American Horror Story : on a classé toutes les saisons, de la pire à la meilleure

La Rédaction | 20 novembre 2022
La Rédaction | 20 novembre 2022

Murder House, Asylum, Coven, Freak Show, Hotel, Roanoke, Cult, Apocalypse, 1984, Double Feature, NYC : retour sur toutes les saisons de la série American Horror Story, de la pire à la meilleure.

Des fantômes, des aliens, des sorcières, des monstres, des vampires, des clowns, avec Jessica LangeSarah Paulson ou encore Lady Gaga : en 11 saisons de plus en plus absurdes et rocambolesques, l'anthologie d'horreur de Ryan Murphy et Brad Falchuk aura survolé le(s) genre(s), comme une grande cartographie pop de l'horreur et du fantastique.

Tout le monde a ses préférences et coups de cœur, et la rédaction a tranché, avec son petit classement personnel de la série, de la pire à la meilleure des saisons.

ATTENTION : SPOILERS

 

American Horror Story saison 3 : photo, Jessica LangeEcran Large devant son top 4 des meilleures saisons

  

11 - SAISON 10 : double feature

Sortie : 2021 - 10 épisodes

 

American Horror Story : photoOn a dit qu'on voulait des sirènes

 

Il se passe quoi ? C’est l’histoire d’un couple et de leur fille qui emménagent dans une station balnéaire paumée, et évidemment, la ville est peuplée d’étranges créatures suceuses de sang. Pour contrer son syndrome de la page blanche, Harry, le père de famille et scénariste raté, trouve un moyen infaillible : se nourrir de petites pilules noires qui le rendent hyper efficace, mais aussi dépendant… au sang.

Comme cette saison est séparée en deux histoires distinctes, elle se déroule aussi en 1954, quand le président Eisenhower est chargé d’enquêter sur une affaire de soucoupe volante. En 2021, quatre ados pas très futés pensent partir en week-end quand ils se retrouvent poursuivis par d’étranges phénomènes. À leur réveil, ils sont tous enceints de bébés extraterrestres et sont emmenés dans une clinique très glauque qui cherche à créer le parfait hybride.

On en garde quoi ? L’idée du double format est intéressante. Comme son nom l’indique, cette dixième saison est allée encore plus loin dans l’anthologie et l'hommage en s'intéressant à deux histoires distinctes, selon la tradition du double programme (à la Grindhouse, avec Boulevard de la mort et Planète terreur).

 

American Horror Story : photoEntre la pilule bleue et la pilule rouge, les personnages ont choisi la noire

 

Au premier abord, les deux intrigues semblent tout à fait passionnantes. Intitulée Red Tide, la première partie explore donc le syndrome de la page blanche et se demande jusqu'où un artiste est prêt à aller pour trouver la gloire. Si Death Valley émet l’hypothèse que les États-Unis ont signé un deal avec les extraterrestres, leur promettant de leur offrir des vies humaines en échange de la “paix”, elle propose aussi les conséquences de cet accord, 70 ans plus tard. L’idée de la clinique inséminatrice d’embryon aliens est amusante, et renvoie toujours plus à la vielle série B.

Cette dixième saison marque aussi le retour de Sarah Paulson et d’Evan Peters, les grands absents de la saison 9 - qui auraient bien fait de s’abstenir.

On oublie quoi ? Malgré cette bonne idée, le format ne fonctionne pas et met en lumière l'un des grands défauts de la série : sa difficulté à réellement aller au bout de ses histoires, et tenir ses promesses. C'était déjà le problème de plusieurs saisons centrées sur un seul récit et un seul décor, mais avec une double ambition, cette saison 10 va dans le mur.

Ainsi, les deux parties sont trop courtes pour offrir des conclusions dignes de ce nom (et des développements convaincants). Cette bipartition ne ressemble alors plus à un vrai parti pris artistique, mais à un triste aveu d'échec : alors qu'elles auraient pu faire l'objet de deux saisons différentes, elles sont racontées en quatrième vitesse, et sont au final totalement oubliables – et déjà oubliées. Dernier clou dans le cercueil du ridicule : la deuxième partie de l'histoire recoupe encore ses quatre épisodes en deux.

 

American Horror Story : photo, Sarah PaulsonUne saison à l'image du personnage de Sarah Paulson : pourrie

 

Par ailleurs, l'équipe a une nouvelle fois abusé du teasing avant de retomber dans des recettes faciles. Alors que les teasers étaient jonchés d'éléments aquatiques, les fans espéraient que la première partie mettrait au centre de son récit des sirènes ou s'intéresserait aux moins à des créatures des mers. Mais rien de tout ça, puisqu'on a eu droit à une armée de Nosferatus 2.0. Et ces créatures vampiriques ne sont pas les seuls éléments qui sentent le réchauffé. Entre les enfants sacrifiés, les voisins hostiles, les vampires puis les conspirations et les extraterrestres, cette nouvelle saison ne propose rien de nouveau. Une énième preuve que l'imaginaire d'American Horror Story est finalement bien sage et pauvre.

 

10 - SAISON 7 : CULT

Sortie : 2017 - 11 épisodes

 

American Horror Story saison 7 : Photo Sarah PaulsonAttention, derrière toi

 

Il se passe quoi ? Depuis que Donald Trump est président des États-Unis, Ally commence à dérailler, submergée par ses phobies diverses et autres névroses dans son petit quartier bourgeois. Kai, lui, est super-heureux des élections avec ses cheveux bleus, et forme une secte pour semer le chaos et se lancer dans la politique. Ally commence à voir des clowns tueurs et sa femme pense qu'elle est folle, mais en fait il y a vraiment des fous qui se déguisent pour tuer.

On en garde quoi ? Sarah Paulson avait parfaitement présenté la belle ambition de cette saison 7 : le vrai cauchemar de l'oncle Sam, et la vraie American Horror Story, c'est cette nation divisée, qui ne parvient plus à s'entendre et co-exister.  Si l'idée de réagir à l'élection de Trump a été perçue comme facile et opportuniste de la part de ces gros méchants progressistes, elle offrait un terrain dramatique fort excitant et malin. Sur le papier, c'était donc bien parti, surtout pour une série qui avait globalement évité la réalité pour exploiter la fantaisie du folklore des monstres.

 

American Horror Story saison 7 : PhotoAh

 

On oublie quoi ? À peu près toute l'architecture bancale de cette saison, qui use et abuse des effets faciles (hallucination ou réalité, paranoïa ou vraie folie contagieuse) de manière ridicule. Comme d'autres saisons, Cult a bien trop de personnages, bien trop d'intrigues, et bien trop peu de maîtrise narrative, pour former une véritable histoire cohérente et droite.

En résulte un gros chaos, qui part dans tous les sens, avance par à-coups, et montre de manière claire les limites de l'entreprise. Sans oublier que le zéro frisson est ici garanti, ce qui est bien problématique pour une série intitulée American Horror Story.

Pourtant, l’idée de se concentrer sur les angoisses modernes et ancrées dans le réel des Américains n’était pas mauvaise. Mais pourquoi rajouter des clowns dans le lot ? Cette saison aurait pu être l'une des plus passionnantes si elle s’était contentée de montrer que l'élection de Trump, et donc l'arrivée au pouvoir du penchant le plus extrémiste du parti républicain, était le plus grand symbole de la peur.

 

9 - Saison 8 : Apocalypse

Sortie : 2018 - 10 épisodes

 

American Horror Story saison 8 : photoVisuel plus stylé que la saison

 

Il se passe quoi ? Tout est dans le titre. C'est l'apocalypse, et tout le monde grille dans une explosion nucléaire. Enfin presque tout le monde parce que quelques chanceux ont survécu dans des bunkers, et heureusement (ou pas ?), sinon, il n'y aurait pas de série. Les heureux élus ont été sélectionnés sur la base de leur ADN par la Coopérative, une mystérieuse assemblée. Mais comme chacun le sait désormais, être confiné peut faire ressurgir le pire, même quand c'est pour sauver le monde.

On en garde quoi ? On en garde clairement l'originalité du pitch, et la frénésie des premiers épisodes, qui s'efforcent de reconstituer une véritable apocalypse. Pour une fois, on ne ment pas sur le titre, et Brad Falchuk et Ryan Murphy s'amusent un peu avec les représentations habituelles du post-apo.

C'est aussi la première fois que la série assume vraiment l'héritage des saisons précédentes, en incorporant des éléments de Coven et Murder House. Si c’est un véritable plaisir que de retrouver ces personnages dans cet univers si particulier, on se demande surtout si les créateurs ne sont pas arrivés au bout de leur propos, face à cette saison qui sent le réchauffé.

 

photo, Leslie GrossmanDes survivants au brushing impeccable

 

On oublie quoi ? Cette force est aussi une faiblesse. Si évidemment les aficionados de la série sont sans doute ravis de revoir des têtes connues, surtout qu’elles débarquent des saisons 1 et 3 (toutes les deux dans la partie haute du classement), la série perd ce qu’elle avait installé depuis le début, c’est-à-dire une totale indépendance entre les saisons.

Apocalypse est peut-être la plus foutraque des saisons de la série, surtout quand les flashbacks et les références au satanisme s'en mêlent. Passons sur le final abscons, résolvant à la va-vite la dizaine de problématiques soulevées tout au long du récit : la deuxième partie se subit plus qu'elle ne se regarde, tant elle part dans tous les sens, sauf celui qu'on voudrait voir.

 

8 - Saison 9 : 1984

Sortie 2019 - 9 épisodes

 

American Horror Story saison 9 : photoUn visuel plus stylé que la saison

 

Il se passe quoi ? C'est l'été... 1984 et cinq amis décident de se faire engager comme moniteurs au Camp Redwood, pour échapper au taux de meurtres élevés en ville. Le troupeau d'ados, qui n'a clairement jamais vu un Vendredi 13 de sa vie, s'enferme donc au milieu de la nature alors qu'un psychopathe du nom de monsieur grelot vient de s'échapper de sa cellule.

On en garde quoi ? Ce n'était qu'une question de temps avant qu'AHS ne s'attaque au slasher pur et dur. Non sans rappeler une certaine Scream Queens (par les mêmes créateurs), 1984 assume complètement la carte du pastiche, et cette salve d'épisodes doit impérativement être regardée au second degré. D'où une écriture grossière et des personnages qui sont des clichés sur pattes - même si cette chair fraiche à canon doit quand même attendre quelques épisodes avant de clamser.

Et des meurtres, il y en a. 1984 comporte quelques séquences de mise à mort réjouissantes, qui permettent de contrebalancer la bêtise certes assumée, mais tout de même très envahissante de ce cirque. Tombée dans la marmitte du rétro post-Stranger Things, la saison use et abuse de ce joker pour que l'aventure passe mieux. En réalité, c'est principalement grâce au casting, en partie renouvelé, que ça fonctionne à peu près.

 

photo, Emma Roberts"Allo, je voudrais changer d'agent"

 

On oublie quoi ? C'était étonnant que la série ne soit pas vautrée plus tôt dans le Stranger Thingisme le plus total, misant tout sur ses influences pour faire du pied à l'amateur de slasher et lui rappeler que quand même, les années 1980, c'était vachement bien. 1984 n'a donc rien de mieux à nous proposer que des violents shoots de nostalgie, déjà sur le marché de la culture pop depuis des années.

La saison prouve aussi à quel point la série est incapable de ne pas sombrer dans le prosélytisme de genre, c'est-à-dire la multiplication des menaces, au point de toujours saturer sa narration. Alors qu'on n'attend rien de moins qu'une méga-chasse à l'homme (la structure en 9 épisodes est faite pour ça), les scénaristes ne peuvent s'empêcher de coller des fantômes partout, et des twists inutilement alambiqués. Une chose est sûre : sobriété et clarté ne riment toujours pas avec AHS.

 

7 - SAISON 6 : MY ROANOKE NIGHTMARE

Sortie : 2016 - 10 épisodes

 

Photo Sarah PaulsonSarah Paulson, toujours là

 

Il se passe quoi ? C’est l’histoire d’un couple qui s’installe dans une maison hantée, entourée de champs non cultivables et également hantés, dans un patelin à l’histoire pas très folichonne. Sauf qu’au début ça va, puis tout part en cacahuète quand tout ça devient une émission de télé-réalité à la Morandini.

On en garde quoi ? Le côté méta fait basculer la série dans une nouvelle ère. Sûrement las de raconter des histoires de créatures mythologiques et de clowns tueurs, Ryan Murphy et Brad Falchuk ont décidé de rendre hommage aux émissions de télévision sur le paranormal qui cartonnent sur les chaînes de l’Oncle Sam. À juste titre, cette saison 6 parodie très judicieusement ces pseudo-émissions en carton qui vous emmènent aux confins de l’étrange.

Grâce à ses airs de docu-fiction, cette saison 6, divisée en trois parties, pousse son concept au maximum quand à mi-saison, elle opère un changement de forme radical à double tranchant, en faisant se rencontrer les deux temporalités. Dans le final façon "slasher paranormal”, les vrais protagonistes rencontrent leurs doublures, et se retrouvent tous enfermés dans un cauchemar flippant.

 

Photo Kathy BatesKathy Bates se demandant comment tuer ses détracteurs

 

On oublie quoi ? À vouloir faire monter la sauce et générer une excitation hors-norme pour la saison 6 (conséquence directe des deux précédentes mollassonnes), le récit se retrouve à nouveau entaché par de trop grandes idées et de trop belles promesses. Malgré un retour indéniable à une horreur très sanglante, les premiers épisodes mettent du temps à réellement installer l’angoisse.

Entre l’hommage à la folk horror, la tentative de recréer de célèbres films found-footage comme Le Projet Blair Witch, ou encore un essai raté de retranscrire la violence et l’hémoglobine des films de torture porn, cette saison se disperse trop. Toujours le même problème, oui.

 

6 - SAISON 3 : COVEN

Sortie : 2013 - 13 épisodes

 

American Horror Story : photoUn visuel presque plus stylé que la saison

 

Il se passe quoi ? Les sorcières existent et ont même une école à La Nouvelle-Orléans, où Fiona, la Suprême, forme les plus jeunes avec l'aide de sa fille Cordelia. Mais Fiona va mourir parce qu'une nouvelle Suprême émerge. Elle va tuer ses élèves en cherchant celle qui pourrait lui succéder, et donc l'enterrer. En vrac, il y aussi un tueur de sorcières qui est ramené à la vie, un conseil de sorcières, des chasseurs de sorcière, un méchant dieu vaudou, plein de meurtres et de résurrection, et un petit ami ramené en espèce de zombie.

On en garde quoi ? L'idée de déplacer l'action à La Nouvelle-Orléans est inspirée. Cette facette de l'Amérique est passionnante, politiquement et socialement, et le folklore local offre un excellent décor à l'histoire. AHS était alors au pic de son imaginaire. Toute la partie avec Marie-Delphine LaLaurie et Marie Laveau est particulièrement intéressante, d'autant qu'elle orchestre la rencontre entre Kathy Bates et Angela Bassett face à Jessica Lange.

Coven assume un ton plus léger et s'amuse plus que jamais - avec ses personnages et ses actrices. Le côté bitch fest (qui à bien des égards préfigure Scream Queens, du même Ryan Murphy et avec également Emma Roberts), a de quoi satisfaire, et positionne la série plus grand public. Il y a donc probablement là l'une des saisons les plus amusantes et divertissantes.

 

photo, Emma Roberts, Lily RabeThe Craft : le retour

 

On oublie quoi ? La série commence à montrer ses premiers gros signes de faiblesse. Beaucoup de personnages (mal exploités), beaucoup d'intrigues (mal construites et gérées), beaucoup de petits twists (résurrections et révélations en avalanche) qui au final annulent toute dramaturgie, donnant l'impression d'un gros sketch interminable et lourdingue. Coven part dans tous les sens, et brasse trop large pour garder un bon cap.

Le traitement des personnages est à ce titre révélateur. Après la saison 2, centrée de manière claire sur Lana, la saison 3 s'ouvre avec Zoe (Taissa Farmiga) dans une scène à la Rogue de X-Men. Mais le personnage est vite replacé parmi les autres adolescentes, et l'histoire se construit sur Fiona, tout en essayant de garder le cap des seconds couteaux. D'où une désagréable impression de feuilleton brouillon, sans ligne directrice forte.

La saison 3 se perd également dans le ton, en allant dans le pur grotesque avec la bande de pouffes menée par Emma Roberts, et des thématiques plus profondes et passionnantes comme le racisme. L'idée de les mixer est logique vu la direction générale d'AHS, mais le résultat est rarement satisfaisant.

 

5 - SAISON 5 : HOTEL

Sortie : 2015 - 12 épisodes

 

photo, Lady GagaL'affamée Gaga

 

Il se passe quoi ? Dans l'hôtel Cortez de Los Angeles, il se passe des choses étranges. Surtout à cause de la comtesse Elizabeth, une vampire qui tue plein de beaux gens avec son chéri. Il y a plein de fantômes et démons qui hantent les couloirs et les chambres, notamment parce que celui qui l'a construit y a tué et torturé plein de monde, avec plein de pièces secrètes. Il y a aussi un policier qui enquête sur tout ce cirque, et un tueur inspiré par les 10 commandements. Et le traumatisme de la disparition de son fils est lié à la Comtesse, qui enlève des enfants pour les garder chez elle.

On en garde quoi ? La saison qui a vu Lady Gaga prendre (sur le papier hein) la relève de Jessica Lange aurait pu être une renaissance, et une réinvention. Et la saison 5 a d'abord séduit par son ambiance feutrée, son décor très cinégénique, une direction artistique plutôt renversante et une BO d'enfer. L'hôtel est un terrain de jeu particulièrement excitant avec ses chambres hantées, ses couloirs oubliés, ses suites luxueuses et ses zones obscures. Du pur American Horror Story en somme.

La galerie de personnage est très marquante, avec l'impression que la série a poussé tous les curseurs - Sarah Paulson en junkie léopard, Denis O'Hare en barman transgenre, Angela Bassett en ex gloire de la blacksploitation, Matt Bomer en petit fantasme absolu, Lady Gaga dans le rôle de Lady Gaga. Cette histoire de vieux vampires libidineux a un côté Les Prédateurs très amusant, qui donnait un départ très efficace et excitant à la saison.

 

photo, Angela BassettAngela badass

 

On oublie quoi ? C'est la saison du basculement où le scénario commence à réellement partir en vrille. Pas parce qu'il met en jeu tout et n'importe quoi, des vampires aux fantômes en passant par un vieux riche désaxé et des vengeances dans tous les sens. Mais parce que la saison accumule tellement d'intrigues, qu'il devient vite difficile et désagréable de ne pas perdre le fil.

La Comtesse a beau être centrale, a priori, sa force se dilue dans les histoires de chacun. Si bien qu'après cinq ou six épisodes, Hotel parle de tout et surtout de rien. Tant de choses auront été lancées qu'en fin de compte, il y a la sensation que rien n'a été véritablement traité et refermé, ou alors en quatrième vitesse pour conclure dans la précipitation. Des amours de Lady Gaga avec son ex Angela Bassett en pleine mission vengeance, à Chloë Sevigny honteusement sous-exploitée, en passant par un début d'invasion-fin du monde par les bambins, Hotel balance beaucoup de choses à la figure, mais les assume rarement jusqu'au bout. De quoi bien allumer, mais pas de quoi satisfaire.

   

4 - SAISON 4 : FREAK SHOW

Sortie : 2014 - 13 épisodes

 

Photo John Carroll LynchUn clown propre sur lui avec une bonne hygiène buccale

 

Il se passe quoi ? Une troupe de freaks menée par Jessica Lange, qui se morfond tous les jours dans l’alcool et la cigarette, ressassant ses vieux souvenirs de starlettes et ses chances anéanties de devenir une diva de la musique. Alors forcément, quand une jeune femme à deux têtes (jouée par Sarah Paulson) émerveille grâce à sa voix d’or, la jalousie monte. Sinon, il y a un gros clown tueur et psychopathe, et des histoires de fantômes en vrac.

On en garde quoi ? Avant d’entamer le bon côté de Freak Show, il faut regarder deux minutes du côté de la biographie de Ryan Murphy. En 2014, date de sortie de la saison 4 d'American Horror Story, Ryan Murphy était encore sur le plateau pailleté de Glee. American Horror Story a t-il été sa catharsis, pour déchaîner ses envies horrifiques, moquer ce cirque musical et ses stars tordues ? Possible.

Evidemment inspirée par le film culte Freaks de Tod Browning, cette saison 4 regroupe toutes les ambitions d'AHS. Il y a pour ainsi dire toute la note d'intention de l'anthologie : de l'hommage pop et camp (Jessica Lange qui reprend Lana Del Rey et David Bowie), du plaisir de cinéphilie (le casting qui traverse divers univers, dans un monde de bricole et de rêves artistiques), de l'horreur (Twisty le clown), et du sous-texte plus qu'évident (la différence, la peur de l'autre, la marginalité).

C'était en plus le dernier tour de piste de Jessica Lange, passée de second rôle de luxe dans la saison 1, à égérie et soleil de la série. Et c'était un dernier cadeau parfait pour l'actrice, avec un rôle hors-normes.

 

photo, American Horror Story saison 4, American Horror StoryDavid dit oui

 

On oublie quoi ? La surenchère des premiers épisodes, histoire d’appâter le spectateur : violence, sexualité, horreur, folie et fantastique, comme si personne n'avait suffisamment confiance en l'univers (et le public). Et surtout, Freak Show s'essouffle vite, encore une fois à cause de son trop-plein de personnages et sous-intrigues ; à tel point qu'on finit par essayer de se souvenir où tout avait commencé, pour tenter de comprendre où ça peut bien aller.

 

3 - Saison 11 : NYC

Sortie : 2022 - 10 épisodes

 

American Horror Story : Photo Russell ToveyPolice Academy

 

Il se passe quoi ? L’histoire se déroule en 1981 à New York alors que des meurtres étranges et sanguinaires visent la communauté gay et qu’un mystérieux virus commence à se répandre. Gino Barelli, journaliste pour un journal local, et son petit-ami policier Patrick Read, mènent l’enquête de leur côté, la police ayant décidé de fermer les yeux sur cette histoire. Un tas de personnages se croisent, dont un photographe de mode, un tueur à gages, ou encore un psychopathe sadomasochiste.

On en garde quoi ? Déjà, le réalisme de la série. Après des saisons complètement fantastiques à base de vampires, sorcières ou encore d’aliens inséminateurs, cette onzième histoire surprend par son manque de surnaturel et c’est une bonne chose. En plaçant le récit dans un décor connu, celui des quartiers gays des années 80 à New York, la menace du tueur en série n’en est que plus effrayante. Le spectateur peut facilement entrer dans l’histoire parce que les peurs des personnages sont tout à fait rationnelles.

Mais en plus de ces meurtres, la communauté est aussi décimée par un mal plus discret, celui du virus du sida. Cette saison 11 se déroule au moment où les premiers cas de celui qu’on appelait encore le cancer gay ont été identifiés. Comme pour la police pour les meurtres, aucune autorité ne veut s’y intéresser. D’abord une sous-intrigue, le virus va devenir la plus grande peur de la série, dépassant même celle du tueur en série.

 

American Horror Story : Photo Zachary QuintoEncore un rôle bien vicieux pour Zachary Quinto

 

On oublie quoi ? Le grand nombre de personnages implique que certains passent malheureusement à la trappe, comme Fran et son gang de lesbiennes ou encore Henry Grant campé par le génial Denis O'Hare. À quelques moments, la série part dans le surnaturel avec les séquences chez Fran la fausse médium, des séquences étranges quand on les compare au reste du récit beaucoup plus ancré dans la réalité.

Si les dix épisodes sont assez courts, on soulève quand même quelques longueurs, notamment dans les deux derniers épisodes qui arrivent tout de même à être émouvants, chose assez rare pour American Horror Story.

 

2 - SAISON 1 : MURDER HOUSE

Sortie : 2011 - 12 épisodes

 

American Horror Story Saison 1 : photoImage culte numéro 1

 

Il se passe quoi ? Une jolie petite famille emménage dans une maison évidemment hantée. Il y a le père, psychiatre et infidèle, dont la libido dégouline de ses pores ; la femme, endeuillée par la mort de son enfant en couche ; et leur fille dépressive, qui respire la mélancolie.

Leurs voisins seront aussi étranges que les murs de leur nouvelle demeure, puisqu’on retrouvera en vrac une mère de famille tarée, un fils psychopathe mais beau gosse, et une femme de ménage qui mettrait en rut un eunuque.

 

photo, Connie Britton, Dylan McDermott, American Horror StoryUne famille en mort

 

On en garde quoi ? C'était la première saison, la première excitation, et la première surprise. En reprenant le plus gros de tous les clichés du cinéma d'horreur (une belle maison hantée), avec une remorque d'autres clichés (l'infidélité et autres cauchemars de la sacro-sainte famille américaine), American Horror Story aurait pu sombrer dans le néant du genre.

Mais les scénaristes ont misé sur la provoc (le sexe, ce grand mal, symbolisé par l'homme en latex), quelques twists (le double visage de Moira O'Hara) et un fort appétit de petits frissons pour dépoussiérer tout ça.

Murder House prend alors la forme d'un train fantôme et gros pot-pourri, entre monstres, esprits, légendes urbaines et traumatismes collectifs de l'Amérique. Le tout avec un sens de la mise en scène certain, qui a offert une poignée d'images marquantes.

 

photo, Frances Conroy, Jessica Lange, Evan PetersAu commencement

 

On oublie quoi ? La saison 1 montre déjà les premiers symptômes de la grande maladie d'American Horror Story : son incapacité à assumer et rendre justice à toutes ses thématiques, tous ses personnages, et toutes ses idées. D'où une abandondance d'éléments finalement peu, voire pas exploités, comme si les scénaristes avaient fait une orgie de genre, sans vraie structure narrative.

Par ailleurs, il est possible de trouver toute cette histoire passablement banale et dispensable, puisque déjà vue mille fois avant dans des dizaines de films.

 

1 - SAISON 2 : ASYLUM

Sortie : 2012 - 13 épisodes

 

Photo, Sarah PaulsonLana Winters, l'un des meilleurs personnages de toute la série

 

Il se passe quoi ? Dans les années 60, dans l'asile psychiatrique de Briarcliff tenu par sa soeur Jude, une journaliste trop curieuse, Lana Winters, est internée de force. Il y a aussi un vieux docteur nazi qui expérimente sur les patients, un exorcisme qui tourne mal et transforme la soeur Mary Eunice en catin du diable, le passé bien sombre de soeur Jude qui refait surface, une patiente qui pense être Anne Frank et n'apprécie pas de recroiser un nazi, un garçon accusé d'être le célèbre tueur Bloody Face, un docteur qui vient l'interroger pour le savoir, un Ange de la mort qui rend visite à ce petit monde, et une histoire d'aliens.

On en garde quoi ? Le sentiment d'un paroxysme et d'un feu d'artifice, tant cette saison 2 a exploité avec brio le concept d'une anthologie d'horreur. Plus animée, baroque, extrême et décalée que la première saison, Asylum a réussi à créer un cauchemar dense, étonnant et imprévisible, à la croisée des genres - exorcisme, extraterrestres, expériences nazies, film de serial killer, thriller pur.

Au détour d'une séquence musicale mémorable (The Name Game) ou de lumières d'OVNI, d'une Chloë Sevigny monstrueuse ou d'une Lily Rabe transfigurée, l'histoire se paye des ruptures de ton délicieuses, qui donnent l'impression d'avoir sous les yeux la quintessence du projet d'AHS.

 

American Horror Story saison 2 : photo, Jessica Lange, Joseph FiennesTel est pris qui croyait prendre

 

C'est aussi là qu'American Horror Story a trouvé et affirmé son identité. Avec Jessica Lange d'abord, passée de second rôle dans la première saison à figure centrale ici, et avec Sarah Paulson aussi, qui a pris son envol après un petit rôle dans Murder House. Un virage qui marque son avènement comme quasi-égérie de la série. Dans le rôle de Lana Winters, elle est fantastique, et reste encore l'un des personnages les plus forts de toute l'anthologie. Le face-à-face entre les deux actrices est particulièrement beau. Et grâce à cette ligne dramatique claire et puissante, qui traite aussi bien de l'homophobie que des dérives médicales et religieuses, Asylum surpasse tous ses défauts pour être une réussite envoûtante.

On oublie quoi ? Que pas mal de choses ont été traitées du bout des doigts alors qu'elles auraient pu donner des choses fantastiques. Que la partie dans le présent avec Adam Levine et Jenna Dewan est au mieux dispensable, au pire ridicule.

Comme toutes les saisons depuis, Asylum souffre de sa trop grande générosité, avec des idées et personnages et sous-intrigues qui débordent de tous les côtés. Mais ici, c'est nettement plus discret et excusable.

Tout savoir sur American Horror Story

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commentaires
Juju48
27/02/2024 à 16:02

1 Asylum
2 Freak show
3 Murder house
4 Coven
5 Apocalypse
6 Roanoke
7 1984
8 NYC
9 Hotel
10 Cult
11 Double Feature

A noter que si je devais juger Roanoke uniquement sur sa première partie, EP 1 à 5, elle serait dans le top 3.
Mais la deuxième partie est tellement indigente...Cult et DF sont aussi mauvaise l'une que l'autre, mais il faut bien faire un choix quand on fait un classement !

Quant à la saison 12 j'attends, comme beaucoup, la deuxième partie en Avril, mais pour l'instant on n'est pas dans le haut du panier...

william lee
12/06/2023 à 11:20

1 Roanoke
2 Coven
3 Asylum
4 Murder house
5 Double feature
6 Freak show
7 1984
8 Cult
9 Hôtel
10 Apocalypse

Saul
27/11/2022 à 17:30

Bon pour compensé les derniers commentaires : j'ai beaucoup aimé la dernière saison, en effet pas parfaite, en effet détonante avec le reste de la série, mais la mieux depuis bien longtemps, et la plus touchante (avec les gros sabots de Ryan)

Vabnou
26/11/2022 à 18:12

Heu. Pour moi c'est :
2, 4, 3, 1 au même niveau.

Ensuite très loins je dirai :
7, 6, 9, 11, 8, 5, 10.

La dernière perso il avait qu'à sortir une série indépendante sur Netflix comme il sait bien faite. Je suis moi-même gay mais là ça saoul vraiment une saison 100% gay.

Miss M
21/11/2022 à 12:52

1 Asylum
2 Hotel
3 Freak show
4 Murder house
5 1984
6 Roanoke
7 NYC
8 Coven
9 Apocalypse
10 Cult
11 Double Feature

Sachant qu'à partir de la 7ème dans mon classement se sont pour moi des bouses infâmes... Je ne partage pas la haine d'une majorité sur Hotel ET Lady Gaga. Déjà je ne pense pas que l'actrice elle-même ai prétendu "remplacer" Jessica Lange... c'est un raccourci débile et inutile. Son rôle est vénéneux, toute la saison l'est. 1984 est certe loin d'être une "bonne" saison. Mais c'est une friandise kitsch qui n'est pas la plus déplaisante à se mettre en bouche.

Nesse
21/11/2022 à 10:46

Saison 11=Cruising la chasse.

Amnorian
21/11/2022 à 10:05

Clairement nous ne voyons pas les même saison, la saison 11 est d'une nullité abyssale, des épisodes de remplissages, c'est esthétique mais creux et sans aucun sens. Les épisodes sont juste long, un bon concept de base mais chaque nouvelle saison est pire que la précédente (la saison 11 est juste pire que la 10 qui était déjà bien mauvaise....)
Hostel est l'une des pires saisons, lady gaga joue excessivement mal et les histoires sont ridicules.

Bennonmdr
20/11/2022 à 19:43

On a pas du voir la même saison 11, je crois. Une vraie purge, désertée par les téléspectateurs au vu des audiences

Andrew Van
20/11/2022 à 16:30

J’aime assez la plupart des saisons et il est assez difficile d’ne faire un classement tant elles sont différentes du plaisir qu’elles procurent…

Cependant, je rejette l’argument du « c’est pas bien parce que y’a tout est n’importe quoi »…
Toutes les saisons sont un bordel immense et encore plus la saison 2 pourtant souvent citée comme la préférée des fans (et moi aussi). Honnêtement la saison 2 c’est vraiment le grand n’importe quoi, car, entre l’hôpital psychiatrique, les bonnes sœurs sadiques, une histoire de démon façon exorciste, un tueur en série, un ancien médecin nazi et… des extra-terrestres… Non mais un moment on va arrêter d’utiliser cet argument. Toute cette série (mise à part double feature à la limite) est un fourre tout assez dingue.

1984 a un début parfait, une maitrise du genre slasher assez énorme, mais s’effondre un peu sur la fin avec une parodie d’une suite d’un film d’horreur d’exploitation avec un vrai-faux climax plus ou moins mal assumé.
Apocalypse c’est du génie foutraque complètement claquée qui interroge sur les le fan-service (en le rendant volontairement absurde, certains acteurs ont 4 rôles… c’est n’importe quoi).

Je trouve que double feature, n’a pas été reconnu à sa juste valeur. J’ai adoré l’ambiance « Stephen King » et le côté « simple » de l’intrigue (certes non abouti, ça aurai pu aller tellement plus loin). D’un point de vue acting et réalisation c’est le haut du panier.

Dwigt
20/11/2022 à 15:20

NYC est en bonne partie un repompage de la pièce de théâtre de Tony Kushner, Angels in America, avec ses allégories surnaturelles pour représentée la fatalité portée par le virus, ou sa représentation de la communauté gay du début des années 80. Et bien sûr, comme c'est du Ryan Murphy, l'imagerie est vingt fois plus lourde, il y a des intrigues qui ne débouchent sur rien, les rebondissements reposent sur des coïncidences à la chaîne, etc.

Mais malgré tout, il y avait une sincérité et une émotion qui en font la saison la plus intéressante depuis des lustres, même si elle est très atypique, et fait au fond plus penser à un prologue de Pose qu'à un volet d'AHS. Ils n'ont ainsi pas chercher à aseptiser cette communauté new-yorkaise et à les représenter comme de simples Bisounours victimes d'une maladie. Elle est montrée avec une certaine épaisseur : il y avait des salauds, il y avait des gens mal dans leur peau, il y avait des gens qui se réfugiaient dans l'hédonisme, et il y avait aussi des relations comme celle du couple principal.
Et le plus intéressant dans tout ça, c'est qu'ils ont servi cette histoire à un public qui s'attendait plutôt à une nouvelle histoire bien kitsch, avec plein de cabotinage, et qui n'aurait sinon jamais regardé un drame sur les premiers malades du sida.

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