Périphériques, les mondes de Flynne : critique du nouveau Westworld sur Amazon

Geoffrey Fouillet | 12 décembre 2022 - MAJ : 12/12/2022 11:38
Geoffrey Fouillet | 12 décembre 2022 - MAJ : 12/12/2022 11:38

Nouvelle exploration des dérives cybernétiques après Westworld, dont l'annulation prématurée a laissé quelques sérivores en deuil, Périphériques, les mondes de Flynne arrive sur Amazon Prime Video sous la houlette de Jonathan Nolan et Lisa Joy, intervenant ici en tant que producteurs exécutifs. Adaptant le roman éponyme de William Gibson, grand expert des univers dystopiques, et créée par Scott Smith, aussi romancier, la série téléporte Chloë Grace Moretz en plein futur post-apocalyptique avec pour mission de sauver le présent. À l'arrivée, le contrat est-il bel et bien rempli ?

À LA POURSUITE DE DEMAIN

Qui n'a jamais fantasmé de vivre une autre vie, quelque part ailleurs, en d'autres temps ? Si vous en connaissez, on veut des noms. En tout cas, Flynne Fisher (Chloë Grace Moretz) et son frère Burton (Jack Reynor) ne manquent pas une occasion de chausser leur casque de réalité virtuelle, à la fois pour s'immerger dans un monde où tout est possible, mais aussi pour gagner quelques précieux deniers et ainsi aider leur mère aveugle. C'est cette tension entre le pur plaisir addictif et des responsabilités plus pragmatiques qui tient lieu de baromètre émotionnel aux deux protagonistes.

Quand Flynne se retrouve propulsée (virtuellement seulement ?) dans le futur, à occuper une enveloppe qui n'est pas la sienne, elle incarne tout à coup deux figures incontournables de la science-fiction : l'humain augmenté et le double artificiel. Elle peut de fait accomplir des prouesses physiques dignes de Lara Croft et encaisser les coups sans trop broncher. Plutôt pratique lorsque vous devez affronter des ennemis prêts à tout pour vous désosser, comme le docteur Cherise Nuland (T'Nia Miller, charismatique en diable), à la tête de l'Institut de Recherche, déterminée à récupérer des données ultra-confidentielles que Flynne a dérobées malgré elle.

 

The Peripheral : photo, Chloë Grace MoretzAllô cerveau, bobo

 

C'est là que la série gagne des points, dans cette construction bipartite du récit, d'abord avec des enjeux situés à la fois en 2032 et 2099, et le double portrait de l'héroïne ensuite, jeune femme ordinaire d'un côté et sauveuse de l'humanité de l'autre. Là encore, rien de nouveau à l'horizon, Matrix, Avatar ou Ready Player One (et on pourrait aussi citer Upload au rayon des séries) se sont déjà amusés à scinder le réel en deux, et ici, c'est bien l'équilibre entre les époques et les identités qui fournit à Périphériques, les mondes de Flynne ses meilleures cartes à jouer

Et lorsque la simulation, au demeurant plus vraie que nature, provoque des effets secondaires chez l'héroïne, à coups de crampes à la main ou d'hématomes à l'oeil (oui, pour du vrai "body horror", on repassera), on entrevoit alors une réflexion plutôt maline sur la dépendance aux jeux vidéo et plus largement aux nouvelles technologies. À force de s'en remettre à ces outils, les personnages en oublient d'interroger la véracité de ce qu'ils voient, à l'instar de cette foule de promeneurs, véritable piège cosmétique employé pour maintenir un semblant de vie là où tout n'est que mort et absence.

Une perte de repères entretenue par cet univers londonien dystopique et les guerres de pouvoir tentaculaires qui le régissent, chaque nouvelle information ou intervention extérieure venant complexifier une trame déjà bien tortueuse. "Je crois qu'une chose que j'ai toujours adorée dans le travail de Gibson tient à son côté inaccessible, à la confiance qu'il place en l'intelligence du lecteur pour créer un monde. Tu dois examiner comment les personnages emploient certains termes et composer peu à peu avec", déclarait Scott Smith dans une interview donnée au site Gizmodo.

  

Périphériques - les Mondes de Flynne : photo, T'Nia MillerUne antagoniste aussi implacable qu'élégante

 

HUMAN AFTER ALL

S'il y a bien quelques traits de génie à mettre au crédit de la série, ils sont à chercher du côté des interactions plus intimes entre les personnages, et notamment de cette relation frère et sœur au cœur de l'intrigue. Malgré leurs différends, Flynne et Burton trouvent rapidement un terrain d'entente au point de fusionner dès l'épisode pilote, la première s'invitant sous les traits du second une fois débarquée en 2099. Et si cette configuration ne se produit qu'à cette seule et unique occasion, leur assimilation symbolique va peu à peu renforcer leur complicité et les aider à se synchroniser presque naturellement l'un à l'autre.

Une idée qui sera explorée de façon plus romantique dans le futur lorsque Flynne partagera sa conscience avec celle de Wilfred (Gary Carr), membre d'un clan mafieux appelé "Klept". En acceptant de naviguer dans leurs souvenirs respectifs, tous deux réaliseront alors leur attachement réciproque, un peu à la manière du phénomène de "la dérive" dans Pacific Rim. En ce sens, la série a davantage à voir avec le post-cyberpunk, une terminologie un peu bâtarde pour désigner un univers cyberpunk moins unilatéralement cauchemardesque (même si le Londres présenté ici ferait fuir des légions de touristes).

 

Périphériques - les Mondes de Flynne : photo, Gary Carr, Chloë Grace MoretzSuper promo : deux fauteuils pour le prix d'un. Pourquoi se priver ?

 

Hélas, la série se sabote elle-même dès lors qu'elle multiplie les sous-intrigues. Des personnages tertiaires se retrouvent ainsi catapultés au premier plan alors que rien ne les prédestinait à se tailler la part du lion à un moment ou un autre. On peut citer à ce titre le rôle de Jasper, le neveu du caïd local Corbell Pickett, dont le temps de présence à l'écran augmente tout à coup en fin de saison. Mais l'inverse est aussi possible, des personnages a priori principaux disparaissant de l'équation sans trop d'explications avant de ressurgir in extremis lors du dénouement. Un défaut que l'on pouvait déjà identifier dans Westworld, qui manquait parfois de cohésion.

Reste que certains arcs se distinguent, à l'instar de celui de Conner, ancien frère d'armes de Burton, revenu paraplégique de la guerre et regagnant l'usage de ses jambes dès lors qu'il s'empare de l'enveloppe de son propre double artificiel dans le futur. "C'est pour ça que la vie est si dure. Pas de reboot possible", confie-t-il à Flynne, une fois rentré du front. La technologie devient donc un moyen de réparer ce qui a été défait, de réhumaniser celui ou celle qui a été dépossédé de ses facultés, là où la réalité empêche tout retour en arrière. Certains flashbacks vont même jusqu'à rejouer une situation vue plus tôt sous un angle différent, adoptant cette logique du "reset" à l'oeuvre dans les jeux vidéo (le fameux "die & retry").

 

Périphériques - les Mondes de Flynne : photo, Jack Reynor"Flynne, sors de ce corps !"

 

Si Scott Smith, Jonathan Nolan et Lisa Joy ont déjà exprimé leur souhait de rempiler pour une saison 2, on regrette malgré tout que ces huit épisodes ne suffisent pas à raconter une histoire autonome. Le cliffangher final, que l'on ne révèlera pas évidemment, est davantage une promesse qu'une conclusion, d'où l'impression d'être lâché en cours de route. Quand bien même, l'intérêt est maintenu de bout en bout et le budget confortable (80 millions de dollars en tout et pour tout) offre à la série une ampleur réjouissante.

Périphériques - les Mondes de Flynne est disponible en intégralité sur Amazon Prime Video depuis le 2 décembre 2022

 

Saison 1 : Affiche officielle

Résumé

Jamais vraiment novatrice dans son approche du genre, Périphériques, les mondes de Flynne compense cette impression de déjà vu par une écriture relativement solide, favorisant l'attachement aux personnages, à commencer par cette relation frère et sœur que portent avec conviction Chloë Grace Moretz et Jack Reynor. Reste donc une saison 1 un peu fragile, annonçant une saison 2 qui devra placer la barre plus haut si la série veut se distinguer du lot.

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Lecteurs

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commentaires
Doorstof
17/12/2022 à 19:26

Je me suis arrêté à, "un nouveau Westeros"... LoL

Primus
15/12/2022 à 15:43

Pareil que Choute. Je vais regarder le 6ème épisode et jusque là c'est prenant. Je comprends que le casting puisse irriter mais les commentaires critiques à ce sujet sont excessifs, comme souvent. Je comprends aussi la comparaison avec westworld mais je la trouve tirée par les cheveux. J'aime cette vision futuriste de Londres avec ses statues géantes. Pour moi c'est du 4 étoiles.

Choute
14/12/2022 à 16:30

Et bien, pour ma part,j'ai été bluffée par cette 1ere saison et j aimerais en savoir plus, creuser, en savoir plus sur les personnages, ce qui va se passer suite au décès supposer de Flynne. La critique est tellement facile quand on ne produit pas, quand on n interprète pas. Il y a un parti pris celui de ne pas voir plus loin et ne pas laisser sa chance au produit de cette saison 1

Tom445
13/12/2022 à 22:49

Une sortie blu ray est prévue?

Prometheus
13/12/2022 à 12:55

J'ai lâché l'affaire au 3 ou 4eme épisode. Je n'ai pas accroché. Ça m'a pris le jour où Westworld a été officiellement annulée. Marre de passer du temps sur des séries qui n'ont pas de fin et pour lesquelles il faut attendre 2 ans entre chaque saison.

Concernant Périphériques, sait on si ça se passe dans le même univers que Westworld ? J'ai eu cette impression dès le début.

Kyle Reese
13/12/2022 à 10:28

@Hors serie

Bah oui, mais je ne suis peut être pas très objectif, la beauté féminine a un effet qui peut filtrer mon jugement. ^^
Elle était très bien dans le très sympathique Shadow in the cloud, excellente de Kick Ass, et bien aussi dans Suspiria. Après je n'ai pas vu grand chose d'autre avec elle. J'ai essayé Let me in, ou elle semble très bien, le remake du chef d’œuvre Morse, mais pas réussi à le voir car j'aime trop Morse.

Meuah
13/12/2022 à 10:26

Actrice en bois et série en carton, sans parler des statues géantes wtf du Londres d'à-côté, fin bidon et scénar le même, rien à sauver et tout à jeter.

Série complètement artificielle
12/12/2022 à 21:36

8 épisodes de rien où l'actrice principale fait montre de tous ses talents se résumant à la même moue en toutes circonstances. C'est creux, ça ne raconte rien et en plus mal. Les effets spéciaux sont très moyens. Le casting à part quelques rares exceptions est irritant au possible. Le pire étant que le 8ème épisode fini n'importe comment, en tous cas pas comme une fin de saison.

Franchement, Westworld avait inauguré avec la série stylée mais n'ayant plus rien à raconter au bout de deux saisons, ensuite, il y a eu le Seigneur des anneaux d'Amazon, complètement creuse mais bien emballée, et puis maintenant, ça.

Donc, on a des séries qui coûtent de plus en plus cher à produire, qui ont juste l'apparence de la qualité et c'est tout.

lisez plutôt le bouquin de Gibson dont cette série prétend être une adaptation, c'est plus immersif et plus intelligent. Il faut aimer le style Gibson. Mais au moins on est pas obligé de ses fader un discours débile sur l'avenir et la gueule de Cloe Moretz qui est vraiment une merveilleuse mauvaise actrice.

Schtroumpfette
12/12/2022 à 21:04

C'est creux et poussif, on ne s'attache pas aux personnages. Dommage que le tueur ait été aussi vite éliminé. Il apportait un peu d'intérêt à cette série qui manque cruellement de souffle.

Hors serie
12/12/2022 à 18:35

@ alulu

Actrice nulle a ch**ier

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