Harvey Keitel défend une certaine violence au cinéma et critique celle des jeux vidéos

Geoffrey Crété | 10 août 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Geoffrey Crété | 10 août 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Avec une filmographie noire et brutale, Harvey Keitel a sans surprise un avis tranché sur la violence au cinéma.

Mean Streets et Taxi Driver de Scorsese, Mélodie pour un tueur de James Toback, Bad Lieutenant de Ferrara, Reservoir Dogs et Pulp Fiction de Tarantino : Harvey Keitel est associé pour beaucoup à un cinéma âpre, dur, qui hante les mémoires avec des ambiances noires et des scènes inoubliables.

Présent au festival de Locarno, où le réalisateur Abel Ferrara lui a remis un prix d'honneur, l'acteur de 77 ans a été célébré, notamment pour son amour du cinéma indépendant et ses collaborations avec des cinéastes italiens. Le dernier en date : Paolo Sorrentino pour le très beau Youth, qui se déroule justement en Suisse.

Interrogé par le public sur ses nombreux rôles torturés, Harvey Keitel a partagé sa vision très claire de la violence, notamment au cinéma :

"La violence est une chose réelle et la vraie violence est horrible, destructrice, blessante. N'importe quelle discipline artistique qui montre la violence pour des raisons commerciales a tort. Mais on doit connaître la violence, on doit connaître le danger, parce qu'il existe"

 

Photo Harvey Keitel, Reservoir Dogs

 

"J'ai un fils de 12 ans et il doit apprendre la violence. Les enfants jouent à tous ces jeux vidéos maintenant et il y a là-dedans une violence qui n'est pas authentique, et je pense que c'est dangereux. J'essaie tout le temps de l'aider à comprendre que quand on est frappé au visage ou poignardé ou qu'on prend une balle, ça fait du mal. On ne se relève pas comme dans le jeu vidéo pour continuer à se battre."

 

Photo Harvey Keitel, Bad Lieutenant

 

Harvey Keitel estime que c'est le rôle de chacun, et notamment des artistes, de mesurer l'impact de la violence, et de l'utiliser pour de bonnes raisons :

"On a une l'obligation d'afficher la violence de manière authentique comme partie intégrante des choses, et le choix de l'utiliser ou pas est une autre question. C'est une question morale."

"Beaucoup de choses violentes me sont arrivées dans la vie, physiquement et dans un sens abstrait. Gérer tous ces problèmes, ce qui nous blesse, nous fait souffrir, et ce qui est magnifique dans la vie : c'est notre travail de le mettre dans les histoires qu'on raconte. Le cinéma qui exploite la violence doit être évité. On sait tous quand c'est le cas."

Personne ne sera donc étonné de savoir que Harvey Keitel retrouvera Robert de Niro dans The Comedian, une comédie sur un vieux comique. Un film sans violence, à priori.

 

Photo Harvey Keitel, Youth

  

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