Gamera, la trilogie Heisei : quand le rival de Godzilla révolutionnait le film de monstre
Quand la tortue amie des enfants se transforme en monstre terrifiant, ça donne la trilogie Gamera de l'ère Heisei, une date dans l'histoire du Kaiju Eiga.
Inventé par le studio Daiei et son président Masaichi Nagata pour concurrencer la Toho et son Godzilla, le monstre Gamera a sauté les préliminaires symboliques de son rival pour très vite s'adresser à la marmaille. Dès le sympathique premier film, qui copie pourtant les implications historiques de Godzilla, la tortue géante supersonique se contemple à hauteur d'enfant. Excepté peut-être Gamera contre Barugon, toute la saga repose sur la même formule : un duo en bas-âge, si possible binational, interagit avec le Kaiju et assiste à sa victoire sur un quelconque tas de caoutchouc maléfique.
Rarement plus passionnants que les plus puériles des aventures de Big G, les films Gamera de l'ère Showa ont sombré en même temps que le studio à leur origine, dont la banqueroute sera évitée par un rachat inespéré. Néanmoins, quinze ans après le triste Gamera, le Monstre de l'Espace, mi-stock shots opportunistes, mi-plagiats de Star Wars, l'ami des enfants fait un come-back inespéré dans le premier opus d'une trilogie propulsant le Kaiju Eiga dans des abîmes de noirceur. Une des oeuvres les plus passionnantes de l'histoire du genre à découvrir de toute urgence.
Quand M6 éditait du Kaiju Eiga
Anti-Gamera
Rendons à Godzilla ce qui est à Godzilla : le reboot du Kaiju Eiga (les films de gros monstres) sous forme de contrepoint aux spectacles familiaux des années 1960 et 1970 (ce qu’on appellera plus communément « l’ère Heisei ») est d’abord de son fait. Le Retour de Godzilla, sorti en 1984, prend déjà un certain plaisir à rendre ses lettres de noblesse au reptile.
Mais la saga Gamera partait de plus loin encore. Plus cartoonesque (il faut le voir s’envoler telle une toupie Beyblade), directement pensé comme une mascotte enfantine, le monstre s’était fourvoyé dans des produits racoleurs bien plus honteux que les MechaGodzilla. Pour le soumettre au même traitement, il fallait quelque peu le martyriser. Et qui de mieux pour ça que l’auteur de Ghost in the Shell, sorti la même année, Kazunori Itô ?
Dans son évolution même, la trilogie prend un chemin différent de ses prédécesseurs. Alors que la qualité de ceux-ci décroissait jusqu’au point de non-retour, elle s'améliore à chacun de ses opus, bien aidée par un succès critique qui autorise ses auteurs à plonger sans filet dans leurs réflexions.
Dès le premier opus, des plans saisissants
De plus en plus sombre, de plus en plus complexe, de plus en plus spectaculaire, la saga Gamera Heisei est en mutation permanente, jusqu’à tutoyer avec son dernier opus le sommet du panthéon du Kaiju Eiga, aux côtés du premier Godzilla et de Resurgence, par ailleurs co-réalisé par le responsable de ses effets spéciaux, Shinji Higuchi. Celui-là reconnaît même une liberté de plus en plus accrue sur les trois films, se concrétisant par exemple par les mutations du design du monstre, de plus en plus effrayant.
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24/04/2021 à 22:17
Superbe trilogie (clairement au dessus en tous points ou presque aux Godzilla de l'ère Heisei, sauf les deux premiers). Le second opus est un chef d'oeuvre du genre!
24/04/2021 à 13:42
@Zetagundam, carrément dégueulasse les DVD, avec comme une sorte de filtre blanc beaucoup trop lumineux et baveux, vivement des Blu Ray français...Sinon merci EL de rendre justice à cette formidable trilogie.
24/04/2021 à 13:03
Cela fait longtemps que je n'ai pas vu ces films mais j'ai le souvenir de bons films au ton adulte et surtout de la qualité d'images très médiocre des DVD
24/04/2021 à 12:48
Jamais vu Gamera même si je connaissais vaguement le sujet.
Par contre il y a des années j'avais vu un épisode de daimajin une statue géante qui prend vie dans le japon féodal. c'est franchement à voir