Les Aventures du baron de Munchausen : Critique
Il est parfois des films que leurs auteurs se voient contraints de porter comme une croix. Si la force visuelle de Gilliam a explosé au grand jour grâce à Brazil, Les Aventures du Baron de Münchausen coïncide avec sa damnation professionnelle, celle d'un poissard bordélique, traînard et authentique gouffre à pognon. Une réputation plus ou moins justifiée mais les trois semaines de retard, l'interruption de tournage, les 43 millions de dollars de budget final (énorme pour 1988) et sa sortie technique aux USA sont suffisamment éloquents de la douleur laissée par ce film.
Pourtant, bien qu'il laisse apparaître plus d'une fois les stigmates du film mutilé, Les Aventures du Baron de Münchausen s'envisage tout à la fois comme un des divertissements les plus réussis de son auteur et l'un des derniers représentants du cinéma à grand spectacle à l'ancienne, avant le règne de l'ordinateur et la palette graphique. Rarement aussi bon que dans la mise en scène de l'imaginaire et du merveilleux, Gilliam nage dans le scénario de Charles McKeown comme un poisson dans l'eau. Des tribulations originales du baron imaginées par Bürger, Gilliam concocte un best of (les boulets de canon, la Lune, les forges de Vulcain, etc.) qu'il irrigue de sa signature baroque et débridée.
Sur l'écran, Les Aventures du Baron de Münchausen s'avère bien être le film des mille et une merveilles visuelles, celui où le sombre brio paranoïaque de Brazil serait remodelé au service de la lumière et l'imagination libertaire. L'absurdité de plusieurs situations épinglant la bêtise crasse des adultes est, en ce sens, un héritage de Lewis Carroll et du nonsense « Pythonien ». Car ...Münchausen est un plaidoyer pour le droit à la fantaisie et la légèreté ; deux éléments magnifiques redonnant force pour lancer des bateaux et courir plus vite qu'une balle, ou simplement jeunesse pour valser dans les airs avec Venus, surtout quand elle est aussi sensuellement belle que Uma Thurman.
Lecteurs
(4.5)