Preacher saison 2 : un bilan pas encore au 7ème ciel

Jacques-Henry Poucave | 14 septembre 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Jacques-Henry Poucave | 14 septembre 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Preacher fut un des évènements de l’année 2016, porté par une équipe iconoclaste et suffisamment ambitieuse pour se risquer à adapter un des comics les plus aboutis et mal-élevés de ces dernières décennies. Malgré une première saison aux airs de pétard mouillé, on attendait pas mal de la cuvée 2017. Qu’en est-il ?

 

AMEN MES FRERES

Nous avions laissés notre trio de héros peu ou prou dans la situation qui inaugurait le début de leurs aventures sur papier. Et dès ses premiers épisodes, le show laisse à penser qu’il a retenu la leçon tirée de l’année passée, tant il semble viser juste, dans tous les domaines.

 

Photo Graham McTavish

Le Saint des Tueurs

 

On attendait beaucoup d’un personnage mythique du comics, le Saint des Tueurs, et son incarnation a de quoi réjouir. Charismatique et imperturbable, le mortel cow-boy traverse les premiers chapitres à un pas aussi mesuré que mortel, laissant derrière lui des torrents de sang tiède. Que ses apparitions provoquent gags gores, montées de tension ou des poussées de poésie funèbres (sa rencontre avec Fiore…), on sent que Evan Goldberg  et Seth Rogen ont su s’inspirer avec malice de l’inexorabilité d’ It Follows pour la conjuguer à la folie du matériau original.

Il en va de même pour les relations entre les personnages. Jesse, Cassidy et Tulip interagissent idéalement, et leurs sentiments mutuels, contrariés, amicaux, romantiques ou concurrentiels fonctionnent à plein tube. On ne donnait pas cher de la peau de Dominic Cooper après une première saison où il peinait un peu à s’imposer, mais le Jesse Custer vulnérable qu’il interprète trouve enfin ses marques et devient progressivement de plus en plus attachant, tandis que Cassidy s’épaissit pour devenir plus qu’un sidekick comico-pervers.

 

Photo Graham McTavish

Quelques situations bien carabinées

 

Mais c’est véritablement sur Ruth Negga que repose l’alchimie de l’ensemble et une grande partie du plaisir pris devant Preacher. Sa Tulip est bien différente de l’œuvre de Garth Ennis, mais s’impose vite comme l’âme du show, grâce à une présence absolument magnétique, qui compense souvent des sous-intrigues faiblardes.

Le ton général est également plus équilibré, l’atmosphère goguenarde de la saison première laissant peu à peu la place à l’univers torturé, vicieux et subversif que nous désespérions de retrouver. Manque de pot, arrivé à mi-saison, tout se casse la gueule.

 

Affiche Ruth Negga

Ruth Negga vous vous botter. Et pas que le potérieur.

 

VOUS REPRENDREZ BIEN UN PEU DE PURGATOIRE

Quand on espérait justement que Preacher avait trouvé son rythme, voilà que tout s’écroule. Comme si les scénaristes, travaillant au fil de l’eau avaient brusquement réalisé qu’ils étaient allés trop vite et devaient freiner des quatre fers, l’intrigue fait soudain du sur-place.

Alors que la narration se retrouve parasitée par quantité d’arcs secondaires, sympathoches mais totalement dispensables, la langueur qui s’était emparée de la précédente saison fait son grand retour. Certes, les mésaventures de Hitler et Arse-Face en enfer sont rigolotes, mais progressent si lentement et sans conséquences sur les enjeux du show qu’on s’en désintéresse rapidement. Même constat avec un Jésus totalement accessoire et bien trop timoré pour la teneur de l’ensemble.

 

Photo Dominic Cooper

Que serait Preacher sans un peu de cruauté, hein ?

 

Enfin, un des personnages les plus attendus de l’adaptation se révèle un semi-échec plutôt cinglant. Il s’agit du dangereux Herr Starr, salopard (presque) tout de blanc vêtu aux trousses de Jesse. La série a fait le choix de transformer radicalement sa personnalité, et pourquoi pas, mais en faisant de ce super-prédateur colérique et revanchard un sale type perpétuellement blasé, sorte de Droopy sociopathe, le scénario gagne – quelques – petits gags rigolos, mais s’empâte sérieusement. Par conséquent, celui qui aurait dû littéralement dynamiter la seconde moitié de la saison l’empêche finalement de décoller, et nous plongeons sans retour dans la routine qui avait déjà bien failli nous éloigner de Preacher.

Le constat est certes moins alarmant que l’an dernier, l’épisode 13 contient même quelques jolies séquences, notamment une réunion tragique entre nos héros, très bien amenée, mise en scène avec une sobriété et une élégance inattendue, ainsi qu’une poignée d’affrontements ultra-violents quoique hilarants, qui permettent de s’accrocher.

Preacher saison 2 demeure une proposition attachante, à l’univers et aux envolées plaisantes, qui lui confèrent une aura assez inclassable dans le paysage actuel. Malheureusement, on est une nouvelle fois rendu à espérer que l’ensemble trouve son rythme et cesse de jouer constamment le chaud et le froid.

 

Photo Pip Torrens, Dominic Cooper

 Herr Starr et le Preacher

 

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commentaires
Euh!
15/09/2017 à 10:01

Meme sentiment aussi! Baisse de régime en milieu de saison!
Tulip qui joue la relou et pour moi l'intrigue la plus inutile et la plus chiante de toute la saison c'etait qd mm Cassidy et son fils...
So boring, sans interet, mais qui apparemment devrait qd mm apporter qq chose à l'intrigue en saison 3.
Will see, en tout cas le dernier épisode relève bien le niveau!

Ra9ra8
15/09/2017 à 02:58

C'est vrai que la force du show cest le trio mais les scenaristes ont tout fait pour les separer cette saison cetait gonflant , et puis toute l'intrigue sur eugene et hitler etait catastrophique d'ennuie ... Beaucoup d'erreur on etait commise mais le show n' en reste pas moins grandiose par moment et pour sa elle vaut le detour cette saison 2 . Vivement la troisieme l'attente va etre longue .

Yellow submarine.
14/09/2017 à 21:33

Excellente saison 2, je confirme la baisse de rythme à la mi saison m'a un chouillat déçu mais contrairement à vous j'ai bien aimé herr star. Je l'ai trouvé original mais contrairement à ce que le début de présentation du personnage augurait un bourreau froid et insensible, je l'ai trouvé étonnamment Clément surtout envers ses hommes de main.

Mais rien de bien grave. En revanche très très déçu par la mort de vous savez qui.

stivostine
14/09/2017 à 18:51

saison 2 nettement supérieure à la saison 1, vite la 3 à Angelville (*_*)