Hollywood en crise : les acteurs se mettent en grève, et ça annonce un immense chaos

Face aux gros studios comme Disney, Warner ou Netflix, les acteurs se sont officiellement mis en grève, et Hollywood s'enfonce un peu plus dans la crise. 

La grande saga de l'été n'est pas près de s'arrêter. Et non, on ne parle pas de Mission : Impossible, mais bien du feuilleton qui agite Hollywood depuis quelques mois : la fameuse grève des scénaristes. Un mouvement qui a paralysé plusieurs grosses productions, et qui a mené à une véritable guerre face aux studios, qui ont menacé de "briser" les scénaristes en grève. 

De leur côté, les acteurs, représentés par le syndicat SAG-AFTRA, menaçaient de faire grève avec les scénaristes depuis quelques semaines. Une possibilité qui était largement crainte par les grosses machines hollywoodiennes. Les deux parties avaient pu s'entendre pour prolonger les négociations de contrat. Mais après l'expiration de celui-ci, sans accord trouvé, les acteurs ont bel et bien décidé de se mettre en grève, et Hollywood se prépare au chaos. 

On strike

Le contrat entre la SAG-AFTRA et l'AMTPT (le syndicat qui représente les studios) expirait ce 12 juillet 2023 à 23h59 aux États-Unis. Peu de temps après, le comité de négociation a recommandé unanimement la grève au Conseil National de la SAG, et le mouvement a été décidé lors d'une réunion tenue entre les différentes parties ce 13 juillet matin (heure américaine). Elle debutera donc ce 14 juillet 2023 à partir de 0h01.

La décision a été prise alors que les studios de cinéma (Disney, Warner, Paramount, Universal...) et les géants de la SVoD (Netflix, Amazon, Apple...) avaient décidé de faire traîner les négociations avec les acteurs, tout en laissant la grève des scénaristes dépérir. Dans un communiqué officiel, la SAG a soulevé « l'incapacité des studios d'offrir un accord juste sur les questions majeures qui sont essentielles aux membres de la SAG-AFTRA ».

Les studios quand les acteurs se sont mis en grève

Une double grève des acteurs et des scénaristes est quasiment inédite à Hollywood (ce n'est plus arrivé depuis 1960). Et, selon les échos des médias américains, les studios ne comptaient pas vraiment dessus jusqu'à très récemment. Un jour avant l'annonce de la grève, dans les pages de Deadline, plusieurs sources proches de l'industrie annonçaient être confiantes quant à la résolution de l'affaire. 

En prévision d'une longue grève des scénaristes, les studios avaient même commencé à économiser les dollars sur leurs productions en suspens, alors que les plateformes se sont mises en quête de productions étrangères à acheter pour combler le possible vide à venir. Une manoeuvre qui ne prenait cependant pas en compte la possibilité d'une grève des acteurs, qui annonce un gros chaos dans le petit monde d'Hollywood. 

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Quelles conséquences ?

Les retombées de la grève de la WGA (syndicat des scénaristes) s'étaient déjà fait sentir, avec l'interruption de tous les projets en cours d'écriture (ou en proie à des réécritures sur le tournage, comme c'est souvent le cas des blockbusters). Mais l'arrivée des acteurs dans la contestation présage d'une mise à l'arrêt complète de la machine hollywoodienne, ainsi que de tous les évènements qui en sont dépendants. 

La SAG-AFTRA compte 160 000 membres, parmi lesquels la plupart des stars de l'industrie, et les a appelés unilatéralement à stopper leurs activités au sein des productions scriptées, au cinéma et à la télévision. Les productions qui se tenaient en dehors du sol américain seront désormais stoppées, alors qu'elles n'étaient pas concernées par la grève des scénaristes. 

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La première conséquence, c'est évidemment l'absence des acteurs sur les plateaux de tournages et donc le report de très nombreux projets en cours de tournage, ou sur le point de commencer. Parmi eux, la série Alien écrite par Ridley Scott, Gladiator 2 et Mortal Kombat 2, et très probablement Deadpool 3, dont le tournage vient de débuter. Les studios devraient être forcés à repousser leurs plus grosses sorties, ce qui pourrait très sérieusement impacter les salles de cinéma, déjà fortement touchées par la pandémie de coronavirus. 

En grève, les acteurs ne pourront plus faire la promotion de leurs projets, y compris lors des avant-premières mondiales de films déjà complétés ou lors des conventions. Le Comic-Con de San Diego, déjà déserté par tous ses plus gros clients, devra sans doute abandonner les quelques panels restants (la série Invincible, le film d'animation Tortues Ninja, entre autres). Un énorme coup dur, surtout après une réouverture réussie l'an dernier, marquée par la présentation de Marvel Studios. 

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Les festivals de l'automne (Venise, Toronto) risquent également de se dérouler sans grande médiatisation avec l'absence des comédiens des films sélectionnés sur place (puisque pas de tapis rouge, junkets ou conférence autorisés) pour des cérémonies de récompenses vides. À ce propos, si Barbie et Oppenheimer ont pu être présentés pour leur avant-première mondiale en présence des acteurs, l'été s'annonce donc bien morne en actualité cinématographique. Et si la grève persiste, on peut s'attendre à ce que le tapis rouge de Dune 2 se déroule sans Timothée Chalamet, Zendaya et compagnie fin octobre prochain.

Plus encore, c'est finalement la perspective d'une pénurie de blockbusters américains qui pourrait bien vite devenir réalité, soit une catastrophe pour les exploitants de salles. À l'international, notamment dans les territoires anglo-saxons, l'inquiétude d'une extension de la grève est également présente, alors que de nombreux acteurs britanniques ou australiens font partie de la SAG-AFTRA. D'autant plus que les revendications des comédiens américains, qui réclament de meilleurs salaires et une loi historique pour réglementer l'usage de l'intelligence artificielle au cinéma, sont dans l'air du temps, et résonnent avec des demandes similaires en dehors des États-Unis. 

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Alors, cette grève pourrait-elle durer ? Si elle se prolonge, elle n'ira sans doute pas jusqu'à Noël, alors que les studios voulaient attendre ce moment pour rouvrir les négociations avec la WGA. Face à la puissance de la SAG-AFTRA, qui réunit plusieurs personnalités extrêmement influentes à Hollywood, ils seront très probablement amenés à changer de stratégie. Cela dit, le conflit semble profond, et le bras de fer pourrait bien être particulièrement tendu. 

À présent, c'est une véritable partie d'échecs qui s'annonce, alors que les syndicats vont sans doute décider dans les prochains jours de la marche à suivre. Plusieurs exécutifs majeurs des gros studios hollywoodiens (dont David Zazlav de Warner Bros., et des exécutifs de Disney) ont avancé l'idée de faire intervenir un médiateur fédéral pour régler le conflit, selon The Hollywood Reporter. 

Un signe supplémentaire de l'ampleur de la crise à Hollywood, qui s'engage dans une bataille pour son futur. Et la confirmation d'un feuilleton qui durera encore un bon moment (jusqu'à l'automne ?), et dont l'issue est bien difficile à prévoir.