Dans la maison avec Ted

Box-office français du 10 au 16 octobre 2012

Le gros carton de la semaine c'est à Mars Distribution qu'on le doit. Avec une moyenne de 1 450 spectateurs par copie, le film d'Ozon casse en effet la baraque damnant même le pion à Ted créant pourtant l'exploit lui aussi. On y reviendra. Avec un tel démarrage Dans la maison se positionne derrière 8 femmes et Potiche, deux productions ayant pourtant bénéficié en leur temps d'un budget communication et marketing bien plus conséquent et d'un nombre de copies qui n'a rien à voir passant du simple ici au double là. Alors soit le nom d'Ozon est devenu grave tendance, soit Luchini bénéfice d'un retour en grâce, soit le sujet voyeur libidineux en a séduit plus d'un, soit il s'agit d'un immense malentendu, soit Mars Distribution a bien fait son taf. La vérité est certainement à chercher un peu dans tout cela avec pour conséquence immédiate une visibilité à près d'un million d'entrées au total si toutefois les semaines à suivre assument la pression de ce démarrage en fanfare.

L'autre surprise est donc ce Ted. Enfin pas pour Universal qui y croyait apparemment dur comme fer. Il suffit de voir combien de copies ils sont arrivés à refourguer aux exploitants de salles pour s'en convaincre. Malgré un choix d'affiches très en deçà des créas US et une com' assez peu percutante,  l'équipe marketing française a su relever le défi du mur « comédie façon Apatow style » qui historiquement a beaucoup de mal à s'imposer chez nous. Une gageure remportée haut la main pour un film qui de surcroît ne tient pas toutes les promesses de son pitch de départ. Là aussi on peut imaginer un cumul frôlant allègrement avec le million d'entrées.

Deux autres nouveautés font leur entrée directement au sein de ce top 10. Il y a d'abord l'énième aventure il faut croire très rentable de la petite fée Clochette puisque Disney n'hésite plus la sortie salles alors que jusqu'ici cela nous arrivait directement en vidéo. Clochette et le secret des fées n'est pas un succès historique mais ses chiffres d'entrées sont suffisamment significatifs pour justifier sans problème ce passage par les salles obscures. L'exemple parfait d'une montée en puissance régulière et une notoriété désormais établie via le crédo home cinéma. Et a priori l'exploitation du filon n'en est qu'à ses débuts et ce pour le plus grand plaisir des jeunes filles qui ont désormais autre chose que l'équitation et Dora l'exploratrice pour remplir leur journée de loisir. On dit merci Disney.

Et puis il y a l'énième film distribué par Metropolitan. 21 à date quand même depuis le début de l'année et sept encore à venir d'ici fin décembre. Si on fait le calcul cela fera 28 films en 2012 contre 27 en 2011. Faites gaffe les p'tits gars de chez Metro, il n'y a que 52 semaines dans une année. Bon sinon le caviardage de la semaine s'appelle Tous les espoirs sont permis, et c'est avec Meryl Streep et Tommy Lee Jones. On est dans la moyenne des chiffres enregistrés par le distributeur semaine après semaine. Finalement cela doit rassurer tout le monde de ne jamais faire mieux ou pire. Même pas besoin de se casser le tronc à développer des campagnes marketing originales. Ah, on me signale que de toute façon elles sont au mieux bâclées, quand il y en a une. Ce n'est pas nous qui l'affirmons, c'est une source en interne. On aimerait ne pas se fâcher avec le cheval ailé. Sinon, si quelqu'un a vu le film, qu'il n'hésite pas à nous envoyer une vraie critique. Merci. Sinon, nous, on se contente de notre critique bistrot qui, de toute façon, a aussi bien marché en clics qu'une critique normale.

Hors classement on sera au regret de vous annoncer que le film de l'année pour une grande partie de la rédac s'est gaufré dans les grandes largeurs. Il faut dire qu'Insensibles n'a pas trouvé preneur auprès des exploitants de salles ou alors c'est que son distributeur Distrib Films a très mal fait son boulot. Qu'espérer en effet d'une combinaison de 17 copies (dont 2 sur Paris) et une campagne essentiellement axée sur les retombées presse qui sont la preuve d'un manque de moyens et d'imagination patents. Si l'auteur de ces lignes se désolidarise de l'enthousiasme critique de sa rédaction, il ne peut s'empêcher d'être peiné par un tel plantage. Le film méritait en effet d'être vu ne serait-ce que par la virtuosité de sa mise en scène qui le déghettoïse du genre dans lequel on veut l'enfermer. Bref, avec 3 308 entrées au compteur, pas certain que la boîte de prod de François Cognard (Tobina Films) y retrouve ses petits ou retente le coup avec le même circuit de distribution.

Ps : sinon Taken 2 perd 42% de ses spectateurs en deuxième semaine. Mais très franchement EuropaCorp s'en fout. Ils ont dépassé le point mort depuis longtemps (aux alentour du million et demi d'entrées) et cartonnent de par le monde pour bientôt devenir le plus gros succès d'une production française à l'étranger (plus de 30 millions d'entrées et 200 millions de dollars). C'est champagne croissant tous les matins dans les nouveaux bureaux de Saint-Denis (sources là encore interne).