Ichi the killer : le sommet insurpassable du gore sadomaso

Mathieu Jaborska | 24 février 2022
Mathieu Jaborska | 24 février 2022

Souvent couronné grand chantre de la violence, Takashi Miike en faisait l'exégèse dans l'un de ses chefs-d'œuvre : Ichi the killer.

En 1999, fraichement révélé à la critique et au monde entier grâce au très respecté, quoiqu’accueilli avec méfiance, AuditionTakashi Miike sort Dead or Alive, qui débarque donc par la force des choses sur les écrans occidentaux. Le film en choque certains, en satisfait d'autres et frustre quelques amateurs de cinéma d'exploitation et de polars bourrins. Après une séquence d'introduction sous speed, enchainant meurtres délirants et aspirations de lignes de coke au kilomètre, il accuse selon eux une baisse de rythme. Et ce n'est pas le sensible et émouvant second opus qui les soulagera.

Il leur faudra attendre 2001 pour que Takashi Miike, qui se sera depuis définitivement créé de toutes pièces une réputation de trublion du mauvais goût (Visitor Q n'y sera pas pour rien), leur accorde leur shoot de Yakuza Eiga gore, et bien plus encore. L'immense Ichi the killer ne ralentit jamais pendant plus de deux heures, enchainant les séquences d'anthologie disproportionnées (mais que fait la police ?) avec un tel jusqu'au-boutisme qu'il en dit beaucoup sur son réalisateur et sa vision de la violence.

 

Ichi the killer : photo, Tadanobu AsanoUn film à la pointe

 

Drop the Miike

Ichi the killer est peut-être le film le plus symptomatique du paradoxe inhérent à la carrière du cinéaste. Les cinéphiles qui le vénèrent, particulièrement en occident, où sa réputation sulfureuse a inspiré un petit culte, s'accordent souvent à attribuer sa versatilité à son tempérament artistique. Voyant en Takashi Miike un auteur, ils listent ses obsessions, dont Ichi serait la compilation brute.

Et il serait en effet tentant d'en faire un condensé de ses thèmes : l'amour du Yakuza Eiga, une certaine tendance au sadomasochisme (le comédien Susumu Terajima aurait passé de nombreuses heures suspendu à ses crochets lors du tournage de la célèbre scène de torture, 8 selon Tadanobu Asano, 12 selon Miike dans Cinemasie), une passion pour les aiguilles bien pointues, les antihéros bien sales et les relations hommes/femmes bien sordides. Sans oublier bien sûr une esthétique disgracieuse saturée de grain, un montage parfois anarchique et le quartier de Shinjuku, arrondissement de Tokyo et terrain de jeu de prédilection des guerres de gang fictionnelles.

 

Ichi the killer : photo, Susumu TerajimaUne séance de chatouilles impressionnante

 

Pourtant, le réalisateur a débuté sa masterclass au Festival du Film international de Singapour, relayée par The Hollywood Reporter, sur ces mots : "Mon style, c'est de ne pas avoir de style". À Cannes, en 2017, il allait plus loin au micro de FirstShowing : "Je ne choisis pas mes projets. Les projets me choisissent". Au grand dam de la cinéphilie occidentale (et surtout française) le cinéaste, qui a aussi déclaré ne jamais avoir vraiment quitté le V-Cinéma, se veut presque un "anti-auteur", au point d'accepter à peu près tout et n'importe quoi, dans l'ordre : "C'est l'ordre dans lequel je fais mes films, le premier à venir. Premier arrivé, premier servi".

La suite est réservée aux abonnés. Déjà abonné ?

Accèder à tous les
contenus en illimité

Sauvez Soutenez une rédaction indépendante
(et sympa)

Profiter d'un confort
de navigation amélioré

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
Mkm
16/03/2022 à 12:26

bizarre, pas eu de remake US de ce film? histoire d'éviter le jeu un poil grand guignol des acteurs.

zetagundam
28/02/2022 à 21:33

Film complètement barré, mais de mémoire moins malsain que le manga d'origine, par contre il souffre de l'habituel rythme en V de miike

kitano77
25/02/2022 à 12:25

que dire de VISIRTOR Q, le film m'a rendu dingue, pour moi c'est le plus glauque de takashi

je suis sorti prendre l'air après ce film..

basilic
25/02/2022 à 10:19

Takashi Miike est un gestionnaire médiocre.
Il irait tourner 2 heures dans un abattoir industriel,
son film lui couterait bien moins cher et serait autrement plus sordide

Hasgarn
24/02/2022 à 22:47

@ Kyle Reese :
Il y’a largement de quoi s’éclater avec Miike vu le nombre de film qu’il a sorti.

Essaie Gozu. C’est pas gore mais c’est barré comme… ´fin c’est barré et je n’ai pas de mots pour le décrire sauf : imagine Miike faire sa version de Lost Highway.

Faut vraiment être brassé du bulbe pour faire ce film. Je l’ai vu il y’a une vingtaine d’années et je m’en rappelle encore.

Il y’a des scènes… mais qu’est-ce le phoque (si je puis dire)

The Moon
24/02/2022 à 18:58

Je ne l'ai pas terminé...donc...

Kyle Reese
24/02/2022 à 14:29

moi qui voulait m'intéresser à Takashi Miike, je crois que je vais finalement m'abstenir, les trucs SM ok mais pas avec des trucs dans la chair.

Mouais Bof...
24/02/2022 à 14:05

Effrayant,fou ,gratuit,dérangeant. L'un de ses films les plus too much et etranges. Peut etre même le plus dingue,juste avant Imprint, audition, visitor Q.

Ames sensibles s'abstenir.