Dexter : on a classé toute les saisons, de la dernière à la meilleure

Déborah Lechner | 27 novembre 2021 - MAJ : 28/11/2021 17:54
Déborah Lechner | 27 novembre 2021 - MAJ : 28/11/2021 17:54

Avant le revival Dexter : New Blood, on a classé les huit saisons de la série Dexter, de la pire à la meilleure, autrement dit de la dernière à la meilleure.

Entre Sons of Anarchy, The Shield, Mad Men, Dr. House ou Breaking Bad, la télévision des années 2000 avait un sérieux penchant pour les anti-héros, mais sans jamais pousser le vice aussi loin qu'avec Dexter. Cette série créée par James Manos Jr., d'après le roman de Jeff Lindsay, et diffusée de 2006 à 2013 suit le quotidien sanglant d'un tueur en série et expert en médecine légale campé par un Michael C. Hall possédé par le personnage. Un concept risqué et perturbant, qui a remis en avant la fascination des Américains pour les serial killers, mais aussi rapidement trouvé son public, devenant presque instantanément culte (ne serait-ce que pour son générique ou sa musique).

Le plus sympathique des psychopathes a semé les cadavres pendant huit saisons, pour le meilleur, mais surtout pour le pire. D'abord bien menée, la série n'a pas su s'arrêter à temps et a fini par se perdre dans des intrigues toujours plus convenues. Inévitablement, Dexter fait partie de ses nombreuses séries populaires dont le final a énervé plus d'un fan. Avant que Dexter : New Blood tente de sauver les meubles et de raviver l'intérêt des téléspectateurs pour le tueur en série, on a décidé de faire un classement des huit saisons, de la pire - c'est-à-dire de la dernière, à la meilleure. 

 

Dexter : photoQue la boucherie commence

 

8. SAISON 8

Qu'est-ce qui se passe : Du grand n'importe quoi. Plusieurs mois après le meurtre de LaGuerta, Debra a quitté la police et s’enfonce dans la drogue et l'alcool, mais juste le temps de deux ou trois épisodes, avant de finalement faire la paix avec son frère. Entre-temps, le Dr. Vogel, spécialisée dans l'étude des psychopathes, débarque de nulle part et apprend à Dexter que c’est en fait elle qui a inventé le code d’Harry. Avec une originalité défrisante, un 666e tueur en série fait son apparition à Miami et menace la neuropsychiatre, qui demande donc à Dexter de le retrouver et de s’en débarrasser.

Pourquoi c'est la pire : Au bout de huit saisons déjà bien inégales, il était compliqué, voire impossible, pour la série de nous intéresser à une énième histoire de tueur en série très méchant traqué par Dexter. Entre le jeu apathique et ennuyeux de Darri Ingolfsson, les motivations ridicules de son personnage - un psychopathe très jaloux qui ne veut pas partager sa maman -, la mise en scène expéditive de ses meurtres ou la menace invisible qu'il ne représente jamais, rien n'est un minimum attractif ou surprenant.

Avec une paresse presque insolente, l'ultime saison va jusqu'à resservir la même intrigue forcée de telenovelas, l'antagoniste étant - accrochez-vous bien - le fils cinglé du Dr. Vogel, qui s'est fait passé pour mort après avoir incendié l'hôpital psychiatrique où il était placé. Même Charlotte Rampling ne parvient pas à réveiller ce scénario aussi vide et éteint que Debra à la fin de la saison.

 

Dexter Saison 8 : PhotoElle au moins, on a abrégé ses souffrances

 

Plutôt que de se placer comme une suite directe de la saison 7 en reprenant après l'exécution de LaGuerta, la saison préfère encore faire un bond dans le temps de plusieurs mois pour ne pas avoir à gérer la crise et vite passer à autre chose. Les heures qui ont suivi son meurtre auraient pourtant été plus intéressantes que toute la saison, qui enchaine les clichés et scènes pathétiques pour tout cacher sous le tapis quelques épisodes plus tard. 

Le retour alambiqué d'Hannah ; la traque d'Elway et du Marshall Clayton que les épisodes font apparaître et disparaître au besoin ; la formation de Zach Hamilton ; les chamailleries entre Quinn et Batista que la série ne sait plus comment occuper ; la reconversion de Dexter en bûcheron ; tout est fait pour enfoncer les derniers clous dans le cercueil. La saison a même le cynisme de laisser Dexter en vie après nous avoir fait croire à un suicide ultra-romanesque au coeur de la tempête, juste au cas où la possibilité de faire une nouvelle saison se présenterait. 

Qu'est-ce qu'on peut sauver : Le fait que la série se recentre véritablement sur la relation entre Debra et Dexter, qui ont droit à de dernières discussions riches et touchantes, et retissent le lien purement fraternel qu'ils avaient perdu après les errances scénaristiques des précédentes saisons. Il était intéressant de voir leur relation voler en éclat, avec un point de quasi-non-retour lorsque Debra tente de tuer son frère, même si le conflit n'occupe finalement qu'une petite place dans le scénario et est évacué sans trop de difficulté. Après tout, qui n'a jamais essayé de tuer son frère et de se suicider dans la foulée ? 

 

Dexter : photo, Michael C. Hall, DexterIl y a de quoi tirer cette tronche, oui 

 

7. SAISON 6 

Qu’est-ce qui se passe : Maintenant père célibataire, Dexter se débarrasse confie Harrison à sa nounou Jamie - la soeur de Batista - et peut donc vaquer plus librement à ses occupations nocturnes. Sa nouvelle cible est surnommée Le Tueur du jugement dernier, soupçonné d'être le professeur Gellar, un expert en théologie qui veut provoquer la fin du monde en recréant des scènes du Nouveau Testament. Dexter découvre que le tueur est aidé par un de ses anciens élèves, Travis Marshall qu'il a entièrement soumis, mais qui se retourne contre lui. De son côté, Debra est promue lieutenante et se retrouve chargée de l'affaire, ce qui met à mal son couple avec Quinn dont elle refuse la soudaine demande en mariage. 

Pourquoi c’est énervant : Une bonne saison de Dexter a besoin d'un bon méchant et ni Gellar ni Travis Marshall ne remplissent ce rôle. À court d'idées, la saison 6 a trouvé un nouveau showrunner, mais aussi le moyen de s'auto-saboter en voulant faire un bel effet de manche et dévoiler que Gellar était en fait une hallucination de Travis Marshall, qui a tué le professeur et agissait seul depuis le début.

Mais le simple fait que Gellar n'apparaisse jamais seul à l'écran, qu'il agisse constamment hors champ et ne prenne pas part à l'action fait de cette grande révélation un pauvre pétard mouillé parfaitement prévisible. Les épisodes accordent donc peu de temps à ce personnage froid et mystérieux, qui pollue l'intrigue plus qu'il ne la sert, et échouent à creuser les réflexions théologiques qu'ils amènent. 

 

Dexter : photoDr. Jekyll et Mr. Hyde

 

En plus des dialogues de plus en plus inconsistants entre Dexter et Harry, cette saison ne sait tellement plus quoi faire de Debra, qu'elle fait à nouveau appel à son coeur d'artichaut, cette fois pour tomber amoureuse de son frère. C'est débile et ça ne mérite pas qu'on s'y attarde plus que ça (même la série ne le fera pas de toute façon). Même manque d'investissement pour Quinn, qui cède au côté obscur de la Force et entache sa carrière en agissant comme un minable demeuré impossible à prendre en pitié. La saison est tellement anecdotique qu'il n'y a finalement pas grand-chose de plus à en dire

Ce qu’on peut sauver : Même si le duo d'antagonistes tombe à plat, toute la mise en scène autour des cadavres est plutôt impressionnante, parce qu'elle profite du sensationalisme apocalyptique recherché par Travis Marshall. La dernière scène de l'épisode final, dans laquelle Debra surprend Dexter en plein rituel, est également la promesse que la série sortira de sa léthargie dans la saison suivante. Sauf que...

 

Dexter : photoDaddy fool

 

6. SAISON 7

Qu’est-ce qui se passe : Debra vient de surprendre Dexter en train d'assassiner Travis Marshall. La lieutenante est dépassée par ce qu'elle vient de voir, mais décide d'aider Dexter à couvrir son crime. Elle découvre ensuite son starter pack de tueur en série caché dans son appartement et l'oblige à lui avouer qu'il est le Boucher de Bay Harbor. Encore chamboulée, elle décide de le "soigner" de son addiction en le surveillant de près pour l'empêcher de tuer. Ce qui ne l'empêche pas de découper en morceaux Viktor Baskov, le mafieux ukrainien qui a tiré sur Mike Anderson. Après ça, Dexter est néanmoins pourchassé par Isaak Shirko, un redoutable tueur venu de Kiev pour venger son ami et amant. 

Pourquoi c'est pas bien : Principalement parce que la saison part dans tous les sens et empile les sous-intrigues qui s'étouffent inévitablement les unes les autres : la relation de plus en plus complexe entre Debra et Dexter, le John Wick ukrainien qui le traque obsessionnellement, sa nouvelle histoire d'amour avec Hannah Mckay, l'enquête de Sal Price sur le passé de cette dernière, la vengeance de Louis Greene, LaGuerta sur la piste du vrai Boucher de Bay Harbor ou encore Quinn et sa stripteaseuse Nadia. 

 

Dexter : photoDexter a donc un truc pour les blondes

 

Le nouvel antagoniste aurait pu être intéressant si toute sa caractérisation ne se faisait pas en quelques lignes de dialogues à plus de la moitié de la saison. Le reste aurait aussi pu fonctionner si la romance entre Hannah et Dexter était moins factice, si Quinn était subitement devenu intéressant ou si le petit ami de Jamie avait un quelconque intérêt dans l'intrigue. Restent les moments que partagent Debra et Dexter, dont la relation est enfin mise à l'épreuve, parfois un peu trop grossièrement. 

Qu'est-ce qu'on peut sauver : Leur histoire d'amour a beau être peu crédible, Yvonne Strahovski est convaincante dans son rôle d'empoisonneuse faussement fragile, tandis que LaGuerta reprend enfin du poil de la bête après avoir été délaissée dans les précédentes saisons. Et comme le final de la saison 6 promettait de redistribuer les cartes en cassant la routine installée, celui de la saison 7 s'annonce comme un nouveau cataclysme et ne manque pas de relancer l'intérêt pour la suite.

 

Dexter : photoLa main dans le sac

 

5. SAISON 5

Qu’est-ce qui se passe : Rita est morte, et maintenant enterrée. Dexter essaie de reprendre sa vie et celle des enfants en main, mais n'en oublie pas son passe-temps pour autant. En suivant la trace d'un tueur en série - encore un -, il sauve une jeune femme, Lumen, retenue captive et torturée par plusieurs hommes. Incapable de tourner la page, elle demande de l'aide à Dexter pour retrouver et exécuter ses bourreaux, ce qu'il accepte, espérant trouver une sorte de rédemption. En parallèle, Deb et Quinn se rapprochent, mais ce dernier soupçonne Dexter d'avoir assassiné Rita. Il le fait donc surveiller par un de ses anciens collègues ripoux des stups pendant qu'il tente d'approcher Jonah Mitchell, le fils du Tueur de la Trinité. 

Pourquoi ça va pas : Après la saison 4 et la mort de Rita, la série a embauché un nouveau showrunner pour remplacer Clyde Phillips et tricoter une suite - obligatoire après les audiences records de la précédente fournée. Une fois leur mère sous terre, le scénario trouve donc une excuse bidon pour se débarrasser d'Astor et Cody qu’on reverra comme Dexter dans les saisons suivantes : en coup de vent. Tout ça pour lui permettre de retrouver son environnement de départ, comme si de rien n'était ou presque.

Pour parfaire le retour en arrière, Quinn devient une contrefaçon de James Doakes, tandis que Lumen s'avère être une sorte de mélange entre Lila de la saison 2 et Miguel de la saison 3. Au final, la saison a du mal à trouver un équilibre entre le traitement de la mort de Rita et la nouvelle intrigue qu'elle veut mettre en place, indépendamment de Rita. Lumen devient la première à qui il parle de son "passager noir" et qui l'accepte tel qu'il est.

 

Dexter : photoToutes les femmes de ta vie

 

Elle devient sa partenaire de crime, comme Dexter aurait voulu que Miguel le devienne et avait à ce titre une relation privilégiée et unique avec lui, qui apportait un vent de nouveauté. Les scénaristes se sont cependant sentis obligés d'en faire une banale histoire de fesses, alors même que Dexter enterrait Rita quelques épisodes plus tôt. 

Pourquoi c'est pas nul non plusLa saison 5 est la première saison de trop, mais compte encore de bonnes idées, notamment le traumatisme de Lumen, dont la série nous fait habilement douter de la lucidité lors de son premier enlèvement. En plus de complexifier le personnage et de la confronter à ses valeurs morales, ce qu'elle a subi donne également de la puissance aux antagonistes : des hommes bien sous tous rapports qui séquestrent, torturent, violent et tuent des femmes, et qu’on veut évidemment voir mourir dans d’atroces souffrances en tant que spectateur.

Les épisodes sont assez suggestifs pour ne pas tomber dans le voyeurisme sadique et s'appuient intelligemment sur le son des enregistrements qu'écoute Debra pour témoigner de la cruauté du groupe de Jordan Chase, sans avoir besoin de les montrer en action.

 

Dexter : photoI'm a single daddy, I'm a single daddy

 

4. SAISON 3

Qu’est-ce qui se passe : Maintenant que Doakes n'est plus une menace, Dexter veut simplement passer son temps avec Rita et les enfants, tout en continuant à chasser, mais le fait que sa petite amie tombe enceinte chamboule le psychopathe, qui ne souhaite pas transmettre son passager noir à l'enfant. Il se vide l'esprit en piégeant sa nouvelle victime, un trafiquant de drague surnommé Freebo, mais tue aussi accidentellement le frère cadet du procureur Miguel Prado, un vieil ami de LaGuerta très influent à Miami.

Les soupçons se portent immédiatement sur Freebo que Dexter retrouve et tue au moment où il tombe sur Miguel Prado venu lui aussi en finir avec le trafiquant. Touché par le geste de Dexter - qu'il croit bienveillant - une profonde amitié débute entre les deux hommes. 

Pourquoi elle est pas mal : En tuant un innocent et en enfreignant le code sacré d'Harry, la série explore une nouvelle zone grise en soumettant Dexter à un conflit moral auquel il a miraculeusement échappé dans la saison précédente avec Doakes. Sa vie de loup solitaire est sur le point de laisser place à une nouvelle vie de famille faite de concessions, ce qui fait ressortir sa vulnérabilité et l'oblige à murir.

 

Dexter : photoJimmy Smits et Michael C. Hall

 

Pour le mettre face à ses responsabilités et sa future paternité, la saison le met sur la route d'un homme capricieux, impulsif et irréfléchi qui s'apparenterait presque à un fils spirituel, ou un apprenti Sith qui se retournerait contre son maître. En renversant constamment le rapport de force entre les deux personnages, la série prend le temps nécessaire pour déplacer ses pièces sur l'échiquier et d'analyser les rapports humains, sans chercher à dévoiler trop rapidement les zones d'ombre de leur relation.

Ce qui fonctionne moins : En se faisant voler le rôle d'antagoniste principal, le tueur en série officiel de la saison surnommé l’Écorcheur est celui qui restera probablement le moins dans les mémoires. Son arc tourne rapidement en rond et pour lui donner de la consistance, la série tente de créer tout un mystère autour de son identité, sans grand intérêt à part celui de faire évoluer Debra.

 

Dexter : photo"Jusqu'à ce que la mort vous sépare"

 

3. SAISON 2

Qu’est-ce qui se passe : Dexter a tué son frère il y a un peu plus d'un mois et à du mal à s'en remettre. Il n'arrive plus à tuer et doit en plus se coltiner le sergent Doakes qui se montre de plus en plus suspicieux et se met à le suivre pour le prendre en flagrant délit. Pour ne rien arranger, des plongeurs découvrent par hasard le cimetière sous-marin de Dexter. L'enquête est confiée à Frank Lundy, un agent du FBI ayant de nombreuses résolutions d'enquête à son actif.

Sur un malentendu, Rita se convainc que Dexter se drogue et l'oblige à aller aux réunions des Narcotiques anonymes où il rencontre Lila, une ancienne droguée devenue artiste qui possède elle aussi un passager noir.

Pourquoi c'est bien : Après avoir laissé Dexter dans sa zone de confort, la saison 2 monte en tension avec une course contre la montre et un nouveau jeu du chat et de la souris, mais où Dexter est cette fois la proie et Doakes le prédateur, avant de réussir à inverser les rôles. Si la série tend globalement à humaniser le tueur en série, ses interactions avec Doakes dans la cabane montrent son vrai visage et nous rappellent qu'il joue les justiciers dans le simple but d'assouvir ses pulsions meurtrières. 

 

Dexter : photoDeux loups dans la même bergerie

 

La nature monstrueuse et glaçante de Dexter est encore plus exacerbée par l'effroi de l'ancien membre des forces spéciales devant le rituel de Dexter, le même qui a d'ailleurs poussé son père au suicide. Cette saison laisse également plus de place à Debra et sa reconstruction difficile après la saison 1. Enfin, même si les romances entre Lila, Rita et Dexter occupent déjà une place importante dans le scénario, l'idylle de Debra et Lundy est suffisamment bien amenée et dosée pour s'intégrer au récit sans le transformer en soap opera mielleux et apporte même pas mal de fraicheur.

Pourquoi c'est moins bien : Au-delà du fait que Dexter se sorte de toutes les situations problématiques avec un peu trop de facilité, le plus frustrant est qu'il n'a pas eu à décider du sort de Doakes, lui épargnant ainsi tout réel conflit moral (ce qu'on ne retrouvera que dans la saison 7 où il se résigne à tuer LaGuerta). La série ayant un problème plus global avec la mort de ses personnages, celle de Doakes est assez décevante. Après avoir pris autant d'importance, sa disparition est expédiée en deux plans, après un retournement de situation trop commode et pratique.

 

Dexter : photoSurprise motherfucker !

 

2. SAISON 1 

Qu’est-ce qui se passe : Un tueur en série fait son apparition à Miami et a la particularité d’exsanguer ses victimes, ce qui attire immédiatement l’attention de Dexter. Celui que la police ne tarde par à surnommer « le tueur de glace » entre en contact avec Dexter au moyen d’un jeu de piste qui a pour but de le confronter à son horrible passé, dont il n’a plus aucun souvenir depuis qu’il a été adopté par Harry. 

Pourquoi elle est bien : Parce que le jeu du chat et de la souris entre deux tueurs en série était particulièrement prenant et intéressant avant que la série recycle le concept chaque saison et diminue progressivement ses enjeux narratifs (à l'exception de la saison 4). Cette première fournée pourrait même être une mini-série à part entière, qui démarre comme un thriller policier ludique pour ensuite virer dans le pur drame familial en retraçant le parcours de deux frères souffrant du même traumatisme, mais qui ont chacun emprunté des chemins différents. Une saison fratricide et introspective, qui met un psychopathe face à des émotions qu’il était certain de ne jamais pouvoir ressentir et constitue le premier vrai tournant de son existence. 

 

Dexter : photoLe début de la fin pour Debra

 

Cette saison a aussi l'avantage d'aller droit au but, et de ne pas s'encombrer de mille sous-intrigues inintéressantes pour occuper ses personnages secondaires, à l'exception de Debra, qui se retrouve au coeur d'un triangle non pas amoureux, mais fraternel. Elle s'avance ainsi progressivement sous les projecteurs pour devenir un des personnages centraux du casting, brillamment incarnée par la talentueuse Jennifer Carpenter, qui aurait mérité une carrière moins discrète par la suite.

Pourquoi ce n'est pas la meilleure : Le fait de vouloir rendre un tueur en série sympathique en lui donnant un code moral et en le confrontant à un monstre encore moins éthique est un procédé plutôt facile. D'un autre côté, le scénario verse à plusieurs reprises dans la psychanalyse de comptoir, notamment quand la série dissèque la psychologie des deux frères et justifie leurs penchants morbides. Déjà très bon dans cette première saison, Michael C. Hall se laisse véritablement habiter par le personnage à partir de la saison 2, dans laquelle il varie plus habilement les différentes tonalités.

 

Dexter : photoMaking a Murderer

 

1. SAISON 4 

Qu’est-ce qui se passe : Dexter et Rita se sont mariés et leur fils Harrison est né. Mais le psychopathe a du mal à concilier sa nouvelle vie de famille et ses activités extra-professionnelles. Surtout que Lundy a fait son retour, ce qui ne manque pas de troubler Deb. Le super-inspecteur à la retraite n’est cependant pas là pour traquer le vrai Boucher de Bay Harbor, mais celui qu’il surnomme le Tueur de la Trinité, et qu’il suspecte d’être en activité depuis plusieurs décennies.

Pourquoi c’est la meilleure : Tout simplement parce que c’est le point d’orgue de la série, en grande partie grâce à John Lithgow dans le rôle du Tueur de la Trinité, l’antagoniste le plus marquant de la série et l’ennemi le plus redoutable de Dexter. L’acteur avait déjà prouvé qu’il pouvait entrer dans la peau de méchants impitoyables pour Brian de Palma (Blow Out, L'Esprit de Caïn) ou les films Cliffhanger et Ricochet, et glace une nouvelle fois le sang dans des scènes mémorables malaisantes et tendues, aidées par les plans serrés de la mise en scène qui met également en valeur son physique imposant et inquiétant.

 

Dexter : photoJohn Lithgow, magistral

 

La saison est également réussie pour la nouvelle dynamique familiale qu’elle installe, avec notamment la reprise du générique devenu culte pour coller au nouveau quotidien - bien plus chaotique - du jeune père de famille. Sa difficulté à assumer sa double vie le conduira à épargner Arthur Mitchell, qui le fascine tout autant qu’il l’obsède. Le vieux tueur en série est un monstre déguisé en parfait père de famille et fait miroiter à Dexter la possibilité d’une existence tranquille en parallèle de ses parties de chasse.

Évidemment, Arthur est aussi celui qui le met cruellement face à la vérité : il ne pourra jamais concilier les deux et mettra toujours égoïstement ses proches en danger. Ce qu’il comprend bien trop tard, lorsqu’il retrouve Rita, assassinée sous leur propre toit. Arthur finit en morceaux sous l’océan, mais c’est lui qui a gagné et chamboulé à tout jamais la vie de Dexter. 

 

Dexter : photoFace à face tendu

 

Pourquoi on peut quand même chipoter : Même si la saison 4 est de bonne facture, on peut regretter certains personnages outils qui auraient mérité un peu plus de caractérisation et de développement indépendamment des besoins du scénario. En particulier la journaliste qui couche avec Quinn et s’avère être la fille cachée d’Arthur.

Probablement pour ménager son effet de surprise, la série a préféré tuer Rita hors champ. Et même si le fait d’imaginer Arthur Mitchell nu en train de l’étrangler dans sa baignoire à côté d’Harrison est déjà assez éprouvant, le fait de ne pas nous montrer son exécution enlève du poids à cette scène qui aurait pu être la plus insoutenable de toute la série.

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commentaires
Pat Rick
28/11/2021 à 19:47

La saison 4 avec John Lithgow n'est pas la meilleure pour moi, Certes elle n'est pas mauvaise mais cela mettait trop de temps à démarrer.
Les 2 premières sont les plus réussies.

Franken
28/11/2021 à 13:44

La pire erreur a été d’humaniser Dexter.
Il aurait dû rester le monstre initial. Avec un code d’honneur, certes, mais un monstre qui se contente de jouer la comédie humaine et de singer des émotions.

Et ce n’est pas New Blood qui va sauver les meubles, on retrouve surtout le Dexter tête-à-claques des dernières saisons.

Morcar
28/11/2021 à 11:40

@Tanios89, je suis d'accord avec toi à 100%. Nous montrer la mort de Rita aurait été une catastrophe. Là, on frissonne en entendant la sonnerie de téléphone puis les pleurs d'Harrison, et si on est sous le choc comme Dexter de ce que l'on découvre, le fait de le découvrir ainsi permet également de laisser l'image de Rita comme elle était. Elle est paisible, calme, comme l'a toujours été son personnage.

Pourquoi vouloir à tout prix toujours du sensationnalisme en voulant montrer quelque chose d'horrible à l'écran ? On a déjà assisté au rituel horrible de la baignoire au début de la saison, on devine donc ce qui s'est passé. Pas besoin de le revoir.

Morcar
28/11/2021 à 11:29

Totalement en accord avec votre classement. La saison 4 reste à mes yeux la meilleure, même après le revisionnage récent de la série que j'ai fait.
@Ericoto, justement la mort de Rita aurait dû être la fin de la série. Ce choix scénaristique est juste génial ! Et le fait qu'ils aient changé de showrunner veut tout dire : celui qui a créé la série voulait s'arrêter là, car la boucle était bouclée. Harrison finissait par vivre la même chose que Dexter. Mais la chaîne a voulu tirer sur la corde et a continué la série sans son créateur.

J'attends de voir ce qu'il va proposer pour la saison 9, en espérant que ça soit du même niveau que les premières.

Tnecniv
28/11/2021 à 01:47

@Tvinz,

Je te rejoins entièrement, personnellement la saison 1 est celle que je préfère , par la suite même si il y a de bonnes idées et de bons personnages ( notamment l'antagoniste de la saison 4 ) je trouve que ça tire sur la corde niveau crédibilité, et puis sa sœur m'a toujours insupporté . J'irai presque jusqu'à dire que la saison 1 suffit amplement, mais bon ... Quand j'y repense il y a quand même pas mal de personnages m'ont gonflé, Debra, LaGuerta ou encore Doakes . Mais je retiens aussi la bande son qui était vraiment bonne .

Ericoto
27/11/2021 à 21:54

Ma préférée est la 3 avec Miguel.
C'est la seule saison où Dexter et Rita ont un couple d'amis proches. Et l'acteur qui joue Miguel est fantastique.

La 4 je l'aime pas... Le tueur me fait vomir et le meurtre de Rita a détruit le reste de la série. La mort d'un tel personnage ne pouvait se produire que dans une ultime saison.

On critique la saison 8 mais elle permet au moins de balayer laGuarta donc je la met au dessus de la 6 qui est à oublier si ce n'est déjà fait.

Tvinz
27/11/2021 à 21:06

Je vois pas comment on on ne peut pas mettre la saison 1 en 1er vu que c'est l'installation des personnages, de l'intrigue etc....c'est un non sens de mettre une autre saison en premier. Pour ma part les 4 premières sont les meilleures, a prendre dans l'ordre. Le reste était superflu...

Maski mask
27/11/2021 à 19:45

Entièrement d'accord la faut revien au chef de la chaîne Showtime qui après la saison 4 à demander plus de suite car à l'époque cette série étais une mine d'or, espérons que clyde Philips relève le niveau avec dexter New blond car d'après lui le final va casser Internet..

spidy
27/11/2021 à 18:31

Entièrement d'accord avec ce classement.
Quel dommage que les dernières saisons ne soient pas à la hauteur.

Brasch-Eazy-E
27/11/2021 à 17:34

Personne ne veut parler du rideau en plastique à la fin de la saison 5 ? Pour moi, cet élément de décor est le symbole de cette série, une série très intéressante dans son principe qui n'ose jamais accélérer le pas et confronter réellement ses personnages aux conséquences de leurs actions. Si "Dexter" avait été réalisée par l'équipe de "Breaking Bad", elle aurait été un chef d'œuvre du début à la fin.

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