Justice Society : World War II - critique nazilleuse

Arnold Petit | 25 mai 2021 - MAJ : 25/05/2021 17:18
Arnold Petit | 25 mai 2021 - MAJ : 25/05/2021 17:18

Avant l'adaptation animée de Batman : Un Long Halloween (qu'on n'en finit plus d'attendre), les films d'animation DC lancent un nouvel univers étendu avec Justice Society : World War II, disponible le 26 mai en VOD, DVD et Blu-ray en France. Un film dans lequel les super-héros d'antan vont se battre contre les nazis pour tenter de gagner la Seconde Guerre mondiale, si le scénario veut bien les laisser faire.

LA LIGNE ROUGE

Après que le généreux Justice League Dark: Apokolips War (dont vous pouvez retrouver notre critique) a mis fin à la continuité lancée depuis La Ligue des Justiciers : Le Paradoxe Flashpoint, une nouvelle ère attendait les films d'animation autour des personnages de l'univers de DC.

Avec Superman: Man of Tomorrow (notre critique), Warner Bros. Animation troquait son vieux design japonisé pour des dessins plus proches de ceux des comics, avec des traits gras et épais à la Archer, mais semblait surtout vouloir se consacrer à des projets indépendants sur différents héros de l'univers de DC en annonçant ensuite Batman : Soul of the Dragon (notre critique), l'adaptation de Batman : Un Long Halloween ou encore Justice Society : World War II. Ç'aurait été oublier la capacité du studio à faire n'importe quoi, même avec les meilleures oeuvres du catalogue de DC (Batman : The Killing Joke entre autres).

 

photoLe râle du loup

 

Alors que la guerre fait rage en Europe, Wonder Woman est placée à la tête d'une équipe de super-héros ayant pour mission d'empêcher Hitler de mettre la main sur des artefacts magiques. Avec elle, Jay Garrick (la première version de Flash), Black Canary, Hourman et Hawkman, mais aussi Steve Trevor, qui fait office d'agent de liaison avec le gouvernement américain.

Après cette petite introduction annonçant une sorte d'Aventuriers de l'arche perdue super-héroïque et un générique en noir et blanc typique des années 40, avec écriture d'époque et musique orchestrale grandiloquente, le film passe à toute autre chose et nous emmène à Metropolis, pour une séquence pique-nique entre Iris West et Barry Allen qui pourrait être tirée de la série Flash.

Les deux tourtereaux tentent de profiter d'un moment ensemble, mais la jeune femme reproche au héros d'être incapable de tenir en place (comme toujours) et de ne jamais prendre le temps d'être avec elle. Aussitôt, le film prouve qu'elle a bien raison et Barry s'échappe après avoir entendu un bruit au loin. Sur place, il découvre Superman en train d'affronter un Brainiac aussi moche qu'inutile. En voulant venir en aide au Kryptonien, le Bolide remonte le temps parce qu'il a couru trop vite (pour changer) et se retrouve en France, en pleine Seconde Guerre mondiale, face à la Justice Society en train de botter le cul des nazis. Du moins, au début.

 

photoTu me rappelles vaguement quelqu'un, mais je ne sais pas qui


TU NE TUERAS POINT

Sur la quarantaine de films d'animation DC produits par Warner Bros. Animation depuis 2007, aucun n'a été consacré à la Justice Society of America auparavant. Il aurait pu être intéressant d'explorer l'héritage de ces héros de l'Âge d'Or des comics durant la Seconde Guerre mondiale et d'en proposer une nouvelle version avec un récit dans lequel ils empêchent les nazis de mettre la main sur des objets magiques, entre hommage et nostalgie. Seulement, le film réalisé par Jeff Wamester est tellement préoccupé à poser les bases du nouvel univers d'animation DC qu'il en oublie tout le reste, aussi bien son histoire que ses personnages.

Et pourtant, les héros de la Justice Society ont un potentiel dramatique qui ne demande qu'à être exploité, mais le film se contente de balayer leurs névroses entre deux bastons. Avec ses pouvoirs qu'il ne possède qu'une heure par jour, Hourman se voit comme un boulet et pense qu'il ne mérite pas sa place au sein du groupe. Hawkman souhaite entamer une relation avec Black Canary (réinventée avec intelligence pour l'occasion), tout en sachant que son âme soeur se trouve quelque part et qu'il est destiné à être avec elle, et Jay Garrick a perdu une partie de ses aptitudes avec la Force Véloce depuis que Barry est arrivé dans son monde.

 

photoAquaman s'invite aussi à la fête avec son gros trident

 

Au lieu de ça, le film choisit seulement d'utiliser la Justice Society pour inspirer Flash afin qu'il crée la Ligue des Justiciers une fois de retour chez lui et se perd dans tout un tas de sous-intrigues, visite à Atlantis comprise, avec un arc narratif et un méchant basique qui rappelle Grima et la manipulation du roi Théoden dans Le Seigneur des anneaux : Les Deux Tours. Tout ce qui est présenté n'est quasiment jamais développé et à mesure que les minutes défilent, Justice Society : World War II finit par ressembler à plusieurs projets différents inachevés. Même la notion d'héritage entre générations, usée jusqu'à la corde, est catapultée en deux phrases.

Seuls Wonder Woman et Steve Trevor ont le droit à un traitement un tantinet correct, avec une romance semblable à celle dans Wonder Woman. Perplexe à l'idée d'être avec un homme, l'Amazone préfère rester la guerrière redoutable qu'elle est en repoussant ses avances tandis que le soldat veut profiter du reste de sa vie à ses côtés, même si la guerre peut y mettre fin à tout moment.

Cette version de Wonder Woman est tellement calquée sur celle présente dans le film réalisé par Patty Jenkins (jusqu'à l'accent de Gal Gadot que Stana Katic tente de reproduire) qu'on s'attend presque à entendre la musique de Hans Zimmer et Junkie XL quand elle apparaît dans la fumée ou envoie du nazi voler à travers les murs.

 

photoKal-El, NO !

 

FURY

Heureusement, le scénario de Meghan Fitzmartin et Jeremy Adams compense sa vacuité et son manque de cohérence par sa générosité. Une fois que le film assume ne servir à rien d'autre que de lancer un nouvel univers étendu, les héros de DC se multiplient (même le Docteur Fate a le droit à une courte apparition) puis Justice Society : World War II enchaîne les séquences et les combats spectaculaires, variant les environnements entre un vieux château d'Europe et les fonds marins pour se terminer sur un conflit à grande échelle entre héros, humains et Atlantes.

 

photoQuand Justice League rencontre Pacific Rim

 

Les dessins aux contours épaissis semblent donc être la nouvelle charte graphique adoptée pour cette continuité flambant neuve et permettent aux visages des personnages d'être plus marqués. Et même si l'animation manque encore de fluidité la plupart du temps et que la charge émotionnelle est inexistante, les droites de Wonder Woman et les pouvoirs des héros sont suffisamment bien représentés pour divertir entre deux dialogues inutiles et insipides.

Dans l'ensemble, les scènes d'action sont un peu plus travaillées que les autres et assurent un tant soit peu le spectacle, en particulier lors de l'énorme affrontement final copié sur Flashpoint et La Ligue des Justiciers : Le Trône de l'Atlantide, avec carrément une sorte de Kaiju entre Cthulhu et le Godzilla de Roland Emmerich. Dommage que le film ne tienne pas sa promesse d'une épopée entre histoire et fantaisie pour faire tomber le Troisième Reich et qu'il oublie que ses héros ne sont pas seulement là pour utiliser leurs super-pouvoirs.

 

photoVous connaissez ma femme ? Elle est belle, hein ?

 

Étant donné qu'elle reprend l'esthétique de Superman : Man of Tomorrow et Justice Society : World War II plutôt que celle des (magnifiques) planches de Tim Sale, l'adaptation de Batman : Un Long Halloween devrait donc s'inscrire dans cette nouvelle continuité et servir d'introduction au Chevalier Noir dans ce nouvel univers avant qu'il rejoigne ses petits copains dans de folles aventures. En espérant qu'elles soient meilleures que celle-ci.

Justice Society : World War II est disponible en VOD, DVD et Blu-ray depuis le 26 mai en France.

 

Affiche officielle

Résumé

Justice Society : World War II aurait pu être un film sympathique et nostalgique dans lequel les héros d'antan tentent de faire basculer la Seconde Guerre mondiale en combattant Hitler et les nazis. Il n'est finalement qu'une étape obligatoire dans l'élaboration du prochain univers étendu d'animation DC et n'évite la catastrophe que grâce à quelques séquences généreuses à base d'invasion et de gros monstres marins.

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commentaires
Rody
26/05/2021 à 02:21

"Batou relégué au rang de marionnette secondaire et Constantine presque devenu le perso principal)". En même temps c'est la JL Dark qui est mise en avant et pas la JL donc logique que Constantine soit un peu le perso principal. Et puis j'adore Batman mais des fois ça fait du bien de le voir en retrait.

RobinDesBois
25/05/2021 à 21:22

@Arnold ok je vois. Bon je vais quand même me laisser tenter pour "l'ambiance" 2nd guerre mondiale mais c'est vrai qu'ils commencent à abuser avec les voyages temporels. Et le pire c'est que dans 4-5 ans quand ils auront fini ce nouveau cycle Justice League ils vont être capable de le rebooter à nouveau via un Flashpoint !

Arnold Petit - Rédaction
25/05/2021 à 19:53

@RobinDesBois C’est d’abord un film sur la Justice League, comme le suggère le titre, et il s’intéressait plus à la transition entre Âge d’Or et Âge d’Argent. Mais même pour Justice Society : World War II, le scénario se sent obligé de mettre Flash au centre d’une histoire réchauffée et fade. Pour l’instant, aucun film ne s’est vraiment penché sur la naissance de cette première équipe de super-héros comme il se doit.

RobinDesBois
25/05/2021 à 19:00

Ca a l'air excellent j'ai hâte de voir ça. J'ai été très déçu par Apokolips War que ce soit par le film en lui même avec son dénouement bordélique façon Avengers Endgame (trop de persos, les batailles finales lourdingues, twist prévisible, Batou relégué au rang de marionnette secondaire et Constantine presque devenu le perso principal) et surtout sa conclusion sur un nouveau Flashpoint. J'aurais préféré que la Justice League traverse de nombreuses autres aventures avant de recroiser la route de Darkseid.

"Sur la quarantaine de films d'animation DC produits par Warner Bros. Animation depuis 2007, aucun n'a été consacré à la Justice Society of America auparavant."

Et Justice League New Frontier ça compte pas vraiment ? J'imagine que c'est un one shot totalement indépendant ?

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