Venise 2011 : jour 3

Simon Riaux | 3 septembre 2011
Simon Riaux | 3 septembre 2011

Après 48 heures passées en terres vénitiennes, la team EL est méconnaissable. Si la langue chamarrée de De Vinci n'a plus de secret pour nous, nous avons également adopté le style vestimentaire local, troquant nos fades t-shirts de parisiens pour des chemises cintrées et toujours entrouvertes sur nos torses noueux. Nos épis hirsutes ont laissé place à un festival de gomina grasse comme une pizza new-yorkaise, nos yeux chafouins dissimulés derrière d'imposantes lunettes de soleil. Vous l'aurez compris, Geoffrey et moi-même avons grave la classe. C'est bien beau me direz-vous, mais la classe, ça ne nourrit pas. C'est ce que mon camarade et moi avons découvert à nos dépens.

 



En effet, pour se nourrir sur la Mostra, il faut de l'abnégation, un peu de courage, et une flore intestinale tolérante. Car les (très) rares restaurants aux abords du palais sont inévitablement bondés et (curieusement) très chers. Bien sûr, le journaleux débrouillard se rabattra sur les stands du Movie Village, à quelques pas de là, où il pourra déguster au choix de l'eau, un expresso ou de la bière, mais à peu près rien de solide. Pour l'écrivaillon hypoglycémique, le défi est de taille, et la seule manière de le relever consiste à se rapprocher de la plage. Ce soir la team EL a donc dégusté un ravissant assortiment de chouchous, beignets et autres chaussons aux pommes. Autant vous dire qu'il nous reste pour rédiger ce compte rendu à peu près autant de force qu'à un moustique hémophile.


 



Allons donc à l'essentiel. La journée commença pour le mieux avec A Dangerous Method, un David Cronenberg de haute volée, qui laissa sceptique Geoffrey par sa retenue de chaque instant mais enchanta votre serviteur, qui attend avec impatience une deuxième vision pour approfondir l'avis en ligne depuis quelques heures. Étourdis par cet audacieux moment de cinéma, et rattrapé par nos tendances masochistes, nous nous précipitâmes vers la conférence de presse d'Un Été brûlant, qui eut au moins le mérite d'être hilarante, Philippe Garrel déclarant notamment que « l'anticonformisme était à l'origine de son film. » Blagueur le Garrel. Il fut rapidement suivi par l'équipe de A Dangerous method au grand complet. Cronenberg fit son possible pour expliquer comment de tâtonnements en expérimentations sa mise en scène était aujourd'hui entièrement motivée par la volonté de servir au mieux son scénario, régulièrement interrompu par un Michael Fassbender de toute évidence hilare, et d'humeur particulièrement blagueuse.

 



Après quoi Geoffrey prit le chemin de Whores glory, éprouvante plongée documentaire dans la vie de prostituées diverses et variées, où vous n'apprendrez pas grand chose, et dont la démarche est pour le moins douteuse. Pour ma part je me retrouvais devant le Café de flore, autant par sincère curiosité qu'attraction déviante pour un titre des plus inquiétants. Le résultat fut encore beaucoup plus déconcertant qu'attendu car si Jean-Marc Vallée (CRAZY) fait ici montre d'un talent impressionnant aux postes de réalisateur et monteur, son scénario au mieux surprend par sa maladresse intellectuelle, au pire agace franchement par le propos odieux qu'il explore dans son dernier tiers.

 

Inutile de vous dire que notre moral en avait pris un sacré coup, et que Alps, deuxième film du réalisateur de Canine, ne fit pas office de remède. Il y a peu de choses à dire sur ce film, qui nanti d'une très bonne idée de départ s'entête dans une distanciation autiste qui annihile toute narration, et in fine, tout véritable point de vue. Il est l'heure pour nous de rejoindre Marina de Van et son Petit Poucet, qui devrait nous emmener jusqu'au tréfonds de la nuit, de la fatigue, et de la consommation de boisson énergisantes. Mais que voulez-vous, il y est question de viande, d'enfants, et d'un ogre nommé Denis Lavant, ce qui augure du meilleur.

Demain, promis, nous parlerons du rire Vénitien.

 


 

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