30 jours de nuit : est-ce vraiment une bonne idée de revoir le film de vampire sur Netflix ?

30 Jours de nuit débarque sur Netflix et si vous êtes en recherche immédiate de sang, il devrait faire l'affaire.

La plateforme n'enrichit pas son catalogue d'une grosse série B des familles tous les jours, alors quand ça arrive, on saute sur l'occasion. D'autant que l'acquisition de 30 jours de nuit est un choix assez malin, le long-métrage de David Slade (Hard Candy avant, Twilight III après) étant toujours précédé d'une belle réputation. À sa sortie en 2007, il avait relativement bien marché, au point d'ailleurs d'inspirer une suite fauchée et moisie en 2010, 30 jours de nuit : Jours sombres.

Arrivé au bon moment et exhumé 15 ans (et oui) plus tard par le spécialiste de la discipline, qui est quand même parvenu dernièrement à réinfliger Downsizing à une génération entière, ce film de vampire bien bourrin décevra ou satisfera – au choix – ceux qui l'avaient découvert à l'époque. Pour les autres, il pourrait bien égayer leurs sombres dimanches soirs hivernaux...

Fire and blood

Vampire au poing

Inutile de tergiverser : 30 jours de nuit tient essentiellement sa popularité de son concept, franchement génial : une petite ville d'Alaska se prépare à affronter une longue nuit de 30 jours, sans se douter qu'une bande de vampires assoiffés de sang compte bien en profiter pour se repaître de ses habitants. On connait presque tous la particularité vaguement inquiétante de cette région du globe, et en profiter pour y parachuter un troupeau de suceurs de sang assoiffés tient de l'évidence. Qui n'a pas envie de voir ça ?

Ce fut plus ou moins le cheminement de pensée de son créateur, Steve Niles, après sa lecture d'un article sur le petit patelin de Barrow et son rapport particulier à la lumière du soleil. Il dériva de l'idée un comic-book, mais la porte fermée de Vertigo et consorts l'amena à le pitcher en tant que long-métrage. Malheureusement, personne n'était intéressé, du moins jusqu'à ce que IDW publishing ne le repêche de sa liste de projets avortés pour le ressusciter en comics, comics duquel il sera adapté... en film.

En attendant d'être publié...

Qu'il soit pensé pour le papier ou la pellicule, il a pour lui sa sauvagerie bien bourrin et bien sûr son concept. Soit exactement ce qui attire Sam Raimi, comme le sang attire un vampire. Le réalisateur des Evil Dead s'est donc attaqué à son adaptation à travers sa compagnie toute neuve Ghost House, bientôt célèbre pour le remake de The Grudge et sa suite, en collaboration avec Senator International. 

Le projet avait tout pour lui : Sam Raimi à la production, un concept d'enfer, un casting rempli à ras bord de trognes indissociables des années 2000 (Josh Hartnett, Melissa George, Ben Foster, Mark Boone Junior...), un budget très confortable pour une production du type (30 millions de dollars), un classement R autorisant quelques belles gerbes de sang et un cinéaste très prisé (David Slade, alors encore auréolé du succès critique du très bon Hard Candy) aux commandes. Et il est quand même parvenu à amasser 75 millions de dollars dans le monde, dont 39 millions sur le sol américain, puis 26,5 millions de dollars sur un marché de la vidéo alors encore en bonne santé. En France, il a attiré 230 273 vampirophiles.

J'aime tes yeux, j'aime ton odeur

30 jours plus tard

Résistera-t-il cependant à l'épreuve du temps, une fois bien installé dans le catalogue Netflix ? Encore aujourd'hui, il bénéficie d'une solide réputation sur le web, qui pourrait ne pas résister à l'épreuve du revisionnage. 30 jours de nuit est définitivement un produit de son époque avec son look, son style à l'épaule parfois un tantinet lourdingue, ses vampires super-vénères et son concept à demi-exploité.

Car rétrospectivement, le plus gros défaut du film est évident : où sont les 30 jours de nuit en question ? L'action, effrénée, semble se dérouler sur quelques heures tout au plus, si bien que quand le soleil se lève, dans une jolie scène qui doit beaucoup à Near Dark et à Blade 2, la promesse d'un enfer nocturne interminable ne semble pas tenue. Un brin répétitif dans ses séquences d'attaque, le film est surtout incapable de faire ressentir le passage du temps. Un comble, l'ensemble ne reposant que sur la longue nuit du titre.

Huston, on a un problème

C'est toutefois aussi son ancrage dans une esthétique très années 2000 qui lui confère son charme et explique sa popularité. Outre la méchanceté globale, les vampires en question sont très marquants, d'autant qu'ils sont menés par un Danny Huston (second couteau emblématique du moment) déchainé, s'exprimant dans un dialecte plus qu'inquiétant. Dans la lignée des expérimentations de l'époque de Danny Boyle et Alex Garland sur la figure du zombie, Niles prend le contrepied du vampire à la Anne Rice, alors presque devenu une norme, pour faire de ses monstres des créatures inhumaines, assoiffées de sang et allant de pair avec un style visuel agressif.

Il faut les voir se déchainer dans ce petit patelin, semant flaques de sang et villageois traumatisés derrière eux... C'est là que le film est le plus efficace. Et ça suffira amplement pour nos soirées Netflix and kill d'hiver, à condition de troquer le vin chaud contre la bière tiède. Si néanmoins les vampires bien bourrins vous émoustillent plus que ça, on vous renvoie aux deux premiers Blade ou Daybreakers. Et si c'est les suceurs de sang nordiques et neigeux qui vous branchent, jetez-vous sur Morse, véritable chef-d'oeuvre du genre, voire du cinéma fantastique tout court.