L'Ombre et la Proie : entre John Huston et Les Dents de la Mer, le faux classique qui a mangé du lion

Simon Riaux | 16 octobre 2021
Simon Riaux | 16 octobre 2021

Imparfait, trop vite oublié, L'Ombre et la Proie a failli être un grand film. Sa carcasse mérite d'être redécouverte pour un dernier festin.

L'histoire du cinéma regorge de tournages catastrophes. Certains ont été malmenés par des producteurs en conflit avec des metteurs en scène, d'autres ont subi des intempéries ravageuses. Des accidents meurtriers en ont mutilé plus d'un, et quelques aventures humaines ont tourné court, la faute à une star récalcitrante, quand un montage tronçonné n'a pas achevé les derniers. Autant de cataclysmes qui font la légende des classiques, et la malédiction des oeuvres qui ne parviennent pas à s'en relever.

L'Ombre et la proie a connu absolument chacune de ces catastrophes, tant et si bien qu'elles ont fini par miner les ambitions du réalisateur Stephen Hopkins. Une tragédie hollywoodienne d'autant plus regrettable que le projet du cinéaste était des plus prometteurs, à tel point que le métrage a encore aujourd'hui de très beaux restes.

 

affiche françaiseUne bien belle affiche

 

UN RÉALISATEUR AUX ABOIS

Si son nom est désormais tout à fait inconnu du grand public, Stephen Hopkins est bien loin d'être n'importe qui. Technicien plus que capable, on lui doit au mitan des années 80 des divertissements carrés, des commandes parfaitement honorées. Personne ne prétendra que Freddy 5 s'est imposé comme une création impérissable, mais déjà, le maître d'oeuvre tient son récit, en dépit d'un ordre de mission et de moyens promettant un cauchemar pelliculé.

Dès Blown Away, auquel on a consacré il y a peu une explosive déclaration d'amour, il révélait un soin dans la composition des cadres et l'iconisation de sa dramaturgie qui annonçait un désir de classicisme et un appétit pour la dimension épique, qui auraient dû s'épanouir dans L'Ombre et la Proie.

Pourtant, quand il hérite du projet, il se retrouve à la tête d'un chantier pour le moins intimidant, et dont il n'est clairement pas le metteur en scène le plus indiqué, du moins sur le papier. Ce récit d'aventures a été mis en branle sous l'impulsion d'une légende du scénario hollywoodien, William Goldman. Scénariste de Butch Cassidy et le Kid ou encore des Hommes du Président, il compte parmi les rares auteurs à même de faire bouger les studios et de provoquer le lancement d'une production du seul fait de son investissement.

 

photo, Val KilmerDe l'importance de viser juste

 

Écrite pour se transformer en classique instantané, cette histoire inspirée d'événements véritables et sidérants (la traque de deux lions mangeurs d'hommes ayant dévoré plus de 100 personnes sur le chantier d'une voie de chemin de fer à la fin du XIXe siècle) devait être dirigée par Brian de Palma. Mais l'intransigeance de l'artiste et le spectaculaire bide du Bûcher des vanités ont eu raison de son investissement, et le studio veut le remplacer. 

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commentaires
Roxy
17/10/2021 à 17:47

Le livre "Terreur dans la Brousse" est de Michel Louis (pas Michel Ciment), sorry !

Flash
17/10/2021 à 13:34

alulu @ hahaha, bien trouvé.

Roxy
17/10/2021 à 01:48

Je vous conseille le très bon livre "Terreur dans la brousse" de Michel Ciment sur le sujet. Il raconte les faits historiques détaillés et notamment les différences entre le film et les évènements réels ! Une adaptation de ce livre donnerait un film très différent et beaucoup moins "dynamique" : les mecs ne font que poireauter en flippant nuits après nuits, au rythme des massacres commis par les lions... Lions qui sont d'une intelligence redoutable comme vous le découvrirez dans ce livre ! Ils anticipent tout et jouent avec les chasseurs...

Yamcha
17/10/2021 à 00:47

J'avais bien aimé ce film aussi ; un peu moins le rôle de Michael Douglas.

Au cinéma, les lions font encore plus peur !

Rorov94M
16/10/2021 à 23:51

Un classique des 90'.
Relire l'interview d'Hopkins lors de la sortie de LOST IN SPACE dans sfx magasine.
Sans langue de bois.
Il insulte Michael Douglas et adoube Kilmer alors que la tendance était plutôt le contraire à l'époque...

xam198
16/10/2021 à 21:34

La musique, puisque vous en parlez, est signée Jerry Goldsmith, un géant de la musique de film, à l'instar de John Williams ou Ennio Morricone, mais - et malheureusement. - un peu moins connu

alulu
16/10/2021 à 18:44

Sa langue s'est perdue dans le triangle tout aussi humide que les Bermudes :)

JR
16/10/2021 à 17:17

*Marc Maron

JR
16/10/2021 à 17:12

Haha, l'ironie est que je ne fume pas dans la vraie vie, mais la vieille trogne dépressive de Marc Marin me va à ravir^^

Kyle Reese
16/10/2021 à 17:02

Et je dis ça juste au dessus de l'avatar fumeur de JR ! lol

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