Lupin partie 3 : critique qu’on voit sans regarder sur Netflix

Clément Costa | 5 octobre 2023
Clément Costa | 5 octobre 2023

Après deux années d’absence, la série événement Lupin revient sur Netflix pour une troisième partie. Omar Sy retrouve son personnage de cambrioleur au grand cœur pour le plus grand plaisir des spectateurs. Le véritable enjeu reste cependant de trouver une nouvelle direction après avoir bouclé l’arc narratif des deux premières parties.

LES FOURBERIES DE LUPIN

On avait quitté Assane Diop sur un ultime coup de théâtre lui ayant permis de se venger de Pellegrini, son ennemi de toujours. Après les audiences folles des deux premières parties, il semblait cependant évident que le gentleman-cambrioleur de Netflix ne pouvait que revenir pour de nouvelles aventures. Omar Sy est donc logiquement de retour pour nous jouer de mauvais tours dans cette troisième partie de Lupin.

Les retrouvailles se font sous le signe du déjà-vu. On retrouve ainsi les qualités et les défauts qui caractérisaient déjà les précédentes parties. La série retombe dans ses travers habituels, notamment avec des dialogues laborieux qui tentent désespérément de caractériser les personnages plutôt que de les incarner. Avec une écriture si artificielle, il est difficile de blâmer les nombreuses performances en demi-teinte du casting.

 

Lupin - Dans l'ombre d'Arsène : photo, Omar SyEn mode super-héros

 

D’un autre côté, on ne peut que reconnaître au récit un sens du divertissement imparable. On retrouve avec plaisir cette capacité à offrir de véritables moments de bravoure – notamment grâce à un premier épisode superbement rythmé qui condense tout ce qui rend les aventures d’Assane Diop si populaires. Un plaisir teinté de frustration tant on voit le potentiel inabouti du projet.

Le jeu d’écho entre la série et l’œuvre de Maurice Leblanc reste sans le moindre doute la force principale de Lupin. Toute l’intrigue ressemble à un immense jeu de piste pour les lecteurs passionnés. Il y a un plaisir ludique indéniable à chercher quel prochain tome inspirera le récit. D’autant que cette saison vient nous prendre par surprise en imposant une logique anti-spectaculaire à son héros. Après une ouverture grandiloquente, Assane doit rester dans l’ombre pour tout le reste de la saison.

Cette efficacité suffirait largement à nous captiver si seulement Lupin ne s’imposait pas constamment une narration non-linéaire. Les retours en arrière incessants viennent briser toute l’intensité dramatique du récit. Sans compter que ces bribes de souvenirs complexifient inutilement l’intrigue en créant un suspense superficiel qui ne prend jamais vraiment. Le scénario semble désespéré de nous faire croire que ses idées sont brillantes alors que tout est cousu de fil blanc.

 

Lupin - Dans l'ombre d'Arsène : photoUne surprise d'outre-tombe

 

ON AVAIT DIT PAS LES MAMANS

Après avoir résolu son enjeu dramatique principal, la série devait absolument trouver une nouvelle direction. Le défi était de recréer une dimension intime tout en justifiant de nouveaux cambriolages pour Assane. L’option retenue a malheureusement été celle de la facilité : inventer un nouveau conflit familial générique. Le retour d’une mère sortie de nulle part n’est jamais crédible et n’égale à aucun moment la force émotionnelle des précédentes saisons.

Ce nouvel arc narratif va constamment se heurter au même problème, son incapacité totale à toucher le spectateur. Sans empathie, difficile de comprendre les choix discutables du héros – d’autant plus quand ce dernier semble favoriser une relation inconnue aux dépens de ceux qui ont toujours le plus compté à ses yeux.

 

Lupin - Dans l'ombre d'Arsène : photoAllô maman bobo

 

Cet échec d’écriture est d’autant plus flagrant que tout le parti-pris anti-spectaculaire de la saison repose sur un pari émotionnel. L’ambition était certainement d’explorer une dimension plus humaine et plus dramatique des personnages. En résulte simplement un drame artificiel qui manque cruellement de sincérité. On retiendra tout de même l’éternelle alchimie entre Omar Sy et Antoine Gouy qui prend au passage une toute nouvelle dimension en milieu de saison.

Il y avait pourtant de nombreuses idées prometteuses à explorer. En particulier une tentative de propos plus cru sur la jeunesse difficile du héros, reflet social pas forcément tendre de la France des années 90. Un épisode complet va même s’attarder avec un humour grinçant sur le passé colonial français. Toute cette portée politique est malheureusement trop vite expédiée, presque abandonnée en cours de route.

 

Lupin - Dans l'ombre d'Arsène : photo, Omar SyL'important c'est pas la chute

 

Y A-T-IL UN RÉALISATEUR CHEZ NETFLIX ?

On pourrait rétorquer que l’objectif premier de Lupin est évidemment de divertir. Et de ce côté là, difficile d’enlever à la série son utilisation redoutable du cliffhanger et son rythme solide. Le festival des déguisements et des plans farfelus fonctionne également. Omar Sy semble d’ailleurs s’amuser comme un enfant avec ce rôle haut en couleur. Mais même de ce côté-là, la série peine à se renouveler.

Si l’écriture n’a jamais été le point fort de Lupin, la direction artistique empruntée par Louis Leterrier et ses compères assurait au spectateur un divertissement des plus honorables. Cette fois-ci, l’exécution tourne en rond et se plie au cahier des charges Netflix au point de ressembler au tout-venant générique de la plateforme. Avec des talents comme Xavier Gens ou le talentueux québécois Daniel Grou derrière la caméra, on était en droit d’en attendre bien plus.

 

Lupin - Dans l'ombre d'Arsène : photo, Omar SyÀ la recherche de l'inspiration

 

Révélateur ultime de cette standardisation banale, le twist de fin de saison vient totalement briser le parcours narratif d’une conclusion convenue, mais cohérente. Une surprise forcée qui ressemble bien plus à un rétropédalage qu’à la promesse de jours meilleurs. Tout simplement parce que le fonctionnement algorithmique de la plateforme condamne ses programmes originaux à être étirés inutilement tant que le public répond présent.

On quitte Assane Diop avec un arrière-goût amer, l’impression que cette fois-ci c’est le spectateur qui s’est fait avoir par le gentleman-cambrioleur. Il est peut-être temps de laisser Arsène Lupin reposer tranquillement et dignement sur les étagères des bibliothèques.

Lupin partie 3 est disponible en intégralité sur Netflix depuis le 5 octobre 2023

 

Lupin - Dans l'ombre d'Arsène : photo

Résumé

Si elle se regarde sans déplaisir, cette troisième partie de Lupin s’oublie instantanément. En panne d’idée de mise en scène et inégale dans son écriture, la série ne compte plus que sur le charisme d’un Omar Sy toujours investi pour sauver les meubles.

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commentaires
Pierre007
12/10/2023 à 07:28

J'ai bien apprécié les deux premières saisons, mais la troisième est incohérente, compliquée, voir farfelue. Plus d'intrigue, les personnages caricaturaux et les techniques utilisées (et les déguisements) très mal réalisés et non crédibles . J'ai coupé au deuxième épisode de la troisième saison. Pour moi, cette série s'arrête à la fin de son combat avec Pellegrini.

natblue
08/10/2023 à 11:02

Bon et bien je vais allé à cotre courant.
J'ai regardé la saison 3 et c'est la meilleur. Je partais avec un apriori négatif et ai même hésité à regarder, à cause des critiques négatives de la presse et parce que les deux première parties ne m'avaient pas franchement convaincue ( on se demande si ils ont visualisé la saison pour être autant à côté de la plaque) Une belle réalisation, des acteurs convaincants un bon scénario. Enfin Omar Sy incarne mieux son personnage. Il semble que les producteurs et réalisateurs ont tenu compte des critiques des deux premières parties. et ça c'est bien.
je n'ai p été choqué par les dialogues et j'ai trouvé le petit assan convaincant. La série ets juste sans prétention. laissez vous porter.
PS il faut regardé la série en entier pour avoir une opinion. et surtout ne pas attendre, comme moi, de retrouver le personnage de lupin en Assan c'est un fan de la série. ce ci le volet 3 Omar Sy est plus convaincant. Il faudra quand même poussé beaucoup plus les déguisements faciaux.

Amandinelrx
07/10/2023 à 21:04

Nul ! Nous faire croire que poser un bonnet ou une perruque sur la tête d'Assan va le faire passer inaperçu c'est nous prendre pour des truffles!

Le scénario est merdique. Un navet français

Prisonnier
06/10/2023 à 12:32

@zeta

C'était pas mal le pire, mais je kiffe quand même ce navet de double team ^^

J0N
06/10/2023 à 11:59

@Bebop Là je suis interloqué aussi. C'est vraiment le gars que je citerai en exemple pour illustrer l'absence de charisme (et de talent d'acteur, véritablement). Juste après d'olivier dussopt quand même. Il ne joue que rarement dans des programmes qui m'intéresse mais sa présence m'en détournera à coup sûr.

Morcar
06/10/2023 à 09:36

Bon, ben j'ai regardé les deux premiers épisodes de cette partie 3, et c'est encore moins bon que la 2... Déjà ça n'a ni queue ni tête (on a du mal à saisir quel est son but dans cette saison), c'est par ailleurs totalement exagéré (la chute à la fin du premier épisode) et les cliffanger sont là pour du cliffanger, pour un suspens à 2 balles qui tombe dès le début de l'épisode suivant (encore une fois, cette chute...).
Et après ça, on nous sort sa maman du chapeau, histoire que le personnage ne soit pas un simple cambrioleur, mais un cambrioleur au bon coeur qui fait ce qu'il fait pour une bonne cause.

J'ai bien souri, alors que dans mon précédent commentaire je comparaison la série à "La casa de papel", de voir dès le premier épisode cette foule de gens scandant le nom du héros en portant des masques à son effigie, érigeant Diop au rang de Robin des Bois moderne. Ca ressemble tellement au second braquage de "La Casa de Papel" que ça ne peut pas être un hasard. On reprend les mêmes éléments qui ont plu dans la série espagnole Netflix, et on recycle.

Bebop
06/10/2023 à 08:57

« le charisme d’un Omar Sy toujours investi pour sauver les meubles. » le charisme d’OMAR SY. Merci pour ce fou rire …

Eddie Felson
06/10/2023 à 06:46

La 2de saison était écrite et tournée avec les pieds! Non merci

zetagundam
05/10/2023 à 23:39

@Au moins Dennis Rodman envoyait du lourd pour le meilleur et surtout le pire

Lisa
05/10/2023 à 20:23

Saison 1 était très bien mais je suis très déçu par la saison 2

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