La Planète des Singes : on a classé la saga culte, du pire au meilleur (le premier)

Lucas Jacqui | 11 décembre 2022 - MAJ : 12/12/2022 17:58
Lucas Jacqui | 11 décembre 2022 - MAJ : 12/12/2022 17:58

Avant les chimpanzés hyperréalistes de la trilogie de 2011, il y a eu la première saga La Planète des Singes, dont on a classé les films du pire au meilleur.

Les singes se rebellant contre l'humanité de l'écrivain Pierre Boule ont connu un regain de popularité en 2011 avec La Planète des singes : Les Origines de Rupert Wyatt, l'impressionnante performance capture de Andy Serkis en César et les deux suites qui suivront. Cependant, ce n'est pas à cette planète des singes que nous allons nous intéresser – ni à celle de Tim Burton dans son reboot de 2001 avec Marky Mark Wahlberg – mais à la saga originelle débutée en 1968 par La Planète des Singes avec Charlton Heston dans le rôle principal, Kim Hunter en interprète de la singe Zira et Roddy McDowall pour incarner Cornélius, ainsi que son fils César.

Dès sa sortie, le film marque le public et la critique qui encensent son discours adulte tout en restant un long-métrage d'aventure. Évidemment, des suites vont prolonger le voyage, Le Secret de la planète des singes, Les Évadés de la planète des singes, La Conquête de la planète des singes et La Bataille de la planète des singes, pour des budgets toujours plus serrés – le premier opus avait coûté 5,8 millions de dollars, le dernier a bénéficié d'environ 1,5 million de dollars de budget seulement. Pourtant, la franchise va continuellement se réinventer et reste, encore aujourd'hui, une œuvre de science-fiction majeure.

On a donc décidé de classer les cinq films La Planète des Singes sortis entre 1968 et 1973 du pire au meilleur.

 

La Planète des singes : Les Origines : photoOn ne parle pas de toi ici

 

5. Le secret de la planète des singes

Sortie : 1970 – Durée : 1h35

 

Le Secret de la planète des singes : photoLa société secrète des Teletubbies

 

Ce qu'il se passe : Laissant derrière lui les singes à la fin de La Planète des Singes, Taylor, accompagnée d'une humaine muette, Nova, va dans les terres de la "Zone Interdite" jusqu'à tomber sur un étrange phénomène de feu et de foudre. Bien suspicieux, Taylor s'approche de ce qui semble être une illusion, et disparaît dedans. Il laisse Nova seule qui vagabonde jusqu'à tomber par un bienheureux hasard sur l'astronaute Brent, seul survivant d'une seconde mission spatiale. Grâce à la dame, Brent rencontre la singe Zira, l'alliée de Taylor, qui l'aide à retrouver leur ami commun. Comme ils sont vraiment très mauvais, les deux humains sont capturés par des gorilles alors qu'ils quittaient la ville.

Après des péripéties inutiles, Brent et Nova s'enfuient jusqu'à un sous-terrain où ils découvrent New York. Sacrément bien cachée, la ville renferme même un culte d'adorateurs de la bombe atomique fait d'humains irradiés à la peau qui se décolle comme une tapisserie humide. Pendant ce temps, les singes ont monté une expédition pour éliminer les hommes de la Zone Interdite. Brent retrouve Taylor et Nova en cellule et ils s'évadent tous ensemble durant l'attaque des primates. Dans les combats, Nova meurt, suivi de Brent après une offensive stupide. Dans le même temps, Taylor est mortellement touché et, sympa comme tout, déclenche la bombe atomique. La Terre est détruite.

 

Le Secret de la planète des singes : photo, Victor BuonoFrimousse de rouston

 

Pourquoi c'est la pire suite : Après l'énorme succès qu'a été La Planète des Singes, la suite se devait d'être à la hauteur. D'autant que la fin, parfaite telle qu'elle, n'en appelait aucune. Cet avis est partagé par Charlton Heston, l'interprète du héros du premier film, qui avait donc exigé un rôle mineur et la mort de son personnage. Les suites de films sont très peu courantes à l'époque, et la Fox va aborder ce défi en réduisant le budget de moitié. Il passe à 3 millions pour une ambition qui n'est pas revue à la baisse, comme en témoignent ces décors d'un New York fait de cavernes et de grottes. Niveau maquillage, en plus des singes, il faut faire les mutants aux têtes de roubignoles chauves.

C'est surtout dans sa narration que cette suite réalisée par Ted Post perd le spectateur. Tous les événements du premier opus se reproduisent durant la moitié du film pour le nouveau héros interprété par James Franciscus. Le Secret de la Planète des Singes n'essaie donc à aucun moment de prolonger l'aventure du volet précédent. Il ne fait que remâcher ce qui a déjà été raconté afin d'intégrer au chausse-pied son protagoniste de substitution. Le destin funeste et expéditif du trio humain manque, de fait, totalement d'émotions tant il sent l'artificialité – pauvre Nova qui sert de potiche en bikini.

Cette artificialité est malheureusement le cas de toute l'intrigue qui place ses personnages là où ils sont le mieux pour faire progresser l'histoire. Il en découle des non-sens complets qui anéantissent tout suspense et enjeu. Pourtant, l'intention du film est louable puisqu'elle va plus loin encore dans les thèmes de la peur du nucléaire que l'avait fait La Planète des singes. Les héros sont posés face à l'inéluctabilité de reproduire encore le même cataclysme.

 

Le Secret de la planète des singes : photo, James FranciscusPersonnage secondaire inutile et Héros de remplacement

 

La scène qui sauve le film, mais pas le monde : Dégoûté par l'humanité, Taylor active la bombe atomique dans un geste d'agonie. La Terre est anéantie dans une fin extrême pour un deuxième film d'une franchise naissante. Pourtant, Le Secret de la planète des singes va jusqu'au bout de son idée et cette radicalité pardonne presque tout au film. En présentant l'apocalypse comme la meilleure solution à ce monde corrompu par l'Homme et sa soif de conflit, cet opus reste dans le pessimisme propre à la saga. Le Secret de la planète des singes est un petit calvaire, mais il vaut pour ce dernier acte osé qui tuait la possibilité d'une suite... et pourtant.

 

4. La bataille de la planète des singes

Sortie : 1973 – Durée : 1h33

 

La Bataille de la planète des singes : photo, Roddy McDowallÇa sent la fin

 

Ce qu'il se passe : Quelques années après la révolte des singes dans le quatrième film, La Conquête de la planète des singes, César a fondé une colonie en dehors de la ville devenue radioactive. Dans ce petit coin de paradis, un précepte unique sert de loi : "Un singe ne doit pas tuer un singe". Les humains sont difficilement intégrés, César ne leur accorde toujours pas pleinement sa confiance et Aldo, le gorille-chef des armées, veut les massacrer. Le représentant des hommes auprès de César explique qu'il existe, dans l'ancienne mégalopole en ruines, un enregistrement de ses parents, Zira et Cornélius (des singes venus du futur dans le troisième volet).

César décide de s'y rendre pour mieux connaître son passé. Il y découvre des humains irradiés vivant sous les ordres de l'ancien inspecteur de la ville, Kolp. Le singe met la patte sur la vidéo de ses parents qui racontent que la fin du monde aura lieu en 3955 à cause d'une ultime guerre entre singes et humains. Chez les chimpanzés, le fils de César est tué par Aldo alors qu'il l'espionnait en train de comploter. César revient en ville, traqué par Kolp qui engage la bataille. Les humains sont vaincus et Aldo s'impose en chef, avant que ne soit révélé son meurtre du fils de César. Le gorille décède en voulant prendre la fuite. L'égalité est alors instaurée entre humains et singes.

 

La Bataille de la planète des singes : photoIl manque une armée à cette armée

 

Pourquoi c'est un plantage : La Bataille pour la planète des singes souffre de ne pas être à la hauteur de la conclusion qu’il doit être. Son budget maigrelet (1,8 million de dollars) se perçoit dans les masques de singes peu expressifs et des mutants à peine défigurés, ainsi que les décors recyclés du précédent film. Là où J. Lee Thompson arrivait à tricher avec l'espace dans La Conquête de la planète des singes, il a cette fois bien plus de mal à donner l'impression que deux races s'adonnent à un affrontement décisif pour la planète.

Avec ses humains façon Mad Max avant l'heure (le premier ne sortira que six ans plus tard) dans ses paysages sablonneux, la Bataille de la planète des singes tenait quelque chose qui aurait pu s'imprimer durablement dans les esprits. Pourtant, ce qui devait être là grande bataille finale de l’humanité est une pitoyable charge de retraités boitant avec des masques de ski accompagnés d'une poignée de véhicules. Le métrage tente de nous vendre une énergie épique qu'il n'a pas, à l'image de ces motards qui roulent parmi les soldats pour créer l’illusion d'un mouvement chaotique, ou ces fumigènes qui masquent le vide de l'arrière-plan.

Cependant, là où la franchise réussie toujours, c'est dans le message que chaque film véhicule. La Bataille de la planète des singes brise l'image parfaite des primates s'estimant mieux que les hommes. Et si le final annonce un monde en paix, l'œuvre garde une morale sombre à son conte en signifiant que le cycle de la brutalité est infini. Dans le dernier plan du film, le précepteur (joué par le réalisateur John Huston) explique que singe et homme vivent en harmonie, alors qu’un enfant primate tire les cheveux d'une humaine devant une statue de César pleurant.

 

La Bataille de la planète des singes : photo, Claude AkinsLa bête humaine

 

La scène qui rend le film plus poignant : Après "l'affrontement final", les primates apprennent qu’Aldo a brisé leur seule loi en tuant un autre singe. Un homme commente alors la réaction de colère des chimpanzés : "ils viennent de rejoindre l'espèce humaine". En une réplique, cette conclusion vient croiser les évolutions d'espèces (les singes deviennent des hommes alors que ceux-ci vont redevenir des bêtes) et fermer la boucle de la temporalité – La Bataille de la planète des singes se situe chronologiquement avant La Planète des singes. Les singes ont atteint le stade où ils sont aussi belliqueux et meurtriers que ceux qu'ils haïssent, une honte qui sera lavée en enterrant le passé.

 

3. La conquête de la planète des singes

Sortie : 1972 – Durée : 1h22

 

La Conquête de la planète des singes : photoLe planté de bâton

 

Ce qu'il se passe : En 1991, 20 ans après la mort des deux singes parlants, Zira et Cornélius, le directeur de cirque Armando a continué d'élever leur fils Milo. La société humaine a évolué et les singes sont devenus des esclaves modernes. Choqué par cette réalité nouvelle pour lui, Milo s'offusque et attire sur lui l'attention de policiers. Armando le couvre et se fait embarquer. Désormais seul, Milo se cache parmi des singes capturés, pendant que son mentor est malmené dans d'interminables interrogatoires. Le gouverneur de la ville, Breck, est persuadé que le directeur de cirque a un lien avec Zira et Cornélius. Son adjoint, McDonald, tempère les ardeurs de son supérieur.

Au cours d'une vente aux enchères de singes, Milo s'illustre tellement que Breck l'achète. Affilié à un poste de commandement de la ville, Milo se renomme César. Plutôt que de corrompre l'identité de son ami simien, Armando se suicide sous les yeux de l'inspecteur Kolp. César apprend le drame et, furieux, organise une révolte. Les singes prennent les armes et envahissent la cité. Le gouverneur est sur le point d'être exécuté par César, mais McDonald l'implore de ne pas perpétuer les mêmes erreurs que les humains. Finalement, le leader des bêtes à poil se ravise, les hommes restants sont gardés en vie sur une planète désormais dominée par les singes.

 

La Conquête de la planète des singes : photo, Roddy McDowall, Ricardo MontalbanUn duo vaguement repris pour le remake de 2011

 

Pourquoi c'est une très bonne suite : Les Évadés de la planète des singes avait mis de côté la guerre nucléaire pour lui privilégier une thématique autour des tensions raciales et du Black Power. Le quatrième film de la saga, La Conquête de la planète des singes de J. Lee Thompson, va plonger les deux pieds en avant dans ce sujet pour un chapitre encore plus politique et dénonciateur que le précédent. C'est principalement ce volet que va reprendre La Planète des singes : Les Origines.

Le discours y est plus direct, les singes subissent un esclavagisme dont plusieurs scènes évoquent sans détour la traite des noirs durant le commerce triangulaire – les premières versions du scénario situaient d'ailleurs le film dans une plantation. César devient le leader d'une révolution armée (qui démarre beaucoup trop facilement) causée par le racisme et les inégalités sociales. Dans la réalité, en 1965, des émeutes destructrices avaient ravagé le quartier de Watts à Los Angeles suite à un fait divers entre Afro-Américains et policiers blancs, le déferlement de brutalité du dernier acte épouse donc complètement le genre de l'anticipation plus que de la science-fiction d'aventure.

La réalisation va accentuer cette sensation d'un futur dystopique possible avec une photo contrastée et une caméra portée tremblante. Cette image plus documentaire que dans les trois précédents films ancre La Conquête de la planète des singes dans un réel hypothétique crédible. De toute façon, Thompson ne pouvait guère faire plus avec les 1,7 million de dollars alloués à la production, moins encore que pour le troisième film. Grâce au tout récent complexe de bâtiments utilisé pour figurer la ville totalitaire, La Conquête de la planète des singes parait davantage illustrer un présent alternatif qu'une ville futuriste, ce qui lui réussit.

 

La Conquête de la planète des singes : photo, Don MurrayUne image évocatrice

 

La scène presque parfaite : Le soulèvement des singes a décimé les humains et ils tiennent désormais au bout de leurs crosses l'ancien gouverneur Breck. Devant un mur de flammes qui dévore un immeuble, César domine la scène. Le révolutionnaire mangeur de bananes invite ses frères à éradiquer l'espèce humaine avec la même violence qu'ils ont utilisée pour les asservir. Malgré un maquillage qui le limite, le jeu de Roddy McDowall, l'interprète de César et de Cornélius, présent dans tous les films de la saga, est sanguin comme dans aucun autre volet de la franchise pour une scène poignante de fatalisme.

Son discours puissant et glaçant, qui appelait à la prise des armes des opprimés, subit un revirement lors du passage sur la table de montage. De nouvelles répliques plus réfléchies sont apposées grossièrement sur des plans des yeux de César. Ainsi, un final magnifique de cruauté où les singes devenaient aussi barbares que les hommes prend une tournure plus pacifique et humaniste.

 

2. Les évadés de la planète des singes

Sortie : 1971 – Durée : 1h38

 

Les Évadés de la planète des singes : photo, I Kim HunterLe futur guide d'un peuple

 

Ce qu'il se passe : 1973. Californie. D'un vaisseau écrasé dans l'océan sortent trois singes-astronautes, il s'agit de Zira, Cornélius et Milo. Juste avant l'explosion de la Terre survenue dans Le Secret de la planète des singes, ils ont embarqué dans la fusée de Taylor qui les envoie presque 2000 ans en arrière (à cause de l'explosion atomique). Parmi les humains, Zira dévoile par erreur qu'elle sait parler, et Milo meurt étrangler par un gorille du zoo. Devant une commission d'enquête, les singes donnent une fausse version de l'histoire où, dans le futur, les gorilles ont déclenché une guerre.

Les autorités accordent aux primates de se balader librement dans la ville. Bavarde, Zira dévoile au conseiller scientifique du président, Otto Hasslein, être enceinte – ainsi que la date de la fin du monde, en 3955. Hasslein veut empêcher ça et interroge violemment les singes qui lui apprennent comment est censée arriver la révolution simienne. Sitôt après, Cornélius et Zira s'évadent pour rejoindre le directeur d'un cirque, Armando, qui les aide. Mais Hasslein retrouve les singes dont la confrontation mène tout le monde à la mort, même le bébé tout juste né. Cependant, le rejeton primate était celui d'une femelle du cirque d'Armando, ce dernier a gardé le véritable enfant des singes parlant.

 

Les Évadés de la planète des singes : photo, Roddy McDowall, Bradford DillmanHit-Monkey

 

Pourquoi c'est la meilleure suite : Après le Le Secret de la planète des singes, le budget est de nouveau réduit pour cette suite qui part avec un défi encore plus énorme que passer après le film de 1968 : raconter une histoire alors que la Terre est détruite. L'idée d'envoyer trois singes dans le temps pour leur faire vivre ce que Taylor a traversé dans La Planète des singes se présente alors comme une bonne option avec bien des avantages. Il n'y aura que trois maquillages de chimpanzés et le tournage sera en ville, plutôt que dans un village de maisons arboricoles ou des grottes avec de l'urbanisme.

Cette économie de moyens va être salutaire pour Les Évadés de la planète des singes puisqu'il se présentera comme la véritable suite parfaite au film avec Charlton Heston. Entre références au métrage de 1968 en inversant les rôles entre singes et humains, ainsi qu'un changement de sujet, le racisme et le mouvement américain pour les droits civiques prennent plus de place encore. Tout cela fait de Les Évadés de la planète des singes une ingénieuse réinvention de la saga dès son troisième chapitre. C'est d'ailleurs dans ce volet que sera posée la signification du "non" symbolique pour les singes repris dans les suites, et qui donnera une scène magistrale dans le film de 2011.

Ce principe de l'œil nouveau amène son petit train de scènes comiques, au prix de l'esprit d'aventure des deux précédents films. D'apparence plus léger, le métrage n'en reste pas moins passionnant à jouer le destin du monde dans les dialogues d'une poignée d'individus. Parmi eux, le personnage de Hasslein, un antagoniste ambigu si subtil qu'on l'inviterait à sa table. La noirceur propre à la franchise reste bien présente, et a rarement été aussi choquante, notamment dans son final où tous les héros décèdent, même un nourrisson. L'effet est désamorcé peu de temps après, mais les images d'un homme tirant sur un bébé singe et d'un couple amoureux mort marquent la rétine.

 

Les Évadés de la planète des singes : photo, Roddy McDowall, I Kim Hunter, Sal MineoLa mission Ape-ollo

 

La scène qui en impose : Dès son ouverture, Les Évadés de la planète de singes emporte l'adhésion du spectateur avec ses premières minutes jouant sur la découverte des singes-astronautes. Aucun carton explicatif ne vient gâcher l'effet qui repose sur un jeu de montage contredisant chaque attente, désormais le présent sera la nouvelle unité de temps et les singes sont les héros. En une scène, le film annonce qu'il bouleverse les codes précédemment établis par la franchise, sans renier l'intrigue des autres volets.

 

1. la planète des singes

Sortie : 1968 – Durée : 1h52

 

La Planète des singes : La Planète des singes, PhotoL'évolution de l'espèce

 

Ce qu'il se passe : Après un voyage de deux mille ans dans le temps, un vaisseau atterrit en catastrophe sur une planète désertique. Les trois astronautes survivants, dont le capitaine George Taylor (Charlton Heston), sont pris dans une battue perpétrée par des singes parlant. Blessé à la gorge, Taylor est capturé et emmené dans une cité de primates civilisés. Il est d'abord mis en cage avant d'attirer la curiosité de la docteur Zira. Comme Taylor en a marre d'être un cobaye, il raconte toute son histoire, mais n'est pas cru, notamment par Zaïus, le ministre de la Foi et des Sciences.

En effet, personne ne peut prouver qu'il dit la vérité puisque l'un de ses collègues est mort durant la chasse, tandis que l'autre a été lobotomisé. Cependant, aidé de Cornelius, Zira et son neveu Lucius, Taylor s'évade et est conduit à un site archéologique dans la "Zone Interdite" avec Zaïus comme otage. Sur le site de fouilles, l'astronaute et les singes découvrent des objets vieux de 2000 ans prouvant que les primates descendent des humains, chose que savait Zaïus. Décidé à avoir des réponses, Taylor part plus loin dans la Zone Interdite, mais n'y trouve qu'une statue de la Liberté détruite et l'horrible vérité : il est sur Terre.

 

La Planète des Singes : photo"Je pourrais avoir des cacahuètes, s'il vous plaît."

 

Pourquoi c'est un chef-d'œuvre : La Planète des Singes est le film de science-fiction par excellence. En apparence, c'est un palpitant film d'aventure à l'esprit pulp qui lorgne vers le conte fantastique. Le futur apocalyptique du métrage est cependant un prétexte pour faire passer la société moderne de l'époque (et actuelle) devant un miroir déformant. Les codes de notre monde sont détournés pour mieux en faire ressortir les erreurs, les absurdités et les limites. C'est tout l'intérêt du genre de la science-fiction qui est incarné en une œuvre culte qui en a tous les codes et les qualités.

Formidable fable antiguerre, La Planète des singes est un métrage qui dénonce la violence qui a jalonné l'histoire de l'humanité et menace de la terminer. Chaque minute de l'œuvre raconte un enfer pour tout Homme, celui d'être le dernier de son espèce et de ne pouvoir s'en prendre aux responsables. Le cinéaste Franklin Schaffner et les scénaristes Rod Serling et Michael Wilson ne mettent pas juste en garde contre le risque d'une guerre nucléaire, ils pointent également une société américaine malade divisée en différents groupes sociaux incapables de cohabiter en paix, dans laquelle la religion occupe une place omniprésente et aliénante.

Grâce à une mise en scène aussi précise que sa narration, La Planète des singes manipule l'espoir d'un salut qui ne vient jamais, comme lors de la découverte du crâne opéré de l’allié de Taylor, ou l'attente éternelle avant de dévoiler les restes de la statue de la Liberté. Ces révélations parfaitement dosées et rythmées n’ont pas besoin de grands effets accentuant l'épique pour fonctionner. Pour finir, ce récit bénéficie d'un travail artistique d'une qualité telle que le soin apporté aux costumes et à la musique ont été nommés aux Oscars, alors qu'un Oscar d'honneur a récompensé les maquillages de John Chambers en 1969. Et encore de nos jours, le voyage garde sa superbe.

 

La Planète des Singes : photoIconique

 

La scène culte : Dans son ultime séquence, La Planète des singes révèle son secret à l'aide d'un plan devenu instantanément culte, la découverte de la statue de la Liberté détruite. Une image folle pour ce qu'elle évoque, la destruction de la civilisation humaine, et l'horreur qu'elle induit, Taylor n'a plus aucune échappatoire à ce cauchemar. Apparaît alors le générique devant lequel le spectateur reste scotché à ressasser cette dernière vision qui va s'incruster durablement dans son esprit. Cette fin du monde illustrée dans une composition picturale a définitivement fait entrer La Planète des singes dans l'Histoire de la science-fiction et du cinéma.

Tout savoir sur La Planète des Singes

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commentaires
amds
14/12/2022 à 07:38

à l'époque il y avait déjà beaucoup de film à suites aussi ;) , et certains films avaient même beaucoup de suites, Les tarzan par exemple et bien avant les années 60. ;)

Dead at the end
13/12/2022 à 11:29

@RobinDesBois....n'hésites pas une seule seconde pour le livre . Il est juste un monument de la littérature Sf je le range à côté de mes Dunes c est pour te dire...

RobinDesBois
12/12/2022 à 16:30

L'un de mes thèmes préférés de Goldsmith est de celui de l'ouverture crédits des Evadés qui couvre l'accueil de Cornelius, Milo et Zira. La ligne de basse après qu'ils aient retiré leur casque et la réaction médusée des militaires est très puissante.

RobinDesBois
12/12/2022 à 16:19

@Prisonnier

Ok merci. Mais le comics est "canon" par rapport à la pentalogie ? Je vois qu'il est sorti en 2014. J'aimerais bien connaitre la position des scénaristes à l'époque.

Parce que je vois pas trop l'intérêt du dénouement de la bataille dans ce cas qui est plutôt source de confusion. Fallait zapper le vieux singe narrateur ou alors fait de ses auditeurs uniquement des singes sans enfants humains et une conclusion différente amenant directement à la situation de la planète des singes.

A moins qu'un 6ème film censé être le "chainon manquant" était planifié mais a finalement été annulé ?

RobinDesBois
12/12/2022 à 16:11

@Dead at the end

J'ai aussi lu "Mon bel oranger en 5ème" très beau livre :)

Je n'ai jamais lu le livre de Pierre Boule, je sens que je vais me laisser tenter.

Lucas Jacqui - Rédaction
12/12/2022 à 09:50

@indy75 Merci de la remarque, ma maladresse a été corrigée.

Prisonnier
12/12/2022 à 08:23

@robindesbois

En fait, je ne sais plus comment c'était présenté a l'époque mais il y a eu une sorte de stabilité pendant quelques centaines d'années avant d'aboutir à LA planète des singes de Charlton Heston.

Je te conseille le très bon comics du lien ci dessous
https://m.bedetheque.com/BD-Planete-des-singes-Emmanuel-Proust-INT-Integrale-232857.html

Il est un peu le chaînon manquant entre la bataille et la planète des singes.

indy75
11/12/2022 à 23:36

Pour info, Jerry Goldsmith a seulement été nominé pour la musique. Il n'a pas remporté l'oscar, malheureusement. Le seul de sa carrière c'est pour The Omen. Une honte, tant il aurait dû être récompensé pour au moins 4 ou 5 autres films.

Dead at the end
11/12/2022 à 21:58

Le premier est une mega claque ! Mais elle n est rien comparé au livre qui est juste incroyable avec un twist de fou!merci a ma prof de 5ème qui était géniale :le k de Dino buzzati, la planète des singes ,bilbon, mon bel oranger etc que du lourd..

RobinDesBois
11/12/2022 à 21:53

des centaines d'années*

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