Ted Lasso saison 3 : critique de la fin du match sur Apple TV+

Déborah Lechner | 6 juin 2023
Déborah Lechner | 6 juin 2023

La saison 3 de Ted Lasso est terminée, et même si la série d'Apple TV+ a toujours autant de bonnes ondes à diffuser, le dernier match de Jason Sudeikis en Angleterre se conclut malheureusement sur un carton jaune et un retour difficile aux vestiaires.

BABY-FOOT

Si Ted Lasso n'était pas sorti en pleine crise sanitaire et dépression mondiale, peut-être que l'optimiste dégoulinant du coach de l'AFC Richmond aurait été plus agaçant qu'apaisant. Et peut-être que cet univers de Bisounours où tout le monde s'aime et chante It's Gonna Be Alright en choeur paraitrait plus inquiétant que réconfortant. Toujours est-il que, même si les excès de guimauve restent dangereux pour les diabétiques et les rabat-joie, cette série feel good créée par Bill Lawrence et Jason Sudeikis (également interprète du protagoniste) a rapidement trouvé son public, jusqu'à devenir un des programmes les plus populaires d'Apple TV+.

Dans Ted Lasso, les personnages récurrents sont souvent bêtes, mais pas totalement immatures, parfois méchants, mais jamais vraiment mauvais. Tout se règle dans le dialogue, la compréhension, l'humour et les pâtisseries. Chaque coup dur est l'occasion de revenir plus fort(e) et chaque difficulté personnelle se transforme en épreuve collective. En fait, aussi mièvre soit-il, le monde tourne bien plus rond dans Ted Lasso que dans la réalité, mais ce raisonnement gentiment simpliste est paradoxalement ce qui était le plus difficile à préserver. 

 

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De la même manière qu'on ne change pas une équipe qui gagne, la saison 3 a heureusement conservé les principaux ingrédients de sa recette gagnante, à commencer par son relativisme à toute épreuve et sa bienveillance désarmante. La saison a continué sur la lancée des deux précédentes, ne refusant jamais le bonheur et le pardon à ses personnages, sauf pour l'irrécupérable Rupert (écrit comme l'antithèse de Ted). Le meilleur exemple de cette indulgence intacte est bien évidemment Nate, l'enfant prodige qui a basculé du côté obscur à la fin de la saison 2 en rejoignant West Ham.

Le jeune entraineur est ainsi devenu le miroir de la Rebecca de la première saison, celui qui est rongé par la jalousie, le doute, mais dont l'animosité camoufle surtout un profond manque de confiance en lui. En revêtant de nouvelles couleurs, Nate aurait pu endosser le rôle de l'antagoniste et continuer sa descente aux enfers en compagnie de Rupert. Mais comme pour la directrice de Richmond qui s'est vite débarrassé du rôle attendu de méchante, la saison a préféré faire demi-tour pour mieux organiser sa rédemption et son épanouissement, toujours en privilégiant l'empathie. 

 

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excès de zèle

La saison 3 s'applique à boucler les arcs narratifs que la série a patiemment mis en place, comme l'amitié de plus en plus touchante entre Jamie et Roy, et a toujours autant d'émotion à revendre. Malheureusement, celle-ci est diluée dans un flot intarissable de sous-intrigues trop anecdotiques. Ted Lasso n'a jamais voulu être résolument politique et corrosive, mais la série a plusieurs fois abordé des thématiques sociales, généralement avec une légèreté et une sensibilité qui pouvait laisser la larme à l'oeil.

Cette troisième donne l'impression d'avoir voulu en faire et en dire le maximum possible avant le coup de sifflet final. Mais les épisodes essaient tellement d'aborder de sujets que plus rien n'est vraiment traité en profondeur, à l'exception de l'homosexualité d'un des joueurs qui constitue une des intrigues principales. Entre le harcèlement scolaire, la dépression, l'immigration, la toxicité amoureuse, le revenge porn et l'entre-soi masculin (ou plus généralement la misogynie ambiante), la saison 3 est devenu un pot-pourri où la niaiserie appréciable s'est transformée en superficialité regrettable

 

Ted Lasso : photoZava cinq minutes, pas trois épisodes

 

À force de ramener de nouveaux personnages sur le terrain (ou en dehors), le pub anglais s'est reconverti en auberge espagnole. Malgré un casting déjà bien rempli (avec déjà beaucoup de personnalités embryonnaires), la série a ramené encore plus de monde comme Zava, la parodie épuisante de Zlatan Ibrahimovic, Jack ou Shandy, qui existent au détriment d'autres personnages qui auraient mérité plus d'attention, comme la géniale Barbara ou l'oubliée Sassy.

Forcément, entre le trop-plein d'intrigues et de personnages, la série a changé de format avec des épisodes interminables de plus d'une heure et fatalement un rythme plus plombant, loin de l'efficacité du format sitcom d'environ 30 minutes. C'est donc la générosité de Ted Lasso et sa volonté de trop bien faire qui lui ont finalement fait défaut. Même quand la série vise à côté, c'est par excès de bon coeur et c'est aussi pour ça qu'au fond, on lui a déjà pardonné.

La saison 3 de Ted Lasso est disponible en intégralité sur MyCanal ou Apple TV+ depuis le 31 mai 2023

 

 

Ted Lasso : Affiche US

Résumé

Le plus gros reproche qu'on peut faire à cette troisième saison de Ted Lasso est d'avoir voulu trop en faire. 

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commentaires
Joseph
20/06/2023 à 11:20

Série humoristique, légère au cours de laquelle on a vu se construire une équipe, avec une un esprit de cohésion. La troisième saison est plus orienté sur les bons sentiments. Un tas de theme sont abordés et lorsque Ted s'adresse à ses joueurs on ne peut s'empêcher de se dire qu'il s'adresse en fait au spectateur. Le fait de se faire éduquer, recevoir des leçons de morale sur une base aussi légère peut agacer et gâche une bonne petite série.

gazer
08/06/2023 à 11:27

C'est niais c'est culcul la praline comme on dit chez moi... mais on aime ça. Honnêtement cette série fait un bien fou mais comme un bon Paris Brest faut pas trop en manger.

La saison 3 c'est la limite, les arcs sont clos, c'est très bien comme ça. Mais on connait l’appât du gain ils vont vouloir décliner, spin off etc... ça sera sans moi cette petite série sans prétention qui mets un peu de baume au cœur 3 saisons c'est très bien il n'en faut pas plus.

C'est évident que le ton ne plaira pas à certains, pour ma part j'ai une grosse préférence pour les gros drama comme Breaking Bad ou Better Call Saul mais un peu de douceur de temps en temps c'est agréable et je pense comme vous, elle est arrivé pile au bon moment.

Altaïr Demantia
07/06/2023 à 12:17

L'aabsence de cynisme dans le traitement des sentiments chez les personnages et entre eux n'est pas de la naiserie.

Le fait que le personnage principal Ted Lasso soit capable de tout résoudre par la bienveillance et en comprenant la souffrance chez les autres même chez ceux qui lui veulent du mal est l'intérêt de ce personnage. Lui-même souffrant d'un traumatisme d'enfance profond.

Il existe quand même deux exceptions à cette bienveillance. Vis-à-vis de Ruppert et du père de Jamie. Ted Lasso ne supporte pas les personnes dont les actions relèvent du calcul malsain et les pères toxiques.

La scène où Jamie est humilié par son père devant son équipe, se bat avec lui et se retrouve dans une détresse mentale extrême avant d'être pris dans les bras par Roy Kent pendant que Beard fout dehors le paternel est une scène déchirante qui montre où est la limite.

@tlantis
06/06/2023 à 19:32

J’ai trouver sympa la 1ere
La 2eme se regardais mais la j’ai commencer la saison 3 et au bout de 10 min me suis dis mais pourquoi continuer le fais chier en faite …
Je comprends pas la hype sur cette série , bien filmée et jouée ( comme dab chez Apple) mais c chiant , niais etc

Keedz
06/06/2023 à 19:18

Le vrai problème quoique peut-être n’est-ce pas un problème c’est que le perso de ted lasso est passé totalement en second plan n’apparaissant parfois que quelques minutes avec peu de dialogue. La vraie star c’est Rebecca qui est vraiment devenu le personnage principal

Flash
06/06/2023 à 18:02

Je suis en train de finir la saison 3 et heureusement qu’il n’y en a pas une suivante.
J’aurais sans doute lâché l’affaire.

Hank Hulé
06/06/2023 à 18:02

Assez d'accord avec la critique mais, au final, cette série fait un bien fou. Certes, il y a des sous intrigues nazes (jack) et/ou super cliché mais les persos sont si attachants qu'on pardonne tout. Ted et sa clique vont me manquer....

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