Bande-originale : Black book

La bande-originale de Black book exprime bien ce qu'est le dernier Paul Verhoeven : un pur thriller sur fond d'occupation nazie plutôt qu'un film traitant de la Seconde Guerre Mondiale. Les compositions de l'anglaise Anne Dudley, qui travaille ici pour la première fois avec le réalisateur ainsi que sur un film à suspense (ses principaux faits d'armes sont The crying game et un Oscar pour The full monty), s'emploient en effet sagement à mettre en musique les émotions et situations types du genre – angoisse, séduction, courses-poursuites. Les dix-neuf morceaux de l'album (auxquels s'ajoutent quatre chansons de music-hall, dont trois en hollandais, tirées du film) sont tous très appliqués, sans faute de goût, tour à tour charmeurs et inquiétants.

Il manque tout de même à l'ensemble une originalité, une « patte » qui le rendrait moins passe-partout. Telle quelle, cette bande-originale pourrait être celle de toute une gamme de films hollywoodiens, du polar à la science-fiction en passant par l'aventure ; le morceau « The black book » a par exemple un ton très Indiana Jones. D'autres aspects de la musique font penser à d'anciens longs-métrages de Verhoeven, sans que l'on puisse décider s'il s'agit d'une démarche volontaire ou non de la part de Dudley. Une scène d'action comme « In pursuit » nous plonge en plein Starship troopers, et l'ambiance générale, sourde et frémissante avec de brusques poussées de tension, est une descendante de celle qui enveloppait Basic instinct. L'héritière est studieuse mais un brin falote, puisque ses arrangements à base de cordes – « A hero of the resistance », « Rachel's retribution » – n'atteignent jamais la pureté et la volupté de ceux écrits à l'époque par Jerry Goldsmith.