Steven Spielberg flingue Warner et sa stratégie du streaming avec HBO Max

Selon Steven Spielberg, Warner Bros. a profité de la pandémie pour reléguer des films à une sortie sur HBO Max sans respecter leurs auteurs.

La question concernant l’avenir des salles avec la concurrence de plus en plus féroce des plateformes de streaming cristallise le débat depuis le Covid. Car Netflix, Disney+ ou Amazon Prime ne proposent pas uniquement des séries, mais également des longs-métrages, parfois en exclusivité et offrent à certains cinéastes de véritables opportunités pour financer des projets par les studios, à l’image de The Irishman de Martin Scorsese.

La fermeture des cinémas durant la pandémie a permis aux différentes sociétés de SVoD d’accroître leur nombre d’abonnés et d’étendre leur hégémonie, au point qu’en France, une guerre terrible oppose les autorités à Disney concernant la chronologie des médias. Mais au-delà des luttes intestines et des débats sans fin, d’autres s’interrogent sur le sort réservé à certains films pendant la crise du Covid-19. Certains longs-métrages ont été contraints de repousser leur date de sortie en salles alors que d’autres ont été relégués, sans aucune négociation possible, à une sortie sur une plateforme. Et justement, Steven Spielberg s’est confié récemment sur ce sujet, auprès du New York Times.

Silence, je tourne pour HBO Max

« La pandémie a permis aux plateformes de streaming d’augmenter leurs abonnements à des niveaux records, mais aussi de jeter certains de mes meilleurs amis cinéastes sous le bus, car leurs films n’ont pas eu droit à une quelconque sortie en salles… ils ont été payés et les films ont soudainement été relégués à une sortie sur HBO Max. »

Avec ces mots, Steven Spielberg ne remet pas en cause l’existence des plateformes de streaming. Il regrette, en revanche, le manque de concertation entre certains studios, dont Warner et quelques cinéastes, au sujet de la distribution de leurs longs-métrages en salles. Warner a en effet profité d’une situation dramatique pour alimenter sa plateforme HBO Max, alors bien maigre en contenus (une manière comme une autre de se rapprocher de ses concurrents directs), piétinant ainsi la volonté des auteurs. Pour preuve, Wonder Woman 1984 de Patty Jenkins a été le premier à faire les frais de cette politique, et a obligé Warner à repenser ses contrats avec les créateurs des oeuvres.

Je n’ai pas pu me protéger de la décision de la Warner

Surtout, il met quelque part, en perspective, son pur amour de cinéphile et la magie de la découverte des films en salles (un point qui sera l’objet de son nouveau bijou The Fabelmans). Steven Spielberg appartient à cette génération qui apprécie la découverte d’un film sur grand écran et cela se comprend. Cependant, le metteur en scène souligne également que les plateformes n’incarnent pas ce mal à l’état pur, désigné par plusieurs acteurs de l’industrie. Elles permettent, dans certains cas, une meilleure visibilité pour certains films et Steven Spielberg pense d’ailleurs que Pentagon Papers aurait sans doute reçu un meilleur accueil public sur une plateforme de streaming.

Ainsi, Steven Spielberg offre un point de vue bien plus nuancé qu’à première vue, même s’il n’hésite pas à pointer du doigt les méthodes cavalières employées par certains acteurs du secteur, à commencer par Warner. Si le réalisateur se montre solidaire envers ses confrères, il analyse en revanche, avec une certaine sagesse, les changements qui bouleversent actuellement le monde cinématographique et entrevoit les avantages (il y en a) conférés par les plateformes.