Palworld : le méga succès du Game Pass au cœur d'une polémique passionnante

Léo Martin | 22 janvier 2024
Léo Martin | 22 janvier 2024

Palworld, clone assumé, mais un peu abusé de Pokémon fait un méga carton sur Steam et sur le Xbox Game Pass... et soulève des débats intéressants.

Lorsqu’on a découvert les premières images de Palword, au Summer Game Fest 2023, on a tous eu à peu près la même pensée. Comment ce jeu peut-il exister sans que son studio croule sous les attaques en justice de Nintendo ? Personne n’a pu le louper : le titre de Pocket Pair est une évidente copie de la licence Pokémon, combinée à un jeu de survie à la Ark. Le fabricant de la Switch, qui ne se fait habituellement pas prier pour mettre la pression aux éventuels plagiaires (le créateur de Flappy Bird peut en témoigner), n’a pourtant pas bronché.

Plus fort encore, le jeu connaît depuis quelques jours, un lancement des plus fulgurants. Il bat des records de ventes sur Steam et ce alors même que le jeu est disponible depuis le début de son accès anticipé sur le Game Pass. C’est un tour de force assez dingue. Néanmoins, malgré le succès incroyable de son démarrage, le jeu a aussi récemment soulevé quelques interrogations et inquiétudes sur le net. S’il a été question de plagiat, des suspicions d’utilisations d’IA se profilent aussi.

 

Palworld : photoNon, ceci n’est pas un pokémon, mais un pal

 

Le premier carton de 2024

Selon le développeur du jeu, Pocketpair, Palworld a donc dépassé les 2 millions de ventes au cours de ses premières 24 heures, avec un nombre de joueurs simultanés dépassant les 700 000. Trois jours après, le jeu aurait atteint les 5 millions de ventes avec un pic de 1,5 million de joueurs simultanés, d’après SteamDB. Cela fait tout simplement de lui le deuxième jeu payant le plus joué en simultanée, derrière PUBG, de l’histoire de la plateforme de Valve.

Et tout ça, sans prendre en compte le Game Pass. Donc oui c’est complètement dingue et, même si on était curieux de voir cette bizarre contrefaçon de Pokémon avec des armes à feu, on ne s’attendait pas à un tel engouement. Il faut croire que Pocket Pair a eu l’idée du siècle en cherchant à répondre à une demande que Game Freak (développeur de Pokémon) n’arrive plus à satisfaire depuis des années. C’est à dire un jeu Pokémon avec un gameplay et des graphismes enfin à peu près dignes d’une franchise aussi culte (l’une des plus rentables de l’histoire).

 

Car oui, il se trouve que Palworld est effectivement plutôt bon (même si on ne peut ignorer les bugs et les crashs de sa version bêta). Pour un jeu vendu 26 euros, il est assez généreux, beau et vite amusant. On pourrait même lui trouver un petit caractère satirique, dans sa façon de reprendre Pokémon avec plus de violence et de cynisme. Ce qui est tout à son crédit.

La capture de créatures toutes mignonnes devient tout à coup un peu plus sinistre quand il faut les chasser avec des armes à feu, les envoyer à la mine ou les cuisiner. Et il faut admettre que la manière dont Palworld assume cette réelle violence du braconnage, sous-entendu dans les jeux Pokémon, a quelque chose de rafraîchissant qui excuserait presque sa paresse à inventer des designs originaux pour ses bestioles.

 

Palworld : photoMaintenant ça ne rigole plus

 

Y a-t-il une IA dans tout ça ?

Maintenant, au-delà de ses qualités ou de ses défauts, l’imprévisible succès de Palworld a poussé des communautés du net à s’intéresser à sa conception et au studio Pocket Pair. Et pour le coup, tout n’est pas clair. Si la problématique du fameux plagiat est presque un non-sujet (si Nintendo n’a rien à y redire, l’affaire est close), celle en revanche du modèle économique du studio et de son rapport à l’AI est déjà plus brûlante.

L’artiste Zaytri a ainsi noté sur X/Twitter qu’un des titres précédents du studio était AI: Art Imposter (sortie en 2022) un jeu qui utilise littéralement un générateur d’images par IA comme mécanique centrale. Par ailleurs, le PDG de Pocket Pair, Takuro Mizobe, n’a jamais caché son enthousiasme pour cette technologie par le passé. Cela a attiré l’attention de beaucoup d’internautes qui en sont venus à avoir quelques soupçons sur la manière dont Palworld a été conçu. Et si la copie des designs pokémons était juste paresseuse, mais générée par intelligence artificielle ?

 

Si c’est le cas, ça pose soudain un tout autre problème qu’un recopiage presque parodique des créatures de Nintendo. Le vol d’art par IA et son utilisation au détriment des artistes est une question extrêmement sérieuse, notamment due au fait qu’elle n’est encore universellement comprise, et pas encore assez bien légiféré. De nombreuses personnes concernées tentent de se faire entendre sur le sujet et appellent régulièrement à boycotter les entreprises qui chercheraient à utiliser l’intelligence artificielle pour piller le travail d’autrui.

Si tout à coup, un des jeux les plus populaires de l’histoire de Steam (et relativement acclamé pour le moment) se révélait utiliser l’IA, ce serait une sacrée claque envoyée à la communauté des artistes. Il faut également savoir que Pocket Pair est une petite entreprise, avec une équipe très inexpérimentée. Nombre d’entre eux seraient des amateurs, voire auraient trouvé leur tout premier travail, sur Palworld. Et quand on voit le résultat (plus qu’honorable pour une bande de néophytes), le doute est permis quant aux outils qui ont été utilisés par leur faciliter la tâche.

 

Palworld : photoChasse illégale à l’éléphant : le jeu 

 

pâle world ?

Pour le moment ce ne sont que des soupçons. Et dans un article de blog publié cette semaine, le PDG de l’entreprise a, lui, affirmé que les 100 concepts de personnages de Palworld auraient été principalement réalisés par une seule nouvelle employée. 

"Elle était tout juste diplômée et avait postulé dans près de 100 entreprises, mais avait échoué à se faire recruter," a-t-il écrit. "Et maintenant, elle dessine la plupart des personnages de Palworld.

Une bien belle histoire à laquelle on aurait presque envie de croire. On peut concevoir qu’une personne ait récupéré des modèles préexistants pour les combiner et en faire de nouveaux designs à partir de là. Ce n’est pas spécialement louable, mais au point quelqu’un aura été payé à le faire. 

 

Palworld : photoEverything is fine

 

Dans le même article, Mizobe a d’ailleurs évoqué la façon dont leur précédent jeu, Craftopia, a également été bricolé à partir de modèles préexistants. En somme, il paraît assez transparent sur la manière dont son studio s’est construit et ses astuces pour faire des jeux sans grosse expérience. Cela ne justifie néanmoins pas trop la façon dont ce même Craftopia est resté jusqu’à lors en accès anticipé, sans jamais achever sa production. Chose qui renforce la méfiance globale quant au modèle économique et aux ambitions réelles du studio avec Palworld

On est d’autant plus vigilant après le récent cas de The Day Before. La firme Mytona, derrière le désastre du jeu, s’était aussi fait épingler plusieurs fois pour des questions de plagiats et de productions opaques (pour Propnight notamment). Elle était assez douée pour les excuses et les filouteries (si ce n’est plus grave) et on espère sincèrement que Pocket Pair n’est pas de la même trempe. Parce que malgré tout, Palworld a un réel potentiel.

Tout savoir sur Palworld

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commentaires
Myst
23/01/2024 à 11:56

IA ou dessiné par une seule graphiste, les deux sont plausibles, car ce n'est pas bien compliqué d'inventer des derivés d'une centaine de Pokémon.
De toute façon maintenant des mods permettent d'avoir les vrais Pokémon a la place des Pal :)