Umbrella Academy saison 3 : critique sans lendemain sur Netflix

Axelle Vacher | 22 juin 2022 - MAJ : 23/06/2022 10:06
Axelle Vacher | 22 juin 2022 - MAJ : 23/06/2022 10:06

Après avoir accusé le coup, non pas d’une apocalypse, mais d’une pandémie que l’on ne présente plus vraiment, la fantasque fratrie Hargreeves est finalement parvenue, après deux ans d’attente, à réinvestir la plateforme Netflix pour la troisième saison d’Umbrella Academy. L’attente valait-elle le coup après une saison 2 très moyenne, ou cette nouvelle salve d’épisodes a-t-elle définitivement rompu le charme de la série ?

Apocalypse now... again

Fidèle à la tradition, le cliffhanger final sur lequel avait osé s'achever la saison précédente ouvre promptement ces nouvelles hostilités : de retour dans leur ligne temporelle d'origine, les sept frères et sœurs découvraient non sans déplaisir que leur petite excursion involontaire dans le Dallas des années 60 a donné lieu à une réalité alternative. Plus question désormais d’une quelconque Umbrella Academy : rebuté par leur précédente rencontre, le tendre patriarche Reginald Hargreeves (Colm Feore), fraichement sorti de la tombe, s’est ainsi attaché à adopter un panel d’enfants bien différent pour ne pas reproduire ses erreurs futures.

Voilà donc des prémices qui avaient de quoi promettre quelques perspectives engageantes. Après deux saisons passées à réemployer la trame apocalyptique comme moteur principal, il semblait légitime d’attendre que cette nouvelle salve d’épisodes se détourne enfin de cet obstacle devenu tristement banal afin de sonder de nouveaux segments narratifs, et subséquemment, sous-tendre de nouveaux enjeux. Mais que nenni ! 

 

Umbrella Academy : photoCoucou les nouveaux antagonistes 

 

Dans un postulat de départ bien trop similaire à celui de la saison précédente, il s'est avéré que les pérambulations spatio-temporelles de la fratrie ont de nouveau mis le bon équilibre universel en péril, et impulsé un énième cataclysme qu’il incombe au groupe d’enrayer avant qu’il ne soit trop tard. L’entreprise est aussi cosmique que rébarbative. Et si cette redite ne suffisait pas à affaiblir cette nouvelle saison, la série semble de surcroit être retombée dans les travers lymphatiques de ses débuts.

Ainsi, plutôt que d’aller droit au but et de s’appliquer à entretenir le dynamisme de la saison précédente, ces nouveaux épisodes souffrent d’une atonie indigeste, et pullulent de sous-intrigues plus insipides et frivoles les unes que les autres : de segments romantiques parasites en rixes fraternelles infondées, la série multiplie lamentablement les opérations de remplissage, atrophiant de fait son récit principal jusqu’à ce que le spectateur en soit rendu à interroger son existence. 

 

Umbrella Academy : photo, Aidan GallagherFatigué de courir à travers l'espace-temps, Five s'enfuit avec le script de la saison 3

 

TOUJOURS SANS MA FAMILLE

Curieusement, et en dépit de l'indiscutable cagnardise dont souffre l’intrigue, le développement narratif a moins été saccagé par les scénaristes et le producteur exécutif Steve Blackman que celui des personnages principaux. 

Certes, les personnages n’ont pas tous excessivement pâti de cette troisième saison. D’un côté, l’arc narratif dont profite Diego (David Castañeda) approfondit judicieusement sa relation passée avec Lila, tandis que Klaus (Robert Sheehan), réduit au statut de banal retors comique lors de la saison précédente, recouvre ici sa complexité, et explore enfin, avec l'aide de nul autre que Reginald, le plein potentiel de ses pouvoirs.

 

Umbrella Academy : photo, Robert SheehanGoodbye la secte, hello développement identitaire !

 

Comme il fallait s’y attendre, Viktor, que le spectateur connaissait précédemment sous le nom de Vanya, fait l’objet du traitement le plus émouvant, et surtout, le plus abouti. La transition de ce dernier, effectuée en miroir de celle d’Elliot Page, est ainsi abordée par le récit avec candeur, et fait moins cas d'une véritable trame narrative que de l'épanouissement manifeste du personnage et de son interprète. On pense notamment à une scène de l'épisode 3 où Diego et Luther (Tom Hooper) demandent à Viktor s'il se sent aimé tel qu'il est. L'instant est aussi bref que poétique.

À contrario, Luther, maillon faible de la série depuis ses débuts, pousse ici la niaiserie à son paroxysme, mais s'avère toutefois moins intolérable que les accablants cabotinages auxquels se livrent Ben (Justin H. Min) et Allison (Emmy Raver-Lampman), tous deux tristement réduits au statut de vulgaires antagonistes cartoonesques. Un revirement de personnalité des plus douteux dont l’unique finalité consiste à semer la discorde entre les personnages, moyen comme un autre de meubler l'intrigue de plus belle.

Quant à la Sparrow Academy, famille alternative autour de laquelle aurait dû se construire cette troisième saison, celle-ci s’est finalement révélée passablement anecdotique. Exception faite de Ben et Sloane (Génesis Rodríguez), sombre potiche officiant de nouveau béguin semi-incestueux à Luther, les autres personnages du clan Hargreeves 2.0 sont si insignifiants que la série ne perd pas de temps à en reléguer une partie au second plan, et à se délester allègrement de l’autre sans que cela ait la moindre incidence sur le récit.

 

Umbrella Academy : photo, Justin H. MinEn voilà un qui aurait mieux fait de rester mort 

 

wake me up when the world ends

Umbrella Academy a toujours souffert d’une qualité inégale, mais il semblerait bien que cette troisième saison pérennise une bonne fois pour toutes sa médiocrité. Outre la vaste opération de recyclage narratif attestant son manque criant d'ambition, la série n'a même pas la décence de se reposer sur ses quelques acquis, et propose subséquemment une décharge d'épisodes incohérents et délavés ; même la patte artistique qui avait su distinguer la série du reste du paysage sériel contemporain semble avoir été répudiée. L'action quant à elle, ne démarre réellement qu'à l'épisode 9 - un comble pour une salve qui en compte 10 -, et le dénouement de cette saison est simultanément trop faible et surchargé pour réellement susciter l'intérêt.

Confinées depuis le début de la saison à l'hôtel Obsidian, redite plus ou moins édulcorée de l'hôtel Continental de John Wick, les équipes Parapluie et Moineau sont désormais contraintes de s'allier l'une à l'autre afin de neutraliser, non pas l'apocalypse (laquelle a finalement eu lieu, épargnant toutefois commodément nos personnages), mais plutôt une autre menace, présentée comme un danger pressant une demie seconde après avoir été introduite au spectateur.

 

Umbrella Academy : affichePromesses non tenues et final décevant...

 

À peine les personnages ont-ils néanmoins le temps de s'en inquiéter que le récit passe déjà à autre chose, expédiant sa conclusion pour mieux dépêcher un énième cliffhanger improbable. Il semblerait donc que l'unique motivation de la série soit de tenir le spectateur en haleine en multipliant les twists les plus aléatoires sans jamais se soucier de les justifier.

Certes, la situation finale positionne les personnages face à une situation inédite, et ouvre la porte à moult perspectives intrigantes. Mais ces perspectives continuent d'être vulgairement agitées sous le nez du spectateur sans jamais en garantir l'exploitation. Ainsi, fidèle à elle-même, la série pose bien plus de questions qu'elle ne propose de réponses. 

Comment est mort Ben ? Quelles sont les origines de Christopher, le cube télékinétique ? D'où proviennent réellement les pouvoirs des personnages ? Qui est réellement Reginald Hargreeves, et quel est son but ? Autant d'interrogations qu'il s'agirait d'adresser afin de ne pas lasser définitivement une audience déjà bien conciliante.

Umbrella Academy saison 3 est disponible en intégralité depuis le 22 juin 2022 sur Netflix. Les saisons 1 et 2 sont également disponibles sur la plateforme.

 

Umbrella Academy : photo

Résumé

La saison 3 d'Umbrella Academy ne semble avoir aucune autre considération que celle de réemployer ad vitam æternam les éléments qui avaient su faire le succès original de la série. Réduite à l'indigence la plus totale, cette saison se contente faiblement d'enfoncer des portes grandes ouvertes, et surtout, déjà maintes fois traversées.

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Lecteurs

(2.8)

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commentaires
Dsluc
08/09/2022 à 23:51

Une belle déception que cette saison 3 qui n avance pas.
Dommage, la saison. 2 était plutôt reussie

Alain Willaert
28/07/2022 à 23:00

Ayant mieux apprécié la saison 2 que la 1, je ne voulais pas lire cet article avant d’avoir vu cette saison 3 et me forger une opinion personnelle sans influence. Je me suis ennuyé dès le deuxième épisode et j’ai eu du mal à arriver au bout, malgré les quelques bons moments des épisodes 9 et 10. J’aurais dû vous lire avant, finalement !

Jaep
18/07/2022 à 13:51

Mais cette saison3 est totalement incohérente !

Ript0r
17/07/2022 à 23:33

@Rosedesvents2001 : Dans ce cas fallait également métamorphoser le personnage.
Là c'est la même que dans la saison 2 et hop elle se met à parler d'un coup avec une voix d'homme, ça n'a aucun sens.

Rosedesvents2001
12/07/2022 à 16:55

@Anostic, c'est plutôt vous qui ne comprenez pas les doublages. C'est normal que le personnage ait une nouvelle voix française. Elliot Paige a changé de sexe. Normal que le doublage soit fait par un homme que par une femme.

Jorisbxl
05/07/2022 à 01:16

Nul de chez nul !!!!!

Ura
01/07/2022 à 13:40

Comment est mort Ben ?
Bah dans un mission, c'est dit dans la 1er saison épisode 2 limite...

Quelles sont les origines de Christopher, le cube télékinétique ?
Bah c'est un enfant comme les autres, modifié comme luther.

D'où proviennent réellement les pouvoirs des personnages ?
Bon ca ok on peut encore ce le demander, surtout que maintenant il y a deux familles et que d'autre enfant ont aussi des pouvoir. C'est pas une expérience du père justement ?

Qui est réellement Reginald Hargreeves, et quel est son but ?
Reginald est un alien explorateur du temps qui fait ca pour sauver sa femme morte d'une maladie incurable, en rebootant l'univers il a surement choisi de sauver sa femme par la même occasion.

Le rédacteur na pas regardé la série enfaite, c'est pas possible :(

Anostic
28/06/2022 à 07:54

En lisant cette critique je comprends pourquoi on subit autant de série chiante à mourir. Umbrella Academy n'est bien sur pas un chef d'oeuvre, il ne faut pas regarder cette série en s'attendant à voir une oeuvre aussi qualitative que The Wire par exemple.
Non on regarde Umbrella Academy pour passer un bon moment, rire un peu, être "pris au jeu" et ne pas voir passer l'épisode. Chose qui devient de plus en plus rare, tant chaque série essaye de remplir un cahier des charges de dramas incohérents.
Et franchement cette saison, plus que les 2 autres, avait un côté léger et frais que je n'avais pas vu depuis un moment sur Netflix (la chaine par excellence des séries indigestes). Alors oui Alisson et Ben sont insupportables et complètement ratés, la Sparrow academy est baclée mais les autres personnages sont une franche réussite, Klaus, Diego, Lila et Luther ont leur meilleure saison, enfin épanouis et assumés dans leurs défauts et qualités. Viktor est bien plus supportable que Vanya dans les précédentes saisons, et Five est toujours aussi bon.

Et j'ai trouvé le côté "méta" (apparemment pas du tout compris par l'autrice) assez drôle, le "c'est bon ça nous saoule ces apocalypses on préfère se bourrer et la gueule et fuck the world" était assez jouissif. C'est sur que si la série c'était terminé sur ça, la fin aurait été magnifique (Mais nous sommes sur Netflix).
Mais globalement les auteurs ont pas mal joué sur le côté auto-dérision de leur série et ça a rendu cette saison plus agréable que les 2 dernières, dommage que certaines facilités comme Alisson ou le faible traitement de la Sparrow Academy gâche un peu l'ensemble.

PS: Il y encore des gens qui regardent des séries ou films en VF? Le changement de doubleur de Elliot Page est un excellent exemple du non sens des doublages.

VincePhoenix
25/06/2022 à 22:16

Je rejoins Pagalom : certaines critiques sont infondées.

Non, Sloane et Luther ça n'a rien d'incestueux.
Le fait qu'on est laissé avec plus de questions que de réponses ... c'est vrai que les 2 derniers épisodes sont denses (ce qui est un peu regrettable étant donné le rythme du reste de la saison), et donc pas mal d'interrogations peuvent se soulever. Autant pour "qui est Reginald", ok (même si je suis pas loin de dire "qu'est Reginald ?" plutôt ), mais son but est plutôt évident.

Chris11
25/06/2022 à 09:39

Milieu de la saison et la série est pour moi terminée à la fin de la S2.
En fait, tout part de l'incapacité des personnages à s'asseoir autour d'une table pour discuter 2 minutes ce qui règlerait toutes les incompréhensions. Mais non, c'est tellement mieux de devenir sourd et débile, de ne penser qu'à sa g***le et de jouer à qui a la plus grosse. Ce genre de trame/d'écritrure me gave, je n'en peux plus.
Ca aurait pu être tellement plus fin, plus trippant et plus amusant que ce western pour attardés. Enfin, la deuxième partie de la saison va peut-être me faire mentir...

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