Test Dying Light 2 : Stay Human - l'open world zombie mérite-t-il vraiment tant de haine ?

JL Techer | 15 février 2022 - MAJ : 15/02/2022 14:36
JL Techer | 15 février 2022 - MAJ : 15/02/2022 14:36

Le studio polonais Techland revient sur le devant de la scène grâce à son Dying Light 2 : Stay Human. Pour s'installer dans la cour des grands, le titre doit surmonter une double difficulté : s'imposer sur une scène saturée d'open worlds d'une part, et rivaliser avec les titres majeurs du jeu d'horreur d'autre part. Dying Light avait connu un beau succès public, avec sa possibilité de coop géniale et un monde de tension permanente, où chaque pas pouvait mener à la mort. Après sept ans de galère de développement, Techland a enfin donné son bébé en pâture au public affamé, avec pour credo "toujours plus gros, plus ambitieux et plus fun ". Mais en réalité, il est surtout plus générique que jamais.

Dying Light 1.5

Une ville en quarantaine pour cause d'invasion de zombies, des bâtiments tout en verticalité, des obstacles à franchir façon Ninja Warrior, des niveaux à gagner et des objets à crafter... Prendre ces éléments, les passer au mixeur, ajouter une histoire prétexte, et apposer un nom avec "dead, dying, death, terror" ou autre, suivi d'un chiffre si c'est une suite, puis sortir le produit fini après quelques années de développement.

Une recette qui semble avoir été reprise à la lettre par Techland pour son Dying Light 2 : Stay Human. Dès les premières heures de jeu, les joueurs sont en terrain connu. Ici, la ville d'Harran a cédé sa place à celle de Villedor, une ville d'Europe dévastée par l'infection de zombies qui a ravagé la surface du globe, et le Yamakasiesque Kyle Crane, héros du premier opus, est remplacé par le tout aussi bondissant Aiden Caldwell, un Pèlerin qui parcourt (ou parkour, au choix) l'Europe de ville en ville. Gentils rebelles, méchants rebelles, et le GRE (Global Relief Effort - la Umbrella Corp locale) sont évidemment de la partie.

 

Dying Light 2 : Stay Human : photoSympa la vue d'ici

 

Le premier Dying Light ne brillait pas vraiment par son histoire, mais son côté série B assumée lui conférait une aura sympathique. Son immédiateté et son manque total de recul sur lui-même motivaient suffisamment pour donner envie d'aller de l'avant, et découvrir quel nouveau cliché du cinéma bis il allait réserver au joueur. Un aspect B-movie qui sublimait une formule mi-Mirror's Edge mi-Dead Island, pour un cocktail délicieusement régressif. 

Tous ces éléments ont été repris presque à la lettre pour Dying Light 2. Et c'est bien là le problème. Les marqueurs de DL1 sont là, toujours dans le même état. Light-RPG, parkour, open-world, et scénar de série B, après sept ans de conservation pas vraiment au frais, les mêmes ingrédients ont eu le temps de moisir. Manette en main, impossible de ne pas avoir l'impression de jouer à un Dying Light 1.5, ou à un remaster du premier jeu, plutôt qu'à un vrai Dying Light 2

Alors que le studio essaie d'imposer aux joueurs une ambiance crépusculaire et tragique, la véritable tragédie est de constater que le titre accuse presque sept ans de retard à son lancement. Des retards dans sa conception, dans son level-design et dans sa façon de penser l'open-world, que rien ne saurait justifier dans l'ère de l'open-world narratif post-The Witcher 3  (2015) et du monde ouvert organique post-Breath of the Wild (2017)

 

Dying Light 2 : Stay Human : photoLe corps d'un joueur après avoir fini Dying Light 2

 

Bienvenue à ZombieLand Générique-Land

Quelques semaines avant la sortie de Dying Light 2, les développeurs de Techland s'étaient gargarisés du fait que pour finir le titre à 100%, il faudrait compter plus de 500 heures de jeu. Outre le tollé que cela a provoqué sur les réseaux sociaux (qui a 500 heures à consacrer à un jeu ?), il s'agit là du credo qu'a suivi le studio pour la création de cette suite : le toujours plus. 

Toujours plus d'histoires, toujours plus de missions, toujours plus de personnages, de monstres, de créatures, de craft... et ce jusqu'à l'overdose. DL2 dégueule littéralement de contenu, au point d'en ressentir de l'écoeurement. Les missions annexes viennent ainsi polluer et cannibaliser l'aventure principale, déjà peu passionnante. Aucun effort n'a été fait quant à leur structure ou à leur intérêt narratif, proche du zéro absolu.

Entre les sempiternelles quêtes Fed-Ex déjà vues et revues (aller chercher tel item pour tel personnage), et les missions d'explorations destinées à faire gagner un peu d'équipement et quelques niveaux, difficile de se passionner pour ces missions, qu'on oubliera rapidement pour se concentrer sur la trame principale molle, qui révèle bien rapidement ses faiblesses. 

 

Dying Light 2 : Stay Human : photoUn charisme de fou (c'est faux)

 

Dying Light 1 avait marqué les esprits par son entrée en matière brutale et immédiate, sans temps mort. Sa suite tente la même chose, mais se prend les pieds dans le tapis d'un scénario faussement tragique débilisant, qui est strictement le même celui du premier épisode, mais avec un pseudo trauma nul pour le héros en bonus. Et ce ne sont pas les soi-disant embranchements narratifs qui sauvent quoi que ce soit.

Ceux-ci ne sont que de la poudre aux yeux aux conséquences mineures, et volent en éclat lors du end-game. Les développeurs y remodèlent l'aventure du joueur à leur guise afin de rendre le monde ouvert parcourable à loisir, comme un doigt d'honneur brandi au joueur qui s'est échiné à finir le titre. 

En surchargeant le jeu en contenu, Techland a fini par diluer son identité de Dying Light jusqu'à ce que celle-ci n'existe presque plus. Tous les tropes de l'open-world sont là (quêtes annexes, loot à outrance, collectibles partout, pseudo choix moraux...), quitte à être rentrées au forceps dans le concept du jeu.

 

Dying Light 2 : Stay Human : photo"Pourquoiiiiiiiiii ????" 

 

On se retrouve alors perdu dans un monde ouvert générique, et le soft aurait pu s'appeler "Far Cry  Zombies" que personne n'aurait été étonné. De sa structure à son début-tutoriel d'une mollesse atroce, en passant par son antagoniste principal, le dénommé Waltz "je suis méchant à cause de la société", ersatz de bad guy à la Far Cry, la patte Techland ne se sent nulle part, et on a à faire à un titre aseptisé au possible.

Dernier clou dans le cercueil : contrairement aux promesses, le jeu ne fait jamais peur, et on parcourt le titre sans jamais ressentir la tension du premier épisode. La seule chose qui pourra terroriser les amateurs de FPS en monde ouvert sera la quantité astronomique de bugs et de glitchs dont souffre DL2. IA lamentable, disparition pure et simple de certains décors, personnages qui entrent en crise d'épilepsie graphique, voire crash complet du jeu, le titre est dans un état technique lamentable, ultime preuve que Dying Light 2 est un jeu malade. 

 

Dying Light 2 : Stay Human : photoImage d'un Jedi passant le balai dans Dying Light 2

 

Infectés

Le titre de Techland parle d'infectés. Alors que dans le premier volet, les humains tentaient de survivre en évitant l'infection du virus Virion, dans Dying Light 2, tous les humains ou presque ont été atteints par un nouvel agent pathogène : le virus Harran. Au-delà du parallèle évident avec la pandémie de Covid-19, cette infection est un regard quasi méta sur l'industrie du jeu vidéo. 

L'infection est l'aseptisation des superproductions AAA, et plus encore l'uniformisation des mondes ouverts, qui semblent tous calqués sur les mêmes modèles, et finissent par tous tomber dans les mêmes écueils. Cartes toujours plus grandes, side-quests à ne plus savoir qu'en faire, semblant de liberté scénaristique cachée derrière l'écran de fumée des choix multiples lors des dialogues... tout cela semble être le cahier des charges obligatoires à remplir. N’est pas Red Dead Redemption 2 qui veut, et Dying Light 2 coche toutes les cases, mais les coche de travers.

 

Dying Light 2 : Stay Human : photoLes décors, c'est très surfait

 

Le studio Techland lui aussi a été contaminé, et Dying Light 2 est la victime de ce processus de dépersonnalisation. DL1 était un jeu cassé, imparfait sur bien des points, mais débordait de sincérité, et d'envie de donner aux joueurs une bonne dose de peur et de fun. Ici, cette envie parait avoir disparu. Le souhait d'offrir du fun a été troqué contre la volonté de bourrer le jeu de contenu, sans se soucier du ressenti des joueurs. 

Pire encore, le titre semble parfois se satisfaire de son propre propos, comme si la proposition "open-world+zombies" allait suffire à satisfaire le public. Mais que cela soit sur le terrain du monde ouvert, ou du jeu de zombies, la concurrence fait rage, et miser sur l'aura d'un nom ne suffit plus. 

 

Dying Light 2 : Stay Human : photo"Va finir ta quête là-bas"

 

Dying Light 2 a lui aussi été infecté, victime d'un virus uniformisant qui a fait perdre à Techland son identité pour produire un jeu triste, trop ambitieux et sans réelle personnalité. Son monde ouvert est celui de n'importe quel autre jeu, et seul le fait de pouvoir l'explorer grâce au parkour lui permet de conserver encore un semblant d'identité. Un bien maigre argument qui ne suffira pas à convaincre grand monde. 

Dying Light 2 : Stay Human est disponible depuis le 4 février 2022 sur PS5, PS4, Xbox One et Series, PC et Nintendo Switch via Cloud. Ce test a été réalisé sur la version PS4 du jeu.

 

Dying Light 2 : Stay Human : cover

Résumé

Dying Light 2 aurait pu être un excellent jeu s'il était sorti en 2017, soit deux ans après le premier opus au plus tard. Aujourd'hui, il n'est qu'un symptôme de plus du virus de la dépersonnalisation des jeux AAA en open world. Sans saveur, bugué jusqu'à la moelle, avec une insupportable impression de déjà-vu et de déjà joué, il ne trouvera grâce qu'aux yeux de ceux qui regrettent l'expérience du premier Dying Light, les autres passeront leur chemin sans regret.

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Lecteurs

(2.4)

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commentaires
Raphy
21/03/2022 à 00:40

Assez d'accord les quêtes annexe ridicule les pnj avec un doublage dégueulasse menpeche de prendre du plaisir sur ce jeux !!

Giyome
26/02/2022 à 21:33

Oula je comprend pas l'acharnement sur le jeu, pour ma part j'ai eu la chance de ne pas avoir bcp de bug et c'était des bug qui n'était pas dérangeant sauf pour l'immersion à la limite, techland à vraiment fait un taff de fou pour leur jeu, ayant adoré le premier je suis tellement content d'avoir une suite comme ça et qu'il n'ont pas dénaturé le jeu,le gameplay est tout aussi bien il y a tellement de choses à faire je n'ai pas fini le jeu et je suis déjà à plus de 90h, une réussite qui nous réserve pleins de bonnes choses jusqu'en 2027 en plus

Oui
17/02/2022 à 09:21

Qu'on aime pas c'est une chose
Qu'il soit bugé c'est une autre.

De démonter le jeu comme dit dans cette critique c'est trop.
Le jeu est bien. Mais pas parfait. On attendait pas une perfection. Mais une suite.
Il aurait pu être mieux. Mais dans l'ensemble il est très bien.

Le soucis c'est pas DYING LIGHT 2
C'est les openworlds à outrance.

Ca fait pour ma part depuis Portal 1 qu'aucun jeu à essayer d'être innovant.
C'est toujours "un jeu qui ressemble à" ou une suite.

MAIS DL2 reste un bon jeu. Outre les bug et le PC de la nasa qu'il demande. Il est vraiment amusant

Armadillo
17/02/2022 à 00:39

Pas du tout d’accord avec la critique, je ne comprends pas l’intérêt de s’attarder seulement sur les points négatifs. Dying light n’est pas un jeu de tir, l’expérience du jeu est très riche et permet une grande liberté. Vous n’aimez pas l’histoire pas de problème, allez défoncer du zombie dans les anomalies du GRE, allez faire du parcours avec certains défi ou escaladez des bâtiments difficiles d’accès pour obtenir des parachutages. Vous trouvez la quantité de contenus comme un défaut moi je trouve que ça ouvre de nouvelles possibilités. Ce que vous faites c’est démotiver des créateurs compétent. Si tu trouves ce jeu inintéressant bah allez-y faites moi un jeu meilleur que celui ci . Bref j’adore le jeu et cela ne changera pas même avec les bugs et l’histoire parfois peu approfondie.

Fos08
16/02/2022 à 12:25

Entièrement d'accord avec la critique,
Bugs à foison, retrait des armes a feux ce qui donnait vraiment un petit côté agréable a Dying light.
Quetes à outrances qui pour la plupart ne servent qu'à combler le vaste terrain de jeu.
Je regrette aussi le mode New game + qui donnait envie de recommencer le jeu.
Hors la franchement une fois terminé, j'ai tout simplement rangé le jeu et je suis passé à un autre.
Franchement nous avoir fait patienter des années pour nous avoir pondu une daube pareil, c'est honteux.
J'espère vraiment que Techland va travailler sur des améliorations de gameplay et ajouter des fonctionnalités qui font défaut au jeu.
L'ajout d'armes à feux, New game +.

JL Techer
16/02/2022 à 09:47

@pffffff
Vous avez parfaitement le droit de ne pas partager notre point de vue, chacun ayant son propre ressenti vis à vis de telle ou telle oeuvre. Cependant, les bugs ont ruiné une grande partie de notre expérience de jeu, et l'aspect ultra générique de la structure de Dying Light 2 (missions fed ex à outrance et quête principale plombée par des PNJ creux) n'ont pas réussi à convaincre. Quand aux choix narratifs, en toute fin de jeu, ils n'aboutissent qu'en deux choix cruciaux, que le studio annihile complètement par sa proposition de end-game, en remodelant la trame narrative pour permettre aux joueurs de continuer à joueur. Narrativement et ludiquement c'est se tirer une balle dans le genou.

JL Techer
16/02/2022 à 09:42

@FabTheLaw
Même si Techland utilise la musique adaptative pour la première fois (malgré quelques essais sur Dead Island), cela n'a rien de nouveau dans le jeu video. LucasArts utilisait déjà son moteur iMuse pour créer des musiques adaptatives à l'époque de ses point'n'click. Et dans les monde ouvert, c'est devenu monnaie courant depuis plusieurs années. Batman Arkham City, Deus Ex ou Portal faisaient déjà dans ce type de pratique. Même si la BO de Dying Light 2 est plutôt réussie, elle ne sauve pas tout le reste malheureusement...

Fabthelaw
16/02/2022 à 08:20

Pas un mot sur la musique interactive, qui est quand même l'un des gros points forts et originalités du jeu dans ce présumé océan d'aspects génériques ?

Govies
16/02/2022 à 06:43

ENTIÈREMENT D'ACCORD AVEC CETTE CRITIQUE.

Je retourne de ce pas sur BF ou je ne sais quelle licence totalement pétée...

J'adore la critique avec le parti totalement pris en démontant un studio qui n'a clairement pas le budget des mastodontes du secteur.

Visiblement Techland, c'est le défouloir de beaucoup de gens, que ce soit le premier ou second opus.

Ce que je note, c'est que c'est un studio qui ne ch*e pas à la tête de leurs clients avec un suivi exemplaire.

Leur 2 jeux ne sont pas parfait, mais reste très agréable et me proposent quelque-chose qu'aucun autre éditeur n'a su faire .

Maitrehu
16/02/2022 à 06:24

Très bon jeu, je m eclate dessus. C est la critique qui mérite 2 étoiles.....

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