Netflix, Disney+, Amazon : à quoi sert l'IA sur les plateformes de streaming ?

Clément Goubil | 14 août 2023
Clément Goubil | 14 août 2023

En plein contexte de grève tendu à Hollywood, plusieurs plateformes de streaming comme Netflix ont publié des offres d'emplois pour experts en intelligence artificielle, avec un beau pactole à la clé. Le sens du timing.

C'est un sacré pied de nez que sont en train de faire les grands services de VOD aux acteurs et scénaristes en colère. Et pour cause : alors que les syndicats s'acharnent à négocier de meilleurs salaires et des conditions de travail "plus dignes" pour les professionnels du cinéma, dans ce qui s'annonce être l'une des grèves les plus importantes depuis 1960, Netflix vient de mettre le feu aux poudres avec une offre d'emploi pour le moins... étonnante.

On vous explique tout.

 

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Netflix fait tapis sur les experts en iA

 

Un usage déjà généralisé de l'intelligence artificielle

Cela fait maintenant plusieurs années que l'intelligence artificielle fait partie intégrante des plateformes de streaming que l'on connaît tous. Sans que l'on ne s'en rende vraiment compte, d'ailleurs.

Et parmi les géants de la vidéo à la demande, s'il y en a bien un qui a su sortir du lot en saisissant très tôt les nombreux intérêts de cette technologie, c'est Netflix. La plateforme américaine n'a d'ailleurs pas tardé à en récolter les fruits, puisqu'elle a pu fidéliser une grande partie de ses abonnés grâce à ses recommandations personnalisées, qui permettent à chacun de trouver facilement un programme qui lui plaît, selon ses habitudes de visionnage.

 

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Pour cela, Netflix a fait appel à divers outils de "machine learning" et d'analyse des données, tout en se basant sur les avis des internautes et leurs historiques de recherche sur la plateforme. Que vous soyez un inconditionnel de Peaky Blinders ou un fan invétéré des films de Denis Villeneuve, le géant du streaming connaît tous vos goûts sur le bout des doigts et sait pertinemment ce que vous aimerez. Un peu flippant... et très efficace.

Mais son usage de l'IA ne s'arrête pas là, puisque cette dernière peut aussi analyser les images de la page d'accueil qui suscitent le plus d'intérêt chez les spectateurs afin de les mettre en avant ; et même adapter les visuels à chaque profil. Sans même parler de certains teasers ou programmes (comme l'anime The Dog and the Boy ou le générique de Secret Invasion pour Disney+) qui sont d'ores et déjà générés par l'intelligence artificielle.

 

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De l'optimisation du débit vers la création de contenu, il n'y a qu'un pas

Le géant américain utilise également cette technologie pour adapter automatiquement la qualité du rendu vidéo en fonction du réseau, histoire de limiter au maximum l'interruption de la lecture. D’après Thomas Volmer, directeur monde de la politique d’acheminement des contenus sur Netflix, l’enjeu est surtout de trouver “un équilibrage entre la meilleure qualité vidéo et le débit le plus faible possible

Et pour obtenir cette balance parfaite, les équipes se basent principalement sur l'algorithme nantais VMAF, qui est capable de visionner les programmes de la plateforme pendant plusieurs milliers d'heures, afin de donner un compte rendu précis sur la qualité observée. Cette analyse permet ensuite à Netflix et ses IA d'adapter les codecs (formats de compression) en fonction de l'appareil sur lequel est lu le film, mais aussi de changer le débit durant la diffusion en fonction des besoins du contenu. Bref, tout est bon pour gagner un peu de temps.

 

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Grâce à cette aide précieuse de l'IA, Thomas Volmer estime même que le débit aurait été "divisé par deux en 5 ans, à qualité rigoureusement équivalente". Ce qui permet d'ailleurs à Netflix de se placer parmi les plateformes de streaming qui proposent la meilleure qualité d'image.

Jusqu'ici, cela se limitait donc à des usages "pratiques" qui permettaient de mieux cibler leur audience tout en facilitant le travail des équipes. On a même vu, ces derniers temps, que l'IA pourrait bientôt augmenter la taille des vidéos sans perdre en qualité. Néanmoins, Netflix compte franchir une étape qui pourrait - à terme - mettre bon nombre de scénaristes au chômage : la production de contenus via l'intelligence artificielle.

 

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Une annonce qui ne laisse planer aucun doute sur les ambitions de netflix

Depuis quelques temps, le mercato bat son plein chez les leaders du streaming. Et l'on peut dire qu'il tourne largement en faveur des experts de l'IA, qui poussent peu à peu les scénaristes vers la porte de sortie.

Cet été, en pleine période de recrutement massif, Netflix a d'ailleurs mis les bouchées doubles pour attirer les prodiges de l'intelligence artificielle dans ses studios. Et cela passe par des annonces plus qu'alléchantes, dont une offre d'emploi pour un chef produit expert en machine learning avec un joli salaire de près d'un million de dollars annuels.

Un montant qui a de quoi donner le tournis, surtout quand on sait que la plupart des acteurs professionnels touchent moins de 26 000 dollars par an... Et cela fait largement débat à Hollywood, si bien que la place croissante de l'IA dans l'industrie du cinéma a poussé de nombreux scénaristes et acteurs à déserter leur activité. Trop, c'est trop.

 

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Il faut dire que l'intelligence artificielle menace leur profession sur plusieurs aspects, et notamment au niveau des conditions de travail. Si l'on fait le bilan, force est de constater qu'on arrive à un stade où la productivité humaine ne suffit plus à répondre aux exigences des géants du cinéma et du streaming, l'IA constituant ainsi une alternative crédible. Et vu comme ça, on se croirait presque dans un épisode de Black Mirror

Mais cela ne semble pas déranger Netflix le moins du monde. A priori, la plateforme américaine semble prête à remplacer certains membres de ses équipes de tournage par des logiciels. Et ces offres d'emplois en cascade pour les experts de l'IA en sont la preuve formelle.

 

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La plus intrigante d'entre elles concerne d'ailleurs la recherche d'un futur directeur technique pour l'IA générative dans le département de recherche et développement. Et si l'on en croit les informations de la fiche de poste, il s'agira de créer du contenu tel que "des images, des scénarios ou encore des dialogues" à la place de certains employés. À ce rythme, le remplacement des acteurs par l'intelligence artificielle ne saurait tarder... Metropolis avait donc tout prévu.

Par ailleurs, Netflix recherche des employés capables d'élaborer une "vision stratégique" pour l'utilisation de l'IA au sein de ses studios. Cela montre bien que la plateforme de streaming navigue encore à vue, telle le Black Pearl dans Pirates des Caraïbes, mais qu'elle semble tout de même convaincue de son intérêt. 

 

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Derrière Netflix, la concurrence s'organise

On aurait tort d'affirmer que Netflix est le seul service de streaming qui ose courtiser les spécialistes de l'IA en pleine période de grève à Hollywood. Et pour cause : Disney n'a pas tardé à lui emboîter le pas en publiant diverses offres d'emplois pour ingénieurs en machine learning et autres experts en intelligence artificielle. Le but ? Optimiser l'IA de ses plateformes de vidéo à la demande telles que Disney+.

 

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Ces dernières semaines, le mouvement semble d'ailleurs s'être amplifié avec une dizaine de nouvelles offres qui ont fleuri depuis le mois de juin. Et en parallèle de cela, il est toujours bon de rappeler que le studio californien a licencié plus de 7000 de ses employés. Ambiance.

Vous l'aurez donc compris, en 2023, seul le secteur de l'IA semble avoir le vent en poupe sur les plateformes de streaming. Et c'est bien triste.

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commentaires
Grey Gargoyle
01/10/2023 à 00:32

@GTB
"L’orgueil humain a de beau jour devant lui là :)."

Hum ! Ça me laisse sans voix... (°_°)

Wooster
16/08/2023 à 15:21

Il suffit d’avoir essayé ChatGPT pour se rendre compte à quel point c’est bluffant.
Il est évident que des scénarios seront écrits, ou au moins partiellement écrits, par une IA dans un avenir proche. Et il n’est pas complètement exclus que le résultat soit intéressant.

Fontâmos
16/08/2023 à 12:17

Il faudra quand même un certain temps avant que les acteurs puissent être remplacés. En revanche, il ne fait aucun doute que d'ici là, tous les aspects créatifs auront été influencés : depuis la création du scénario jusqu'à la musique et l'image.
Depuis quelques mois, par simple curiosité, j'ai entamé l'utilisation d'un "assistant virtuel" dans le cadre de mon travail. En attendant qu'il puisse éventuellement me remplacer, je suis convaincu que cette démarche a amélioré la qualité de mon travail de diverses manières. Je ne vois pas pourquoi cela ne serait pas la même chose dans le domaine artistique.

redwan78
16/08/2023 à 11:59

Pour le moment, beaucoup de bruits pour rien. Les meilleurs spécialistes des IA sont chez Microsoft ou Google. Actuellement, les investisseurs sont à fond sur les ia. Il faut arrêter de penser que ce sont des intelligences qui pensent par elles-mêmes, ce sont des scripts et qui apprennent par rapport aux données qu'on leur donnent.
Si les ia arrivent à penser par elles-mêmes et à nous remplacer au travail, je dis pas non. On pourra enfin profiter de la vie et finir comme dans Wall-e. Le chemin est encore long et il faut arrêter de fanstasmer.

GTB
15/08/2023 à 18:39

Le problème avec ces débats actuellement c'est que tout le monde donne son avis alors que très très peu savent de quoi ils parlent ou n'ont même que vaguement idée de la conception, du fonctionnement et des tâches potentielles de ces IA.

L’orgueil humain a de beau jour devant lui là :).

Ethan
15/08/2023 à 10:10

Sur mon ancien post ici supprimé peut-être ai je été trop subjectif? Il me semble important de signaler certaines attitudes déplacées dans les paroles de certaines personnes quand c'est nécessaire. C'est pour ça que je citais Rachel Zegler qui manifeste et son attitude me paraît déplacée. Il faut voir le reportage où elle est vraiment égocentrique de mon point de vue.

Ensuite par rapport au sujet ces films ne rencontrent pas tout à fait les succès escomptés depuis un moment. La question du recours à l'IA pour les effets spéciaux, le scénario est liée. Le nouveau blanche neige compte changer les nains en bandits. Les bandits ça rappele forcément Robin des Bois.

Enfin par rapport à l'écriture de nouveaux scénarios sans IA on peut aussi s'interroger parrélèlement par rapport aux films utilisant l'IA. Certains studios utilsent des thématiques de plus en plus dérangeantes et là bizarrement pas d'IA. Le nouveau blanche neige par exemple compte enlever le romantisme du film. Zegler dit même dans une interview que le prince dans la version de 1937 est un harceleur et qu'il sert à rien. Là vous allez me dire que je m'éloigne du sujet. Mais le film barbie a retiré le romantisme. Et ça voyez vous pas sûr que les gens approuvent. Barbie fonctionne au cinéma grâce à une bonne critique il faut le dire mais le film n'est pas parfait. On évite de parler de ce qui peut déranger. Ce que je veux dire c'est que les derniers films notamment chez disney à l'image de La petite sirène live action n'ont pas vraiment séduit.
Il y a une certaine méfiance de la part des gens qui consomment qui de mon point de vue est importante pour comprendre ces grèves actuelles de l'industrie du cinéma

Quelque part ces studios utilisent le système comme ça les arrange aux niveau des idées nouvelles en ayant recours ou non à l'IA

@Necroko
oui c'est une bonne idée

Moi j'ai déjà proposé l'idée de labeliser les films tournés à l'ancienne et pour des écrans traditionnels dans les salles

Necroko
15/08/2023 à 02:59

Il faudrait mettre un label comme avec la nourriture (A-B-C-D-E-F) pour signaler le degré fait par une IA (les auteurs risquent eux aussi d'en utiliser pour s'aider et les FX aussi)

A - tout est fait par des humain
... etc

yannick
14/08/2023 à 18:01

Une question : les studios/plateformes seront-ils obligés de signaler à l'avance si le film (enfin le contenu) a été généré par une IA à quelque niveau que ce soit (scénario, certains dialogues etc)?
Si oui, la solution est simple et doit être systématique : ne pas regarder. Si TOUS les contenus ayant fait intervenir une IA dans le process artistique se plantent à chaque fois et font perdre de l'argent aux studios, ils seront obligés d'arrêter cette logique, qui sera exponentielle si le public reste passif. Une fois encore, c'est le public qui a les clés pour stopper ça.

Mais il faudrait qu'un boycott au niveau mondial se mette en place, et ça va être compliqué

Nico1
14/08/2023 à 16:18

On est mal