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L’Antre de la folie, le sommet de démence frénétique qui a tué John Carpenter

Par Lino Cassinat
22 août 2020
MAJ : 21 mai 2024
24 commentaires
Affiche officielle

Beau, misanthrope et terrifiant : L'Antre de la Folie est le film terminal de John Carpenter. Largement réhabilité aujourd'hui, John Carpenter a pour autant passé la majeure partie de sa carrière à enchaîner échecs commerciaux et critiques tièdes, voire glaciales et ne doit sa popularité qu'à une petite communauté de cinéphiles amateurs de récits fantastiques et au suivi culte de ses oeuvres. En 1994, lorsque l'auteur sort L'Antre de la folie, sa position est plus précaire que jamais. En 20 ans de carrière, John Carpenter n'a jamais réussi qu'à rentabiliser ses films les plus fauchés et chacun de ses "gros" budgets a plus ou moins fait un bide.   Cette fois, ça se passera mieux   T'AS PRIS DU BIDE NON ? Commercialement, les ennuis commencent chez Universal avec The Thing, également son premier film chez une major. Premier budget digne de ce nom avec 15 millions de dollars (de l'époque), le film a beau être une réussite totale, le box-office ne suit pas et ne rapporte que 19 millions de dollars. Carpenter passe alors chez Columbia, réalise un petit succès avec Christine (10 millions de budget pour un peu plus du double au box-office) avant de se planter avec Starman : 24 millions de dollars de budget et seulement 29 rapportés en salle. La note est salée, mais le pire est à venir. Carpenter passe chez la Fox pour son fameux Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin, et encore une fois, le partenariat sera de très courte durée. Produit pour 20 à 25 millions de dollars, le film fait un four cuisant (qui l'a ?) avec seulement 11 millions de dollars en salles. Carpenter en est à trois échecs sur quatre films réalisés chez des majors. Malignement, il choisit donc de retourner à ce qui l'a porté jusqu'à présent : de l'horreur et du fantastique avec des budgets microscopiques. Universal accepte donc de le reprendre en partenariat avec Carolco, le légendaire studio indépendant du producteur Mario Kassar qui a produit tous vos films préférés (même Rambo et Terminator 2 : Le Jugement dernier). Grâce à ce double soutien, Carpenter enchaîne deux beaux succès avec Prince des ténèbres et Invasion Los Angeles, tout deux produits pour 3 millions de dollars, et rapportant respectivement entre le quadruple et le quintuple : 14 et 13 millions de dollars. Rien qui ne s'élève à la hauteur des coups d'éclat passés Fog et New-York 1997, et à des années-lumière de l'anomalie Halloween (le Paranormal Activity ou le The Blair Witch Project de l'époque, produit pour 300 000 dollars et en rapportant 70 millions, soit 233 fois la somme), mais de quoi redonner des couleurs et de la crédibilité à un réalisateur sur la mauvaise pente. Carpenter retente donc sa chance avec un plus gros budget chez la Warner, et là, c'est le drame. Les aventures d'un homme invisible est un nouveau gros plantage. Produit pour environ 40 millions de dollars, il se ramasse complètement et n'en rapporte que 14.   Ça s'est pas bien passé   DERNIER APPEL L'Antre de la folie est donc un to...

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Flash

Bien barré ce film, mais j’avais adoré.
Maintenant, il faudrait que je le revois un de ces jours pour constater si il a bien vieilli.

Cooper

Gros fan de Carpenter, je me suis refait tous ses films y a pas longtemps.

Une question : À partir de quel moment même si un film a rentabilisé un peu on dit qu’il fait un bide ?

Lino Cassinat

@Flash
Revu il y a peu pour les besoin de ce dossier, à part un effet numérique ponctuel qui a pris cher et un rythme un peu daté, tout baigne.

@Cooper
Vaste et complexe question, puisqu’elle dépend de l’économie des budgets des films, de l’inflation et des époques. Ce qu’il faut garder en tête, c’est que quand un film « rapporte » autant qu’il a coûté, il n’y a pas que le studio producteur qui se sert. Les exploitants de salles gardent une part assez conséquente de la somme, et les producteurs ne révèlent en général que les coûts de production. Quand on vous parle du budget d’un film, les frais de marketing, de promotion et de distribution sont éludés, alors que là encore il s’agit d’une somme importante qui déboursée. C’est bien pour cela que l’article précise en permanence qu’il s’agit seulement des coûts de production, ou des coûts de fabrication (qui sont des synonymes). Jack Burton par exemple a coûté entre 20 et 25 millions de dollars à tourner et monter, mais avec la promotion il faut aller chercher (au doigt mouillé hein) plutôt dans les 35-40 millions.

En bref et pour répondre à votre question à la louche, un petit film « doit » à mon sens faire le double de son coût de production pour commencer à sabrer le champagne, et plus le film est gros, plus ce ratio « doit » être élevé. Pour prendre un exemple récent, Batman v Superman a coûté 250 millions de dollars sans les frais marketing/promotion, et avec pourtant 873 millions rapportés, soit ni un échec ou une perte d’argent, il est considéré comme une déception.

Je précise également pour relativiser le cas de Carpenter qu’à son époque le marché de la vidéo est en bien meilleure forme et que nombre de ces films ont connu une seconde vie grâce aux video-clubs. Absolument pas de quoi rattraper un Jack Burton, mais ça limite la casse malgré tout. J’ajoute enfin que tout ce qui vient d’être lu ne vaut que très partiellement pour le marché français, qui obéit à des règles bien différentes.

En espérant avoir été éclairant.

Kyle Reese

Revu il y a 1 an et il a plutôt bien vieilli.
Je l’aime bcq.
Sam Niel y est excellent.
Votre analyse explique bcq de chose.
Pour moi son dernier bon film ou il a un sursaut de niak est Vampire, son interprète principal comme à son habitude bien énervé y est pour bcq.

Ah si Netflix ou Blumhouse pouvaient lui proposer un chouette projet, mais bon à son âge je ne sais pas.

Kyle Reese

Rah p****n de correcteur d’ortho. “Sam Neill” !