Gods of Egypt : le réalisateur Alex Proyas pousse un gros coup de gueule

Christophe Foltzer | 28 janvier 2016 - MAJ : 05/07/2021 16:31
Christophe Foltzer | 28 janvier 2016 - MAJ : 05/07/2021 16:31

Depuis qu'on en a vu les premières images il y a quelques mois, on attend Gods of Egypt avec un impatience bien perverse. Et nous ne sommes pas les seuls puisqu'alors qu'il n'est même pas encore sorti, le film subit des foudres loin d'êtres divines.

Qu'est-ce qu'il nous fait rire ce Gods of Egypt à travers ses bandes-annonces qui promettent un Saint Seiya au rabais avec des effets spéciaux dignes d'une PS3. Bon après, ce qui nous inquiète le plus, c'est qu'il s'agit quand même du nouveau film d'Alex Proyas, le réalisateur de The Crow, et on l'aime bien même s'il donne l'impression d'être à la dérive depuis plusieurs années.

Il n'empêche qu'en dépit de toutes les craintes, si le film fait autant parler de lui avant même sa sortie, c'est à cause de son casting, absolument pas représentatif de l'Egypte Ancienne où se situe l'histoire d'un niveau ethnique. En pleine polémique des Oscars, Proyas décide de pousser son coup de gueule sur son compte Facebook, dont nous publions ici quelques extraits (parce que c'est très long, mais vous pouvez retrouver l'intégralité du message ici, mais en anglais) :

 

bande-annonce

 

"Quelques précisions concernant le casting de Gods of Egypt :

Mon film n'a pas l'intention d'être historique. Il s'inspire de mythes, c'est un film fantastique, une oeuvre imaginaire. Donc, dans ces conditions je choisis mes acteurs en fonction des rôles. Cela implique bien sûr que les gens puissent ne pas être d'accord avec mes choix.

[...]

Il est commun pour un acteur d'interpréter un personnage d'une origine différente de la sienne. Sean Connery a joué un russe alors qu'il est écossais. Omar Sharif aussi alors qu'il était égyptien.

[...]

Il existe un gros débat sur la couleur de peau des Egyptiens Anciens et personne n'en est sûr à l'heure actuelle. Evidemment on ne doute pas qu'ils n'aient pas été caucasiens, puisque ce qu'ils nous ont laissé d'eux les représente comme un mix de différentes teintes de peau durant les nombreuses dynasties. Mais était-ce la vérité ? Etait-ce une représentation artistique et symbolique loin de ce qu'ils étaient vraiment ?

[...]

 

Photo

 

"Qu'est-ce qu'on me reproche exactement ? Que je n'ai pas choisi des Egyptiens pour tous les rôles ? Ou disent-ils quelque chose d'autre ? Evidemment j'aurai souhaité avoir un nombre d'acteurs Egyptiens parlant anglais pour ce film, mais les implications d'un studio, les noms qu'il faut au générique pour qu'un film se fasse, surtout de cette ampleur, le fait que le film ait été entièrement tourné en Australie, avec des indications très précises sur le nombre d'acteurs que nous pouvions "importer" là-bas, tout cela a joué un grand rôle dans le choix du casting."

On le voit, au-delà de la polémique facile et un peu stupide il est vrai, Proyas s'est avant tout heurté aux réalités du cinéma moderne, qui a besoin de têtes d'affiches susceptibles d'au moins faire rentrer le film dans ses frais au moment de sa sortie. Entre désir d'authenticité et impératifs économiques, il y a un monde et, plutôt que de partager la polémique, on préfère regarder à nouveau la bande-annonce, parce qu'elle est quand même très drôle.

 

Tout savoir sur Gods of Egypt

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
Nywels
27/03/2016 à 20:48

J'ai hâte de voir un film sur les celtes avec des acteurs noirs et arabes pour les interpréter... Un film en Égypte ancienne avec des populations ethniquement africaine c'est juste du bon sens mais là encore on trouve des excuses...

Jeanne
30/01/2016 à 16:24

Moi, c'est pas tant la couleur de peau qui me choque, c'est la gueule des acteurs en général, tous millimétrés pour bien rentrer dans le moule "beau gosse" "meuf sexy" d'Hollywood... Mais bon, je vais pas dire que c'est la faute du réalisateur, c'est plutôt tout le système qui est à revoir.

2cloo
30/01/2016 à 15:12

@ 2flicsamiami Je m'incline pour Harry, effectivement, la franchiise littéraire était déjà tentaculaire, mais si tu crois que Avatar n'était pas un pari risqué, tu te fourvoies, à mes yeux mon exemple tient, le public est on ne peut plus volatile et faire une méga production de 237 millions de dollars sans star bankable est un pari risqué, bien que Cameron soit derrière la caméra, c'est un réalisateur et j'ai d'énormes doutes sur la réception du grand public à un réalisateur, c'est un métier obscur pour la plupart des non cinéphiles. Cequi a poussé énormément de gens à le voir, c'est la 3D et non Cameron....
Comment ai-je pu oublier Star Wars premier du nom, Strictement Que des inconnus, et on pourrait dresser une liste de tous les flops que les stars ont pu engendrer.....
Ces acteurs dits bankables pour "sauver" des films, c'est souvent de la poudre aux yeux pour masquer différents défauts ( scénario, mise en scène ou autre ).

Of the 36 top hits that grossed $125 million or more, just 16, or 44.4 percent, had stars ( source : http://abcnews.go.com/Business/story?id=86547&page=1 ).
J'ai pas trouvé l'année de l'article mais en gros depuis 2001, 256 film ont dépassé les 10 millions de retour box office et de cette liste, suelement 44 pourcents avaient des stars à leurs têtes...

KLM
29/01/2016 à 22:55

Non non vraiment Gdy, elle va mal

Gdy
29/01/2016 à 22:41

@vickers
Ne t'en fais pas pour ma ponctuation mon ami elle va pas mal, peut être tes yeux qui sont fatigués.
Mais je suis d accord avec toi je n ai pas non plus envie de discuter ciné avec toi.
Ne t inquietes pas je viens en paix.

Working Joe
29/01/2016 à 19:32

J'avais bien compris ! Ecrire un commentaire a ses limites pour bien saisir le propos.
Ravi en tout cas d'avoir de temps en temps l'occasion d'échanger de manière civilisée, même sans être toujours d'accord.

2flicsamiami
29/01/2016 à 18:38

"mais qu'on lirait presque comme une grande vérité" : loin de moi l'idée d'affirmer mon point de vue comme une grande vérité - même si ça peut en prendre la tournure.

Working Joe
29/01/2016 à 18:12

Je ne parlais pas précisément de toi là, mais du réflexe systématique d'accuser "les médias". Et projeter des intentions selon ta grille de valeur, selon ta propre réflexion ("ils disent cela car ils pourront dire ceci en cas d'échec histoire d'être vu comme ça"), qui n'engagent strictement que ton point de vue (mais qu'on lirait presque comme une grande vérité), je trouve ça un peu stérile.
Surtout en disant "les médias", comme s'il s'agissait d'une masse unie, sans différences d'opinions.
C'est véritablement devenu une tendance globale, qu'on retrouve au moindre souci ou débat de fond. Alors que je persiste à dire que c'est ultra simpliste et réducteur (au moins autant pour les médias que pour celui qui le dit).

2flicsamiami
29/01/2016 à 17:42

La vérité se trouve sans doute entre nos deux points de vue (histoire de me convaincre que je n'ai pas tout à fait tort :) ). En tout cas, je partage certains de tes arguments (notamment le dernier).
Toutefois, je me permets une petite correction concernant ma lecture des médias, que je ne pense pas en terme de position (raciste ou progressiste) mais d'intention.

Working Joe
29/01/2016 à 16:10

Dire que la presse us s'acharne me semble un brin excessif ! je lis quasi rien sur les sites américains... (en tout cas beaucoup moins qu'Exodus, et c'est logique vu la différence entre les deux films au niveau du marketing, des enjeux, du prestige). Et limite on pourrait être cynique et se dire que tout ceci fait parler du film, justement.

Et si le sujet te semble à toi aussi noble et nécessaire, on ne peut qu'être satisfait que Gods of Egypt soulève une discussion plus ou moins animée. Ce film n'est même pas jugé comme un vrai coupable, et PERSONNE ne dit que c'est le seul ou le premier à le faire (déjà, tout le monde reparle d'Exodus : même situation toute récente) ; il est considéré comme le symptôme d'une industrie qui a la tête dans le sable, et a visiblement besoin de coups de gueules (les Oscars so white, les stars féminines qui parlent du sexisme) pour se dire qu'il faut évoluer. Non pas car "c'est bien", mais parce que ça abime l'image des films, ça court circuite la promo, et ça résonne.

Et toujours accuser aveuglément "les médias"... S'ils défendent le choix d'un acteur noir dans Les 4F on les accuse d'être politiquement correct, s'ils font le contraire ils seront racistes, et s'ils ne font rien ce seront des lâches. Ca me semble un peu simplet comme lecture, et surtout terriblement ordinaire. La presse mainstream parle certainement plus de tout ceci car 1/ de plus en plus de gens du milieu en parlent, et donc donnent des sources d'infos sur les coulisses sinon assez fermés 2/ le public y est maintenant réceptif (et je dis ça à moitié convaincu vu les commentaires violents qu'on a à chaque fois, voir ci dessus).

Enfin, déresponsabiliser totalement un réal ça me semble pas bien convaincant. Personne n'oblige Proyas à faire ce film, à choisir ces acteurs, à vouloir ce budget. Il n'a pas les pleins pouvoirs comme un Fincher certes, mais ça n'en fait pas pour autant une victime. Et surtout pas avec sa réponse sur Facebook, qui ne montre même pas qu'il pense subir le système.

Plus