Cannes 2021 : on a vu Bruno Reidal, l'autre choc meurtrier après Titane

Alexandre Janowiak | 15 juillet 2021
Alexandre Janowiak | 15 juillet 2021

Comme (presque) chaque année, Cannes bat son plein, et fait déferler sur la Croisette des centaines de films plus ou moins attendus. Après une ouverture sensationnelle avec Annette, le festival dévoile un peu plus ses films chaque jour. L'heure pour nous de vous livrer notre avis à chaud sur Bruno Reidal, premier film fascinant et cru sur les confessions d'un meurtrier.

 

Affiche officielle

 

De quoi ça parle ? 1er septembre 1905. Le jeune Bruno Reidal, un séminariste de 17 ans, se rend à la police pour le meurtre d’un enfant de 13 ans. Pour que les médecins comprennent son acte, il explique son meurtre et raconte son enfance jusqu'au jour du crime.

C’était comment ? Le film était précédé d'une réputation plus que flatteuse et il ne l'avait pas volée. Pour un premier long-métrage, signé du Français Vincent Le PortBruno Reidal impressionne de bout en bout et semble tout droit sorti d'un autre monde tant il s'en dégage une maturité, une assurance et une puissance rare pour un premier essai.

Inspiré d'une histoire vraie, le long-métrage s'ouvre justement sur le meurtre en question, montré à l'écran à travers le visage déterminé du jeune Bruno Reidal et une giclée de sang, comme le symbole d'une jouissance tant espérée par le personnage. Habilement, le réalisateur cache donc d'abord l'acte, laissant aux spectateurs comme seule possibilité de comprendre le geste de l'adolescent d'écouter son histoire. Une histoire que Bruno Reidal va raconter lui-même à travers une voix-off troublante, mise en scène à l'écran par l'alternance de flashbacks et interrogatoires au présent.

 

Photo Dimitri DoréUn récit aussi fascinant que déroutant

 

Et ainsi, dans un Cantal reconstitué de la fin du 19e - début du 20e siècle, le spectateur découvre l'enfance difficile du jeune meurtrier entre agression sexuelle, pulsions meurtrières, fantasmes inassouvis, masturbation continuelle... Avec sa caméra, Vincent Le Port s'adonne alors à capter la nature humaine dans ce qu'elle a de plus étrange, indicible, en brossant le portrait subjectif du protagoniste (incarné avec brio par l'inconnu Dimitri Doré).

Le moyen de provoquer le spectateur ou tout du moins de le placer dans une position inconfortable, la pitié et la complaisance pouvant pointer le bout de leur nez à tout moment et mettre à mal l'éthique de chacun. Une ambigüité sournoise que Vincent Le Port n'oubliera toutefois pas de décapiter (c'est le cas de le dire) lorsqu'il reviendra au meurtre dans une scène-choc où il sera montré sans détour, à travers une mise en scène crue et éprouvante. La tentative de compréhension ne doit pas laisser place à une quelconque forme de miséricorde et Bruno Reidal en est bien conscient, déployant ainsi toute sa plénitude et son intelligence. Un grand premier film ? Incontestablement, mais surtout un grand film tout court.

Et ça sort quand ? Il va falloir encore attendre un moment avant de découvrir ce choc puisqu'il devrait débarquer dans les salles le 23 mars 2022. Pour les Parisiens, le long-métrage sera diffusé fin juillet à la Cinémathèque française lors la reprise de la Semaine de la critique. Et si vous ne l'avez pas encore compris, c'est à ne pas manquer.

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commentaires
McCoy
15/07/2021 à 13:32

Supérieur en tout point a la posture pseudo rebelle de la bourgeoise Ducournau