Episodes Saison Ahsoka saison 1 épisode 5 : le parfait fan-service de Star Wars sur Disney+ ?

Antoine Desrues | 13 septembre 2023
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épisode 5 Star Wars (re)donne des frissons sur Disney+

Après un épisode 4 qui relevait la barre, la série Ahsoka continue de s’améliorer, et offre le chapitre qui devrait toucher les fans de Star Wars en plein cœur.

ATTENTION GROS SPOILERS !

La fin de l’épisode 4 d’Ahsoka annonçait la couleur : son chapitre suivant serait celui du fan-service. Après être tombée dans le Monde entre les mondes suite à sa défaite contre Baylan Skoll, notre Jedi adorée se retrouvait face à son ancien maître : Anakin Skywalker.

Si la série Obi-Wan Kenobi avait déjà aidé à réhabiliter la star déchue Hayden Christensen, la nouvelle série Star Wars enfonce le clou, et lui offre même un piédestal fantasmatique. Un arc de rédemption en deux temps, qui concerne autant l’acteur méprisé que son personnage. De quoi donner au créateur d'Ahsoka Dave Filoni l’opportunité rêvée d’affirmer son impact indéniable, ainsi que sa suprématie sur l’univers de Star Wars... Au point d’en faire un problème ?

 

Ahsoka : épisode 5, Hayden Christensen"Il porte la tenue de Clone Waaaaars !" (phrase sans doute entendue par le voisin d'Antoine lorsqu'elle a été criée)

 

Allié ou menace fantôme ?

D’une certaine façon, on peut voir l’épisode 5 d’Ahsoka comme la clé de voûte problématique de la série. D’un côté, il s’agit aisément de son cœur émotionnel, et le build-up qui a permis d’y arriver s’est révélé dévastateur. De l’autre, il met plus que jamais en exergue les carences inaugurales de la série, qui ont contraint ses personnages à une forme de stagnation par rapport à leur caractérisation dans les séries animées, histoire de garder les meilleures cartouches à mi-parcours.

Bien sûr, l’introspection nécessaire d’une telle héroïne ne peut se faire dans les premiers chapitres de son histoire, et Dave Filoni voit plus loin que sa simple série spin-off. Cette nouvelle rencontre avec le fantôme d’Anakin (ou son souvenir ?) est la plus belle des revanches sur la mythologie de la franchise. Conditionnée par le hors-champ de la prélogie, Ahsoka Tano peut enfin affronter le passage du Côté obscur de son maître, et la culpabilité qu’elle ressent par son appartenance à cet héritage.

 

Ahsoka : épisode 5Ce plan !

 

On comprend bien pourquoi Dave Filoni a choisi de lui-même réaliser ce chapitre majeur, et on sent d’ailleurs qu’il a mis ici les petits plats dans les grands. Dès l’apparition d’Hera Syndulla et de Huyang aux abords de la falaise de Seatos, l’ampleur des cadres et de leurs panoramas évoque un sens du sublime trop rarement convoqué par Star Wars depuis sa transition vers Disney+. Nul doute que la petitesse des corps dans cet espace est martelée par le cinéaste afin de remettre au centre de l’équation un récit qui dépasse largement celui de la série.

En soi, il est difficile de ne pas reprocher à Ahsoka la nature “consanguine” de cet épisode. A l’instar des apartés sur le Mandalorian dans Le Livre de Boba Fett, l’interconnexion des productions Lucasfilm commence à bien trop impacter la valeur narrative de leurs aventures. Sans le bagage de The Clone Wars, Rebels et de la prélogie, l’engagement envers le parcours d’Ahsoka Tano en est forcément amoindri, quand bien même l’amour évident de Filoni pour sa création aide à saisir l’importance de cette évolution.

 

Ahsoka : photoFace à la mer

 

"C'est mal connaître le pouvoir du fan-service"

La showrunner Dave Filoni n’avait pas menti lorsqu’il comparait cette “mort symbolique” à la résurrection de Gandalf dans Le Seigneur des anneaux. Au-delà d’arborer une nouvelle tenue blanche comme le sorcier de Tolkien, la Jedi s’oppose enfin aux traumatismes refoulés de son passé. Un passé de violence, de trahisons et d’impuissance, qui ont logiquement fait de cette héroïne optimiste et volontaire une femme méfiante, craignant par-dessus tout sa place dans un univers à la dérive.

Dès lors, l’épisode 5 réussit haut la main son pari, et parvient même à faire de son fan-service une évidence, synthétisant en l’espace d’une vingtaine de minutes une vie au cœur de la Guerre des clones. Loin de nous l’envie de dénigrer l’importance de l’animation, mais le passage de certaines scènes clés de The Clone Wars en prises de vues réelles renforce ici le jeune âge aberrant de l’apprentie Jedi au début du conflit, tandis que Rosario Dawson laisse sa place à une actrice adolescente (Ariana Greenblatt, qui jouait déjà la jeune Gamora d’Avengers : Infinity War).

 

Ahsoka : épisode 5, Rosario DawsonAhsoka la blanche

 

Mais surtout, le live-action entérine une connexion jusque-là ténue entre la prélogie et un univers étendu toujours à la marge. C’est pourquoi la présence d'Hayden Christensen n’est pas juste une façon opportuniste de se mettre les fans dans la poche. L'interprète originel d’Anakin impose une passerelle et une réconciliation, là encore à plusieurs niveaux.

En plus d’offrir à Ahsoka une paix qu’elle n’a jamais trouvée depuis l’Ordre 66 et l’avènement de Dark Vador, cette “retrouvaille inédite” entre deux icônes et leur enveloppe corporelle rassemble des mondes jusque-là scindés, comme si Dave Filoni s’affirmait en prophète voulant conjuguer les multiples visions d’auteurs qui composent l’univers fragmenté de Star Wars.

 

Star Wars Épisode III : La Revanche des Sith : Photo Hayden ChristensenSouvenirs

 

Comment pourrait-on faire la fine bouche face à une telle profession de foi, surtout lorsque sa générosité s’accorde au plaisir évident de ses créateurs ?

Le plaisir d'Hayden Christensen à montrer qu’il sait toujours aussi bien manier le sabre-laser (les combats sont d’ailleurs excellents). Le plaisir du compositeur Kevin Kiner à offrir l’un des morceaux les plus épiques de sa carrière pour le grand final de l’épisode. Et le plaisir de Dave Filoni à se réattribuer dans cet espace mental l’iconographie si marquée de Star Wars (les apparitions en flash de Dark Vador sont à tomber), pour mieux la remixer dans cet héritage narratif et émotionnel.

Un nouvel épisode d’Ahsoka est disponible tous les mercredis sur Disney+ depuis le 23 août.

 

Ahsoka : affiche

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commentaires lecteurs votre commentaire !
Hey wah
16/09/2023 à 05:05

PG tu n'as pas tort sur ce point, mais Filoni n'est pas aidé par le contexte.
Le pauvre doit remplir les trous entre les trilogies, ou devrais-je dire les hécatombes Jedi (en conclusion de la prélo, et avant la posto).

Ashoka ne peut plus être la même maintenant que l’Ordre, sa famille d'adoption, a été exterminé par son propre maître ; elle avait déjà bien changé dans Rebels, et même depuis les saisons finales de The Clone Wars.
Sabine a perdu Ezra.
Et la pauvre Héra est maintenant veuve, élevant seule son fils à demi orphelin qui n'aspire qu'à devenir un Jedi (... bientôt mort ?) comme son martyre de papa.
Forcément, c'est moins la fête. Et si ça l'était, on dirait que c'est incohérent.

PG
15/09/2023 à 18:30

@Hey wah Je vois plutôt une passion étrange de Filoni pour les héros laconiques et désabusés. Mando l'est évidemment, Ahsoka l'est jusqu'à la caricature. Et même Héra semble être touchée par cette contagion, avec ses interventions molles.
(Moi je n'apprécie pas la mollesse à la télé. Ou alors il faut être dans une série ou un film contemplatif et sublime, ce qui n'est pas le cas.)
Et tout ç'est bizarre car à contre-courant de ce que Filoni a produit et réalisé sur Clone Wars notamment, où tout est vif, rapide, incisif, avec des héros très dynamique et beaucoup de légèreté.
Weird.

neuneu
15/09/2023 à 15:37

Comment peut-on dire que Le Seigneur des Anneaux n'est pas un chef-d'oeuvre absolu ??????

Hey wah
14/09/2023 à 19:45

@PG
La pose bras croisés remonte à The Clone Wars : on en voit précisément l'origine ici chez Anakin, qu'Ashoka imite inconsciemment pendant leur échange sur Mandalore.
Comme ils évoluent dans un contexte tragique, ils se ferment et se défient depuis le début. Et puisqu'ils sont aussi têtus l'un que l'autre...
Ashoka s'est formée comme ça : durant une guerre, en défiance permanente. Elle doit maintenant apprendre à lâcher prise. Et physiquement, ça se traduit par arrêter de croiser les bras, pour s'ouvrir à Jacen puis au Purgill... et enfin à Sabine ? C'est tout le sujet de l'épisode.


14/09/2023 à 16:22

le seigneur des anneaux un chef d'oeuvre faut pas pousser c'est surcôté je me suis toujours endormie devant .


14/09/2023 à 16:20

Quand c'est moyen on dit que c'est de la merde , quand c'est bon on parle de fan service . Ce terme est vraiment utilisé n'importe comment et a tout vas .

PG
14/09/2023 à 12:45

Pour ma part je n'ai pas aimé l'épisode.

C'est sympa de retrouver Anakin mais je n'ai pas été conquis par l'ambiance enfumée et cheap des scènes de bataille, ni par les dialogues plats.

Et je ne supporte vraiment plus le jeu d'acteur d'Ahsoka, qui, quand on la sollicite, met toujours quelques longues secondes à prendre cette pose nonchalante avec les bras croisés, à esquisser un sourire mystérieux, avant de répliquer laconiquement.

Ça me fait penser au traitement réservé à Luke dans l'épisode 8.
Pourquoi faire revenir des personnages si pétillants pour les jeter dans une vieillisse dépressive et apathique?

MoiLeVrai
14/09/2023 à 09:52

Ca reste quand même majoritairement du fan service, principalement pour du fan service. L'épisode développe un peu les sources de ce côté renfermé de Ahsoka, le personnage de Jacen, et voila c'est fini. Ca reste maigre pour une série avec autant d'ambition je trouve, malheureusement.

Le Serpent
14/09/2023 à 08:21

@Jean Costar il ne s'agit pas de comparer qualitativement ahsoka aux seigneurs des anneaux. Mais la scene de la mort/limbes/resurection/ahsoka the white est clairement inspiré par ce qui arrive à gandalf, tout simplement.

Jean Costar
14/09/2023 à 00:37

Comparer cette série aux seigneurs des anneaux ?? C'est une blague j'espère, à quel moment atteint-on le degré de perfection des chef-d'œuvres de Jackson ? Arrêtez de vous droguer !
Sinon il est vrai que cet épisode est mieux que les 4 premiers, mais en même temps, vue le niveau ce n'était pas bien difficile.
On verra si les 4 suivants seront du même tonneau où si la médiocrité sera de retour..

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