Cannes 2018 : critique à chaud du Livre d'Image de Jean-Luc Godard
Si certains se demandent encore pourquoi Jean-Luc Godard compte parmi les cinéastes invités dans le cadre de la compétition officielle du Festival de Cannes 2018, sa présence répond à une double logique limpide. Logique anniversaire puisqu'on célèbre actuellement les 50 ans de mai 68, auquel il pris part, et logique de l'aboutissement, la métamorphose formelle et esthétique initiée alors atteignant ici une phase terminale.
CMB GODART
Après avoir inlassablement théorisé la logique de l'emprunt, de la citation, après avoir progressivement opté pour une forme de création rappelant le sampling, Godard a parfait son propos et achevé sa métamorphose. Le pokémon du cinéma expérimental nous a tous attrapé et dévoile aujourd'hui sa forme finale : Youtubor.
Car c'est bien là ce qu'est devenu le réalisateur d'À bout de souffle, le commentateur empêtré d un monde mal appréhendé, coincé entre formules grossières, aphorismes de garage et éructations socio-historiques. Tout commencait plutôt bien. Entre déstructuration des citations et recyclage (dans le sens étymologique du terme), l'artiste propose un dispositif anecdotique mais éminemment ludique. Malheureusement ses tours de passe-passe formels se muent rapidement en systématismes épais, dont une poignée de provocations ridicules ne détournent pas l'attention.
HASHTAG LOL
Les "Je serais toujours du côté des bombes" et autres hommages à ceux qui les posent "les fous et les enfants", ne méritent guère de polémique, tant ils apparaissent pour ce qu'ils sont, à savoir autant de turbo-trolls, rendus inoffensifs par leur date de péremption idéologique. Le portrait de "L'Arabie Heureuse" voudrait bousculer nos représentations, mais le venin a tourné, et il manque à Godard une forme capable d'enflammer le débat public et esthétique auquel il aspire. Le plus fascinant dans cette vidéo demeure le gouffre qu'elle met en lumière, entre l'aspirant gourou et ses disciples sceptiques. Godard aura en creux annoncé l'avènement du Youtubeur, avant de sortir aujourd'hui de sa chrysalide pour se parer de ses atours, et il n'est sans doute méprisé par personne plus que cette génération de patchworkeurs spontanés. Cruelle ironie de constater le gouffre qui les sépare, quand la volatilité de leur propos achève de les unir.
Réflexion rabougrie sur un monde réduit à une poignée de concepts fanés, cette pantalonnade confirme la transformation de Godard en youtubeur du pauvre.
Et tu mets un pouce bleu, ok ?
24/05/2018 à 01:24
@ Simon Riaux
Mon pauvre, tu vas être victime, je le crains, d'un fatwa lancée par les fans enamourés et fanatiques de Jean-Luc Godard, le gourou intouchable : tu es déjà mort, ils vont pourrir ta life !
Depuis qu'Emmanuel Macron s'affriche partout avec sa Brigitte, la gérontophilie est devenue à la mode.
Cependant, j'aurais jamais imaginé que tant de gens s'excitent encore, sexuellement, sur ce vieux débris sénile de Godard (87 piges au compteur).
C'est grave docteur ?
Ouais, les mecs : allez donc consulter !
14/05/2018 à 00:42
@OrnithorynqueVéner Bien dit !! J'ai quand même l'impression qu'envoyer sieur Riaux à la projection mettait en marche une série d'évènements irrésistibles : désamour du film, critique pompeuse et peu argumentée, réactions indignées des lecteurs. Cela rendu possible sans doute par le fait que M.Riaux aime troller et donc se faire détester.
13/05/2018 à 11:35
Ce qui est drôle dans tout ça c'est que la critique internationale est plutôt positive, voire très positive sur le film! De ce que j'ai lu pour l'instant, le film polonais, le Jia Zhang Ke et le Godard sont ceux qui remportent les suffrages sur les 5 premiers jours!
12/05/2018 à 19:20
Je préfère faire comme ci je n'ai rien lu. Be careful, Simon Riaux.
12/05/2018 à 15:08
"Rageux chauvin" ?: je ne suis même pas français ! Et Godard n'est pas la fierté du cinéma français, il est - comme tout grand artiste - une fierté de l'humanité.
Quand aux idées prétendument "périmées" qui énervent les commentateurs, il y en a une centrale, à laquelle Godard n'a jamais renoncé.
La Révolution.
12/05/2018 à 11:32
Wah. Ça c est du déferlement de réactions bien vénères.
Je savais pas qu’EL était le repaires de fans godardiens, même si le cinéma est intemporel je voyais les commentateurs comme plus « jeunes » dans leurs goûts.
Sinon, sans aucune opinion sur son dernier opus ça fait quand même un bail que Jean-Luc est cramé non?
Je suis surpris de l agressivité de certains commentaires...
12/05/2018 à 11:25
PALME D'OR !!
12/05/2018 à 09:39
Vous parlez d'idées périmées mais je n'ai pas compris lesquelles à la lecture du texte. Merci de détailler un peu SVP.
12/05/2018 à 00:13
I love JLG, à donf, que crève Tarantino et les auteurs de Canal+, ça fait cinquante ans que le cinéma de JLG sauve de la honte de cette lie de l'image et de l'horreur capitaliste de Cannes. Moi perso je suis sûr qu'il est l'auteur de Vent d'ouest, ou que s'il ne l'est pas il pourrait tellement l'être qu'il l'est quand même. ZAD à Cannes, vive les fous et les enfants!
11/05/2018 à 23:46
Les rageux chauvins d'Ecran Large sont arrivés. Le cinéma de Godard s'est auto-défoncé il y a des années de ça et vous le savez tous. Mais comme il fait parti de votre patrimoine cinématographique vous vous êtes transformés en fachos aveugles et putassiés. Pas étonnant que la péloche française soit aujourd'hui dans cette tourmente, vous ne méritez pas mieux.
P.S.: Merci Simon, keep it up