Sorties cinéma du 26 janvier : les nouveaux films à voir

La Rédaction | 26 janvier 2022
La Rédaction | 26 janvier 2022

Nos âmes d'enfants, Adieu Paris, Les Promesses ... quelles sont les sorties cinéma de la semaine du 26 janvier 2022 ?

Chaque semaine, Écran Large fait son marché dans les salles de cinéma, et sélectionne quelques sorties et films incontournables (pour de bonnes ou mauvaises raisons).

Avec le nouveau film d'Edouard Baer, du Joaquin Phoenix, un duo de choc avec Isabelle Huppert et Reda Kateb, les premiers longs-métrages réalisés par Laura Wandel et Sandrine Kiberlain, le retour de My Hero Academia au cinéma, un drame judiciaire, un drôle de documentaire et une leçon de cinéma avec Joseph Losey.

 

Adieu Paris : photo, Pierre ArditiPierre Arditi, plus fort que Morbius

 

LES SORTIES QU'ON CONSEILLE

ADIEU PARIS

Durée : 1h36

De quoi ça parle : De vieilles gloires des arts et des lettres, qui se réunissent dans le même café depuis des décennies et consentent parfois à convier un étranger. Mais les années ont passé les coeurs se sont aigris, et l'invité de l'année en fera les frais autant que les convives alentours.

Pourquoi il faut le voir : Parce que le cinéma d'Edouard Baer n'en finit pas de surprendre. Après deux délires lorgnant du côté surréaliste et absurde d'une certaine école théâtrale, puis une errance nocturne dans un Paris fêtard et mélancolique, le comédien et réalisateur adresse simultanément une lettre d'amour et un compte-rendu d'autopsie à une vieille idée de la culture parisienne. Plutôt que la nostalgie des belles lettres, ou la célébration un peu facile d'une nostalgie qui célèbre toujours les mêmes, Baer raconte le crépuscule de ses idoles.

Numéro de détestation, acte d'accusation autant que lamentation entrecoupée de riresAdieu Paris est une proposition d'autant plus singulière qu'on y retrouve une brochette de comédiens qu'on avait rarement vus prendre autant de risques à l'écran. Et si on est rompus aux coups de gueule de Pierre Arditi, voir Bernard Le CoqBenoît PoelvoordeBernard Murat ou encore le regretté Jean-François Stévenin jongler les uns avec les autres avec une telle cruauté demeure un spectacle unique.

La note d'Écran Large : 3,5/5

NOS ÂMES D'ENFANTS

Durée : 1h48

De quoi ça parle : Un journaliste radio qui arpente les États-Unis pour interroger la jeunesse du pays sur l'avenir, leur espoir... se voit confier la garde de son neveu pour quelques semaines.

Pourquoi il faut le voir : Il y a évidemment quelque chose du Alice dans les villes de Wim Wenders dans Nos âmes d'enfantsEt c'est peut-être dans cette histoire intime, la relation naissante entre un adulte et un enfant, l'exploration de la fine démarcation entre l'idée même de perdre son âme d'enfant en étant adulte ou justement de la regagner qu'est le plus beau dans le nouveau long-métrage de Mike Mills. Joaquin Phoenix et le jeune Woody Norman parviennent à créer une vraie symbiose entre leurs personnages au fil des séquences et à émouvoir régulièrement.

Reste toutefois un récit peu entraînant. Le road movie assez discret dans la forme empêche véritablement le film de gagner en rythme et surtout, son noir & blanc lisse tout de ce voyage à travers les États-Unis, alors même qu'il aurait dû/pu appuyer plus nettement les différences des lieux pour mieux montrer la richesse de leurs diversités.

La note d'Écran Large : 3/5

LES PROMESSES

Durée : 1h38

De quoi ça parle : Maire d’une ville du 93, Clémence se bat, avec son directeur de cabinet Yazid, pour sauver une cité insalubre dans un quartier abandonné. Ce sera son dernier combat avant de passer la main, à la prochaine élection, à l'une de ses collègues proches. Sauf que Clémence est approchée pour devenir ministre. D'un coup, elle sent naître en elle une ambition inattendue, qui va la pousser à changer tous ses plans.

Pourquoi il faut le voir : Le réalisateur et scénariste Thomas Kruithof avait déjà été remarqué avec La Mécanique de l'ombre, thriller où François Cluzet mettait les pieds (et les oreilles) dans un vaste complot, avec la politique en toile de fond. Dans Les Promesses, cette politique devient le principal moteur, et c'est la meilleure facette du film - les coulisses d'une municipalité, les manœuvres stratégiques, les mensonges institutionnalisés.

Sauf que Les Promesses a bien du mal à tenir le rythme, la faute à une écriture qui manque de nuances et ambiguïté, et une conclusion beaucoup trop facile. La ligne tracée entre les gentils et les méchants est trop claire, la mécanique du thriller n'est jamais réellement exploitée, et Thomas Kruithof et son co-scénariste Jean-Baptiste Delafon (Baron noir) n'arrivent finalement pas à donner une vraie dimension aux personnages. Dommage pour Isabelle Huppert ou Reda Kateb.

La note d'Écran Large : 2,5/5

UN MONDE

Durée : 1h12

De quoi ça parle : Nora entre en primaire lorsqu’elle est confrontée au harcèlement dont son grand frère Abel est victime. Tiraillée entre son père qui l’incite à réagir, son besoin de s’intégrer et son frère qui lui demande de garder le silence, Nora se trouve prise dans un terrible conflit de loyauté. Une plongée immersive, à hauteur d’enfant, dans le monde de l’école.

Pourquoi il faut le voir : Sans doute pas pour retrouver de l'estime pour le genre humain, tant cette chronique de la violence ordinaire saisit aux tripes, et questionne quant à notre capacité, en tant que collectif à endiguer le surgissement de la brutalité, ou de comportements délétères. S'il n'est pas d'une grande finesse narrative, ou n'a pas en définitive de point de vue révolutionnaire sur la question des violences scolaires, Un monde a d'autres atouts à faire valoir.

Et au-delà de ses deux jeunes et sidérants comédiens, il s'agit de la capacité de sa réalisatrice à créer, par le biais de sa mise en scène, une atmosphère sensorielle extrêmement sensible, qui immerge le spectateur dans un maillage implacable, finalement très fidèle aux impressions enfantines. Artistiquement, c'est un tour de force, qui manque parfois d'un peu d'ambition narrative, mais dont on ne peut que saluer la réussite.

La note d'Écran Large : 3,5/5

L'ENNEMI

Durée : 1h45

De quoi ça parle : Un homme politique est accusé d'avoir tué son épouse, une nuit, dans une chambre d'hôtel. Mais est-il coupable ou innocent ?

Pourquoi il faut le voir : La question de la justice est revenue très régulièrement sur le devant de la scène ces dernières années que ce soit sur le petit ou grand écran, et notamment l'idée de vérité. Où est-elle ? En existe-t-il une immuable ? Il y a eu l'exploration des points de vue avec Les Choses humaines et Le Dernier Duel récemment, mais L'Ennemi de Stephan Streker est plutôt dans une lignée proche de The Night Of ou pour un film : La Fille au bracelet.

Tout du moins sur le papier, car l'oeuvre menée par Jérémie Renier (toujours très bon) ne parvient jamais réellement à s'appuyer sur son meurtre, la question de la culpabilité et à devenir passionnante. Construit sur d'innombrables flashbacks peu inspirés, le récit manque sa cible en ne mettant jamais à profit le monde politique duquel est issu le personnage et en s'enfonçant dans des séquences oniriques légèrement barbantes pour tenter de jouer la carte du labyrinthe mental (en vain). Le drame judiciaire veut se muer en drame psychologique, mais avec son manque de subtilité et de puissance, le film ne réussit même pas à être au moins l'un des deux.

La note d'Écran Large : 2,5/5

Municipale

Durée : 1h50

De quoi ça parle : La petite ville de Revin, dans les Ardennes, se prépare à élire son maire quand un individu inconnu de tous se porte candidat. Cet intrus n’est autre qu’un comédien, Laurent Papot, qui va tenter de se faire élire pour ensuite abandonner le statut de maire et donner la possibilité à Revin d’instaurer un nouveau système.

Pourquoi il faut le voir : Parce que Municipale est un drôle d’objet entre le documentaire, l'expérience sociale, le reportage sur les mécanismes de la fabrication d’une image électorale et une fiction sur une supercherie en partie scénarisée. Les barrières entre réalité et fiction sont tordues : des séquences captées sur le vif sont mélangées à d’autres mises en scène, au point que l’acteur Laurent Papot se perd lui-même dans l’expérience en devenant peu à peu son personnage.

Municipale c’est aussi le portrait d’une ville, Revin, de ses habitants et des problématiques politiques et sociales qui les entourent. L’expérience sociale proposée par les créateurs du film - Laurent Papot, Thomas Paulot (réalisateur), Milan et Ferdinand Flame (scénaristes) - sonne alors comme une singulière tentative d’explorer de nouveaux horizons politiques. Cependant, le film reste d’une humilité et d’une lucidité qui le rend plus tendre et touchant que ce que le didactisme et l’aspect théorique du postulat de base imposent de rigidité.

La note d'Écran Large : 3,5/5

UNE JEUNE FILLE QUI VA BIEN 

Durée : 1h38

De quoi ça parle : Irène est une jeune fille juive de 19 ans qui vit à Paris. Sa famille la regarde découvrir le monde, l'amour et la passion du théâtre. Elle rêve de devenir actrice, mais son insouciante se heurte à l'occupation en 1942.

Pourquoi il faut le voir : Après son court-métrage Bonne figure, Sandrine Kiberlain a passé un cap supplémentaire en écrivant et réalisant son premier long-métrage avec Une jeune fille qui va bien. Pour ce premier essai, la cinéaste offre un film extraordinaire qu'elle portait en elle depuis de nombreuses années. Et c'est tout à son honneur d'avoir attendu le bon moment pour s'y attaquer. Entre la justesse du découpage, du montage, de la mise en scène, et l'excellence de la bande-son - indispensable et complémentaire au film tout entier -, rien ne dépasse, rien n'est en trop.

Le métrage a été patiemment taillé jusqu'à l'os pendant de nombreuses années et le résultat s'avère plus que payant. Le film résonne également avec les problématiques politiques, écologiques et économiques actuelles. Il nous remet en question et nous brutalise sans jamais nous asséner une leçon de morale. Et tout ça en partant d'une jeune femme qui rêve de devenir une grande actrice. Admirable.

La note d'Écran Large : 4/5

My Hero Academia: World Heroes' Mission

Durée : 1h44

De quoi ça parle : Dans un monde où 80% de l’humanité dispose de super-pouvoirs appelés alters, les élèves du lycée Yuei se retrouvent pris dans un affrontement entre les super-héros et une secte anti-alter qui prépare un attentat à l’échelle planétaire. Le protagoniste Izuku Midoriya est envoyé avec ses camarades en Europe pour arrêter les vilains pas beaux.

Pourquoi il faut le voir : Parce que My Hero Academia : World Heroes' mission est bien plus divertissant que l’ensemble de la saison 5 de l’anime. C’est aussi, à ce jour, le meilleur des trois films My Hero Academia. Le scénario, bien que prévisible et non intégré à la diégèse du manga, parvient à nous divertir comme il se doit, notamment grâce à l’alchimie qu’il y a entre certains personnages.

L’animation est rassurante quand on la compare à la saison 5 de la série, les scènes d’action sont de plus en plus époustouflantes à mesure qu’on avance dans le film (on vous laisse imaginer le climax). L’antagoniste principal laisse un peu à désirer, mais d’autres personnages qui se mêlent à l’aventure sont un bel ajout à l’univers de Kohei Horikoshi (l’auteur du manga). Et évidemment, les musiques de Yuki Hayashi feront plaisir à vos petites oreilles. Nous vous déconseillons évidemment d’aller voir le film si vous n’avez pas vu au moins trois ou quatre saisons de l’anime ou lu au moins vingt tomes du manga.

La note d'Écran Large : 3,5/5

 

LA RESSORTIE COOL

The Servant

Durée : 1h56

 

The Servant : Photo Dirk Bogarde, James FoxSe méfier des apparences

 

De quoi ça parle : Tony, un jeune aristocrate brillant, vit dans une maison de luxe du 18e siècle à Londres. Il engage alors Barrett en tant que domestique... et on n’en dira pas plus, car le mieux est d'en savoir le moins possible.

Pourquoi il faut le voir : Adaptation du roman éponyme de Robin Maugham, The Servant a été une sorte de miracle pour son réalisateur Joseph Losey. Alors qu'il a été banni d'Hollywood par la chasse aux sorcières de McCarthy dans les années 50, le cinéaste s'installe au Royaume-Uni et tente en vain d'adapter The Servant avec Dirk Bogarde en 1954. Et c'est finalement huit ans plus tard, alors qu'il sort de l'échec de son Eva, qu'il reçoit un appel de Bogarde : Harold Pinter a écrit un scénario pour The Servant et c'est l'opportunité rêvée de le concrétiser enfin.

Ni une ni deux, le cinéaste se lance dans l'aventure et il en naîtra un de ses plus grands films puisque The Servant est une petite merveille. Revisite du mythe faustien, drame provocateur et pervers, jeu de domination, de hiérarchie sociale, de tentation... le long-métrage est d'une richesse ahurissante en plus d'être mis en scène avec virtuosité. Le quasi-huis clos offre un terrain de jeu palpitant pour la caméra de Losey, jouant des reflets, des ombres, des recoins de certaines pièces et des portes pour mieux enfermer, cacher, imposer ses personnages. 

Avec des cadres d'une précision fascinante, il crée alors une atmosphère aussi ambigüe que ses protagonistes (incroyable Sarah Miles), à la fois étouffante et confortable, anxiogène et désirable, tout en distillant lentement les clés de son récit vénéneux. Bref, c'est son premier chef d'oeuvre, et la première de ses trois grandes collaborations avec Harold Pinter avant Accident (Grand Prix du Festival de Cannes en 1967) et Le Message (Palme d'Or en 1971).

La note d'Écran Large : 4,5/5

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