[LesArcs] Ecranlarge fait du ski (2ème partie)

Nicolas Thys | 18 décembre 2013
Nicolas Thys | 18 décembre 2013

Si la journée précédente était déjà bien gloutonne et enneigée, pour bien commencer celle-ci on s'est dit qu'un petit déjeuner à 3200 mètres, au sommet de l'aiguille rouge, ne pouvait pas faire de mal, histoire de se dégourdir les jambes, de dire bonjour au mont Blanc un café à la main avec la merveilleuse participation d'Eric Calop, frère du délégué du festival, qui nous a offert une petite visite improvisée. On a aussi pu croiser Jonathan Coe, membre du jury et auteur britannique parmi les plus importants aujourd'hui, dans le téléphérique. Parmi les propos échangés, autour du cinéma anglais et de son travail, il nous a confié que parmi ses grandes influences figuraient les Monty Python (ce qui est perceptible au détours de quelques pages de ses romans), qu'il adore Les Innocents de Clayton et qu'il travaille sur le scénario du prochain film de Julie Gavras. Pour ceux qui ne le connaitrait pas, on ne saurait que trop recommander son Testament à l'anglaise ou La Vie très privée de Mr Sim.

 


 

S'en est suivie une longue séance de jacuz... hum... travail en allant assister à une conférence sur Les Nouveaux enjeux du financement cinématographique en Europe. Rappelons que le Festival du cinéma européen des Arcs est un grand lieu de rencontre pour les professionnels du cinéma européen, producteurs et distributeurs avec quatre jours consacrés à un forum de coproduction avec présentation de projets, et quatre autres pour les DIRE (Distributeurs Indépendants Réunis Européens).

Notre conférence, modérée par un journaliste de Screen International, regroupait Peter Aalbaek Jensen (Zentropa), Anna Kokourina (Fox International) et Helge Sasse (Senator Entertainment). Dans l'ensemble, et malgré des points de vue différents liés à la nature des sociétés qu'il représentaient, les trois sont d'accord pour dire que le cinéma européen  et les coproductions présentaient de nombreux avantages et facilités et que l'hégémonie de la langue anglaise que certains redoutaient n'était pas une fatalité. La multiplicité des langues n'est pas un frein à la production quand les budgets ne sont pas trop élevés ou l'esthétique trop hollywoodienne. Ils sont aussi tombés d'accord sur la difficulté pour les pays étrangers de s'adapter au modèle français pour y produire des films : notre pays est beaucoup trop cher. Parmi les abérrations, on notera la difficile quête de Mr. Morgan's Last Love qui n'a aucun distribuiteur français alors qu'il a été acheté partout à l'étranger et qu'il a été tourné à Paris avec Michael Caine et Clémence Poésy.

L'un des work-in-progress qui semble avoir marqué le plus est islandais : Either ways de Hafsteinn Gunnar Sigurdsson. L'Islande est d'ailleurs bien représentée aux Arcs avec un film en compétition, Of horses and men dont on reparlera, et deux films et demi dans les projets sélectionnés au village des coproduction : Heartstone de Gudmundur Arnar Gudmundsson, The Rams de Grimur Hakonarson et Sparrows de Rúnar Rúnarsson (produit avec le Danemark).

Après ça, on a continué à se promener et à admirer le panorama qui s'offre à nous, les spécialités de charcuterie et les soirées autour d'un vin pétillant de Savoie offert avant d'aller assister à une remise de prix. Car le festival commence à peine mais des prix ont déjà été décernés. Deux pour les meilleurs producteurs-skieurs lors de la Europan cinema ski cup avec un joli parcours en slalom. Et dieu sait que ceux qui savent naviguer et éviter les obstacles peuvent aller loin vont loin !

 

 

Mais surtout, on a pu assister à la remise du prix Sisley qui met à l'honneur une personnalité féminine emblématique du cinéma européen. Cette année il a été remis à la réalisatrice bosniaque Jasmila Zbanic qui le mérite amplement. Si son nom ne vous dit pas grand chose, elle avait remporté l'Ours d'or à Berlin pour Sarajevo mon amour en 2006 que nous avions déjà chroniqué. Elle venait ici présenter son prochain opus en compétition, For those who can tell no tales. Tiré d'un ver du prix nobel de littérature Ivo Andrić qui évoque les disparus de la guerre, le film relate le parcours réel d'une touriste australienne découvrant les horreurs et massacres qui ont eu lieu à Visegrad. C'est une manière pour la cinéaste de revenir une fois de plus sur un passé aussi violent que fragile, sur ces fantômes qui la hantent comme ils semblent parcourir le film tout en menant une réflexion autour de la mémoire et de ses problématiques.

En somme, une journée plutôt bien remplie, sans compter sur un repas avec un Paradjanov ressuscité ! Mais ceci ce sera pour une prochaine fois. Les marmottes et la fondue nous appellent...

 


 

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