RAYONS BÊTA
Depuis Persepolis, Marjane Satrapi a porté à l’écran des récits de vie en apparence bien différents les uns des autres, mais toujours centrés sur des personnages en rupture de ban, en opposition avec un système trop normé, structuré, pour leur permettre de s’exprimer. C’est pourquoi sous ses airs de biopic programmatique et mécaniquement de son temps, la chronique de l’existence de Marie Curie pouvait s’inscrire avec une certaine évidence dans les motifs que travaille la cinéaste. Et malheureusement, c’est précisément ce qui pêche dans sa proposition.
Scientifique aux travaux révolutionnaires, épouse en butte au patriarcat, victime d’un racisme institutionnel, femme aimante et désireuse de s’émanciper des conventions sociales et amoureuses de son époque… Marie Curie irradie, quel que soit l’angle par lequel on aborde le personnage.
Et justement, on a parfois l’impression que le scénariste Jack Thorne, rompu aux scénarios de séries, peine à synthétiser ce destin qui déborde sans cesse de l’image, comme le dialogue. Le récit se casse les dents sur une succession de saynètes qui ne parviennent qu’à souligner des contradictions sans les penser. Ainsi, Marie professe que l’amour ne peut et ne doit pas la ralentir, avant d’être brusquement caractérisée en maîtresse passionnée ou veuve écrasée par le malheur.
L’écriture ne parvient presque jamais à donner corps à son personnage complexe, et au lieu d’aboutir au portrait ambigu d’une chercheuse à l’existence paradoxale, assemble grossièrement des éléments découpés à la tronçonneuse. Pire, le procédé donne parfois un grand sentiment d’imprécision, voire de fausseté. En l’état, la manière dont nous sont présentées l’ambition parfois dévorante de la protagoniste et ses angoisses manque terriblement de charpente pour paraître crédibles, et entame un peu plus l’intérêt du spectateur.
Paie ton mug shot sur le tableau périodique. Thug life.
RADIO HYPERACTIVE
En revanche, on retrouve bien l’énergie de Marjane Satrapi derrière la caméra. La biographie édifiante a beau ne pas être le terrain le plus propice aux expérimentations, les fulgurances qu’elle impose aux récits lui apportent des bouffées d’oxygène bienvenues. On l’avait déjà constaté avec Poulet aux prunes, la réalisatrice sait transcender un dispositif théâtral ou apparemment rigide pour en extraire une scénographie palpitante, et c’est précisément ce qu’elle parvient à faire ici.
Captant l’électricité transmise par un esprit singulier, hors du commun, sa caméra se plaît à jouer des contraires, réussissant précisément là où Thorne échoue. À ce titre, on est frappé de constater comme le traitement du radium, dont la logique relève de ruptures de ton héritées du comic book (les visions d’apocalypse ne sont pas sans évoquer les hallucinations imaginées par Moore dans From Hell), s’avère plaisant, jusque dans ses délires millénaristes les plus assumés.
Par endroit, Satrapi touche à ce qu’on imagine l’âme du projet, le récit d’une vie certes exceptionnelle, mais obligée, par son temps et le contexte politique, d’emprunter des chemins impossibles, des contradictions violentes, comme si une société injuste ne pouvait découvrir que des prodiges empoisonnés, tel ce radium iridescent. L’idée est belle, incarnée par moment, prise en charge par la mise en scène, mais trop souvent étouffée par un récit épais.
Merci à elle pour cette recette de poulet. On lui doit tant
J’adore Marjane Satrapi donc curieux de voir le film mais franchement, ne me dites pas qu’il n’y avait pas moyen de faire une meilleure affiche…
Marie Curie, cible préférée du RN de l’époque.
Euh j’ai survolé l’article mais j’ai l’impression que vous ne parlez a aucun moment de l’actrice et de son jeu …
Aussi
onsenbalek
Si
Non
Elle ressemble beaucoup à Audrey Tautou non?