Les Misérables : Critique

Jérémy Ponthieux | 1 mars 2013 - MAJ : 27/09/2023 12:19
Jérémy Ponthieux | 1 mars 2013 - MAJ : 27/09/2023 12:19

Adapter un monument de littérature, devenu nom à part entière, n'est déjà pas tâche aisée. Mais tirer une nouvelle adaptation des Misérables, après les dizaines de productions cinématographiques comme télévisuelles qui s'y sont déjà attaquées, relève de la gageure. Bille August, en 1998, n'a pas peur de s'y frotter et transpose à sa manière les multiples intrigues instaurées par Victor Hugo. Dire que le résultat est gentiment scolaire est un inexact euphémisme, puisque le film n'est pas une adaptation 100% fidèle du roman d'origine. 

Bien sûr, on pourra s'amuser de voir des acteurs d'outre-Atlantique se poursuivre en plein Paris reconstitué, le tout dans un english ponctué de noms so french. Mais là ne réside pas le principal problème de ce long-métrage de 2 heures et 13 minutes, durée un poil courte pour transposer avec force la densité de l'œuvre originale. En oubliant les multiples trahisons et sacrifices opérés, on ne peut que rester poliment ennuyé devant un récit conduit avec un embarrassant professionnalisme, qui transite autant par la fixité de la mise en scène que par l'interprétation générale, pas toujours immensément subtile. Il n'y a qu'à voir Liam Neeson rire bêtement en Valjean malfrat dans les premières minutes, tout en multipliant les regards méfiants qui en disent longs, au cas où l'on n'aurait pas compris la dangerosité du bonhomme. Si cela s'améliore nettement dès lors que Valjean devient maire, c'est à une certaine mollesse dramatique de prendre la place, relayée par une musique soulignant chaque action dramaturgique, comme si cela allait donner corps à l'émotion.

Cette dernière s'avère pourtant cruellement absente du long-métrage, tableau mécanisé d'une pauvreté en ébullition, que les moyens mis en place ne rendent pas plus palpable. C'est qu'en technicien distant, August ne donne du poids à aucun des tenants du récit, de l'humanisme bouleversant de Valjean à l'amourette de Fantine, en passant par la rage révolutionnaire de Marius qui laisse place à de candides regards d'yeux amoureux plutôt qu'à une conviction enflammée. Pourtant, on n'est jamais complètement abruti devant ce Misérables millésime 1998, au sens où l'on suit sans effarement cette incroyable histoire, si ce n'est quelques fronts plissés devant plusieurs anachronismes. Cela est-il davantage dû au génie du roman ou à la mécanique conduite de l'histoire ? Difficile à dire, mais avec ses dizaines d'adaptations et surtout l'existence toujours prégnante du roman d'origine, on peut réfléchir à deux fois devant le projet auquel on accordera de son attention.

 

 

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