, en prime d'un accueil critique satisfaisant. Signalons également la présence du score de Lalo Schifrin (clin d'oeil évident à la percée américaine posthume de Bruce Lee Opération Dragon), l'un des rares motifs de satisfaction valant pour l'entièreté de la trilogie.

 

1. Rush Hour 2

Sortie : 2001 - Durée : 1h30

 

Rush hour 2 : Photo Jackie Chan, Chris TuckerCeci n'est pas une photo de tournage

 

Ce qui se passe ? L'agent Carter pensait pouvoir s'accorder du bon temps en accompagnant son nouvel ami Lee à Hong Kong. Malheureusement, l'explosion d'une bombe à l'ambassade américaine replonge les deux inspecteurs dans une enquête mouvementée, qui va les emmener de l'Asie à Los Angeles, sur les traces de nouveaux ennemis, et des secrets familiaux de Lee.

Pourquoi le miracle n'est pas loin d'opérer ? Parce que le film mise à fond sur la différence de caractère entre Carter et Lee. C'est désormais au tour de Chris Tucker d'être projeté dans un environnement dont il ne maitrise pas les us et coutumes, et force est de constater que la roue libre permanente de l'acteur américain, bien que souvent lourdingue, parvient parfois à nous faire pouffer, comme en témoigne son karaoké improvisé d'introduction.

Il faudra tout de même passer sur l'humour régulièrement lubrique du long-métrage, bien ancré dans une époque révolue. Exemple : le traitement du personnage secondaire incarné par Roselyn Sànchez, qui ne risque plus de satisfaire grand monde aujourd'hui, et à raison. L'actrice portoricaine voit effectivement l'arc narratif de son rôle d'agent infiltré rapidement mis de côté, au profit du statut d'objet de convoitise disputé par Lee et Carter.

 

Rush Hour 2 : photo, Roselyn SanchezBonjour, c'est le trophée à l'appareil

 

Cependant, Rush Hour 2 touche régulièrement du doigt une certaine maitrise, peut-être de manière involontaire. D'abord grâce à la cinégénie incontestable de la perle de l'Orient. Même dans l'oeil d'un réalisateur aussi limité que Brett Ratner, Hong Kong est toujours aussi plaisante à voir filmée, et le film ne se prive pas de quelques panoramiques efficaces dans sa première partie, comprenant une escalade d'immeuble permettant enfin à Jackie Chan de faire montre de son art de l'acrobatie.

Ensuite, Rush Hour 2 emploie ses quelques rôles secondaires de manière bien plus convaincante que son prédécesseur. John Lone, dans la peau du bad guy Ricky Tan est plutôt efficace alors que Zhang Ziyi parvient, même sans disposer d'un temps de présence très important, à déployer une prestance toujours assez incroyable.

 

Rush Hour 2 : photo, Chris Tucker, Jackie ChanCowabunga

 

Enfin, le second volet de la trilogie atteint à plusieurs reprises le pic des trois films dans le registre de l'action comique. Frustré après un premier opus qu'il apprécie peu, Jackie Chan s'investit toujours plus et offre à Rush Hour 2 quelques séquences évoquant les grandes heures de la comédie kung-fu, à l'image de celle du salon de massage. Point d'orgue de la collaboration entre les deux personnages, le montage alterné étonnamment malin entre la précision chirurgicale de Chan et le scandale excessif perpétré par Tucker dans la scène du casino emploie un ressort comique qui prouve que la synergie entre les deux rôles principaux peut faire mouche, à condition d'être correctement employée.

Plus libéré que son prédécesseur, et surtout beaucoup moins maladroit que son successeur, Rush Hour 2 n'est jamais totalement réussi, mais parvient tout de même à assumer sa tonalité régressive pour offrir quelques sourires légèrement culpabilisants. On s'en contentera.

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commentaires
Arnaud (le vrai)
28/02/2023 à 09:25

A titre personnel, biberonné par les films de HK grâce à HK magasine et aux films de notre enfance, j’ai été extrêmement déçu du premier Rush Hour, le 2 relevant a peine le niveau et le 3 le rabaissant plus bas qu’un caniveau (et a l’époque je m’étais même pas rendu compte de l’histoire avec Polanski).

Rien que voir Attal parler à sa femme dans la cuisine en … anglais (en VO il lui parle en anglais), y avait rien de mieux pour ma sortir du film

Ces films sont des déceptions incroyables et ne résistent même pas au passage du temps

Pour Jackie Chan fin des annees 90 début des annnees 2000 je retiendrais surtout Gorgeous (Jackie Chan a Hong-Kong) qui nous a offert des combats monstrueux avec le regretté Bradley James Allan.

Bref les Rush Hour c’est vraiment du bas niveau et j’attend pas du tout le 4

Marvin Montes
28/02/2023 à 00:37

@Kolby

Rumble in the Bronx est délocalisé à Vancouver et distribué par New Line, mais c’est un film Hongkongais réalisé par Stanley Tong. Et pas un si grand succès en dehors de sa sortie vidéo.

Morcar
27/02/2023 à 14:18

Je n'ai jamais vu un seul des films de cette trilogie, n'étant pas particulièrement amateur ni de Jackie Chan ni de Chris Tucker. Mais quand je vois votre classement, je me fais la réflexion qu'on retrouve la même chose pour pas mal de trilogie. Souvent le second volet améliore la formule du premier, puis le 3è est celui de trop.
Je n'attends rien de ce 4è opus en préparation, donc. Mais j'ai tendance à me dire que comme pour pas mal d'autres suites tardives faites ces dernières années, les gens n'en attendent pas grand chose, et risquent fort d'être tout de même déçus.

Kolby
27/02/2023 à 00:15

Mais surtout, c'est le moment ou l'icône de Hong Kong découvre enfin les joies de la réussite en dehors de ses frontières
Jackie dans le bronx... Succès en dehors de ces frontière... Peut être que je n'ai pas compris la partie ecranlarge

Darius
26/02/2023 à 20:39

Vois etes absolument pas objectifs. Meme completement à côté de la plaque. Probabalement pq vs avez pas vu le film en Anglais. Le classement c est 3,1,2.

Leepifer
26/02/2023 à 14:08

Merci écran large pour cet article. Rush Hour c'est quand même un modèle de rentabilité et de l'action comédie plutôt efficace. On peut rentrer dans le détail et vous le faites fort bien mais globalement on passe de bons moments en Brain off avec ces films. Tout à fait d'accord avec le classement.
En 94, Tarentino consacre Jackie Chan aux awards pour l'ensemble de sa carrière.
Rumble in the Bronx est honteusement remonté mais connaît le succès. Chan is bankable!
Sort alors Police Story 3 et 2 ou 3 autres prod HK qui rapportent honorablement des dollz.
Et Rush Hour. Jackie tournera après le 1er le formidable Who am I? pour se détendre (son dernier vrai film d'action HK ?).
Chan arrive en effet sur de la grosse prod Hollywood mais son traitement dans les années à venir se dégradera au fur et à mesure que la qualité des films plongera dans les abysses. (L'infâme Smoking/The tuxedo). Jet Li n'aura guère droit à meilleur traitement.
@Marvin Montes.
J'ai une autre version sur la genèse de DM2. Mais cela n'est que de l'histoire.
Leepifer trad, critique DM2.

Dr.Zaius
26/02/2023 à 13:39

@ La Rédaction
Merci à vous pour ces dossiers et les prochains sur ce comédien et cet artiste martial si important dans l'histoire du cinéma de kung fu et d'action.

Geoffrey Crété - Rédaction
26/02/2023 à 12:20

@Dr.Zaius

C'est pour ça qu'on a consacré quelques dossiers à ces films avant Rush Hour :

https://www.ecranlarge.com/films/dossier/1400248-drunken-master-2-combats-de-maitre-quand-jackie-chan-et-lalcool-font-des-ravages

https://www.ecranlarge.com/films/dossier/1401662-le-marin-des-mers-de-chine-le-film-de-la-fracture-pour-jackie-chan-litteralement

https://www.ecranlarge.com/films/dossier/1402736-police-story-le-chainon-manquant-entre-buster-keaton-et-bad-boys-par-jackie-chan

Et on en prépare d'autres !

Lougnar
25/02/2023 à 20:02

hihihi

lui c'est moi, et je suis vous...
25/02/2023 à 17:54

@Lougnar, exactement, ce passage est culte.

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