Pacific Rim : The Black saison 2 - critique Mecha-chiante sur Netflix

Antoine Desrues | 24 avril 2022
Antoine Desrues | 24 avril 2022

Si le génial Pacific Rim de Guillermo del Toro a été souillé dès sa nullissime suite Pacific Rim : Uprising (n’en déplaise à certains rédacteurs d’Ecran Large de mauvais goût), Legendary a surpris son monde avec la série animée Pacific Rim : The Black, dont l’humilité de l’approche n’avait d’égal que son envie d’approfondir un univers plein de belles promesses. Avec sa deuxième saison, toujours disponible sur Netflix, est-ce que la proposition parvient à transformer l’essai ?

La part du (evange)lion

Avec l’introduction plutôt efficace d’une Australie envahie par les Kaijus, Pacific Rim : The Black a pris la forme logique d’un récit d’aventure et de passage à l’âge adulte. Taylor et Halsey, après la disparition de leurs parents pilotes de Jaegers, se retrouvaient à bord d’un des fameux robots géants, à sillonner un désert transformé en no man’s land, en espérant atteindre la terre d’asile qu’est Sydney.

En tout cas, la première saison avait pour elle le mérite d’établir un world-building directement dérivé des envies abandonnées par del Toro, faute de temps sur un long-métrage déjà rempli à ras bord d’une générosité hallucinante. La Dérive, cette connexion neuronale entre les deux pilotes de Jaegers, a ainsi trouvé une bien belle manière de devenir un outil narratif expérimental, plongeant les personnages dans les souvenirs d’autrui pour mieux sillonner une mémoire fragile, parfois altérée ou perdue.

 

Pacific Rim : The Black : photoEh, mais c'est les minables ?

 

 

Dès lors, avec ces élans psychanalytiques qui ne sont pas sans rappeler Neon Genesis Evangelion, Pacific Rim : The Black prolonge un rapport permanent à la connexion, aux mélanges et aux mutations du corporel et du spirituel. Alors que l’Homme s’est amusé à défier la nature pour résister à son extinction, le voilà désormais en train d’en subir les conséquences. Sur ce point, la saison 2 profite des acquis de son aînée, en ayant pour enjeu central un enfant génétiquement modifié (et capable de se transformer en Kaiju), ainsi qu’un ordre sectaire persuadé que le salut du monde réside dans ce mélange des espèces.

Pour autant, en prenant la suite directe de la saison 1, The Black perd de son effet de surprise, et nous rappelle au passage que ses personnages n’étaient pas les meilleurs vaisseaux pour porter son récit. La caractérisation simpliste de Taylor et Hayley n’est jamais à la hauteur du potentiel de la série, mais on pouvait encore le pardonner sur une première salve où ils découvraient en même temps que le spectateur les tenants et aboutissants de l’univers.

 

Pacific Rim : The Black : photoTai-Chi Master

 

Fury Road (ou pas)

Cette fois, malheureusement, on s’ennuie ferme dans cette course-poursuite au milieu du désert, et ce malgré ses sept petits épisodes. Au-delà du manque de renouveau des décors, ce vide de la scénographie se révèle catastrophique pour conserver le rapport d’échelle si important de Pacific Rim. Les plans larges n’offrent aucun référent de taille, et se contentent de filmer des grosses bébêtes en train de se taper dessus, avec la ligne d’horizon comme seul point d’ancrage.

Peut-être que le succès limité de la première saison a poussé Netflix à bâcler cette deuxième mouture, mais elle semble clairement moins bien fignolée. Tout est apporté platement, sans envies et sans idées, qui plus est au travers d’une animation en cel-shading mêlant 2D et 3D. Si cette technique arrivait à faire plutôt illusion sur la saison 1, la mise en scène limitée de cette deuxième partie en montre bien vite les limites.

 

Pacific Rim : The Black : photoEnnemis d'hier, alliés d'aujourd'hui

 

 

C’est d’autant plus dommage qu'entre ses trafiquants, ses corps transformés par la guerre et ceux prêts à tout pour survivre dans ce milieu hostile, The Black avait encore le moyen d’introduire de beaux éléments de réflexion sur la relation entre les humains et les Kaijus. Pourtant, mis à part un vieil éleveur capable de dresser et d’aimer les monstres géants, et le retour assez logique d’un personnage en guise de twist à mi-parcours, l’ensemble n’offre que trop peu de matière.

Forcément, les meilleures séquences n’en sont que plus belles, à l’instar de cette utilisation de la Dérive pour délivrer un esprit contaminé, comme on pervertirait des fichiers par un virus informatique. Derrière cette jolie idée d’une spiritualité quantifiable, The Black aurait pu interroger les contours de cette identité humaine au cœur d’un monde complètement chamboulé (ce qui a toujours défini le kaiju eiga, dès Godzilla et son rapport au trauma d’Hiroshima et Nagasaki).

Cependant, on sent que la création de Craig Kyle et Greg Johnson se contente du minimum syndical, et est surtout pressée d’en finir au travers d’un dernier acte précipité. Pas sûr que Pacific Rim : The Black ait droit à une troisième saison, ce qui est assez décevant compte tenu de la vitesse à laquelle le soufflé est retombé. Espérons juste que d’autres artistes plus inspirés auront encore l’envie de s’octroyer l’univers passionnant de del Toro...

La saison 2 de Pacific Rim : The Black est disponible sur Netflix depuis le 19 avril 2022.

 

Pacific Rim : The Black : affiche

Résumé

À l’instar de son Jeager, la saison 2 de Pacific Rim : The Black traîne la patte, et ennuie poliment malgré ses quelques bonnes idées héritées des concepts de del Toro. Dommage.

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commentaires
Marguerite
02/06/2022 à 23:27

Hello ! Votre critique me fait réaliser que je n'ai pas compris l'objectif des soeurs, encore un truc pas assez clarifié dans cette saison 2. Globalement j'ai bien apprécié la saison, même si elle était moins intéressante. Je l'ai surtout trouvé trop courte (la fin aurait bien mérité un épisode supplémentaire), je pense qu'il y avait de quoi creuser mieux. C'est clair que les personnages sont un peu trop simplistes, et j'ai surtout râlé d'avoir Élie qui crie tout le temps.

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