Cartel : Guillermo Del Toro explique pourquoi le film mal-aimé de Ridley Scott est un diamant noir

La Rédaction | 8 août 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58
La Rédaction | 8 août 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Depuis quelques années, il est de bon ton de tirer au bazooka sur ce que fait Ridley Scott. Mais comme le rappelle Guillermo del Toro, sa production récente n’est pas avare de pépites.

Succès plus que modéré en salles, pelé vivant par la critique internationale, Cartel de Ridley Scott est de ces films qui semblent avoir été terriblement incompris et mésestimés. Nous y suivons un avocat (Michael Fassbender) qui souhaite effacer ses dettes en investissant ponctuellement dans un convoyage de stupéfiants. Mais il se retrouve immergé dans un monde dont il ignore tout et où le cadre carnassier se fera dévorer comme un agneau.

Extrêmement sombre, voire désespéré, écrit avec un sens de la tragédie inimitable par Cormac McCarthy, Cartel a été largement détesté (mais pas pas nous), et pour cause. La longueur du film, son ton funèbre et le fait qu’il ait été vendu plus comme un thriller d’action qu’un drame nihiliste, lui ont valu de ne pas trouver son public, d'abord attiré par le casting quatre étoiles (Cameron Diaz, Penelope Cruz, Brad Pitt et Javier Bardem).

 

photo, Javier Bardem Javier Bardem et son improbable look inspiré du producteur Brian Grazer

 

Mais comme Guillermo del Toro l’a expliqué à Variety, il a ressenti une proximité culturelle très forte avec le film, expliquant qu’il l’aimait « à un niveau moléculaire ».

« Cartel est rempli d’éléments qui, en tant que Mexicain, me font comprendre le film de cette manière. Je sais que la mort, la fatalité, la tragédie, nous attendent tous au coin de la rue. Et une fois passé cette ligne, comme le dit le personnage de Ruben Blades, le monde ne veut plus de vous. »

Premier long métrage de Ridley après la mort de son frère Tony Scott, Cartel est traversé de spiritualité, ou à tout le moins d’une certaine angoisse qui fleure bon la religiosité. Un autre élément auquel le metteur en scène de La Forme de l'eau n’est pas insensible.

 

Cameron Diaz, CartelUne redoutable Cameron Diaz

 

« J’ai été élevé en catholique, et en catholique mexicain, par conséquent je comprends cette fable au sujet d’un homme qui croit contrôler le monde, met un pied dans une dimension qu’il pense connaître, ce qui n’est pas le cas, et ce seul geste suffit à détruire l’entièreté de son existence. J’aime ça. Très peu de films de gangsters parviennent à appréhender cette frontière existentielle. »

Au-delà de ces éléments, Guillermo del Toro souligne aussi la veine symboliste du métrage.

« Il me semble que Cartel possède la dimension conquérante, la brutalité implacable qu’on retrouve dans le trafic de drogue. Et il est rare qu’il soit portraituré ainsi. Il y a aussi des scènes qui exercent sur moi un grand pouvoir de fascination. Le diamantaire interprété par Bruno Ganz, qui annonce les ténèbres à venir, est tout simplement brillant. »

On ne saurait mieux dire Guillermo.

 

photo, Cartel Bruno Ganz, annonciateur du chaos qui s'avance

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commentaires
Dicraig
10/08/2019 à 12:39

Tout ce qu'a pu délivrer Ridley Scott, depuis "Les duellistes" est loin d'être génial... mais tout ce que Ridley Scott a pu produire est empreint d'une vision extraordinairement personnelle ... "Blade runner", "Alien" et j'en passe. Allez donc savoir comment se passe véritablement le traffic de stups au niveau des têtes pensantes d'un vrai cartel ... il est clair que l'idée que l'on s'en fait, d'après Scott, tient plus de la broyeuse d'hommes et d'âmes que de la balade champêtre.

Nicotine46
09/08/2019 à 13:46

Cimer Guillermo !

The Counselor est un vrai chef d'oeuvre incompris !

Mais je me demande pourquoi il se met à parler du film aujourd'hui. Dans quel contexte ?

Lili124
09/08/2019 à 13:38

Et on peut toujours compter sur Sylvinception pour relancer intelligemment le débat...

sylvinception"
09/08/2019 à 11:42

"il est de bon ton de tirer au bazooka sur ce que fait Ridley Scott"

Et c'est mérité en plus, ça tombe bien, non ??

Madolic
09/08/2019 à 09:32

Jamais vu Cameron Diaz aussi magnétique que dans ce film !

Starfox
09/08/2019 à 09:05

Le bolito, la mort la plus atroce de l'histoire du cinéma...

Rudy Mako
09/08/2019 à 02:20

Un bon film ça, ce ramassis audiovisuel de haute volée mon cul !
Un casting 5 étoiles pour servir un ennuyeux et pathétique polar. Brad Pitt a l'air dire putain que mes mômes me manquent et sa mort, j'en suis sûr, fut réussi comme une aubaine.
On ne sait pas si c'est un polar, un thriller tant Ridley a du mal à se décider lui-même. Et Fassbender aucun charisme, crédibilité zéro. Son couple avec Cruz a l'air de ravir de Javier Tant il sait que jamais Sa Penelope ne suffira dans ses bras hors caméra.
Et Cameron, la seule peut-être qui sauve ce bijou de sottise, mais la scène gonzo avec la Ferrari a rappelé à quel point Ridley n'a plus eu de créativité depuis American gangster.
Une honte à oublier. Une honte du genre, Traffic de sodderbergh est du pain béni a coté de ce détritus

Ken
09/08/2019 à 01:01

J’ai pas trouver ce film parfait loin de là mais en revanche il m’a fait froid dans le dos à la fin, quand il mate la vidéo dans la déchèterie

Hank Hulé
08/08/2019 à 23:43

Une purge blablateuse creuse et prétentieuse

Bleek
08/08/2019 à 21:44

Un diamant brut ce film, en effet.
D'ailleurs ça me fait penser que sur la jaquette de mon blu-ray il est mentionné director's cut! 20 min en plus par rapport à la sortie ciné.
J'avais complètement zappé ce détail. Raison de plus pour le revoir !!!

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