Après Marvel et Star Wars : Pixar, prochaine marque que Disney va user ?
Les classiques de Pixar vont évidemment être exploités sur Disney+. Mais jusqu'où ? Et avec quels risques ?
Buzz l'éclair, Zootopie, Vaiana, La Princesse et la Grenouille, Baymax! des Nouveaux Héros, Monsters at Work tirée de Monstres & Cie, Dug Days à partir du chien Doug de Là-haut... Disney a déjà annoncé la couleur de Disney+ pour les enfants (les vrais et ceux qui se cachent chez plein d'adultes). Et ce sera la couleur Pixar.
Alors que le service de SVoD de Mickey s'est imposé en quelques mois sur le marché, avec plus de 87 millions d'abonnés, Disney va naturellement et inévitablement agrandir son champ d'action et exploitation. Les armes de cette domination sont évidentes : les grandes marques, aimées et adorées par le public. Star Wars et Marvel étaient les priorités, comme l'ont confirmé The Mandalorian et WandaVision, et le studio derrière Toy Story et Ratatouille est l'une des prochaines grandes étapes.
Est-ce que c'était inévitable ? Est-ce que c'est une bonne nouvelle ? Est-ce que ça peut jouer un tour à Disney ?
Logique, VU L'ÉTAT DE PIXAR
Acheté en 2006 par Disney, le studio Pixar n'a pas attendu Disney+ pour abuser de son image de marque. Certes, les quatre années qui ont suivi l'acquisition ont été les plus belles pour beaucoup avec la sortie successive de Ratatouille, Wall-E, Là-haut et Toy Story 3. Mais en 2010, le prometteur Newt de Gary Rydstrom est annulé au profit d'un Cars 2 avancé d'un an. Pour la première fois, les critiques sont loin d'être élogieuses, et pour cause : tout différent qu'il est de son prédécesseur, il cherche plus à exploiter ses personnages bien connus qu'à introduire de nouvelles thématiques, comme le faisaient les suites de Toy Story.
La franchise Cars incarne parfaitement la subtile dérive contemporaine du studio. Déjà parce qu'il est clair que cet univers, issu d'un des films les moins généreux de la firme, n'est pas le plus passionnant. Ce sont ses scores au box-office (461,9 millions de dollars de recette pour le premier volet et 559,8 millions pour le deuxième avec des budgets de 120 et 200 millions) et surtout le succès des produits dérivés qui ont motivé son extension.
Disney a produit un James Bond
La saga a connu tous les passages obligatoires des licences hollywoodiennes, avec un troisième opus sous forme de retour aux sources plus sérieux et un inévitable spin-off indigent, lui-même objet d'une suite. Sur ce coup-là, les exécutifs de Disney ont été malins. En confiant Planes à Disney Toon Studios, ils continuent à exploiter la manne Cars tout en évitant soigneusement d'entacher la réputation de Pixar, encore synonyme de prestige. Ces deux dérivés volants embarrassants ne sont donc pas officiellement des produits de la firme, mais ils restent de beaux symboles d'un début de vampirisme made in Mickey.
L'arrivée du studio sur la plateforme de SVoD lui a fait passer une étape supplémentaire. Pour attirer les amateurs d'animation, Disney+ devait proposer du contenu original Pixar. En résulte une dualité assez révélatrice de la schizophrénie qui semble s'emparer progressivement de la clique à Pete Docter.
D'un côté, on y retrouve de nouveaux courts-métrages, dont la plupart sont regroupés dans une série intitulée "Sparkshorts". Chaque film demande 6 mois de travail à un artiste de la firme, d'où la pluralité et la créativité des résultats, symbolisant parfaitement la puissance émotionnelle et graphique du studio, puissance dont il tire sa réputation. Entre la violente mignonnerie de Kitbull et la fluidité thématique et visuelle renversante de Mon terrier, Pixar a clairement su tirer parti de la plateforme pour faire briller son talent dans le domaine du court-métrage.
Quand Pixar fait de la 2D, c'est de la bonne
De l'autre, plusieurs séries n'ont d'autre but que de convoquer la nostalgie des longs-métrages, dans une logique très similaire au traitement de Marvel ou Star Wars. Dans Pixar Popcorn, chaque franchise a droit à son micro-métrage, qui consiste généralement en un sketch animé sur fond statique, voire à une mini-ballade dans l'univers du film. Cela a peu d'intérêt, voire aucun, si ce n'est la présence de personnages appréciés par le grand public. La créativité des artistes, elle, est aux abonnés absents.
Passons sur Forky Asks a Question, autre suite de sketchs menés par un personnage de Toy Story 4. Le fond est vraiment atteint avec Pixar en vrai, télé-réalité sous forme de caméra cachée où les passants réagissent à des objets ou des personnages Pixar. Qui aurait cru il y a quelques années que la firme allait produire une minuscule télé-réalité pour les nostalgiques de ses créations ? Reste à savoir si Disney va préférer s'attarder sur son originalité ou sur ce genre d'exploitations peu chères. Il n'y a pas de quoi être très optimiste.
Logique, VU LA STRATÉGIE DISNEY+
Plus que jamais, l'un des grands atouts de Disney+ est la clarté de son catalogue. Contrairement à Netflix, Apple TV+ ou HBO Max, Mickey peut jouer à son avantage la carte de l'uniformité. En d'autres termes : les abonnés savent exactement pourquoi ils payent. Sur Disney+, il n'y a aura pas de Mank, pas de The Irishman, pas de Raised by Wolves, pas de Cherry. Le zapping SVoD restera dans un cadre précis, pour une satisfaction peut-être limitée, mais indéniablement confortable. Ce n'est d'ailleurs pas anodin si la nouveauté Star (qui regroupe plein de films et séries héritées d'ABC, Hulu, Fox etc) est une section à part entière sur Disney+, afin de ne pas tout mélanger.
C'est dans cette logique que le public familial est vital pour Disney, et que la rubrique enfants de Disney+ doit déborder. Si les parents ont Star Wars, Marvel et compagnie pour occuper leurs soirées, leur progéniture doit avoir quelque chose pour remplir les longues journées. L'équation est simpliste, mais illustre bien la manoeuvre du studio.
Notre mission : aider les parents désespérés
L'annonce des premiers gros contenus Pixar va dans ce sens. Pas d'histoires originales, mais une extension des succès de la firme, avec de nouvelles aventures de personnages plus ou moins aimés. C'était une évidence pour Monstres & Cie, avec une série dérivée, et Zootopie, qui connaîtra une suite sous forme de série après son gros milliard au box-office en 2016.
Le cas Toy Story est intéressant. La saga ultra-populaire aura droit à un prequel intitulé Lightyear, centré sur Buzz l'éclair et avec la voix de Chris Evans, en plus de la série ludique centrée sur Fourchette déjà disponible. Entre le gros film porté par une star d'Avengers, et le programme éducatif, Disney ratisse large, pour être sûr de ne perdre personne.
Un service de SVoD à plusieurs milliards, c'est une histoire de stabilité, et de ration hebdomadaire ou mensuelle. Disney, comme Netflix et les autres, en a parfaitement conscience et capitalise donc sur ses points forts. Les succès des suites au cinéma (Le Monde de Dory, Les Indestructibles 2, La Reine des neiges 2, Toy Story 4...) ont démontré l'appétit du public pour ça, à tel point que Pixar affirme avoir besoin de ce business de franchise pour continuer à tourner.
Ainsi devrait commencer un parfait cycle sans fin : chaque nouveau film Pixar pourra potentiellement continuer en série, et nourrir Disney+. À voir jusqu'à quel point cette logique prendra le pas sur le reste, et interfèrera dès la conception même des films...
Disney qui a une idée de série dérivée
LOGIQUE, VU "L'AVENIR" DU CINÉMA VS STREAMING
Le nouveau grand patron de Disney l’a officiellement annoncé le 12 octobre 2020. Le streaming est désormais la priorité absolue de l’entreprise, son canal de diffusion privilégié. Que va-t-il advenir de Pixar dans ce contexte ? La question est moins anodine qu’elle n’en a l’air, quand bien même celui qui a pris la suite de John Lasseter à la tête de l’entreprise assure qu’il s’agit d’une formidable opportunité créative. En effet, Pete Docter, interrogé par le Hollywood Reporter à l’occasion de la sortie de Soul, a tenté une comparaison entre les origines de Pixar, et l’effervescence engendrée par la mise en place de Disney+. Un parallèle pas évident à saisir, mais qui lui paraît très clair.
« Au début, quand nous étions en train de faire Toy Story, nous ne savions pas ce que nous faisions. On tombait sur le premier animateur venu et on lui disait : “Toi, tu vas gérer le département artistique !”. C’était devenu impensable quelques années plus tard. Un employé aurait dû passer par trois ou quatre postes successifs et engranger de l’expérience. Le streaming nous a renvoyés à ces jours lointains, cette époque où la devise était : “OK, on doit juste expérimenter et tenter notre chance." »
John Lasseter en pleine reconversion
Des propos qui seraient rassurants si le studio ne paraissait pas aussi allergique à toute forme d’expérimentations et de risques. Bien sûr, il est tentant de voir dans Soul un projet ultra-audacieux, mais Docter n’est pas exactement un nouveau venu et quoi qu’on pense du film, il applique bien consciencieusement une recette établie. D’ailleurs, il n’est plus question pour le cinéaste de rester un pur créatif, mais bien d’embrasser son nouveau poste de patron.
Pourquoi ce metteur en scène réputé incroyable qualifie-t-il l’abandon de la réalisation comme “étonnamment gratifiant” ? Peut-être faut-il y voir la conséquence directe de la politique de Disney, qui a saisi “l’opportunité” de la crise sanitaire mondiale pour accélérer la transition vers le streaming. Soul en fut, après le crash-test Mulan, le premier exemple pleinement maîtrisé par la firme.
Toy Story, 1996 : autre siècle, autres défis
Toujours dans le Hollywood Reporter, Docter décrit l’annonce de l’abandon de la salle comme “un coup de poing à l’estomac”. En effet, ce qui fit la force, sinon la gloire de Pixar, c’est bien la notion de grand spectacle, l’idée même d’évènement. Et pour les générations qui ont découvert Toy Story, 1001 pattes ainsi que les premières productions du studio, le choc technologique et esthétique fut majeur. Une puissance que Pixar a réussi à conserver presque intacte, de progrès technique en communication savamment dosée.
En cas d’exploitation simultanée salles/plateforme ou de retrait pur et simple du grand écran, l’entreprise aura-t-elle encore les moyens d’attirer des créateurs d’exception et de leur assurer la singularité de leurs créations ? On serait tenté de dire que la réponse est déjà partiellement connue. Netflix, ces dernières années, a proposé plusieurs films d'animation extrêmement réussis, sans jamais parvenir à coaguler attention médiatique et publique autour. Même le brillant Klaus aura eu du mal à rassembler, en dépit de ses immenses qualités. À Pixar de relever le défi et de réussir à faire mieux.
21/02/2021 à 11:59
Je pense que comme évoqué par un exécutif cité danq l'article, le DTV des années 90-2000, le recyclage moche pour Disney Channel (Les DTV sont des chef d'oeuvre à côté) et maintenant le remplissage pour D+ sont indispensable pour l'équilibre économique imposé par la direction de Disney.
Tant que les studio "prestiges" du groupe (Disney Animation, Pixar et Blue Sky) réussissent à sortir 1 ou 2 films par an avec 1 film marquant tous les 2 ans (grosse modo le rythme des années 90 à 2010), ils peuvent continuer à faire des daubes sur D+, je vois pas où est le problème.
31/01/2021 à 16:00
@Rayan
Sinon casse toi de ce site hein, personne te regrettera
Va sur Allocine, tu verras la bas y a pas de censure et tu pourras jouir de cette liberté de parole que d’ordinaire tu refuses à ceux qui ne sont pas de ton avis
Au revoir, à la revoyure, bon voyage, arrivederci, sayonara, adieu, bon débarras, bon vent, que le diable t’emporte à 312 km, ne reviens pas, que je ne te revois plus, hasta la vista, tire toi et taille la route.
31/01/2021 à 01:41
Ouais
30/01/2021 à 21:37
EL site de censure n1 du Web
Me dites pas que vous y êtes pour rien c est 2 messages qui disparaissent et ca doit etre mon 10e cette semaine
Pas grave je continuerai a poster anyway
30/01/2021 à 20:32
Acheter des oeuvres populaires pour en faire du recyclage perpétuel jusqu'a ecoeurement ...
30/01/2021 à 20:00
Vous avez vu les série sur fourchette ? Parce que qualifier cette série qui va nulle part et écrite à la coke d' "éducative", faut y aller quand même...
30/01/2021 à 15:43
Je trouve l’hégémonie de Disney depuis ses multiples rachats vraiment triste. Je n’arrive pas à m’y faire, Disney est devenu un véritable ogre et le déferlement de reboot, suites, cross over, spin-off et séries dérivés prévus me donne des boutons par principe. Il y aura sûrement certaines productions de qualités qui sortiront du lot mais Disney est devenu trop gros à mon goût avec une logique industrielle qu’ils vont pousser au maximum essorant tous ce qu’il y aura à essorer jusqu’à vider les films et franchises originales de leur substances.
Films originaux réalisés par des créateurs, des rêveurs, des auteurs, des artistes techniciens de génie, pas par des yes men au service d’une logique de développement et de rentabilité prioritaire absolue. Évidement Disney n’est pas le seul à faire ça mais sa taille est tellement énorme aujourd’hui que ça donne le tourni.
J’ai une vision sûrement très sombre de ce qui se passe en ce moment avec une certaine nostalgie du passé, avec des studios plus indépendant mais je n’aime pas cette logique qui semble aujourd’hui primer sur le reste.
J’espère me tromper. Bref.
30/01/2021 à 15:12
Quand je vois le mode de consommation de mes enfants (4 et 7 ans) sur netflix, ou disney+ (que j'ai arrêté), je ne suis pas forcément inquiet. Ils ont tellement l'embarras du choix que ce qui prime aujourd'hui, c'est la qualité. Ils sont devenus de vrais zappeurs.
J'ai initié le plus grand à Marvel, bien sur il a adoré, comme nous à l'époque gamin quand on mettait la main sur un comics. Puis ce fut Cpt Tsubasa à fond. Et là, c'est Dragon Ball Super.
Ils ne reviendront jamais vers des betises gnian gnian, et Disney a intéret pour ne pas perdre les 8-13 ans d'alimenter pour eux aussi. Sinon les chaines manga gagneront sur Disney+ pour bcp de gamins.
30/01/2021 à 15:05
Aucun intérêt, sinon pour gaver des milliards d'oies décérébrées.
30/01/2021 à 12:12
Très bon article.
Au passage la série de Pixar Popcorn est assez vide, hormis les 2 segments avec les Indestructibles le reste n'est pas très pertinent. On sent bien que c'est un prétexte pour surfer sur la marque Pixar.
Mickey a les dents longue...