Terminator : Dark Fate, Genisys, Renaissance... pourquoi la saga est allée droit dans le mur après T1 et T2 ?

Simon Riaux | 1 octobre 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Simon Riaux | 1 octobre 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Terminator : Dark Fate est en approche. Et si certains espèrent de tout coeur que le blockbuster de Tim Miller, produit par James Cameron, redorera le blason de la franchise, nombreux sont ceux qui ne se soucient plus réellement de l'avenir de la saga. Comment une saga qui a révolutionné le cinéma d'action et offert au 7e Art des personnages inoubliables a-t-elle pu lasser le public ?

En surface, on pourrait avoir l'impression que Terminator 3 : Le soulèvement des MachinesTerminator : Renaissance et Terminator : Genisys ont bêtement recopié le cahier des charges inventé par Big Jim. Mais il ne suffit pas de se répandre en fan service, d'assurer le minimum syndical en matière de destruction, ou de rappeler Arnold Schwarzenegger pour honorer cet héritage. Et si Hollywood avait oublié les trois grandes leçons de Terminator et Terminator 2 : Le Jugement dernier ?

 

photo TerminatorDestin sombre pour Dark Fate ?

 

L’ART DE LA DÉMERDE

Le tout premier Terminator a fait l’effet d’une bombe. Son mélange de film noir et de SF post-apocalyptique, son usage des boucles temporel, apparaît comme un mélange inédit. Mais surtout, le film parvient à s’imposer comme un divertissement extrêmement spectaculaire, en dépit d’un budget ridicule. Pour le spectateur de 2019, plusieurs séquences demeurent extrêmement spectaculaires voire n’ont pas pris une ride, or Terminator n’a coûté que 6,4 millions de dollars de 1984, soit un peu moins de 15 millions actuels.

Pour accomplir ce miracle, James Cameron a fait preuve de son légendaire sens de la démerde, mais a surtout eu la chance de bénéficier du concours de Stan Winston, décisif lors de la création du T-800 et de divers maquillages. Le légendaire artiste de prosthétique et des animatroniques autorisa le film à se hisser bien au-dessus de ses moyens réels. Mais le film eut également la présence d’esprit de varier les techniques employées.

L’usage de maquettes en impose encore de nos jours. Lors de l’explosion du camion, emblématique de la construction du spectacle de James Cameron et très bon ambassadeur de sa méthode des climax imbriqués, demeure une leçon d’usage des modèles réduits. Ainsi, nombreux sont les spectateurs qui ignorent, découvrant ce premier volet, que l’image du véhicule explosant est celle d’un modèle réduit, et non une cascade réalisée à l’aide de pyrotechnie.

 

Photo James CameronStan Winston (à gauche) manipulant le torse du T-800

 

De même, les quelques plans du T-800 réalisés en stop-motion (animation image par image), s’ils ont vieillis, fonctionnent beaucoup mieux qu’un automate (modèle réduit animatronique) leur effet de saccade faisant parfaitement sens avec la nature mécanique du personnage ainsi que la blessure reçue plus tôt par le personnage d’Arnold Schwarzenegger à la jambe.

De même, l’ouverture du film, séquence culte où apparaissent les ruines de la guerre qui fait rage entre humains et robots pourrait laisser penser que la production a pu bâtir un véritable décor. Mais il s’agit là aussi de maquettes extrêmement créatives, utilisant régulièrement des perspectives forcées, soit un des plus vieux trucs du cinéma, issu tout droit de l’atelier de Georges Méliès.

Terminator premier du nom le prouve avec brio pour aboutir à un résultat esthétiquement surprenant. Pour générer un univers capable d’attraper l’imagination du spectateur, il n'y a pas besoin de centaines de millions de dollars, mais d’abord de créativité, et d’une volonté de dépasser les limites d’un petit budget.

 

photo T-800Joies du stop-motion

 

LE GOÛT DE L’INNOVATION, LE SENS DE LA PERFECTION

Avec un budget de 102 millions de dollars (soit presque 192 millions aujourd’hui), Terminator 2  est en 1991 le film le plus cher produit à Hollywood. Au revoir démerde et astuce, James Cameron bénéficie ici d’un paquet de billets verts autorisant toutes les folies. Mais, après Aliens, le retour et Abyss, le metteur en scène a eu la possibilité de travailler l’excellence technique qui le caractérise, désire et veut pousser plus loin le médium cinéma à chacun de ses longs-métrages.

Il va donc appliquer à Terminator 2 un principe qui ne l’a plus quitté : une volonté farouche d’être à la pointe de l’innovation, afin de proposer au spectateur des images jamais vues, capables de se graver sur sa rétine en lettres de feu. Bien sûr, beaucoup des effets spéciaux de Terminator 2, s’ils ont très bien survécu aux décennies, semblent désormais appartenir au tout venant du spectacle hollywoodien, mais il faut se rappeler que lorsque le film atteint les écrans, il délivre une aventure jamais vue auparavant.

 

25 birthdayUne première confrontation inoubliable

 

Les doublures numériques et autres effets de morphing, expérimentés sur Abyss, prennent ici un essor énorme, et les métamorphoses, fluides, rapides, photoréalistes et se déroulant à l’intérieur d’un seul plan, semblent phénoménales. En effet, là où les prosthétiques et autres effets animatroniques obligeait la caméra à faire un insert sur l’effet (un gros plan sur une blessure, une créature ou un membre déformé), James Cameron peut désormais, à l’intérieur d’un plan pensé uniquement pour nourrir la mise en scène, délivrer des effets dévastateurs.

 

photoDes effets révolutionnaires

 

Au-delà de la maîtrise alors sidérante des effets, le cinéaste va s’évertuer, comme toujours, à atteindre un degré de contrôle saisissant. À bien y regarder, la plupart des scènes d’action de Terminator s’articulent autour de chorégraphies extrêmement simples. La pesanteur du T-800 et l’aura de Schwarzenegger amènent logiquement les bastons ou fusillades à subir une certaine lourdeur, que Cameron compense par un soin maniaque du cadre. Qu'il s'agisse du premier échange de coups de feu dans un couloir, d'une poursuite à moto, d'une séance de tir au pigeon à coups de gatling ou de la confrontation finale, non seulement l'action est incroyablement lisible, mais jamais un plan parasite ne vient nous distraire. Chaque image compte, chaque balle bénéficie d'un impact véritable.

Les scènes d'action de Terminator 2 sont un modèle d'économie de mise en scène, dont tous les plans s'inscrivent immédiatement dans la mémoire collective. Ici, point de plans à la grue superflus, pas de travelings insensés, de montage saccadé ou furibard. Tout participe à la pure iconisation et à la dramatisation du moindre geste. Le résultat demeure encore aujourd'hui une véritable leçon de perfection scénique.

 

photoDes images impensables

 

ALL YOU NEED IS LOVE

Mais les deux premiers volets de la saga ne se sont jamais contentés d'être des merveilles apocalyptiques, d'impavides morceaux d'apocalypse. Les émotions et sentiments tiennent une place prépondérante au sein de ces récits. Parce qu'il y est aussi question de la lutte pour la survie de l'humanité, le scénario aborde forcément ce qui différencie les humains des hordes mécaniques de Skynet. Si l'humanité peut et doit survivre, c'est parce qu'elle possède un coeur, et qu'il bat.

Terminator premier du nom est avant tout une incroyable histoire d'amour, celle unissant une femme à un homme qui comprendra au cours de l'aventure que son mentor l'a envoyé sauver sa mère avant sa naissance, et donc lui donner un père. Soit un renversement des valeurs (John Connor, leader célébré de la résistance, ne formait pas un disciple, mais préparait son futur père à sauver l'humanité), autant qu'une révélation bouleversante pour les personnages et les spectateurs. D'où une histoire d'amour d'une grande simplicité, mais dont la fragilité, comme la dimension tragique (il n'est nulle part fait mention du père de John, ainsi Kyle Reese sait-il qu'il est promis à un destin funeste), nous émeuvent.

 

Kyle Reese Linda Hamilton et Michael Biehn

 

On ne copule pas furieusement dans Terminator 2, mais l'amour n'en demeure pas moins central. Celui de Sarah Connor pour ce fils qu'elle a tenté de préparer au pire, mais surtout celui de John pour ce T-800 qui ressemble d'abord à une figure d'autorité haïe, puis à un bon copain, un protecteur et finalement un père putatif. La relation ambiguë entre ces deux êtres en dehors du monde, un môme révolté d'un côté et une machine venue d'un autre temps de l'autre, est là aussi d'une simplicité qui n'interdit jamais la complexité.

Le T-800 est-il capable de comprendre autrement que via un algorithme ? Développe-t-il lui aussi de véritables sentiments pour ce gamin qu'il doit protéger ? Rien ne permet de l'affirmer, mais la force avec laquelle le spectateur l'espère en dit long sur la réussite de James Cameron.

 

Photo Arnold SchwarzeneggerAvoir un bon copain

 

Bien sûr, Terminator 3 : Le soulèvement des Machines aura tenté de trouver une amourette à John Connor, quand Terminator : Renaissance offre à tous ces personnages des romances de supermarché, tandis que Terminator : Genisys nous rejoue maladroitement la romance au coeur du tout premier épisode. Mais aucun de ces films ne sut trouver la bonne distance, le bon dosage, ou tout simplement la sincère simplicité indispensable à la naissance de l'émotion.

Par conséquent, le véritable héritage de la saga Terminator ne se trouve peut-être pas dans l'usage frelaté de la réplique "I'll be Back", dans la tronche burinée de Schwarzenegger ou dans le come-back de Linda Hamilton... Mais bien dans l'articulation subtile de trois ingrédients, au coeur de toutes les grandes réussites du 7e Art : transcender ses moyens techniques, les utiliser au mieux de leur capacité, et ne jamais les laisser prendre le pas sur l'émotion des personnages.

 

Affiche française

Tout savoir sur Terminator : Dark Fate

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commentaires
jhudson
22/10/2019 à 04:30

Mais le Cameron des 2 premiers Terminator n'est plus celui de maintenant

C'est avant tout un producteur qui truffe ses films de CGI et qui tourne en 3D, car il loue des camera 3D, c'est la raison qu'il a craché sur les conversions avant d'en faire de même avec Titanic, un peu hypocrite le Cameron mais du moment que ça remplit les caisses !!!

Rien ne l’arrête il va jusqu’à faire du révisionniste quand il faut remasteriser en 4K Terminator 2 le résultat est lissé au possible c'est pathétique de laideur, mais il fallait supprimer ce grain argentique que le public de maintenant qui n'y connait rien ne supporte pas.

Mais en bon business man il préparait le public au prochain Terminator filmé en numérique. comme cela c'est raccord avec T2, il pense vraiment a tout .

Franck
03/10/2019 à 10:09

Fan de terminator depuis mes 10 ans j en est 33 aujourd'hui, mon ressenti est bien le meme le 1 et le 2 sont des chefs d oeuvre , les autres se regardent mais on sent que le delire n est pas le même c est décevant... je n attend rien de celui ci mais j irai naturellement le voir en tant que grand fan ,anecdote je pense franchement avoir regardé le 2 plus de 50 fois dans ma vie

Rudy Mako
02/10/2019 à 19:18

Parfois faut éviter de revenir

Kouak
02/10/2019 à 16:49

@Corleone
Bien dit !!
@sylvinception
Les calembours à 2 balles, normalement , telle la raie publique...C'est moi !!
;-)

amdsfilms
02/10/2019 à 16:46

à Fred_NTH
"il répétait aux scénaristes de "Titanic" que le film devait être, avant tout, une histoire d'amour" mais il est seul scénariste sur le film ;)

Sandro
02/10/2019 à 16:06

La réponse est simple hein, il suffit de faire un bon film. Ça fait un moment qu'ils n'y arrivent plus.

Biboundissimo
02/10/2019 à 15:29

Fan inconditionnel de la saga, mais le coeur de l'histoire reste fragile, si kyle n'est pas envoyé dans le passé, le scénario change, a ce demandé si il y aurait toutes les péripéties que l'on connaît tous ...

sylvinception
02/10/2019 à 15:21

"Terminator dans le mur"....

Et le Terminator termina, à tort, dans le mur.
De rien.

Micju
02/10/2019 à 13:04

Vous n’avez même pas vue le film que déjà il doit ce planter . C’est tellement rendu ça le monde . Une bande annonce et votre idée est faite . Et bien moi je donne toujours la chance au coureur De toute façon depuis Shazam qui a été prononcé en Amérique du Nord comme le meilleur film de l’année moi les médias je m’en méfie . Je me ferai ma propre idée.

corleone
02/10/2019 à 13:03

Vous êtes de sombres idiots à dire que T2 est surestimé et autres betises. T2 c'est la vie tout simplement. Le cinéma n'aurait pas été le même sans ce chef d'oeuvre. De grâce, retournez dans vos cavernes.

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