Les Arnaqueurs - Saison 1

Stéphane Argentin | 27 mai 2007
Stéphane Argentin | 27 mai 2007

Qualifier Les Arnaqueurs (Hustle en VO) de croisement entre Ocean’s eleven et le mythe de Robin des bois serait pour le moins réducteur tant les qualités intrinsèques de cette série britannique s’élèvent bien au-delà d’un tel diminutif.

 

Des qualités qui n’ont rien de bien surprenantes pour peu que l’on se penche sur le CV de ces Arnaqueurs où l’on retrouve plusieurs des intervenants sur l’excellente série Spooks / MI-5, ceux-là même qui ont également donné naissance depuis à la tout aussi réussie Life on Mars. Et si, pour cause de diffusion française sur des chaînes satellites et/ou cryptées, ces différentes fictions télés de nos voisins d’outre-manche ne sont pas aussi connues que celles venues d’outre-atlantique, celles-ci n’en demeurent pas moins des plus réussies, notamment en vertu de cette fameuse « british touch ». Soit une réappropriation à la sauce anglaise bien plus subtile, raffinée et sociale qu’une majorité de productions yankees, des différentes thématiques dans l’air du temps : le terrorisme avec MI-5 lancée en 2002, soit au lendemain des attentats du 11 septembre, Life on Mars lancée en 2006 alors que le fantastique / SF fait son retour sur le devant de la scène, ou encore Les Arnaqueurs lancée en 2004 alors que le thème de l’escroquerie est à nouveau en vogue (Arrête-moi si tu peux en 2002, Confidence en 2003, Les Associés en 2003, Criminal en 2004 remake du film argentin Les Neuf reines).

 

Et bien que le parallèle avec la musique enlevée, le montage et la mise en scène aussi léchés que sophistiqués de Ocean’s eleven soient assez clairement identifiables, Les Arnaqueurs se veut bien plus qu’une simple déclinaison télévisée du film de Steven Soderbergh (lui-même remake du méconnu L’Inconnu de Las Vegas avec Frank Sinatra datant de 1960). Les influences sont en effet bien plus profondes et ce n’est donc pas un hasard si des références (in)directes à certains grands noms du genre sont présentes au fil des épisodes : L’Arnaque avec Robert Redford, un nom d’emprunt qu’arborera par ailleurs l’un des personnages tout comme celui d’un certain inspecteur De Palma, l’un des deux grands cinéastes contemporains en matière de tromperies et de faux-semblants, l’autre étant bien sûr David Mamet, lui aussi indirectement cité au travers d’une escroquerie connue sous le nom de La Prisonnière espagnole.

 

Quelque soit les influences, sur le fond, le principe reste immuable : des plans ourdis et exécutés au millimètre par une Hustle team emmenée par son cerveau, Mickey (Adrian Lester), déclinaison afro-britannique aussi charmeuse que charmante de George Clooney. Dans le rôle du mentor / père la sagesse du groupe, l’on retrouve un Robert Vaughn (dernier des Sept mercenaires encore vivant) toujours aussi classe, tandis que l’étiquette de newby / tête brûlée revient à l’impétueux Danny (Marc Warren) Enfin, outre l’homme à tout faire Ash (Robert Glenister), l’atout charme de cette association de malfaiteurs, élément indispensable du groupe, échoie à la délicieuse et affriolante Stacie (Jaime Murray). Une équipe que l’on apprendra à découvrir au travers de quelques introspections bien senties dans leurs vies privées respectives (l’ex-femme de Mickey notamment) ou bien qui feront participer activement le téléspectateur en s’adressant par moments directement à lui.

 

Car c’est bien là l’autre atout charme de la série : ces différentes séquences (une par épisode généralement) à la fois décalée et rendant hommage là encore au Septième Art (le music hall dans l’épisode 1.2- Faking it, le cinéma muet dans l’épisode 1.4- Cops and robbers), tout en ayant recourt aux derniers effets cinématographiques « tendance » (le bullet time « à la Matrix » pour suspendre progressivement le temps avant de reprendre ensuite le cours de l’action). Cerise sur le gâteau : ces arnaqueurs au grand cœur (ils ne s’en prennent qu’aux plus imbus et malhonnêtes) ont parfois la victoire amère (1.5- A touch of class). Une saveur qui ne sera jamais au menu des 52 minutes sans le moindre temps mort de chaque épisode, aussi brillamment scénarisé, réalisé qu’interprété ; la quantité très faible de ces mêmes épisodes (seulement six par saison) étant au final le seul vrai reproche imputable à ces Arnaqueurs, série britannique aussi excellente qu’hautement recommandable et recommandée.

 

Retrouvez le test DVD de la saison 1 en cliquant sur l'image ci-dessous :

 

 

 

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