Dying Light : pourquoi ça reste un fantasme total pour les fans de zombie

Geoffrey Crété | 4 février 2022 - MAJ : 15/02/2022 17:30
Geoffrey Crété | 4 février 2022 - MAJ : 15/02/2022 17:30

La sortie du jeu vidéo Dying Light 2 : Stay Human est l'occasion de redire que Dying Light est un petit orgasme pour tout fan de zombies.

Retrouvez notre test de Dying Light 2, qui est une déception.

Formé dans le même bain de sang que Dead Island au sein du studio Techland, mais avec le désir d'assembler un jeu vidéo plus sérieux et plus libre, Dying Light a été le gros plaisir zombie de ces dernières années. Sorti en 2015 sur PlayStation 4, Xbox One et Windows, et vendu à plus de 5 millions d'exemplaires, ce cauchemar en monde ouvert qui croise les zombies et le parkour offrait la possibilité de courir à toute berzingue à travers une rue, sauter sur un toit, piétiner quelques crânes, plonger dans une rivière, éviter un marteau géant et griller quelques monstres, le tout sans même être essoufflé. Une certaine idée du fantasme, donc.

Le cauchemar continue avec Dying Light 2, repoussé plusieurs fois depuis 2020 et enfin disponible dès le 4 février. La partie reprend 20 ans après le premier jeu, dans une autre ville, avec un nouveau héros et de nouvelles emmerdes. Mais avant de revenir sur cette suite tant attendue, retour sur cette pure partie de plaisir qu'était le premier Dying Light.

 

 

rat des villes, rat décampe

Premier très gros plaisir : la ville de Harran. Inspirée par Bombay, Istanbul et Wroclaw, cette cité est un terrain de jeu immense, magique à explorer et réjouissante à piétiner. Elle a bien évidemment des limites, mais elle semble sans fin, grâce à un excellent level design, qui donne la sensation qu'il y a toujours une zone à explorer ou fouiller. Toits, immeubles, balcons, terrasses, rues, ponts, escaliers, cabanes, bus, entrepôts, mais aussi rochers, rivière, îles, tunnels et sous-sols : tout semble possible, et à portée de bras et de jambes (et parfois avec un écran de chargement). Et il y aura toujours une boîte, un frigo ou un coffre dans un coin, pour tous les névrosés du nettoyage.

C'est en grande partie grâce à la verticalité du gameplay, puisque l'infatigable Kyle Crane est monté sur des ressorts et s'accroche à presque tout, que ce soit avec ses mains ou son grappin. Tel un Batman des bidonvilles et champion de parkour (soit un mélange parfaitement absurde et jouissif), le héros domine Harran avec une souplesse et une vitesse affolantes, qui donnent régulièrement le tournis. Rien n'est impossible et rien n'arrête un sprint dans cette ville qui tombe en ruines - que ce soit une barricade, un mur ou un immeuble.

C'est particulièrement spectaculaire dans les phases de grimpette, lorsqu'il faut atteindre le toit d'un immeuble, le sommet d'une tour ou les hauteurs d'un pont, et que la fébrilité grandit avec le son du vent et de la ferraille qui tremble.

 

Dying Light : photo"Tu seras mon Everest"

 

Mais ce n'est pas fini, car à mi-parcours, Dying Light change de décor en ouvrant une deuxième map. Après les bidonvilles, place à la vieille ville, où les tapis, palmiers et colonnes de marbre remplacent les parkings, containers et zones industrielles. Pas de révolution en vue, mais un renouvellement bienvenu dans les couleurs et les liens entre les bâtiments.

Par ailleurs, Dying Light ouvre régulièrement des parenthèses plus étouffantes. École inquiétante, supermarché envahi de zombies, caves inondées, et autres zones de quarantaine et nids à nettoyer : le jeu sort tous les meilleurs clichés, pour constamment exaucer les voeux des fans du genre. À l'air libre ou dans des sous-terrains, sous le soleil ou dans le noir, dans les coups précis ou dans les explosions, dans le silence ou dans les hurlements des créatures, l'aventure se déroule comme une parfaite compilation du genre.

 

Dying Light : photoVieille ville, nouvelle carte

 

add violence

Autre plaisir dans cette zone de guerre post-apocalyptique : éclater des rotules, briser des crânes, découper la chair et fracasser la tronche de tous les ennemis, qu'ils soient humains, infectés ou non identifiés. Le menu de la violence est copieux, avec des coups de pieds dignes des Jeux olympiques de la castagne, des armes blanches tranchantes en diable, et quelques flingues aussi basiques qu'efficaces.

Après avoir très vite passé le stade de la barre de fer Half-Life, Dying Light se transforme en petit atelier de bricolage déglingué. Battes, club de golf, guitares, clés à molette, haches, marteaux, couperets, scies, machettes, couteaux, masses, pioches, hachettes, faucilles, pelles, épées, katanas : tout est bon pour rogner dans les tibias et les os. Sachant que l'outillage peut gagner en excentricité grâce à des améliorations (des clous, de l'électricité, des flammes, du poison...), et que la ville est un Castorama à ciel ouvert, il y aura toujours un plan B dans un coin, en cas de besoin. Et il y aura toujours une manière de varier le plaisir, et transformer une rue en laboratoire du gore.

 

Dying Light : photoL'enfer est pavé de bonnes décisions

 

Impossible de s'ennuyer dans ce festival de la chair malmenée, d'autant que Dying Light nourrit ces belles pulsions régressives. Les lames découpent les têtes qui roulent par terre, les geysers de sang retapissent les décors, les couteaux fendent l'air pour stopper l'élan des zombies, et les balles déchirent les corps putréfiés. Un petit saut et un bon sabre permettent de couper un zomblard de haut en bas, quand certains coups déclenchent une animation permettant d'admirer le squelette fracassé d'un ennemi, comme dans un Mortal Kombat. Et quelques ralentis bien sentis et effets sonores réjouissants viennent parfaire le tableau.

Si votre quincaillerie vous ennuie, le décor vous fera toujours de l'œil pour empaler les infectés, les cramer dans un piège électrique, ou les pousser dans le vide pour entendre la douce symphonie des os brisés sur le bitume. Et les meilleurs d'entre nous utiliseront la nature des zombies à leur avantage - au hasard, le cousin des Boomers de Left 4 Dead, ou les scientifiques qui explosent avec leurs bouteilles d'oxygène si le coup est bien placé.

Cerises sur le pâté de viande : les infectés spéciaux. Le bestiaire de Dying Light est certes limité, mais offre quelques variantes dans la violence avec les démolisseurs, les hurleurs, les cracheurs et autres trolls armés de massues. Si avec tout ça, vous n'avez pas pris votre pied, c'est que vous êtes un cul-de-jatte qui s'ignore.

 

Dying Light : photoLe fameux coup du lapin

 

C'est beau une ville la nuit

Toute personne ayant survécu à Silent Hill se sentira presque à l'aise quand la nuit tombe sur Harran. Dès que le soleil se couche, l'horreur change de visage, pour devenir encore plus vive et vilaine, avec l'apparition d'infectés bien plus énervés, rapides et coriaces : les Volatiles. Si vous pensez pouvoir distancer sans effort ces super-zombies aux allures de steaks passés au broyeur (ou de Reaper dans Blade II) (ou les machins de Je suis une légende), vous verrez vite qu'ils ont le même amour du parkour. Et si vous pensez pouvoir vous tenir à distance d'eux en sécurité, n'hésitez pas à éviter leurs crachats immondes et toxiques.

Bien sûr, il suffira d'enchaîner les virages et les obstacles pour les ralentir, balancer quelques pétards, vous jeter dans l'eau, ou utiliser votre précieuse lampe à UV. Mais toute personne ayant survécu à quelques nuits infernales dans Harran sait que le plus malin reste encore d'aller se réfugier dans une zone sécurisée, ou simplement fixer la carte magique dans le coin de l'écran pour éviter d'être repéré. Même si tout ça est nettement moins drôle que de se lancer dans un sprint yolo, pour l'adrénaline (et les XP). Ou de chercher la stratégie parfaite et le coin idéal (c'est-à-dire le bug magique) permettant de les affronter sans trop se mouiller, comme tout bon gamer.

 

Dying Light : photoLe moment où tu espères que leur vision est basée sur le mouvement

 

L'alternance de jour et de nuit n'a rien de révolutionnaire, pas plus que l'idée de rendre l'aventure plus difficile dans le noir. Mais Dying Light ne cherche pas à réinventer la roue : le jeu veut simplement ajouter des clous, un moteur à nitro, des peintures fluorescentes, et la lancer à toute vitesse, pour le plaisir, et pour créer un cauchemar diabolique.

Difficile de ne pas devenir accro à ces poursuites endiablées à travers la nuit, quand la musique composée par Paweł Błaszczak s'emballe, que les silhouettes orange fluo se dessinent dans l'obscurité, et qu'un petit coup d'œil en arrière permet de mesurer l'ampleur des ennuis. Dans ces moments épiques, la vue à la première personne se révèle parfaitement adaptée, pour provoquer des sensations folles.

 

Dying Light : photo Les griffes de la nuit

 

formule 1

Dying Light, c'est un peu comme Far Cry 3 : le scénario le plus bête et méchant du monde, mais assumé comme tel et raconté avec savoir-faire. Il n'y a qu'à voir l'intro du jeu, digne d'un blockbuster de Paul W.S. Anderson. Krane commence dans un avion, avec une voix dans l'oreillette qui lui raconte toute l'histoire, au cas où il n'avait pas encore compris ce qu'il foutait là. Le monsieur est tellement badass qu'il se jette relax dans le vide pour atterrir dans la ville mise en quarantaine, et se fait repérer et mordre en 30 secondes, après avoir causé la mort malheureuse de son sauveur, bouffé par des infectés sur du carrelage pas très propre. Bienvenue en enfer.

La suite est une sombre histoire d'agent infiltré, d'antivax vénère et de compte à rebours avant que la ville ne soit rasée. Envoyé par le GRE (un groupe aussi bien intentionné qu'Umbrella Corporation), Crane doit retrouver Kadir Suleiman, alias Rais, le petit roi de cette ville dévastée, qui a décidé de trahir le GRE après la mort de son frère. Avec quoi ? Un dossier top secret pouvant contenir la clé d'un vaccin.

 

Dying Light : photo"Je suis le méchant"

 

Le beau Krane va devoir infiltrer le groupe des Traceurs, avant d'affronter un terrible conflit puisque ce sont les gentils de l'histoire, qu'ils l'ont sauvé par pure bonté de coeur, et lui filent de l'antizine pour éviter qu'il ne pourrisse en zombie. Sans oublier la belle Jade, qui lui donne envie de ne plus être un salaud, voire de trahir les méchants du GRE, et se sacrifier pour sauver ce petit monde.

Il y a tous les ingrédients d'une bonne grosse série B, dont Dying Light s'empare avec une générosité fantastique. Du vieux docteur dans sa caravane au seigneur de guerre qui tranche une main à sa première apparition (parce qu'il est méchant), en passant par les appels secrets (discrètement passés depuis des toits, histoire d'être à l'abri de tous les regards bien sûr), jusqu'aux arènes géantes, tout y est. Milla Jovovich pourrait sortir d'un container avec ses clones, et personne n'en serait étonné (ou malheureux).

 

Dying Light : photo"Je suis la fille badass"

 

Tout ça est raconté sans bavure ni blabla, avec une tonne de quêtes annexes évidemment bêtes, mais aussi quelques surprises, comme la mort terrible de Jade. Preuve que Dying Light n'est pas là pour rire, mais pour semer le chaos.

Et pour les yeux les plus attentifs, ce petit univers en vase clos regorge de petits cadeaux. Entre des clins d'œil à Mario, Star Trek, Destiny, The Last of Us et Half-Life traînent Excalibur et des panneaux Bites Motal et Left 4 Bread. Derrière une porte, une scène dévoilera un groupe de Volatiles devant ce qui semble être leur leader. Dans un hangar, à un moment précis, des zombies entameront une chorégraphie. Tout ça est parfaitement inutile, pour achever de faire de Harran un terrain de jeu virtuellement infini, et immensément jouissif.

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commentaires
Stoxe
06/02/2022 à 20:28

Le 1 est excellent. L'optimisation sur pc aux petits oignons, plus les features nvidia : un vrai régal.

Monsieur Vide
05/02/2022 à 10:48

Honte à moi, vous parliez du premier...je parlais du second. Comme quoi l'histoire ne m'intéresse pas plus que ça .. hé, hé

Monsieur Vide
05/02/2022 à 10:43

Crane n'est pas le protagoniste principal. Un détail me direz vous somme toute..je pinaille , c'est ma grande passion. Le jeu est pas mal, mais le choix des performances graphiques montre bien les faiblesses techniques même sur série X. Le jeu est injouable pour ma part en mode qualité..mais le jeu à l'air fun.

John Spartan
05/02/2022 à 06:45

@Shinning Tatoume

Je pense que c'est la technique que tout joueurs à gardé dans le No1 et ça sera pareil dans le 2 tellement c'était jouissif de sauter à pied joint sur la face des zombies.
Réaliste, pas vraiment.
Ultra fun, assurément.

ArnB
04/02/2022 à 21:55

@Shinning Tatoume

C'est pourtant le jeu qui a la meilleure physique que j'ai jamais vu dans des combats au corps à corps. Un véritable sentiment de puissance des coups donnés, un vrai feeling avec toutes les armes, tu sens vraiment que ca fait mal quand tu tapes ! (je parle du 1er, ainsi que de Dead Island du même studio, ce dernier a plus de 10 ans et je n'ai jamais retrouvé une telle sensation dans un jeu (à part DL bien sûr)).

Geoffrey Crété - Rédaction
04/02/2022 à 15:47

@Shinning Tatoume

Et comme on l'écrit : la "crédibilité" n'est absolument pas l'objectif de ces jeux, c'est assez clair à tous les niveaux.

Shinning Tatoume
04/02/2022 à 13:33

Je viens de mater la bande annonce du 2. Plusieurs fois, le perso met ses deux pieds dans la tronche d'un zombie, et ça a l'air complètement irréaliste, une physique complètement pétée/aux fraises, le perso semblant ne pas avoir de poids sur cette action. Et puis bon, faire de l'accro-branche au milieu des zombies ne m'attire pas plus que ça.