Girls : Bilan de la saison 3

Geoffrey Crété | 26 mars 2014
Geoffrey Crété | 26 mars 2014

En fin de saison 1, Hannah se retrouvait à un tournant de sa vie, lié à sa relation avec Adam : seule sur une plage de Coney Island, paumée après une nuit orageuse, avec un sandwich emballé dans une feuille d'aluminium en guise de réconfort face à l'avenir. Trois ans plus tard, la situation n'a pas beaucoup évolué : l'héroïne affronte une nouvelle crise avec Adam, termine la saison seule face à elle-même. Mais cette fois-ci, la touche de lumière a pris la forme plus noble d'un atelier d'écrivains dans l'Iowa. Une nouvelle ère se prépare pour Girls, qui s'apprête à sortir de l'adolescence.

 

 


 

 

« Une voix... d'une génération »

A première vue, la conclusion de la troisième saison de Girls a suivi le cahier des charges de la série moderne : des personnages coincés dans une impasse depuis douze épisodes connaissent enfin une évolution, des conflits souterrains sont enfin explicités, et dans une tonalité à la fois douce et amère, Girls amorce une quatrième saison avec au moins une grande question/option pour chaque personnage.

Néanmoins, il y a une vraie lueur dans le tunnel hipster où s'est engouffré la série pour sa troisième année en demi-teinte : en offrant une porte de sortie adulte à Hannah, Girls accepte enfin de grandir, et son héroïne avec. Ce coup du destin, qui tombe sur la tête de Hannah, renvoie directement à la toute première scène du pilote, lorsque ses parents lui annoncent qu'elle va devoir s'assumer financièrement. Une situation qui avait servi de terreau à la série, laquelle a un peu trop écouté par la suite le cœur de ses personnages. A l'aube de sa quatrième année, qui marque l'arrivée dans la deuxième moitié de la série, prévue sur six saisons, Girls affronte enfin la vérité, et plante une nouvelle graine.

 

 

 

Girl(s)

Mais jusqu'à ce dernier épisode, la saison 3 aura confirmé toutes les limites de la série, trop absorbée par le personnage de Hannah pour rendre justice aux autres. Jessa illustre à merveille cette aberration scénaristique : virée de la cure de désintoxication, ramenée à New York, elle passe la saison à graviter autour des autres, habitée par le même dilemme que les saisons précédents - être ou ne pas être irresponsable. Au lieu d'adresser pour de bon ses problèmes d'addiction ainsi que son profond mal-être, abordé dans l'épisode 10, où elle termine seule sur un trottoir à avouer qu'elle est une junkie, la série la trimballe comme une marionnette plus que dispensable. Sa présence semble donc plus gênante qu'autre chose dans le season finale, où elle se contente de quelques scènes en marge de la bande. 

Le bilan n'est pas beaucoup plus positif du côté de Marnie et Shoshanna. La première, de plus en plus réduite à une gravure de mode insupportable, a subi son célibat et embrassé son snobisme jusqu'à la fin, à peine nourrie par la perspective ridicule d'une carrière musicale et d'une nouvelle romance. Shoshanna, qui a au contraire initié la rupture, a décroché la palme des moindres dialogues - elle aura brillé deux fois : après avoir bu dans l'épisode 7, et lorsqu'elle avoue son amour et son erreur à Ray dans le final. En somme, elles ont passé la saison à errer, enfermées dans la boîte de leurs contradictions. Et contrairement à Hannah, la série ne s'attarde pas suffisamment sur leurs états d'âme pour les rendre attachantes, intelligentes, et légitimes en héroïnes d'une série féminine moderne. Au niveau du groupe, il n'y aura d'ailleurs pas eu de rélles conséquences à la grande dispute de l'épisode 7, où chacune en prend violemment pour son grade. Ou comment écarter une excellente occasion de renouveller la formule, et nuancer des personnages de plus en plus monolithiques.

The Lena Dunham Show

Car inutile de le nier : Lena Dunham est le vrai cœur de Girls. Par-delà l'océan de mépris, critiques et autres pensées positives lancées à son égard, la comédienne, scénariste, productrice et réalisatrice continue de démontrer un sens de la comédie incroyable, au service d'une histoire solide en ce qui la concerne. Les meilleures scènes lui sont donc réservées, et ce sont ses aventures qui rappellent pourquoi Girls arrive encore à défendre sa place sur le marché.

Un coup d'oeil sur le pilote rappelle que la série a peu à peu délaissé les scènes de sexe cru pour trouver un meilleur équilibre, entre son coeur et son cul. Imaginer une quatrième saison sous forme de nouveau départ laisse donc espérer que Girls aura accepté ses limites, et trouvé une manière honnête de les dépasser.

 

 

 

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