Star Wars, Zombie, Aliens... 5 director's cut moins bons que les versions cinéma

La Rédaction | 14 novembre 2020 - MAJ : 05/10/2022 17:40
La Rédaction | 14 novembre 2020 - MAJ : 05/10/2022 17:40

Si les director's cut sont souvent très appréciés, certains films ne sont pas sortis grandis de leur extension. On revient sur cinq d'entre eux, notamment Zombie, Star Wars, Donnie Darko, et Aliens, le retour.

Ils contournent la censure ou l'auto-censure, affinent la vision du réalisateur, mettent en défaite les studios, multiplient les scènes supplémentaires et permettent aux amateurs d'un film de le redécouvrir sous l'angle voulu par son auteur... Le director's cut (littéralement, le montage du réalisateur), est devenu un Graal à l'ère du DVD et des éditions physiques collector.

Les fans de Peter Jackson ne peuvent revoir Le Seigneur des anneaux sans les versions longues, les adorateurs de Francis Ford Coppola se pâment devant son tout dernier (et excellent) Final cut d'Apocalypse Now, et les défenseurs de Batman v Superman refourguent leur édition à qui n'a pas encore subi le dernier montage.

À l'heure où un director's cut a été réclamé avec une fougue inédite, entrainant une rallonge de budget de 70 millions de dollars, des reshoots intégraux et la mise en chantier d'un quasi-nouveau film de 4 heures (oui, oui, on vise Justice League), il est important de rappeler que le procédé n'a pas toujours été couronné de succès, n'en déplaise aux cinéphiles faisant aveuglément confiance à Zack Snyder. On revient donc sur cinq director's cut moins bien que le montage cinéma. À noter que pour prétendre à cette appellation, ces versions doivent bien concrétiser une envie du réalisateur. D'où, par exemple, l'absence d'Alien 3.

 

photo, Ian McKellenVersion longue n'est pas director's cut, parole de sage

 

Donnie Darko

Combien en plus ? Environ 20 minutes supplémentaires.

Qu'est ce qui change ? Pas mal de choses, avec à la fois de nouvelles scènes et musiques. Donnie Darko director's cut commence ainsi avec Never Tear Us Apart d'INXS et pas The Killing Moon d'Echo & the Bunnymen (utilisée plus tard dans cette version), ce que Richard Kelly voulait à l'origine, mais sans pouvoir se le payer à l'époque.

Il s'agit surtout de scènes rallongées, de détails rajoutés à droite à gauche dans les dialogues ou le découpage (dont une partie avait déjà été vue dans les bonus du DVD). Mais la vraie nouveauté est l'apparition des pages de The Philosophy of Time Travel, ce livre de Roberta Sparrow sur les voyages dans le temps, présent dans le film pour livrer de précieuses clés. Les visuels avaient été mis en ligne sur le site du film, et le réalisateur les a intercalés dans le director's cut pour laisser le spectateur les lire.

 

photoEsprit de Richard Kelly : mode d'emploi

 

De quoi expliciter et dévoiler les règles du jeu obscur de Donnie Darko. Le film se déroule ainsi entre la réalité normale ("Primary Universe") et la réalité instable ("Tangent Universe"), autour d'une anomalie qui a créé cette catastrophe avec le moteur d'avion ("Artefact"). Donnie est l'être élu ("Living Receiver"), doté de pouvoirs pour rééquilibrer les choses. Il sera aidé par d'autres personnages qui l'aident sans le savoir, comme Frank, Gretchen, et presque tout le monde ("The Manipulated Dead" et "The Manipulated Living"). Ils amènent le Living Receiver à la situation ultime ("Ensurance Trap"), pour remettre les choses dans l'ordre. Un sacré glossaire, désormais explicité.

À l'époque du premier montage, Richard Kelly avait dû rendre un film de moins de deux heures, sans forcément en être entièrement satisfait. Quand Bob Berney, président de Newmarket Films, lui a proposé en 2003 de ressortir le film, le cinéaste en a profité pour travailler son director's cut. Budget de l'opération : dans les 300 000 dollars (sachant que le film avait coûté moins de 5 millions).

 

photo director's cutDonnie sauvé des eaux

 

Pourquoi c'est moins bien ? Donner le mode d'emploi était-il nécessaire ? Pour beaucoup, ces textes et images qui défilent à l'écran ont abîmé l'étrangeté, l'ambiguïté et l'énigme de Donnie Darko. D'autant plus qu'entre la sortie cinéma et le director's cut, le petit culte autour du film avait déjà nourri bien des débats et théories. Plus personne n'avait envie ou besoin des pages du livre à l'écran, puisque tous ceux qui se posaient ces questions avaient cherché et trouvé leurs réponses, à leur manière. C'était aussi ça, la beauté du film.

Richard Kelly expliquait que ce nouveau montage rendrait le film plus fluide, plus logique, et plus ancré dans la science-fiction. À l'écran, c'est finalement le contraire, et l'esprit du spectateur est potentiellement embrouillé par cette approche plus cartésienne et organisée. Les pages et diverses visions amènent certes une étrangeté très jolie d'un point de vue visuel et sonore, mais ces parenthèses et décrochages cassent régulièrement le rythme. Un peu comme un commentaire audio abstrait qui force régulièrement le spectateur à dézoomer sur le film, ses personnages et ses émotions, pour le théoriser en direct.

Donnie Darko director's cut est ainsi régulièrement cité comme le contre-exemple en la matière : comment un réalisateur peut finalement abîmer son propre film, en se repenchant dessus, avec plus d'argent et libertés.

 

photoSuis le lapin blanc

 

E.T. l'extra-terrestre

Combien en plus ? La version originale sortie en 1982 dure 1h49 quand celle de 2002 dure 1h54, soit à peine cinq minutes supplémentaires. Et sans le générique final, la différence tombe à seulement trois minutes.

Qu'est ce qui change ? Globalement, cette nouvelle version sortie en 2002, pour fêter le 20e anniversaire de la sortie du film au cinéma, contient surtout des améliorations techniques et visuelles. Les effets spéciaux sont modernisés (vaisseau spatial...), mais ce sont surtout les apparitions de l'extraterrestre, à la base en animatronique, qui sont ici remplacées par une version numérique de la créature permettant d'améliorer notamment le mouvement de ses lèvres lorsqu'il s'exprime et ses déplacements (au début dans la forêt entre autres).

Il a également été fait le choix de supprimer la violence passive ou active du film. Ainsi, lors de la grande scène de course-poursuite en vélo entre Elliot (Henry Thomas) et les flics, ces derniers ne portent plus de flingues à la ceinture ou à la main, mais des talkies-walkies. Un plan où un policier arme un fusil à pompe dans la version 1982 est ainsi complètement supprimé dans la Director's Cut.

 

Capture Version 1982 vs version 2002Des effets spéciaux plus modernes et des fusils transformés en talkies-walkies

 

Par ailleurs, certains dialogues ont été modifiés notamment un de la mère d'Elliot avant la sortie à Halloween. Dans la version de 1982, elle arguait son fils Michael (frère ainé d'Elliot) qu'elle ne voulait pas qu'il se déguise en "terroriste". Dans l'édition spéciale, le mot "terroriste" est remplacé par "hippie", sans doute pour éviter de rouvrir la lourde plaie du 11 septembre 2001, encore très frais dans les mémoires américaines en 2002.

Hormis tout cela, deux séquences ont été ajoutées à la version 20e anniversaire. La première se déroule entre E.T. et Elliot dans la salle de bain après trente minutes de film, lorsque sa mère (Dee Wallace) n'est pas présente à la maison et appelle justement pour savoir comment va Elliot. Il fait semblant de vomir sur le combiné à l'aide d'une cannette, pendant que E.T. plonge dans la baignoire. La seconde vient allonger la séquence d'Halloween d'une cinquantaine de secondes.

 

PhotoLa version originale, l'unique selon Steven Spielberg

 

Pourquoi c'est moins bien ? Parce que Steven Spielberg l'a reconnu lui-même. Alors que l'objectif était de faire la même chose que George Lucas avec Star Wars, le cinéaste de Rencontres du troisième type a finalement renié ces modifications. En 2011, lors d'une interview accordée à Ain't it cool news, il disait :

"Quand les gens me demandent quelle version de E.T. ils doivent regarder je leur conseille toujours la version originale de 1982."

Un an plus tard, lors de la projection d'une version restaurée (mais pas modifiée) de Les Aventuriers de l'arche perdue à Los Angeles, il avait confié aux journalistes sur place ses énormes regrets :

"En ce qui me concerne, j'ai essayé de faire ça une fois et j'ai fini par le regretter. Pas en raison de la colère des fans, mais parce que je me suis déçu moi-même. J'étais trop sensible à certaines critiques à l'encontre d'E.T., émanant de groupes de parents lors de la sortie en 1982 et qui concernaient des dialogues comme "haleine de pénis" ou les plans sur les armes... Et puis, il y avait de gros plans d'E.T. assez sommaires, et je m'étais toujours dit que, si la technologie me permettait un jour de les améliorer, je le ferais. Au final, j'ai réalisé que je n'avais fait que voler les souvenirs d'E.T. à ceux qui l'aimaient. Et je le regrette."

 

PhotoIl avait déjà du charme sans les CGI

 

Zombie

Combien en plus ? 7 minutes.

Qu'est ce qui change ? Ça se complique encore un peu plus, car Zombie possède en réalité trois montages différents. En effet, à l'origine, le projet est le fruit d'une collaboration avec l'autre monstre horrifique du moment, Dario Argento. Une société de production américaine est alors chargée de distribuer le long-métrage dans les pays anglophones, tandis que la firme d'Argento s'occupe du marché européen.

Et ce dernier a été bien mieux servi. Même sans compter le montage projeté à Cannes 1978, présenté comme un director's cut par un laser-disc alors qu'il ne s'agit que d'une version préliminaire, plus longue, les Européens ont bénéficié d'une version supervisée par le maître italien, et qui bénéficie de son savoir-faire. De fait, le montage américain original, bien qu'amputé de quelques inserts gores pour son exploitation au Royaume-Uni, est bien la version conçue par Romero, son director's cut. Longue de 126 minutes, elle ajoute certes un peu de matière, mais exploite des scènes différentes. Concrètement, les deux montages ont leur dose d'images inédites.

 

Photo ZombieVert de rage

 

Pourquoi c'est moins bien ? Chacun des deux montages, finalement assez différents, propose un angle qui lui est propre. La version de Romero a préservé une forme d'humour un peu morbide qu'Argento a sacrifié au profit du rythme et de l'action. Si on est en droit de préférer les petites piques du réalisateur de La Nuit des morts vivants, passé maître en la matière, il faut avouer que la science du montage que maitrise son homologue italien, déjà bien visible dans ses propres films (le premier meurtre de L'oiseau au plumage de cristal est une masterclass) profite à Zombie. Le climax final, ahurissant, vient décupler la force de frappe du long-métrage.

Mais la différence la plus notable reste sans conteste la musique. La version de Romero utilise principalement des banques de sons libres, tandis que l'italien place tout le film sous le signe de Goblin, ce groupe culte qui a grandement participé au culte de Suspiria. Leur partition, grandiose, n'est que très peu utilisée dans le montage américain, au grand dam des mélomanes. Aujourd'hui, ce thème apocalyptique reste un des morceaux de musique les plus célèbres de l'histoire des bandes originales horrifiques, et c'est mérité.

 

photoLes Américains devant Argento

 

Star Wars (la trilogie originale)

Combien en plus ? 3 minutes en plus pour Un nouvel espoir, 3 minutes en moins pour L'Empire contre-attaque, rien pour Le Retour du Jedi.

Qu'est ce qui change ? Peu de choses... Mais ça change tout. Le 31 janvier 1997, une édition spéciale de la trilogie originale sort, et George Lucas en profite pour effectuer quelques modifications. Des séquences coupées sont ajoutées, des séquences gardées sont coupées, d'innombrables effets spéciaux numériques sont incrustés et surtout, Han ne tire plus en premier.

Ces changements ne visent pas juste à "embellir" (prenez bonne note des guillemets) son oeuvre. Il s'agit de bien préparer l'arrivée de la nouvelle trilogie avec La Menace fantôme, deux ans plus tard. En effet, l'idée est de créer une continuité avec ces Star Wars nouvelle génération, continuité visuelle et thématique, histoire de faire de la célèbre franchise un monument de cohérence. On aurait dû pouvoir regarder toute la saga dans l'ordre chronologique des évènements sans trop voir les années passées. Mais le résultat n'aidera pas les cinéphiles à appréhender cette nouvelle fournée sous les meilleurs hospices.

 

Photo Edition SpécialeLa foire aux pixels

 

Pourquoi c'est moins bien ? Passe encore le révisionnisme esthétique de tonton George, même si certaines de ces incrustations sont d'une laideur assez impressionnante. Si les fans conspuent autant ces nouvelles versions, c'est parce qu'elles sont devenues les seules disponibles, au point que pour profiter de l'expérience Star Wars originale, il faut désormais s'arracher à prix d'or les éditions pré-1997, rares épargnées par les lubies de l'auteur. Toutes les éditions Blu-ray et DVD disponibles neuves actuellement imposent ces ajouts, au grand dam des puristes.

Impossible de savourer l'antre terrible de Jabba sans s'infliger une scène de comédie musicale tout droit sortie des enfers du pire des années 2000 ou de contempler les décors de Tatooine sans qu'un monstre en CGI ne vienne les cacher de son derrière potelé. En réalité, peu de films "gâchent" une saga. Si la trilogie Disney ne plait - légitimement - pas au grand nombre, elle n'annule pas pour autant la réussite des opus précédents. Cette rectification malheureuse a pour elle - fait assez rare - d'abîmer une saga incroyable. Certains ne lui ont toujours pas pardonné.

 

Photo Edition SpécialeDes pixels à gauche, des pixels à droite

 

John Rambo

Combien en plus ? La question est épineuse, sur le papier, cette version est rallongée de 8 minutes, mais tous les changements ne sont pas de purs ajouts, et comme détaillés ci-dessous, plusieurs altérations de montage figurent également dans cette relecture du réalisateur. Par conséquent, pour presque chaque ajout, on retrouve des transformations dans l'ordre des scènes, ou dans leur architecture interne.

Qu'est ce qui change ? C'est carrément la philosophie du film qui est transformée par le director’s cut de Sylvester Stallone. Les quelques huit minutes qu’il ajoute à son film n’ont pas pour objectif d’en rajouter côté action ou festival viandard, le film étant déjà saturé d’hémoglobine en mode turbine à viande stellaire. Non, on l’oublie souvent, mais Sly a un gros cœur qui bat, et un amour certain pour ses personnages. Dans cette version alternative, il travaille donc à considérablement nuancer le personnage de Rambo, qui n’apparaît plus comme une machine à tuer, mais comme un humain nettement plus sensible, capable d’accéder à la rédemption. 

 

photo, John Rambo"J'ai demandé un director's cut moins violent okay"

 

C’est dans cet esprit que nous découvrons de plus amples informations sur son passé pré-Viêtnam (il était éleveur de chevaux durant sa première vie), que sa relation avec Sarah (Julie Benz) apparaît plus douce et étoffée durant la première partie du récit, avant le départ des humanitaires pour l’enfer birman. Un gonflage qui altère le reste du montage, ainsi, l’introduction présentant les exactions des soldats birmans n’ouvre plus le film, mais vient s’intercaler entre les échanges de John et la jeune femme. 

Suivront quelques ajouts cosmétiques pour justifier ici la disparition d’une chemise, là une proximité physique renforcée entre le guerrier impénitent et celle qu’il est venu sauver. C’est lors du final qu’on note une réinterprétation de taille. Rambo ne scrute plus le carnage qu’il a engendré, avec un mélange de fatalisme et de détachement, mais rive son regard à Sarah, avant de lui faire adieu de la main et de quitter la scène. 

 

photo, Sylvester Stallone"Coucou les loulous !"

 

Pourquoi c'est moins bien ? Le montage découvert en salles avait pour lui deux énormes avantages sur cette relecture signée Sylvester Stallone : sa cohérence et sa radicalité. Cohérence parce qu’il tenait tout du long les rênes d’un récit à la dureté et à la violence effroyables, ne faiblissant jamais, ne reculant sur l’horreur de ce qu’il choisissait de montrer, tout comme il ne minimisait pas la violence de son protagoniste. Faisant son possible pour demeurer loin du monde, Rambo lâchait les chiens dans la seconde partie du métrage, sans regarder en arrière, embrassant la pulsion barbare inoculée en lui par son expérience traumatique. 

Et il y avait là un beau geste radical, qui consistait à faire de lui un véritable Cerbère échappé des enfers, bouclant thématiquement toute la saga pour retrouver l’ADN originel du personnage. On imagine que le cinéaste et comédien souhaitait nuancer son héros et le racheter, faire la paix avec lui en quelque sorte, mais son director’s cut, plutôt que d’affiner le tout, brouille son ton comme son message. Moins fort, moins sûr de lui, moins définitif, il entame également le tempo général, formidablement véloce dans sa version cinéma. 

 

photo, John Rambo, Sylvester Stallone"Voilà, ça c'est de l'émotion !"

 

BONUS : Aliens, le retour

Combien en plus ? 17 minutes.

Qu'est ce qui change ? Plein, plein de choses que James Cameron avait dû couper à contrecœur à l'époque, à la demande du studio. Ça va de blocs entiers dans la narration (le prologue sur LV-426 avec Newt et sa famille, les mitraillettes de sentinelles installées pour stopper les aliens), à quelques instants rajoutés à droite à gauche (un échange très beau entre Ripley et Hicks, avant qu'elle ne descende dans le nid), en passant par des moments très marquants (Ripley qui apprend que sa fille Amanda est morte pendant son cryo-sommeil, ce qui a servi de base au jeu Alien : Isolation).

Ce director's cut est sortie sous le nom de Special edition en 1990, en VHS et LaserDisc (oui oui), et une bonne partie de ces scènes inédites avaient été incluse dans une version d'Aliens, le retour remontée pour la télévision, en 1989 sur CBS. James Cameron avait à l'époque terminé les effets visuels pour assembler tout ça.

Mais c'est le coffret DVD anniversaire de la saga, sorti en 1999, qui a remis cette version longue sur le devant de la scène. Le cinéaste y présentait ce montage comme le vrai voyage épique qu'il avait imaginé à l'origine, soit sa version officielle du film. Sachant que Ridley Scott et Jean-Pierre Jeunet considèrent les versions cinéma d'Alien et Alien, la résurrection comme les leurs, et que le cas Alien 3 est autrement plus compliqué (la version longue remontée par le studio n'est pas celle de Fincher), Aliens, le retour reste le seul à avoir un director's cut digne de ce nom.

 

photo Special editionLa photographie va mal dans le futur

 

Pourquoi c'est (un peu) moins bien ? Avant de recevoir un colis piégé à la bave de xéno, une évidence : Aliens, le retour en version longue, c'est Aliens, le retour en mieux. Plus de place y est laissée à l'action, au suspense, à la tension, mais également aux personnages, leurs relations, et finalement leur fatigue et usure puisque l'histoire est étirée sur plus de temps. Le film en ressort donc bien plus riche, spectaculaire et harmonieux.

Sauf pour un cas précis et intéressant : la partie qui montre LV-426 avant l'arrivée de Ripley et des marines. Alors que l'héroïne incarnée par Sigourney Weaver est encore à bord de la station de Weyland-Yutani Corporation, où elle affronte un débriefing des enfers et tente de rouvrir les yeux sur le réel, le spectateur la quitte pour aller découvrir cette planète où se sont installés des colons. C'est la seule fois du film où un tel décrochage de point de vue est opéré, et où le public s'éloigne de Ripley ainsi.

 

photo special edition**cri interminable de Newt**

 

Certes, ces scènes ont un sens : elles permettent de voir l'installation des colons à Hadley's Hope avant le chaos, de glisser une petite référence à Shining, de présenter Newt et sa famille, et surtout, d'expliquer l'origine de l'invasion de la base. La formidable famille de Newt découvre ainsi le fameux vaisseau des xénomorphes vu dans le premier Alien, et les parents décident de l'explorer. Ils pensaient y trouver un petit bonus financier (qui renvoie à la logique des ouvriers blasés du Nostromo, en quête d'une prime pour survivre), et ont ramené la fleur du mal avec un facehugger sur la tronche de papa.

Dès lors, l'arrivée de Ripley et le commando sur LV-426 a un autre parfum. Il n'y a plus aucune surprise face aux lieux, puisque le spectateur a tout vu et compris. Il n'y a plus de doute sur la chronologie et les causes ni d'étonnement dans ces coursives dépeuplées et silencieuses. Newt non plus n'a plus la même : dans la version cinéma, elle est longtemps muette et seuls quelques indices laissent imaginer ce qui s'est passé pour elle.

 

Photo Sigourney Weaver, Carrie HennQuand on découvre Newt avec Ripley, et pas avant

 

James Cameron a peut-être donné ici trop d'informations et réponses, alors que la découverte de LV-426 avec les marines est un moment très fort. Il a aussi peut-être oublié que Ripley est le cœur de l'histoire, si bien qu'un décrochage sans elle obéit plus à des règles classiques de narration, qu'à la logique interne d'un récit si précis. Dans tous les cas, il est possible d'adorer Aliens, le retour en version longue... mais de se demander si elle ne serait pas encore mieux sans ces scènes autour des colons.

Tout savoir sur Aliens, le retour

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commentaires
Jean Cule UnLapin
21/01/2023 à 11:30

J'aime bien la version modifiée de E.T, j'aime les nouvelles scènes, notamment celle de la baignoire, je trouve que les nouveaux effets spéciaux rajoutés corrigent le problème de la marionnette qui a mal vieilli avouons-le, en plus d'avoir un tout nouveau doublage de très bonne qualité (ce n'est pas souvent) qui prononce bien "Iti" au lieu de "Euté".

Jean Cule UnLapin
21/01/2023 à 11:24

Je ne suis pas d'accord pour Star Wars, les director's cuts éditions spéciales permettent de mieux lier les deux trilogies entre elles, avec des nouveaux effets spéciaux plus modernes et une meilleure cohérence, comme effacer les sourcils d'Anakin pour que ça reste cohérent avec la prélogie, en plus de rendre le personnage plus terrifiant qu'il ne l'était à l'origine, remettre l'acteur des autres films en temps que fantôme Jedi, montrer en conclusion finale toutes les planètes que l'on a visité au cours de la saga comme Naboo et Coruscant, mettre Boba Fett à côté de Jabba le Hutt, retravailler les incrustations pour qu'elles soient plus belles et moins grossières, mettre le vrai acteur de l'empereur avec son vrai maquillage dans l'épisode 5 au lieu de l'ancien avec son maquillage moche et sa voix de jeune homme (alors que l'empereur est censé être très âgé), modifier la musique de la fin du Retour du Jedi pour qu'elle ait l'air plus épique et qu'elle ressemble plus à la vraie fin d'une grande saga épique, et même redynamiser la bataille de Yavin avec de tous nouveaux effets spéciaux au lieu des anciens qui ont été faits à la va-vite et qui ont très mal vieilli, et au final le film qui a subi le plus de modifications est l'épisode 4 et c'est tout à fait normal, c'est le premier film, un film à faible budget et à l'époque George Lucas n'a donc pas pu concrétiser sa véritable vision comme il le voulait à l'origine, et les modifications des épisodes 5 et 6 sont plus subtiles que celles du 4 et ne changent rien aux films en eux-mêmes, si ce n'est d'uniformiser une saga dont les films sont séparés par 20 ans, de rendre les films plus esthétiques, plus cohérents et plus fluides et de rétablir la véritable vision du créateur et de rétablir la cohérence et de faire le lien entre les deux trilogies, car moi quand je regarde la trilogie originale en version d'origine j'ai l'impression de voir des films inachevés et j'ai vraiment du mal à me dire que ça se passe dans le même univers que la prélogie.

Amadebrick
02/05/2021 à 21:19

Pareil pour Amadeus et Shining, deux de mes films préférés mais que les versions longues ont amoindris.

Voilà
01/05/2021 à 10:05

D’accord avec EE sur Aliens. Je pense que découvrir ce film il faut impérativement voir la version ciné. Mais pour les autres fois, la version DC est à privilégier.

j en prendrais pour 1 d
25/01/2021 à 11:20

Aliens, le retour version longue est la meilleure, le top, un chef d'oeuvre

Pierre88
25/01/2021 à 07:30

J'aurais ajouté celle d'Amadeus, pourtant un de mes films préférés. Très décevante version longue.

Dirty Harry
16/11/2020 à 14:13

Aliens 2 est le premier Alien que j'ai vu alors mon avis ne sera pas vraiment objectif : comme j'ai vu la DC et pas la version cinéma j'étais satisfait de découvrir l'univers d'Alien et la planète LV426 et toutes ces scènes en plus. Evidemment si on a vu le premier film avant, ça répète et ça lève tout mystère mais de mon point de vue c'était comme un récapitulatif pour ceux qui n'ont pas vu le premier donc j'ai toujours aimé cette version.

sylvinception
16/11/2020 à 13:25

Avec cette intro d'Aliens, Cameron nous prends un peu pour des teubés sur les bords... merci beaucoup Jim, mais on avait déjà compris ce qui c'était passé. Bref...

sylvinception
16/11/2020 à 12:32

Ah je trouve enfin quelqu'un qui pense comme moi que la version salles d'Aliens est meilleure que le DC!!

Kyle Reese
15/11/2020 à 21:41

Le problème de l'intro d'Aliens est très bien expliqué ici.
J'ai vu le film au ciné, au grand rex, et le suspens, la flip, les interrogations qui fusent, l'imagination qui galope quand ils inspectent les couloirs déserts ... certes on gagne en empathie dans la version longue mais on perd en mystère et ça c'est bien dommage. De toute façon quasiment toutes les scènes coupés des films de Cameron valent le coup, c'est rarement du déchets. J'aimerai connaitre d'ailleurs son point de vue à ce sujet par rapport aux critiques qu'on lui fait sur l'intro. J'aime cette intro mais elle est problématique, pour le reste des rajouts c'est top il a bien fait.

Sinon ouf je n'ai pas vu la version corrigé de E.T mais dispose de la version 4k sans les retouches et ça c'est cool.

Star Wars, je suis contre les retouches de Lucas mais bon heureusement qu'il n'y en a pas beaucoup donc ça passe, c'est plus cohérent, (mais pas toujours réussi et enlève une certaine poésie des paysages vides) sauf pour la colorimétrie des lasers rouges qui tirent vers le rose notamment dans Un nouvel espoir dans la première scène de fusillade. Jabba ne m'a pas choqué plus que cela, il s'intègre pas trop mal. Pour le tir de défense de Solo, je lui pardonne, on n'est pas non plus dans un Sergio Léone, c'est pour les enfants alors va avec la morale sauvée. Pas vu les autres versions longues foirés, pas envie de les voir.

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