Cédric Klapisch (Les Poupées russes)

Didier Verdurand | 3 juin 2005
Didier Verdurand | 3 juin 2005

Quand l'équipe des Poupées russes envahit le Bristol, l'effervescence est telle qu'on a vite fait de se retrouver dans une auberge espagnole aux allures de palace... Dans l'attente d'une rencontre avec l'anglaise du film, Kelly Reilly, l'attachée de presse me propose de passer dix minutes avec Cédric Klapisch. Compte-rendu d'une discussion qui a duré le temps de vider une cup of tea.

Comment le titre vous est venu à l'esprit ?
Je suis parti pendant un mois sur le titre Salades russes parce que je voulais garder le principe de l'expression avec une nationalité dedans, comme pour L'Auberge espagnole. Et puis quelqu'un m'a soufflé Les Poupées russes et ça a fait tilt car cela me donnait le sujet, dans le sens que le scénario a évolué dans cette direction par la suite. Ce titre correspondait à la thématique de la recherche d'une femme à l'intérieur d'une femme, et au cubisme qu'on peut retrouver dans plusieurs de mes films donc il convenait extraordinairement bien.

L'Auberge espagnole a moins bien marché en Angleterre que dans d'autres pays européens, vous l'expliquez comment ?
Très clairement : nous avions un mauvais distributeur ! (Rire.) Il l'a sorti sur trop peu d'écrans, sans publicité. Il n'en avait rien à foutre et cela nous a détruit, en particulier les comédiens anglais, parce que nous croyions vraiment en son succès. Il y a aussi en Angleterre une réalité des chiffres. Je crois que la part de marché du cinéma américain est de 90%, celle du cinéma anglais avoisine les 7%, donc calculez ce qui reste aux autres… Même si l'Espagne et l'Italie connaissent des situations difficiles, le cinéma international y est mieux représenté.


Les poupées russes se sont bien vendues à Cannes ?
Oui, il s'est vendu à peu près aux mêmes pays qu'il y a cinq ans, souvent à de plus gros distributeurs. Les acheteurs sont conscients à quel point L'auberge espagnole a marqué les spectateurs. J'espérais un phénomène européen mais pas en Amérique du nord, où il a rapporté près de 4 millions de dollars, en Argentine, au Japon… Ce fut une très agréable surprise.

Depuis votre nom est connu hors de nos frontières. Vous avez reçu des propositions intéressantes ?
Bizarrement, cela avait commencé avec Chacun cherche son chat. Je reçois en effet régulièrement des propositions de producteurs américains mais - même si c'est un cliché de le dire - Hollywood est un peu le miroir aux alouettes. J'ai vu de proches collègues se brûler les ailes en allant là-bas… J'aimerais bien travailler avec des comédiens américains mais ce n'est pas du tout un rêve d'aller tourner à Hollywood.

Comment avez-vous digéré l'échec de Ni pour ni contre (bien au contraire) ?
J'ai pris un an pour réfléchir, avant de me lancer dans un nouveau projet. Selon moi, Ni pour ni contre est mon film le plus réussi au niveau de la mise en scène et c'est celui qui a le moins bien marché. J'étais troublé par cette confrontation avec le film précédent, mon plus gros succès, que j'avais tourné très rapidement, presque comme un brouillon ! Les Poupées russes est une manière d'associer ces deux films, rallier l'esthétisme à la spontanéité. Il y avait quelque chose d'un peu laborieux dans Ni pour ni contre, cela ne me ressemblait pas. J'ai compris qu'il fallait faire confiance au plaisir et suivre ses instincts.


Vos progrès techniques sont très visibles.
Je peux dire carrément que Ni pour ni contre est le film sur lequel j'ai le plus appris. Je fonctionne maintenant en me disant que chaque plan est un élément d'un puzzle, qu'il suit une logique stylistique et une continuité avec le reste.

Vous avez dû ressentir comme nous les progrès de Romain Duris ces dernières années ?
C'est le cas aussi pour Audrey, Cécile, Kelly qui ont bossé entre-temps avec des gens importants. J'ai été très impressionné par Romain. Il a poussé ses limites avec De battre mon cœur s'est arrêté et Arsène Lupin en s'engageant dans l'inconnu. Vous avez donc un Xavier enrichi par Audiard, Salomé et Gatlif !

Où serez-vous le jour de la sortie ?
Je ressens la sortie comme un coup de poker, je suis dans l'attente… Les réalisateurs qui vous diront qu'ils s'en foutent, ils mentent ! (Rire.) Je suis curieux des résultats mais le plus important est de pouvoir enchaîner sur un nouveau film.

Propos recueillis par Didier Verdurand.
Autoportrait de Cédric Klapisch.

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