On a vu Shin Ultraman, la nouvelle superproduction des auteurs de Shin Godzilla

Mathieu Jaborska | 31 octobre 2022 - MAJ : 31/10/2022 17:00
Mathieu Jaborska | 31 octobre 2022 - MAJ : 31/10/2022 17:00

Hideaki Anno et Shinji Higuchi s'attaquent à une nouvelle figure emblématique de la culture populaire japonaise : Ultraman.

Le 23e festival des Utopiales de Nantes est décidément très généreux envers les amateurs de cinéma populaire japonais. Outre une rétrospective consacrée à la légende Rintaro, en sa présence, les programmateurs étaient fiers, à raison, de proposer l’avant-première française d’un long-métrage suscitant tous les fantasmes depuis son annonce il y a quelques années : Shin Ultraman

 

Shin Ultraman : photoLe seul et unique

 

Une attente due à la place importante que tient la gigantesque franchise débutée avec Ultra Q dans la culture pop, à l’ambition des premières images dévoilées, mais surtout au pedigree de ses auteurs, Hideaki Anno (au scénario) et Shinji Higuchi (à la réalisation), qui ont en commun de complètement transcender les grands classiques du tokusatsu et du Kaiju Eiga, que ce soit à la mise en scène, à l'écriture ou aux effets spéciaux.

Le premier restera à jamais célèbre pour la série, puis les films Neon Genesis Evangelion. Le second s'est occupé des grosses bestioles de la trilogie Gamera de la fin des années 1990 qui, sous couvert de remettre au goût du jour la tortue préférée des enfants, la transformait de film en film en icône horrifique, jusqu’à un final qui citait explicitement les questionnements d’Evangelion. Leurs idées ont définitivement fusionné dans Shin Godzilla, toujours inédit en France (même si Spectrum Films semble sur le point d'y remédier), à la fois une réinvention totale et un panégyrique de la puissance symbolique du mythe du Roi des monstres, traversé de séquences de destructions époustouflantes.

 

Godzilla Resurgence : Photo Godzilla ResurgenceShin Godzilla et ses cuisses légendaires

 

Shin Ultraman devait lui emboiter le pas, et il le fait très littéralement dès son premier carton. La note d'intention est cristalline : les admirateurs de Shin Godzilla ne seront pas dépaysés avec ce prolongement de ses thématiques, via le personnage et l'univers d'Ultraman. Une fois de plus, malgré les nombreuses séquences de baston à taille urbaine, le véritable ennemi de l'équipe pro-Ultraman reste l'administration, la politique, côté humain... et extraterrestre !

C'est donc le retour des longues discussions dans des bureaux anonymes, dont l'austérité est soulignée presque jusqu'à la caricature par la caméra d'Higuchi , qui, une fois rivée au sol lorsque les forces en présence ne se mettent pas sur la tronche, se confond soit en cadres rigides, parfois accrochés de manière complètement délirante à divers objets (le plan télécommande !), soit occultés en grande majorité par un quelconque bureau ou personnage en amorce. Plus critique envers les travers de la diplomatie internationale qu'envers le mille-feuille administratif nippon, Shin Ultraman reprend toutefois dans les grandes lignes le principe de son prédécesseur à écailles.

 

Shin Ultraman : photoUltraman VS McKinsey

 

Mais Ultraman n'est pas Godzilla. Et le duo doit composer à la fois avec l'histoire du personnage et la nature épisodique qui le caractérise. Ainsi, contraint de bazarder les néanmoins magnifiques Kaiju passées 20 minutes et une mise en situation jouissive, il se concentre ensuite sur les relations entre humains et extraterrestres avant de construire sa démonstration par étapes, voire par épisodes, là ou Shin Godzilla était rythmé par les évolutions du reptile.

De la même manière que le traitement quasi religieux du roi des monstres, bien que présent par touches, laisse place à un éloge nostalgique de la série et de ses codes, musique et gestuelle comprises. Éloge qui en devient épique lors de scènes d'affrontement colorées et dynamiques qui feront halluciner les habitués de la licence Ultra, probablement reconnaissants de voir leur icône traitée avec un tel dévouement.

 

Shin Ultraman : photoOne Punch Ultraman

 

Les plus tatillons lui reprocheront de pousser moins loin la réflexion que les précédents films du duo, les autres y verront un rappel, après les tractopelles d'analyses béates d'admiration qui ont accompagné la sortie de Shin Godzilla, de sa motivation première : la passion pour la culture pop et sa puissance d'évocation. Et l'imminent Shin Kamen Rider devrait le prouver à son tour.

Tout savoir sur Shin Ultraman

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commentaires
Shin
02/11/2022 à 00:58

Perso, j'espère qu'il est mieux que shin godzilla. Ce dernier ne m'a pas laissé un souvenir impérissable...

Emynoduesp
01/11/2022 à 13:19

Ultraman...j avais chiale pour le dernier episode quand j etais un sale mioche. Mon meilleur pote qui retournait sur sa planete...Lacheur!!!

La photo de Shin Godzilla, on dirait une photo retravaillee de ma femme avec ses gros jambons...oui...de sale mioche, je suis passe a sale mari ingrat :')

Hideaki Anno par contre, j ai pas aime Evangelion, c etait beau, mais trop Freudien pour moi, j ai rien compris, ni aux films, ni a la serie.

zetagundam
31/10/2022 à 20:08

@Shin Godzilla est un pur chef-d'oeuvre

"et ne comporte aucune faute de goût. "
On en parle du Godzilla "boule à facettes" ?

Mathieu Jaborska - Rédaction
31/10/2022 à 19:36

@Hasgarn

N'hésitez pas !

Shin Godzilla est un pur chef-d'oeuvre
31/10/2022 à 19:24

et ne comporte aucune faute de goût.

En plus c'est un film intelligent tant sur le fond que sur la forme qui marie avec génie les effets spéciaux à l'ancienne et le numérique. À côté, les gros machins hollywoodiens font pâle figure.

Ce Shin Ultraman s'annonce dans la même veine. Il n'y aura plus qu'à faire un crossover entre les deux adaptations et on aura une très bonne trilogie japonaise belle et intelligente.

zetagundam
31/10/2022 à 18:22

En espérant que ce Shin Ultraman évite les quelques, mais grosses, fautes de goût qui entachaient Shin Godzilla

Hasgarn
31/10/2022 à 17:21

Il me semble avoir vu passer Mathieu et j'ai vu le grand Simon sur la scène de l'espace Shayol aux Utopiales. Je n'ai pas pu venir vous serrer la pince, c'est pourtant pas l'envie qui manquait.
Ultraman aux Utopiales, c'est une grand histoire. On avait eu Ultraman Tiga il y a quelques années. Les Utopiales aiment le Japon.
Entre une retrospective Shinya Tsukamoto, les jourénes Manga Tan et les régulières expositions et invitations de grands noms du Japon (pas seulement du manga), on est très bien servi.

Au plaisir de vous recroiser et promis, je viendrai vous saluer :)