Esther 2 : Les Origines - critique qui prend un coup de vieux

Chloé Chahnamian | 17 août 2022 - MAJ : 17/08/2022 18:05
Chloé Chahnamian | 17 août 2022 - MAJ : 17/08/2022 18:05

Treize ans après le très plaisant Esther de Jaume Collet-Serra, la gamine qui ne vieillit pas est de retour dans Esther 2 : Les Origines qui comme son nom l'indique, est un prequel du premier. Si la jeune Isabelle Fuhrman reprend son rôle d'Esther (oui, treize ans plus tard), celui de réalisateur a été confié à William Brent Bell, l'homme derrière Devil InsideThe Boy et sa suite, The Boy : La malédiction de Brahms. Internée en Estonie en 2007, la déjà machiavélique fillette arrive à s'enfuir et s'introduit dans une famille américaine attristée par la disparition de leur jeune fille. La reine de la manipulation sadique avait encore beaucoup de choses à dire.

LES ORIGINES DU MAL, OU PRESQUE

S'il y a bien un film dont personne n'attendait le prequel, c'est bien Esther. Alors que le film réalisé par Jaume Collet-Serra dévoilait le gros secret de la fillette, à savoir une maladie qui empêche son corps de vieillir, ce prequel a pour ambition de raconter ce qu'il s'est passé avant qu'elle ne terrorise la famille Coleman dans le premier film. Mais contrairement à ce que le titre laisse entendre, Esther 2 : Les Origines ne raconte pas les origines.

C'est en 2007 et en Estonie qu'on retrouve Esther, ou plutôt Leena Klammer, à l'âge de 31 ans, soit deux années seulement avant les événements du film original. Tueuse déjà aguerrie, la fausse enfant est internée dans un hôpital/prison de très haute sécurité dans laquelle son petit secret est connu de tous. Très vite, une question se pose : comment ont-ils réussi à faire rajeunir l'actrice Isabelle Fuhrman qui contrairement au personnage qu'elle incarne, s'est pris treize ans dans les dents ? La réponse est simple, ils n'ont pas réussi.

 

Esther 2 : les origines : photo Isabelle FuhrmanLa vieille dame

 

Si fort heureusement nous échappons à un rajeunissement numérique, l'absence de CGI ne rend pas la tentative de rajeunissement plus crédible. Pour nous faire croire qu'Esther n'a pas pris une ride, une doublure silhouette a été utilisée. Même si de dos Esther a bien l'air d'avoir dix ans, quand la jeune fille est filmée de près, il est indéniable que son visage est bien trop large pour son corps et ça, aucun filtre lissant ne peut le corriger.

Le concept si intéressant d'Esther, celui d'avoir un personnage qui ne change pas physiquement, devient donc une contrainte qui empêche le film d'épouser pleinement sa qualité de prequel. La performance remarquable d'Isabelle Fuhrman, toujours aussi flippante, et les nombreuses tentatives techniques (plans en plongée et rapprochés) n'arrivent pas à créer l'illusion.

 

Esther 2 : Les Origines : Photo Isabelle Fuhrman25 Going on 10

 

Du côté du monstre

En supprimant très tôt le personnage qu'on pense être principal, William Brent Bell et son scénariste David Coggeshall prennent un parti pris assez fort, celui de ne pas se placer du côté des victimes, mais d'Esther. Si dans Esther premier du nom, la famille était au centre du récit, faisant du personnage d'Esther une menace extérieure venue s'infiltrer dans la sphère intime du foyer, il n'est désormais plus question de répéter ce schéma.

Parce que l'on connait déjà son histoire, la fillette sadique peut être placée au centre de la narration, il n'est plus nécessaire de conserver une sorte de suspense autour de sa personne afin de titiller les attentes du spectateur. Ce passage du côté du monstre est signifié par un plan séquence malin qui suit l'évasion de la jeune fille et qui invite le spectateur à se mettre dans la peau de la tueuse.

Malgré tout, au-delà d'une légère exploration de sa psyché, jamais Esther 2 : Les Origines n'essaie de nous faire ressentir de l'empathie pour la meurtrière. Aucune explication sur ses intentions n'est donnée et aucun soupçon d'humanité ne transparait. Même quand William Brent Bell fait de sa tueuse une potentielle proie, elle ne devient jamais excusable. Au final, ce nouveau point de vue rend la survie ludique, voire jouissive.

 

Esther 2 : Les Origines : Photo Isabelle FuhrmanPsycho killer

 

Les Cahiers des charges d'esther

Contrairement à ce que laissait envisager la bande-annonce, qui indiquait que la fillette allait tourmenter une nouvelle famille tout comme dans le premier film, Esther 2 : Les Origines n'est pas une pâle copie d'Esther. Malgré quelques clins d'oeil, comme les décors enneigés, la peinture UV, ou encore le complexe d'Electre de la vieille fille, ce second volet arrive à trouver sa propre identité.

Grâce à une construction en trois parties et un plot twist pas très innovant mais très efficace (qu'on vous laissera évidemment découvrir), Esther 2 réussit à trouver son rythme et ne cesse de redistribuer les cartes. Alors qu'on s'attendait presque à un remake du premier film, ce twist vient mettre un coup de pied dans la fourmilière d'un scénario jusqu'alors trop sage et d'une mise en scène trop convenue.

 

Esther 2 : Les Origines : Photo Julia Stiles, Rossif SutherlandTrop parfait pour être vrai

 

Parfois drôle, sûrement malgré lui, notamment dans sa séquence Maniac/Flashdance, Esther 2 n'est rien de plus qu'un prequel honnête qui s'amuse à gentiment bousculer les attentes du spectateur. Grâce à quelques bonnes idées de mise en scène (comme celle de faire de la tueuse le personnage principal ou d'inverser les rapports de pouvoir entre les protagonistes), ce prequel réussit son modeste pari : celui de provoquer quelques frissons même une fois le secret d'Esther révélé.

 

Esther 2 : les origines : Affiche française

Résumé

Malgré cette étrange idée de faire un prequel avec la même actrice treize ans plus tard, Esther 2 arrive à provoquer quelques frissons grâce à un renversement malin et le pari ambitieux de se placer du côté du tueur.

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commentaires
Dutch
19/08/2022 à 15:55

On voit clairement que ce n'est pas une petite fille et twist déjà dévoilé...

Brams
19/08/2022 à 12:55

J'ai aimé le 1 comme je suis très curieux j'attend le 2

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