House of the Dragon : Viserys a révolutionné la saga et la violence de Game of Thrones

Simon Riaux | 16 octobre 2022 - MAJ : 16/10/2022 14:41
Simon Riaux | 16 octobre 2022 - MAJ : 16/10/2022 14:41

Depuis Game of Thrones et son succès planétaire, la mort a pris un sens nouveau (et spectaculaire) dans le monde des séries. Et House of the Dragon vient de tout bouleverser. 

ATTENTION SPOILERS 

À l’issue de sa première saison, lors de la décapitation de Ned Stark, la série inspirée par les ouvrages de George R.R. Martin posait une équation qui ne fut pas pour rien dans son succès planétaire. Peu importe que vous soyez bon ou mauvais, sympathique ou patibulaire, vertueux ou pervers jusqu’à la moelle, dans Game of Thrones, personne n’était intouchable, et la moindre erreur stratégique pouvait être sanctionnée.  

Les spectateurs au cœur purs durent ainsi digérer le salissant Red Wedding, et découvrir que l’attachant Oberyn Martell avait beau avoir ses valeurs, son charisme et son talent de combattant pour lui, une fanfaronnade de trop aux côtés d’un adversaire agonisant suffit à provoquer sa chute. Démembrement, égorgement, pilonnage de matière grise ou barbecue géant, la mort était toujours spectaculaire dans Game of Thrones, motif de sidération, de vertige et d’effets chocs. 

 

House of the Dragon : Photo Paddy Considine"Moi, j'ai la pêche"

 

VISCÈRES VÉNÈRES  

Au premier abord, on pourrait croire que House of the Dragon suit la même tendance que son aînée. À intervalles réguliers, lors d’un tournoi, une bataille ou une simple altercation entre nobliaux, un déluge de tripes est répandu, presque nonchalamment. Et pourtant, un personnage va, à lui seul, pirater le logiciel brutaliste de la franchise signée HBO. Il s’agit du roi Viserys, incarné par l'excellent Paddy Considine, qui nous est présenté d’entrée de jeu comme un mort en sursis., et ce, pour au moins deux raisons. 

Tout d’abord, House of the Dragon a pour ambition de raconter la guerre civile résultant de la lutte de pouvoir qui déchire le clan Targaryen... après sa mort. Il ne fait aucun doute donc qu’elle doit intervenir relativement tôt dans le récit. Récit qui a posé depuis ses prémices que le souverain était malade, rongé par une forme de lèpre, et donc promis à une fin peu ragoûtante.

 

House of the Dragon : photo, Paddy Considine"Ce doit être ça qu'on appelle péter la grosse forme"

 

Celle-ci forme une rupture avec la tradition initiée par Game of Thrones. Bien peu de protagonistes seront morts dans leur lit, loin de tout champ de bataille, préservé de l’empoisonnement, et presque aucun n’aura eu l’opportunité de voir venir la Faucheuse, tant la faux du destin préfère les saisir par surprise. Rien de tout cela ici, le mouvement narratif de cette première saison ayant été largement consacré à la disparition du roi, tandis que le chapitre 8 aura fait de son passage de vie à trépas son sujet presque exclusif.

 

House of the Dragon : photo, Paddy Considine"Mais genre la grosse pêche quoi"

 

MORT POUR LES LES PREUX 

Cette agonie fut longue, douce en apparence, Viserys décédant entouré des siens, après les avoir réunis une ultime fois, et obtenu d’eux un semblant de paix. Et pourtant, elle constitue une des propositions dramaturgiques les plus éprouvantes, cruelles, et bouleversantes de toute la saga entamée il y a plus d’une décennie. En effet, sa dimension inexorable, sa temporalité permettent “d’apprécier” sa rudesse

Viserys, malgré sa rigueur et la profondeur des engagements pris envers sa fille, des décennies durant, se sera trahi lui-même, de la plus pathétique des manières, alors que son esprit délirant se délite et vogue vers la mort, le rendant incapable de réaliser la portée des mots qu’il ânonne. Soit une tragédie d’une tristesse infinie, encore renforcée par ses dernières secondes de vie. 

 

House of the Dragon : photo, Paddy Considine"Allez, un petit calevas, et ça repart"

 

Le locataire du Trône de Fer fait face, sous nos yeux, à la solitude de la mort, ainsi qu’il le murmure lui-même. Homme le plus puissant de Westeros, apprécié pour son pacifisme, révéré pour sa sagesse, quand vient l’heure de ne plus être, le voici isolé, l’âme errante, le souffle court. Ni Game of Thrones, ni House of the Dragon ne nous avaient préparé à une agonie à ce point anti-spectaculaire et intime. Cette approche renouvelle totalement ce que nous avions connu jusqu’ici, et fait du passage de Viserys de vie à trépas un des plus terribles et déchirants issus de l’univers imaginé par George R.R. Martin. 

Nulle satisfaction dopée à l’adrénaline, nul plaisir anecdotique ou contentement vicieux devant un grand voyage précipité. Seule la certitude qu’une mort attendue, désirée, dans le cas de ce malade endurant les pires souffrances depuis des années, n’a jamais rien de poétique ou de satisfaisant. Ne restent que l’échec et la solitude, avant le néant. Une désolation absolue, aux airs de petite révolution. 

Tout savoir sur House of the Dragon

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commentaires
Mrlaw55
17/10/2022 à 23:30

J'ai adoré ce roi et sa fin poétique

Roi Krogold
17/10/2022 à 09:14

Oui mais nous n'avons pas tous ton intelligence @bruce le requin, laisses-nous jouir de ces grosses ficelles et délecte toi de ce qui ne nous sera jamais accessible.

fandango
16/10/2022 à 23:59

Prévenez moi quand la saison commence, vous serez bien aimables.
Merci d'avance.

Prisonnier
16/10/2022 à 17:22

@bruce

Tu parles pas comme ça de cliffhanger. Je kiffe ce film :)

brucetheshark
16/10/2022 à 15:27

@Krogold, Le cliffhanger,le truc inventé pour fidéliser le teubé

Roi Krogold
16/10/2022 à 13:56

Un épisode, un cliffhanger, c'est pas compliqué quand même de fidéliser le téléspectateur, de son coté Amazon n'a pas encore compris le concept.

Blockbuster
16/10/2022 à 12:22

Pour GOT, le système de mise à mort choc et surprise n'a quasiment plus été appliqué sur les dernières saisons je trouve. Ou du moins, maladroitement mis en exécution. Et c'est bien dommage.
Pour le moment house of the dragon arrive à se démarquer de ce système là et a ne pas en abuser, c'est plutot une bonne chose.