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Preacher : on fait un bilan dans le bayou à mi-parcours de la saison 3

Par Simon Riaux
6 août 2018
MAJ : 21 mai 2024
10 commentaires
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La troisième saison de Preacher bat son plein. Alors que nous sommes arrivés à mi-chemin, l’heure est venue d’un bilan de mi-saison.

Adapter une œuvre aussi foisonnante, incorrecte, violente et frappadingue que le Preacher représentait un défi de taille. Impossible disait-on. Mais force est de constater que Seth RogenEvan Goldberg et Sam Catlin ont su bâtir une série inclassable et particulièrement attachante, et ce malgré des défauts récurrents.

ATTENTION (PETITS) SPOILERS !

 

AfficheDieu le père se porte bien, merci

 

ON DIRAIT LE SUD

Dans ce troisième mouvement, Jesse, Cassidy et Tulip quittent le Texas pour la Louisiane. Accueillis par la redoutable grand-mère de notre infernal pasteur, qui accepte de sauver la mise d’une Tulip (Ruth Negga) bien mal en point contre rétribution, le trio aura fort à faire avec sa petite communauté de psychopathes consanguins portée sur le vaudou et le trafic d’âmes.

Et c’est peut-être, arrivé à mi-parcours, cette dimension qui réussit le moins aux épisodes que nous avons découverts. L’atmosphère du bayou et la folie pas si douce qui innerve sa population ont beau être délectables, ils ne suffisent pas à assurer une bonne tenue dramaturgique à l’ensemble. Ce dernier souffre à la fois du retour à l’immobilisme de ses héros, et paradoxalement de leurs fréquentes séparations.

 

photoNos héros et leurs hôtes dans le principal décor de cette saison

 

La saison 2 et sa bougeotte avaient permis de dynamiser grandement des épisodes introductifs aussi sympathiques que rigides et répétitifs. La deuxième saison ne réparait pas toutes les failles du rythme curieux du show, mais maquillait un peu ces fragilités. L’arrivée à Angelville signe le retour de vieux démons, avec une sédentarisation de l’intrigue, rompue par des arcs narratifs secondaires, souvent rafraîchissants, mais contraignants, en cela qu’ils entraînent quantité d’allers-retours entre nos héros et de pertes de temps.

Si les amateurs sont désormais habitués aux ventres mous de Preacher, on regrettera tout de même qu’une production capable d’aligner tant de qualités et de spécificités soit toujours aussi déficiente quand il est question de les ordonner harmonieusement.

 

photoHellboy n’a qu’à bien se tenir

 

DIEU RECONNAITRA LES SIENS

Si le scénario de la série assume de reconfigurer totalement les ingrédients du comics culte dont il s’inspire, il le fait avec un certain talent, visuellement parlant. Pour le spectateur en quête de curiosités plastiques qui grattent, Preacher est toujours une mine de surprises inquiétantes.

Des repas gargantuesques du Allfather, en passant par un pseudo-Christ dégénéré, un culte d’apprentis vampires, une application pour suceurs de sang ou l’usage peu orthodoxe d’une vieille sorcière et de sa sonde urinaire, le récit déborde littéralement de trouvailles aussi abominables que réjouissantes.

En dépit de son tempo plus posé, la série se ménage encore régulièrement de belles fenêtres de folie. On pense évidemment à Herr Starr (Pip Torrens), auquel l’ensemble doit beaucoup de sa dinguerie, et qui s’impose progressivement comme un grand moteur d’absurdité. Mais quantité de vignettes ne sont pas en reste. Entre un Hitler échappé des enfers, ou un Saint des Tueurs en bisbille avec Satan, le tout ne manque pas d’assaisonnement.

 

photoDieu est un motard (déguisé en clébard)

 

DE BEAUX ENFANTS DE CHŒUR

Mais la véritable réussite de Preacher ne tient finalement ni à ses décors, ni à ses incartades scénaristiques azimutées, pas plus qu’à sa tonalité irrévérencieuse. C’est bien dans l’amour porté clairement à ses principaux protagonistes que la série se démarque et propose au public un voyage à nulle autre pareil.

Cassidy reste toujours le chouchou évident, grâce au travail remarquable de l’hilarant Joseph Gilgun. L’intrigue qu’il doit se coltiner à base de culte vampirique est probablement celle qui recèle le plus de petites pastilles mordantes. Et qu’importe si elle a pour le moment des airs de diversion eu égard à l’intrigue globale, tant elle s’éloigne de la recherche et du bottage de cul de dieu le père, elle demeure la mieux écrite et rythmée de cette saison 3.

 

photoRuth Negga

 

Pour autant, Jesse et Tulip ne sont pas laissés de côtés. Dominic Cooper continue de déployer son aura à contretemps, dans la défroque de ce prêcheur inclassable, tandis que Tulip impose encore quantité de décharges de pur charisme, teintées d’une belle auto-dérision. Le temps d’un épisode où à l’occasion d’un braquage, Ruth Negga évolue coiffée d’une perruque blonde, l’artiste nous rappelle combien elle sait jouer de son image, combien son talent réhausse constamment le jeu de ses petits camarades.

Enfin, si le trio amoureux dessiné au cours de la saison 2 est loin de prendre tout à fait son envol ou d’imprimer sur l’intrigue de véritable révolution, le mélange d’impertinence et de tendresse avec lequel il est traité confère à ces anti-héros une humanité qui n’est pas pour rien dans la capacité de Preacher à convaincre malgré ses failles récurrentes.

La saison 3 de Preacher est diffusé chaque lundi soir à 20h40 sur OCS Choc.

 

photoDu beau monde, qu’on vous dit

Rédacteurs :
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stivostine

ma tv série préférée en ce moment, un must

Brother Mouzone

Le costume du Allfather est quand même un peu raté, c’est dommage. Et puis, cette saison j’ai l’impression qu’on patine plus que d’habitude. Néanmoins la suite à l’air plus intéressante.

F4RR4LL

On attends toujours HILTER, de pied ferme. Le seul point bonus de la saison deux. Le reste est insipide, sauf cassidy comme à l’acoutumée.

Stag

@的时候水电费水电费水电费水电费是的 F4RR4LL
Carrément, où est Noah Taylor ? Il y a pourtant matière avec un tel personnage. J’ai bien apprécié l’intro de Satan, hélas ces bons moments sont trop rares, la S1 reste la meilleure.

Boddicker

Inoffensivement fadasse… cette série est une perte de temps dont le seul mérite est de donner envie de lire la BD.