Star Wars : The Bad Batch saison 3 – c’est toujours aussi génial (pour l'instant)

Antoine Desrues | 21 février 2024
Antoine Desrues | 21 février 2024

Après la petite déception Ahsoka, Star Wars revient sur Disney+ du côté de l’animation avec la troisième et dernière saison de son spin-off The Bad Batch.

Pour les fans actuels de Star Wars, il convient de rappeler que les séries animées sont loin d’être réservées à un jeune public, malgré les idées préconçues envers le style. Si la plupart des spectateurs occasionnels se précipitent sur The Mandalorian ou Obi-Wan Kenobi, la liberté acquise par l’animation démarque non seulement ces productions par leur inventivité et leur niveau de geekerie, mais aussi par leur étonnante maturité.

Dans une mouvance similaire aux dernières saisons de The Clone Wars, son spin-off The Bad Batch continue d’explorer l’avènement de l’Empire à la suite de La Revanche des Sith avec un sentiment de fatalité désillusionnée. L’escouade 99, sorte d’Agence tous risques constituée de clones génétiquement modifiés, a perdu de son entrain. Normal, puisqu’après avoir perdu l’un des leurs, leur petite protégée – la jeune clone Oméga – a été capturée par un mystérieux scientifique.

Cette troisième et ultime saison démarre d’ailleurs de son point de vue, alors qu’on découvre le quotidien lénifiant du laboratoire secret où elle est retenue captive. Dans ce microcosme, l’héroïne (qui sert de point d’ancrage humaniste et optimiste à la série) comprend bien qu’une page est en train de se tourner, autant à l’échelle de son intimité qu’à celle de la galaxie.

 

Star Wars: The Bad Batch : photoOméga, toujours la meilleure

 

The Final Countdown

Bien sûr, The Bad Batch ne perd pas totalement de sa bonne humeur, qu’elle concerne la camaraderie de ses protagonistes ou l’innocence salvatrice d’Oméga. Pour autant, les fondations de la série sont comme attaquées à l’acide, confrontées à un compte à rebours aussi abstrait qu’anxiogène (reflété dans les premiers épisodes par ce motif d’une machine qui analyse du sang dans une boucle saccadée).

L’Empire assoit son emprise sur le monde de George Lucas, et à chaque jour qui passe, à chaque épisode, les soldats surentraînés de la République déchue perdent de leur capacité d’action. Pour une fois, certains des épisodes fillers exploitent cette thématique par le développement de symboles lourds de sens, à l’image de lianes toxiques manufacturées par les Impériaux, qui se répandent comme la gangrène.

 

Star Wars: The Bad Batch : photoBig up au travail vocal de Dee Bradley Baker sur tous les clones

 

C’est aussi pour cette raison que les séries Star Wars gagnent en intérêt chaque fois qu’elles brisent leur formule. Aux côtés de The Mandalorian et Andor, The Bad Batch s’amuse régulièrement à offrir des chapitres parenthèses, moins focalisés sur des quêtes ou des primes que sur le destin d’un personnage isolé, voire secondaire à l’intrigue globale. Dans la continuité passionnante de la saison 2, Crosshair (membre de l’escouade qui a trahi les siens pour le compte de l’Empire) profite d’un traitement approfondi, et d’une rédemption qui en fait l’une des figures les plus géniales et touchantes proposées par Star Wars ces dernières années.

Atteint d’un syndrome post-traumatique, le sniper de l’équipe devient le centre de gravité d’une saison où la confiance et la paix intérieure se travaillent. Comment se reconstruire quand on se sait du mauvais côté de l’histoire ? C’est la question assez bouleversante de The Bad Batch depuis ses débuts et les équipes de Dave Filoni jouent plus que jamais avec l’ironie dramatique permise par Star Wars. Non sans mélancolie, la petite bande se démène pour contrer des complots et autres plans sur la comète démoniaques, mais leurs actions ne restent qu’une goutte d’eau dans l’océan.

 

Star Wars: The Bad Batch : photoAlways returning

 

Super Trooper

Dès lors, le récit exploite moins son fan-service obligatoire par interaction forcée, et plus à la manière d’une grande histoire qui passe son temps à croiser la petite. Comme à son habitude, l’énergie imposée par Filoni depuis des années a trouvé une vitesse de croisière enthousiasmante.

Plutôt que d’isoler des pans de mythologie, The Bad Batch est un concentré ludique de Star Wars, qui mixe avec un plaisir évident toutes les trilogies (oui, y compris la dernière). Le coffre à jouets se montre toujours aussi vivace, surtout lorsque la série développe ses propres idées, à l’instar de ces Shadow Troopers (des clones d’élite reconfigurés par l’Empire en tant qu’assassins). Certes, on pourra toujours reprocher à l’ensemble quelques baisses de régime inévitables, comme cette reprise un peu fainéante de Dune avec un ver des... neiges.

Néanmoins, les enjeux de cette dernière saison sont plus forts et désespérés que jamais. On retiendra particulièrement un double-épisode où la base cachée de clones rebelles se voit prise d’assaut par l’ennemi. Tactique, dramatique et paranoïaque, ce siège qui se transforme en échappée renvoie Star Wars à du pur cinéma de guerre et d’espionnage. Mine de rien, c’est encore en animation que Lucasfilm se lâche le plus.

Les trois premiers épisodes de The Bad Batch saison 3 sont disponibles sur Disney+ depuis le 21 février 2024. Un nouvel épisode sera diffusé chaque mercredi

 

Star Wars: The Bad Batch : photo

Tout savoir sur Star Wars: The Bad Batch

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commentaires
katy3
09/03/2024 à 11:15

moi aussi j'aime de plus en plus bad batch, alors que j'ai passé l'âge des da, comme dit un commentateur. et l'article explique bien en quoi elle se démarque (maturité, psychologie). Ahsoka, j'ai tenu un épisode, et j'ai laissé tombé.
Andor aussi qui était trop poussif au début, mais apparemment faut s'accrocher parce que après c'est mieux

Bat Badch
22/02/2024 à 18:08

@Bad Bashing
+ 1 pour Old Republic, mais ça ne sera que High Repbulic je crains. Enfin c'est déjà ça.
Andor très bon scenar et acting, oui, mais laborieux à l'allumage. Et il ne suffit pas d'ajouter 3 aliens sur les gradins d'une plage de la Baule pour en faire un décor Star Wars ; c'était trop cheap sur certains plans.

Sinon pour quelqu'un considérant, sans nul mépris dans la façon de s'exprimer, avoir dépassé l'âge de tout anime (alors qu'il existe aussi des tas d’anime plus matures que des tas de films), que fiches-tu donc en bas de cette critique ?
Ah ok, la réponse est dans le pseudo.
Et puis mec, comment dire ? Tes énormes gonades à poils blancs traînent par terre : gaffe, tu risques de balayer.

Bad Bashing
22/02/2024 à 13:44

Ahsoka j'ai tenu 1 épisode. De la daube pour moi. Les da j'y arrive pas. Passé l'âge. Un peu ras la casquette de sw globalement , on a fait le tour. Reste Andor s02 que j'espère du niveau de la s01, et je ne serai pas contre une projection côté Old Republic avec du neuf sur ce qu'on pourrait raconter. Le Mandalo c'était cool, ça peut encore se jouer.

Bat Badch
22/02/2024 à 12:30

@Tom Ward
Oui pardon, c'est clair que pour Rebels, Disney avait réduit le débit financier dès le rachat. Il aura fallu Résistance, et son audience qui sombrait à zéro, pour qu'ils réalisent qu'ils tuaient la franchise à vouloir l'essorer tout en restant aussi radins : ça nous a permis d'avoir (enfin !) le superbe final de The Clone Wars, puis The Bad Batch qui reprend la même esthétique dans une continuité directe...
Dans Ahasoka pour les combats je ne suis pas tout-à-fait d'accord : le 1er contre les droids assassins, celui (écourté) de Corellia, le 1er contre Stevenson avaient quelque chose de percutants à voir en live.
J'ai vu le 1er épisode de la saison 3 de The Bad Batch, et je suis heureux que l'on reprenne d'emblée le fil de l'histoire principale. Malheureusement depuis Rebels j'ai appris à me méfier : c'est souvent le même schéma : un bon début de saison bien centré pour accrocher, un milieu de saison recentré pour relancer l'intérêt, un bon bouquet final pour qu'on revienne la saison suivante... mais à part ça essentiellement du remplissage. Ahsoka n’échappe pas à ce défaut, mais pour moi ça passait mieux car elle avait moitié moins d'épisodes, et aucun HS.

Non je ne crois pas que la commande d'Ahsoka vienne de Disney : je pense que Filoni rêvait de transposer son personnage en live quand The Mandalorian lui a fourni l'occasion. L'audience a dû suivre sur ces épisodes-tests, donc Disney a donné son feu vert.
Mais Filoni est avant tout un showrunner d'animation, il est encore un peu maladroit dans un autre format, or il s'efforce d'y transposer ses vision grandioses : voilà les raisons pour lesquelles j'ai apprécié la reconstitution de Rebels qui rend enfin justice à Lothal, le départ avec les Purgills dont la magie n’avait rien à envier aux FX de certains blockbusters, ou le jeu d’échelle titanesque lors de l'arrivée du destroyer. L’animation c'est très bien aussi, mais là c'est comme si les tableaux devenaient réels (or dans les 2 cas, ça reste de la CGI).
Et même si la tension est vraiment palpable dès ce 1er épisode de saison 3 dans The Bad Batch, il n'est pas trépidant non plus. C'est surtout de l'ambiance. Ok, les personnages ne mettent peut-être pas 10 ans à balancer leurs répliques, mais elles restent très convenues. Enfin j'attends la suite, tout est en place pour un bon final ; entre les "invités" charismatique qui s’annoncent et la critique d'Antoine j'ai bon espoir... ;)

Tom Ward
22/02/2024 à 10:18

@Bat Badch :

La scène dans Ahsoka avec les Purgills ne m'a pas transcendé, j'avoue, même si pour le coup, en parlant d'animation, je parlais plutôt de la dernière saison de The Clone Wars et de The Bad Batch, pas de Rebels (dont l'animation est clairement bancale, faute de budget j'imagine).

Mais il faut reconnaître que depuis la fin de The Clone Wars, il est plutôt douloureux de regarder des sabres lasers s'agiter en live action (on n'a pas franchement l'impression de voir les années d'entraînement d'Ahsoka Tano quand elle affronte Vador ou Morgan Elsbeth, entre autres). Et puis la mise en scène est d'une paresse qui fait peur, on penserait pour un peu que le réalisateur s'est endormi derrière sa caméra tellement ça manque de dynamisme et d'idées, là où dès le premier épisode de la saison 3 de The Bad Batch, on retrouve le sentiment d'une véritable tension y compris dans l'inaction, avec ces plans rapprochés des fioles de sang qui se remplissent ou cette goutte d'eau qui clapote inlassablement dans l'évier d'Omega. Et puis les personnages véhiculent plus d'émotions que les acteurs choisis pour le live action (en tout cas je trouve ça flagrant), mais là encore, c'est dû en grande partie aux choix (ou non-choix) de mise en scène je pense : les acteurs ont beau faire leur possible, quand la caméra se contente d'alterner les champs/contre-champs en prenant tout son temps, avec des répliques délivrées CHAQUE FOIS après 5 secondes de silence, la sauce ne prend pas.

Je comprends pourquoi cette série a été faite en live action (il faut bien attirer le public réfractaire à l'animation, surtout après la perte d'abonnés de Disney+), mais après avoir vu le résultat, je trouve ce choix d'autant plus discutable...

Bat Badch
21/02/2024 à 20:08

Pas faux !
Merci Geoffrey, et bonne soirée également :)

Geoffrey Crété - Rédaction
21/02/2024 à 20:04

@Bat Badch

On n'écrira jamais pour les gens qui lisent seulement les titres, sinon autant arrêter d'écrire tout court :)

Bat Badch
21/02/2024 à 20:01

@Geoffrey
Oui c'est sûr, mais il y a aussi plein de gens qui ne lisent pas l'intégralité de l'article et qui ne voient que la vignette avec le titre. Enfin pas grave, ça ne m'a pas empêché de dormir non plus...

@Doinel
Ben justement dès mon 1er commentaire, j'ai spécifié que je donnais juste mon avis (comme tout le monde ici, rédacteurs ou commentateurs), et qu'il n'était pas indispensable pour la rédac d'y répondre, car je ne voulais pas leur donner du boulot supplémentaire.
J'ai remercié Geoffrey (que j'apprécie sincèrement au pesage, je ne dis pas ça pour lui passer de la pommade) d'avoir pris la peine de le faire quand même.
Et mon avis est précisément nuancé, sur ces deux séries, si vous prenez la peine de me lire comme j'ai pris "la patience" d'expliquer cet avis en détail.
Or j'avais oublié que l'époque n'est plus à la nuance ni à l'argumentation, mais à classer hâtivement les gens dans une catégorie et à la punchline aride ;(

Doinel
21/02/2024 à 19:14

Les fans de Star Wars, c'est quelque chose. L'impression qu'il faut tout simplement penser à peu près pareil, avec la même grille de lecture et le même nuancier de repères pour éviter les "votre avis est incompréhensible". Bravo pour la patience la redac

Geoffrey Crété - Rédaction
21/02/2024 à 19:11

@Bat Badch

Encore une fois, personne n'a "enterré" Ahsoka. Le texte explique notre avis nuancé, donc c'est dommage de le résumer à la simple étiquette flop série 2023. Il y a plein de manières de définir un "flop", et Ahsoka correspondait dans notre manière de répondre à ce petit jeu de fin d'année. Et le texte de Déborah l'expliquait dès la première ligne.

Bref, tout le monde aura sa manière d'apprécier, juger, évaluer, et personne ne sera d'accord. Comme je disais, y'aura toujours quelqu'un pour nous dire qu'on aime trop, qu'on aime pas assez, qu'on aborde la chose de la mauvaise manière. Sur Star Wars, c'est même la règle.

Bonne soirée !

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