Game of Thrones saison 6 : pourquoi certains fans ont l'impression que HBO se moque d'eux

A quelques jours de son épisode annoncé comme le plus spectaculaire jamais filmé pour la série, Game of Thrones semble néanmoins agacer certains de ses fans.

ATTENTION SPOILERS

Depuis au moins deux saisons, la série phare de HBO a du  mal à se défaire de certaines critiques récurrentes, notamment concernant sa gestion du rythme et la construction de son récit. Après un épisode 8 bourré d’ellipses et d’intrigues secondaires, beaucoup se demandent si le show en a encore vraiment dans le ventre.

Et ma baston alors ?

Depuis ses débuts, Game of Thrones est un festival de la viande capable de rassasier tout fan de Fantasy en quête de combats épiques et d’affrontements sanglants. Mais pour beaucoup, sorti de morceaux de bravoure techniquement irréprochables et spectaculaires (l’affrontement du mur en saison 4, celui de Hardhome en saison 5, le duel des bâtards annoncés en saison 6), la production HBO a bien du mal à tenir son rang.

On ne compte plus les combats montés à la serpe, les duels expédiés vite fait, ou comme dans l’épisode 8 lorsque la Montagne-Zombie démonte un vilain moineau, mené à toute vitesse. De même, le retour de Sandor ne nous aura pas franchement excité, du moins pas autant qu'on pouvait l'attendre. Celui qui faisait jusqu'alors avancer l'intrigue à coups de hâche, semble désormais servir de diversion aux scénaristes.

Ellipse, quand tu nous tiens

Une partie des spectateurs paraît également décontenancée par les choix elliptiques faits par les showrunners. Pourquoi introduire aussi longuement (et efficacement) le personnage du Silure, si le but était de l'éjecter du récit n’importe comment ? Le personnage méritait de nous offrir encore quelques frissons.

De même, des commentateurs s’agacent de voir l’intrigue de Dorne, pourtant abondamment traitée jusqu’à il y a peu, disparaître totalement du récit, quand elle constituait il y a peu – et logiquement – la menace la plus terrible contre le clan Lannister.

Enfin, symbole absolu des choix problématiques effectués lors de ces dernières saisons, l’affrontement entre Arya et sa formatrice en aura laissé plus d’un sur le carreau. En lieu et place du combat tant attendu, nous avons droit à une poursuite, classique en plus de manquer cruellement de crédibilité (Arya vient tout juste de se faire percer le bide comme une saucisse de francfort un jour de marché, rappelons-le), tandis que le duel… passe à la trappe.

Ce qui aurait constitué un moyen évident et légitime de satisfaire le public – depuis le temps que l’on attendait de voir The Waif gargouiller dans des litrons d’hémoglobine – se transforme inexplicablement en occasion manquée.

Enjeu dangereux

Ce qui amène au véritable problème de cette saison 6 (et au moins des deux qui ont précédé), à savoir celui des enjeux. Car plus rageant encore que l’ellipse autour de la lutte entre Arya et sa formatrice demeure l’étape suivante, à savoir sa décision de quitter Braavos. Après plus de deux saisons à nouer la mythologie des assassins et de leur incroyable formation, le personnage quitte donc Braavos sans achever sa formation.

Arya aura donc occupé un espace non négligeable de Game of Thrones, sans évoluer d’un iota, tapotant du bâton ici et là, égorgeant un gourgandin de temps à autre, mais rien n’a bougé. Elle est toujours Arya Stark, ivre de vengeance, armée de sa chtite épée toute mignonne. Tout ça pour ça.

Et ce genre de constat embarrassant est relevé par énormément de spectateurs. Il en irait de même pour les Lannister, aristocrates soi-disant impitoyables, mais subitement incapables de gérer quelques intégristes religieux.

D’autres s’agacent désormais ouvertement de la storyline de Daenerys, parfaitement inutile cette dernière saison, renvoyée chez des fans de sport équestre auxquels elle rappellera qu’elel est ignifugée.

Autre symptôme inquiétant pour le show, Tyrion, le personnage le plus adoré de Game of Thrones, paraît curieusement absent. Depuis deux saisons, il a été renvoyé au rôle de second couteau. En dehors de 2 magistrales séquences politiques, il est réduit à une poignée de répliques sur l’alcool et les femmes. Dans l’épisode 8, on ne compte plus les rires jaunes quand Varys lui annonce son départ, une manière de confirmer combien cet – excellent – personnage était devenu parfaitement inutile et dispensable à Meereen.

Le meilleur pour la fin ?

Evidemment, on se doute que Game of Thrones nous réserve deux épisodes finaux spectaculaires, ce que la série a toujours su faire avec un réel brio. Mais une partie du public se demande désormais si cela suffira. Car une saison composée en tout et pour tout d’un twist attendu et connu de tous (kikou Jon Snow) et d’une baston vraiment très très grosse (kikou Jon Snow…), c’est peu.

Au final, la meilleure nouvelle concernant la série est peut-être celle de voir ses deux prochaines saisons réduites, en vue d’une conclusion approchant. Obligée de se resserrer, la production HBO parviendra peut-être à retrouver sa densité et son rythme, deux qualités qui lui permirent en l’espace de deux saisons de devenir un véritable phénomène culturel.